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C’est toujours triste quand une plante n’est pas appréciée à sa juste valeur. Et c’est, à, mon avis, le cas des Staphyleas ou Faux-Pistachiers. Bien que le Staphylea pinnata soit plus souvent planté dans le Nord-Est de la France, ce sont des arbustes que l’on rencontre peu dans les jardins et les pépinières. Pourtant, ce sont de grands arbustes remarquables à plus d’un titre.
Sa floraison printanière particulièrement généreuse en panicules pendantes de couleur blanc-crème enchante l’œil, mais aussi le nez grâce à son parfum mêlant la fleur d’oranger, l’amande et la noix de coco. Le feuillage caduc, découpé en plusieurs folioles, est vert puis jaune en automne, mais il existe des cultivars au feuillage très sombre, presque noir (Staphylea colchica ‘Black Beauty’). La fructification, en petits lampions gonflés, est exceptionnelle, car elle est belle de l’automne jusqu’à l’hiver, lorsque le feuillage est tombé, mais aussi, car la graine contenue dans la capsule est comestible, grillée à la façon des pistaches.
Dotés d’une excellente rusticité, les Staphyleas poussent au soleil ou à la mi-ombre dans une large gamme de sols, pourvus qu’ils soient frais, mais bien drainés. Les faux-pistachiers méritent clairement qu’on leur réserve une petite place dans tous les jardins, en isolé, en haie, en fond de massif, en bosquet ou même en pot. Qu’attendons-nous ? Plantons un Staphylea !
Le genre Staphylea regroupe une dizaine d’espèces d’arbres, d’arbustes ou d’arbrisseaux répartis dans les sous-bois humides de l’hémisphère nord. Les Staphyleas font partie de la famille des Staphyleacées.
Parmi ces espèces, on retrouve Staphylea x elegans, Staphylea holocarpa, Staphylea bumalda, Staphylea bolanderi, mais les trois espèces les plus connues et les plus cultivées sont : le Staphylea pinnata (originaire de l’Europe Centrale jusqu’à l’Alsace et le Jura), le Staphylea trifolia (originaire de l’est des États-Unis) et le Staphylea colchica (originaire du Caucase).
Le nom de genre « Staphylea » provient du grec « staphyl » qui veut dire « grappe de raisins » en référence à la forme en grappe des inflorescences. Les staphyleas se caractérisent par des feuilles opposées et composées de 3 à 7 folioles, ainsi qu’une floraison en panicule blanche ou rosée et une fructification originale et persistante tout l’hiver.
Les Staphyleas présentent généralement une silhouette élancée et bien ramifiée de 3 à 4 m de haut (un peu plus pour le Staphylea trifolia). La croissance est rapide. L’écorce est d’abord lisse, de couleur gris-vert, légèrement striée de blanc et ponctuée de lenticelles puis, au fil du temps, celle-ci va se crevasser et joliment vieillir. Le staphylea gagne d’ailleurs à être taillé en transparence, ce qui laissera une partie de l’écorce se dévoiler.
Le feuillage est caduc, de couleur vert luisant puis jaune en automne avant de tomber. Les feuilles sont opposées et découpées en 3 folioles chez le Staphylea trifolia (Staphylea à trois folioles) ou 5 folioles chez le Staphylea colchica (Staphylea de Colchide) et le Staphylea pinnata (Staphylea penné). Chaque foliole, ovale et acuminée, est délicatement et finement dentée. La feuille composée est attachée par un pétiole entouré de petites bractées. Certains cultivars présentent un feuillage très sombre, presque noir comme chez le Staphylea colchica ‘Black Beauty’ ou changeant comme chez le Staphylea colchica ‘Black Jack’ dont le feuillage passe du vert au rouge très foncé pour finir orange en automne.
La floraison intervient au printemps entre avril et mai. Celle-ci se décline en grappes (racèmes) de petites fleurs blanches en clochettes (comme des campanules) pendantes, retenues par un long pédoncule. Les fleurs sont nectarifères et mellifères et embaument une fragrance dans laquelle se mêle la noix de coco, l’amande et la fleur d’oranger. À noter qu’il existe un Staphylea à fleurs roses : le Staphylea holocarpa var. rosea (mais, bon courage pour le trouver dans le commerce !).
La fructification est particulière chez les faux-pistachiers. Ce sont des capsules vésiculeuses, trigones et effilées en pointe. La couleur de ces capsules passe du beige rosée à une couleur verdâtre, pour finir sur une couleur rouille en hiver. Les fruits arrivent à maturité entre septembre et octobre et restent longtemps sur l’arbuste, même après la chute des feuilles. Chaque capsule contient de 1 à 4 graines, comestibles une fois grillées à la manière des pistaches.
Attention ! : Le Staphylea pinnata est protégé en Alsace depuis 1993 où il est considéré comme une essence indigène.
Les Staphyleas se plantent au soleil ou à la mi-ombre.
