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Maladies et ravageurs de l'ail : identification et solutions

Maladies et ravageurs de l'ail : identification et solutions

Reconnaître les symptômes, traiter naturellement et prévenir

Sommaire

Mis à jour le 12 Novembre 2024  par Pascale 7 min.

L’ail (Allium sativum) est une plante vivace à bulbe souterrain, de la famille des Alliacées, relativement facile à cultiver au potager. Côté cuisine, on aime sa saveur piquante, incontournable pour sublimer le gigot d’agneau, une simple salade ou une purée. Sans oublier ses vertus médicinales : l’ail serait réputé utile contre les troubles circulatoires ou comme vermifuge. Alors, aucune raison de se passer de l’ail qui se décline en trois couleurs : l’ail blanc et l’ail violet se plantent en automne, l’ail rose au printemps. Il se plaît dans tous les sols, pourvu qu’ils soient légers, perméables, et dénués de fumure organique comme le compost ou le fumier.

Si ces conditions culturales sont respectées, l’ail offre de belles récoltes de têtes. En revanche, cette vivace bulbeuse de la famille des Liliacées peut parfois développer des maladies ou être infestée de parasites.

Découvrez comment identifier les ravageurs et maladies de l’ail, comment les traiter naturellement et surtout éviter leur apparition.

Difficulté

Les principales maladies de l'ail

Globalement, l’ail n’est pas souvent attaqué par les maladies, et la culture s’avère relativement facile à mener. Pour autant, si votre potager est sensible à quelques maladies, si les conditions climatiques ne sont pas favorables, si la préparation du sol a été mal menée, certaines maladies peuvent se déclarer. Certaines sont relativement anodines et n’affectent pas la production. D’autres peuvent être plus délicates à traiter.

Voici un panorama des différentes affections qui peuvent impacter la culture de l’ail.

Le mildiou

Les différentes espèces de champignons responsables du mildiou sont spécifiques à leur plante hôte. Chez l’ail, et plus généralement les Alliacées, il s’agit de Phytophtora porri et Peronospora destructor. Ces champignons hivernent sous forme de mycélium sur les parties de plantes vivantes. Ensuite, ils se développent par temps humide, avec une température ambiante entre 15 et 22 °C. Les années sèches, le mildiou ne fait aucuns dégâts.

Poireau - mildiou

Chez l’ail comme pour le poireau (notre illustration) le mildiou est provoqué par le champignon Phytophthora porri

Concrètement, des taches blanches, jaunâtres, plutôt allongées, apparaissent à la face supérieure des feuilles, et, au revers, on aperçoit un feutrage blanc à gris violacé. Plus tard, les extrémités des feuilles meurent, la croissance de la végétation ralentit nettement.

La rouille

La rouille du poireau

Symptôme de rouille sur le feuillage du poireau

La rouille, causée par le champignon Puccinia allii, se développe également les années marquées par l’humidité, à une température ambiante d’au moins 18 °C. Suivant les régions, il peut apparaître dès le début de l’été, en juin, et jusqu’en août septembre. Le champignon hiverne sur les plantes attaquées, qui ne meurent pas. En effet, dès l’arrivée de l’automne et de températures plus fraîches, la maladie stoppe son développement. Et de nouvelles feuilles saines apparaissent.

La rouille se manifeste par l’apparition de taches, rondes ou allongées, fortement colorées en orangé. Les feuilles se crevassent en surface et le feuillage prend une coloration vert clair. Il finit par se dessécher et mourir. Le développement des caïeux peut être impacté.

Les pourritures grises, vertes et blanches

Plusieurs pourritures peuvent affecter l’ail, tant sur le feuillage, que sur les têtes d’ail lors de la conservation.

La pourriture verte : à la surface des caïeux, des zones brunâtres se distinguent légèrement sur les pelures des bulbes, sur lesquelles se développe un duvet verdâtre à bleuté. Quant aux caïeux, ils sont également touchés puisque des taches irrégulières se développent, avant de totalement se dégrader. La pourriture verte est due au champignon du genre Penicillium, souvent sur des bulbes blessés ou meurtris, dans des conditions chaudes et humides.

