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Un jardin situé en zone inondable n’est pas un jardin comme les autres : il faudra toujours faire avec, et non contre, comme c’est souvent dans les cas où la nature se montre incontrôlable ou peu docile. Le jardin inondable est cependant à nuancer : on se trouve généralement en présence d’un jardin où seule une partie basse, située en contrebas le long d’une rivière ou d’un cours d’eau, va subir une inondation temporaire, voire épisodique, durant les mois d’hiver ou parfois en automne ou au printemps, laissant une autre partie plus haute du jardin plus au sec.
Comment gérer et aménager un jardin inondable une partie de l’année ? Que faire pour vivre au mieux ce jardin atypique ? Nous répondons à ces questions en vous donnant quelques pistes et idées pratiques pour tirer le meilleur de ce jardin.
Tout d’abord, il convient de faire la différence entre un jardin occasionnellement inondé par des pluies diluviennes par exemple, et un jardin qui se retrouvera systématiquement les pieds dans l’eau chaque année, parce qu’il se situe à proximité d’une rivière ou cours d’eau qui sort de son lit et qui est en crue une partie de l’hiver.
Si vous avez un doute, procurez-vous un document essentiel qui définit un zonage des terrains selon le PPRI (Plan de prévention du Risque d’inondation), auprès de votre mairie. Il recense sur votre commune plusieurs types de zones inondables, allant du risque très élevé (en rouge) — c’est le type même de jardin fréquemment inondable —, au risque moyen en bleu, et à la zone blanche, sans risque ou de façon exceptionnelle. Si on s’en sert essentiellement pour les règles et permis de construction, cela donne une idée des niveaux que l’eau peut atteindre en hiver ou lors d’inondations et de submersions.
Les jardins inondables le sont donc essentiellement pour des raisons de topographie et d’une géographie associant un réseau hydrographique dense à une confluence de rivières. En zone montagneuse marquée de fort reliefs, ce sont des crues torrentielles qui peuvent recouvrir un jardin. En plaine, quand l’eau n’arrive plus à s’infiltrer normalement, parce que le sol est saturé ou a subi une érosion, mais souvent à cause de la proximité de sols imperméabilisés en zone urbaine, les jardins sont très vulnérables aux intempéries fortes. Ils subissent le ruissellement et n’ont plus les capacités d’absorption nécessaire.
Nous vous conseillons d’observer votre terrain, aux différentes saisons, sur une année. Cette analyse vous donnera un aperçu concret des hauteurs d’eau et des fluctuations, du niveau global d’immersion, mais aussi des fréquences des inondations, ainsi que des remontées des nappes phréatiques (qui ont lieu notamment dans les boires le long des fleuves ou rivières).
Le jardin inondable fait partie de ces jardins dits résilients, lui qui doit s’adapter à une submersion plus ou moins importante et sur de longues périodes. Avant même de commencer à planter, attardons-nous sur le sol qui devra pouvoir accueillir au mieux une végétation bien spécifique.
La règle qui s’impose ici est de drainer efficacement ce sol pour lui donner la possibilité d’évacuer plus vite l’important volume d’eau. Sans drainage, des plantes, même habituées aux milieux humides, pourraient voir leurs racines mourir prématurément.
Il existe plusieurs techniques d’aménagement pour apprivoiser cette terre :
→ Lire aussi : Jardiner en terre lourde et humide ; Comment rendre mon sol plus drainant ?
Bien heureusement, il existe des plantes qui aiment vivre les pieds dans l’eau et les terres détrempées et on va miser sur celles-ci, d’autant qu’elles sont particulièrement ornementales ! On va donc regarder du côté de ces végétaux dits hygrophiles, c’est-à-dire qui affectionnent les milieux humides. Ils résistent aux conditions de submersion prolongée, aux terrains marécageux et sont donc utiles dans les terrains inondables. Vous retrouverez beaucoup de plantes adéquates sous les appellations plantes de rive ou de berge qui poussent indifféremment dans 0 à 1 m d’eau.
Nota bene : La grande majorité des plantes supportent sans souci une inondation ponctuelle de 1 à 2 jours. Nous parlons bien ici de jardins inondés sur plusieurs semaines suite à des crues.
Mon conseil : Repérez aussi les plantes dont la dénomination latine contient le mot palustris (en français des marais) ou lacustris, qui sont en général bien adaptées à votre zone temporairement marécageuse !
→ Lire aussi : 12 vivaces pour sol lourd et humide ; 10 arbustes pour sol lourd et humide ; 7 graminées pour sol humide ; 10 arbres pour sol lourd et humide.
Peut-être encore plus que pour un jardin classique, un jardin inondable mérite des aménagements recherchés, voire originaux. Sachez tirer parti de ces zones marécageuses pour créer des atmosphères à part, charmantes ou carrément spectaculaires.
Une chose est sûre, en ce qui concerne les aménagements “en dur” (allées, terrasses), il faudra penser matériaux adaptés et résistants à l’eau. Exit le bois pour les carrés potagers et les arches. On préfère les structures métalliques également pour le mobilier mobile, en privilégiant aussi la pierre. On ne pourra évidemment pas installer de piscine enterrée.
Parmi les différentes options d’aménagement pour un jardin inondable, on peut par exemple :
Plusieurs beaux jardins en France sont soumis à des inondations récurrentes. Je vous invite à aller les visiter, ils donnent de très belles idées pour aménager durablement et de belle façon ces zones jugées inhospitalières.
Parmi ceux-ci : le Jardin de Liliane (jardin classé remarquable dans le limousin), le Jardin de Caradec dans le Morbihan. Notre collaboratrice Virginie Douce avait également conçu un très beau jardin dans les Ardennes (retrouvez son interview dans nos articles annexes ci-dessous).
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