Le sol doit être profond, fertile et rester frais, mais bien drainé. Même s’ils préfèrent les sols acides à neutres, ils peuvent tolérer une terre un peu calcaire, notamment dans le cas du Staphylea pinnata.
Les Staphyleas aiment les longs étés chauds qui l’aident à produire une floraison plus généreuse le printemps suivant.
Les staphyleas se plantent soit au printemps (mars-avril), soit en automne (octobre-novembre). Nous vous conseillons plutôt une plantation en automne : l’arbuste aura tout le loisir de profiter d’une terre humide pour créer un bon système racinaire avant les sécheresses estivales de l’année suivant.
On peut cultiver le Staphylea en pot si on choisit un pot suffisamment grand : 50 cm de large et de profondeur minimum. Le pot doit être muni de trous de drainage pour l’évacuation de l’eau. Au fond du pot et toujours pour améliorer le drainage, on placera une couche de graviers ou de billes d’argile. Le substrat devra être riche : un mélange de 50 % de bonne terre de jardin et de 50 % d’un bon terreau universel sera parfait. Arrosez bien à la plantation et n’oubliez pas l’arrosage s’il fait sec.
Lire aussi
Les arbres et arbustes méconnusLes deux premières années qui suivent la plantation, il faudra garder à l’esprit d’arroser au pied en période de sécheresse. Par la suite, l’arbuste devrait résister sans problème à la sécheresse. En pot cependant, un bon arrosoir devra être apporté dès que le substrat sèche en surface.
N’oubliez pas de pailler ou de végétaliser (plantes couvre-sol) le pied de votre Staphylea pour garder la fraicheur du sol.
La taille est facultative : on se contentera de supprimer le bois mort, les branches trop fines ou mal placées. Au fil des années, le Staphylea gagnera à être travaillé en transparence pour lui donner une allure de petit arbre et dévoiler ainsi sa belle écorce. On taillera en sortie d’hiver (mars) avant l’apparition du feuillage.
Si vraiment la taille est requise pour limiter son développement, on peut aussi tailler après la floraison, au mois de juin. Toutefois, vous perdrez sa belle fructification.
En sol pauvre, on peut apporter au pied de l’arbuste un peu de compost bien mûr avant l’hiver ou au printemps en pleine terre. En pot, un engrais liquide de type « plantes fleuries » sera apporté une fois par mois du printemps à la fin de l’été.
Aucune inquiétude à avoir avec le Faux-pistachier. Ces arbustes sont très résistants aux maladies et aux parasites.
C’est la bouture à talon qui fonctionne le mieux. Vous avez le choix dans la date : au printemps (bouture herbacée), en été (bouture semi-aoûtée) ou en hiver (bouture à bois sec).
→ Pour tout savoir sur les différents types de bouture, lisez les conseils d’Alexandra.
Les graines se récoltent en automne. Placez-les dans un substrat drainant (de type terreau de semis) dans un pot à l’ombre sous châssis froid. Laissez votre pot dehors en hiver pour que le froid puisse stratifier la graine. Il faut parfois s’armer de patience, car les semences de staphyleas ne germent parfois qu’une année plus tard.
Sinon, les Faux-pistachiers se ressèment volontiers dans le jardin si les conditions leur plaisent. N’hésitez pas à déplacer les jeunes plantules en automne.
Dans le même ordre d’idées, le Staphylea produit occasionnellement des rejets. Il suffit de séparer un rejet de la plante mère et de le replanter ailleurs au printemps ou en automne.
Il est possible de marcotter les branches basses d’un Staphylea. Couchez et maintenez sur le sol une branche souple. Celle-ci produira des racines. Vous pourrez sevrer, c’est-à-dire, séparer la marcotte de la plante mère après deux années de culture.
Le Staphylea pinnata se mêlera parfaitement dans une belle haie sauvage en compagnie de sureaux, d’aubépines, de sorbiers, de néfliers, de viornes obiers, d’amélanchiers… mais aussi des arbustes plus colorés au printemps comme les lilas, les rosiers (surtout les botaniques), les spirées de printemps…
Le Staphylea colchica ‘Black beauty’ à feuillage très sombre fera merveille en compagnie d’arbres et arbustes au feuillage plus clair, voire doré. On peut implanter par exemple un Cercis canadensis ‘Eternal Flame’ au feuillage jaune, orange et rouge au printemps et en automne, et vert clair en été, avec un Cornus alba ‘Aurea’ au feuillage jaune doré une grande partie de l’année. Au pied du staphylier, on misera sur deux types de vivaces couvre-sol : l’une au feuillage presque noir pour rappeler celui du Faux-pistachier, un Bugle rampant ‘Black Scallop’ et la deuxième, a contrario, au feuillage jaune, un Brunnera macrophylla ‘Green Gold’.
→ Retrouvez tous nos faux-pistachier sur notre site.
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