La pourriture blanche : cette maladie est causée par le champignon Sclerotium cepivorum. Concrètement, les plants dépérissent très rapidement en partant du bas, les racines sont pourries. Le mycélium blanc est bien visible autour du plateau racinaire, il remonte le long du bulbe et envahit l’intérieur. Le bulbe pourrit complètement. Cette maladie se développe essentiellement au printemps par temps frais. Ce sont les bulbes achetés qui sont souvent contaminés.

La pourriture du col : Elle est due au champignon Botrytis porri ou Botrytis allii et ne se manifeste qu’en cours de conservation. Le champignon pénètre dans l’ail en fin d’été, par temps et humide, à partir du feuillage, favorisé par les blessures mécaniques. Ensuite, la partie supérieure du bulbe ramollit et se colore intérieurement. Plus tard, un feutrage mycélien gris avec des points noirs se développe.

La maladie du café au lait

Cette bactériose est une maladie assez courante chez l’ail, provoquée par la bactérie Pseudimonas salomonii qui se développe au printemps, sur des sols humides qui ne sèchent pas. Le premier symptôme est une lésion ovale sur la gaine foliaire qui se prolonge par une rayure jaune brun qui remonte sur la feuille. Rapidement, la plante peut pourrir entièrement, s’affaisse et dégage une odeur forte, assez caractéristique.

La fusariose

La fusariose est une maladie cryptogamique due au champignon Fusarium oxysporum. Les plants dépérissent à partir des feuilles du bas, une pourriture brun pâle à rouge débute sur le plateau racinaire et progresse vers le haut du bulbe. Ce dernier finit par pourrir complètement. Les spores du champignon hivernent dans le sol ou dans les débris de culture. Ils se développent dans un sol chaud et humide.

Nos solutions pour des ails sains

La plupart de ces maladies apparaissent avec des conditions climatiques assez humides. Malheureusement, il est difficile d’agir sur ces composantes-là. Pour autant, de mauvaises conditions de culture ou de conservation peuvent aussi expliquer le développement de ces maladies cryptogamiques ou bactériennes. Avec quelques conseils généraux simples, on peut rendre ces conditions nettement plus favorables et diminuer d’autant les risques de maladies. Certaines de ces précautions sont essentielles, d’autres plus anodines, mais néanmoins importantes.

  • La rotation des cultures est primordiale chez l’ail, mais aussi les autres Alliacées que sont l’oignon, l’échalote, la ciboule et le poireau. Concrètement, dans un sol moyennement sain, il faut absolument éviter de cultiver l’ail à un endroit qui en a déjà accueilli l’année précédente. On peut même aller au-delà en attendant 4 ou 5 ans avant de cultiver de nouveau de l’ail sur une parcelle.
  • Il faut absolument éviter les fumures azotées (fumier et compost) dans les sols qui vont accueillir une culture d’ail. En effet, ces fumures ont tendance à favoriser le développement des différentes pourritures.
  • Il faut également se montrer très vigilant sur les débris de culture qui ne doivent pas rester en place d’une saison à l’autre. En effet, il n’est pas rare que certains champignons hivernent dans ces restes de culture. De même, au moindre soupçon de maladies, au moindre symptôme de pourriture, il faut impérativement arracher les plants malades et les détruire hors du potager.

    ail prévention maladies

    De bonnes conditions culturales sont essentielles pour éviter l’apparition de maladies chez l’ail

  • Les aulx affectionnent les sols légers et parfaitement drainés. Le moindre excès d’humidité, surtout en hiver, peut être fatal et entraîner le pourrissement des racines. C’est pourquoi il est indispensable de planter l’ail dans un sol parfaitement perméable ou sur une butte. De plus, dans les sols lourds, il faut absolument limiter les arrosages au strict minimum.
  • Si votre ail a été planté dans un sol qui retient peu l’eau, il faudra tout de même arroser un peu. Dans ce cas, il est préférable de le faire le matin, d’éviter de mouiller le feuillage et de stopper tout apport d’eau 3 semaines avant la récolte.
  • Pour réduire les attaques de champignons, il ne faut pas planter les caïeux de manière trop serrée. Les rangs doivent être aérés.
  • Lors de l’égoussage ou de la manipulation des caïeux, à la plantation ou à la récolte, il faut éviter la moindre blessure ou meurtrissure.
  • Le choix de semences saines est une évidence !
  • On peut traiter préventivement les sols et les plantes avec de la décoction de prêle.

Enfin, des précautions peuvent être prises également lors de la récolte et de l’entreposage. La récolte se fait par une journée sèche et il faut laisser les caïeux se ressuyer pendant deux à trois jours sur le sol du potager. Ensuite, il faut les faire sécher durant un mois dans un endroit ventilé, à l’abri de l’humidité. Durant cette période de séchage, l’ail va perdre environ 20 à 30 % de son poids. Ensuite, les têtes se conservent dans une pièce sèche et aérée, dotée d’une température comprise entre 15 et 18 °C, comme un garage, un cellier, une cuisine… On peut aussi conserver le feuillage sec pour réaliser des tresses à suspendre dans un grenier bien ventilé.

Quels ravageurs s'attaquent à l'ail ?

Quand ce ne sont pas les maladies qui attaquent les parcelles d’ail, les ravageurs peuvent aussi faire leur apparition. Et ils peuvent être tout aussi nuisibles aux cultures et à la récolte. Ces ravageurs qui s’en prennent à l’ail se rencontrent aussi souvent sur les oignons ou les poireaux.

La mouche de l’oignon

Cette mouche (Delia antiqua), de couleur gris jaunâtre, ressemble à une mouche domestique. Le vol nuptial de la première génération a lieu de mi-avril à fin mai, la femelle pond ses œufs dans les jeunes pousses ou sur le sol. Les larves blanches pénètrent dans les plantes et les bulbes, et se déplacent. Les larves se nymphosent dans le sol. C’est surtout la première génération qui est à craindre.

ail ravageurs

La mouche de l’oignon

En cas d’infestation, le feuillage devient gris jaunâtre, flétrit et meurt, les plantes s’arrachent très facilement.

Pour lutter préventivement contre la mouche de l’oignon, il faut :

  • Pratiquer une rotation des cultures de 4 ans.
  • Ne pas utiliser de fumier frais.
  • Semer ou planter tardivement.
  • Associer l’ail à la carotte.
  • Arroser l’ail avec une infusion de tanaisie.
  • Couvrir les parcelles avec un filet anti-insectes à mailles fines.

La teigne du poireau

Cette fois, il s’agit d’un lépidoptère, l’Acrolepiopsis assectella, aux ailes brunes tachetées de blanc. Le premier vol a lieu en avril-mai, la femelle pond ses œufs le soir sur le feuillage. Les chenilles qui naissent sont brun jaunâtre, ponctuées de points noirs et de bandes claires. Elles creusent des sillons à l’intérieur du feuillage et infestent le cœur de la plante. Les feuilles jaunissent à leur extrémité, flétrissent et pourrissent.

L’Acrolepiopsis assectella ou teigne du poireau © Donald Hobern

Les moyens de lutte les plus efficaces :

Les thrips

Les thrips sont des insectes piqueurs et suceurs, longs de 2 mm, jaune brunâtre ou noir, qui se développent surtout par temps chaud et sec. On peut compter trois générations par été. Les adultes hivernent sur les restes de plantes. Quant aux larves, elles sont de couleur claire, et vivent sur le feuillage, comme les adultes. Lors d’une attaque de thrips, le feuillage se parsème de petites taches blanches à argentées, souvent rayées.

 thrips

Les thrips sont une véritable peste pour le feuillage.

Pour lutter préventivement et curativement :

  • Pulvériser les feuilles de l’ail avec un jet d’eau froide sur la face supérieure et la face inférieure pour éliminer les adultes et les larves.
  • Couper les tiges attaquées.
  • Poser des plaques chromatiques engluées bleues pour détecter leur présence.
  • Bien supprimer les débris végétaux.
  • Faire des pulvérisations de purin de fougère ou de purin de sureau.

Les acariens

Invisibles à l’œil nu, les acariens (Aceria tulipae) apprécient tout particulièrement l’ail. Lorsqu’une attaque est avérée, des taches huileuses puis jaunes cireuses apparaissent sur le feuillage au niveau des pliures. Les acariens sont disséminés par contact foliaire, par les insectes, le vent et les semences. Il n’y a aucun moyen de lutte. Il est essentiel de choisir des semences saines.

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