Comment avoir un bananier qui fait des bananes en France ?

Comprendre le cycle d'un bananier

Avant de se lancer, il est utile de connaître comment fonctionne un bananier : croissance, floraison, fructification, et limites en climat tempéré. Dans les régions tropicales, le cycle dure de 9 à 14 mois au cours desquels se succèdent quatre phases :

• Une phase végétative où la plante forme son pseudo‑tronc et un système racinaire actif
• Une phase de floraison : la plante produit une inflorescence au sommet du pseudo‑tronc et des fleurs protégées par des bractées colorées
• Une phase de fructification : les fleurs fertiles donnent naissance aux fruits, par parthénocarpie
• Enfin, après la récolte, le pseudo‑tronc meurt et est remplacé par des drageons qui assurent la relève.

Dans cette phase de croissance, sous nos latitudes, plusieurs freins bloquent la floraison et la fructification : le manque de chaleur et de lumière en été et le froid hivernal. Certains bananiers peuvent fleurir facilement, mais la fructification est souvent compromise, car l’espèce est inadaptée.

Le choix de la bonne variété pour un espoir de fruits

Le choix de la variété est certainement l’un des critères les plus déterminants pour réussir et obtenir des bananes.

Les bananiers rustiques mais ornementaux

Ces bananiers sont souvent plantés pour leur feuillage exotique et leur résistance au froid, mais leurs fruits sont souvent non comestibles ou remplis de graines.

• Musa basjoo (Bananier du Japon) : Le plus rustique (jusqu’à -15 °C pour le rhizome). Il fleurit relativement bien sous nos latitudes, mais ses petites bananes sont non comestibles, car pleines de graines. Il est idéal pour un jardin d’inspiration tropicale
• Musa sikkimensis : Moins rustique que Musa basjoo, il résiste tout de même au froid jusqu’à – 12 °C. Ses fruits sont petits, durs et pleins de graines, sans aucun intérêt gustatif
• Musa velutina (Bananier rose) : Un petit bananier qui fleurit et fructifie relativement facilement, même en pot. Ses petites bananes roses sont décoratives, mais non comestibles.

Les bananiers comestibles

Pour obtenir des bananes à dessert, il faut se tourner vers les variétés, souvent naines, comme :

• Musa acuminata ‘Dwarf Cavendish’ : variété relativement compacte, gérable en véranda, à cultiver en pot ou en bac pour espérer avoir des fruits. Il doit être rentré dès que les températures nocturnes descendent sous 8 °C
• Musa x paradisiaca ‘Dwarf Orinoco’ : bananier à la taille modérée, relativement robuste puisqu’il supporte des températures jusqu’à – 7 à -8 °C
• Musa hybride ‘Ice Cream’ ou ‘Blue Java’ : bananier issu du croisement de Musa acuminata et Musa balbisiana, tolérante au froid, qui peut fructifier en climat méditerranéen.
  

  Deux bananiers comestibles : Musa acuminata ‘Dwarf Cavendish’ et Musa x paradisiaca ‘Dwarf Orinoco’

Les soins culturaux : les clés du succès

La floraison et la fructification d’un bananier exigent un apport constant de ressources pour soutenir une croissance rapide et vigoureuse.

L’eau et l’humidité

Le bananier est extrêmement gourmand en eau. De plus, en tant que plante exotique, il aime l’humidité, mais pas l’eau stagnante.

• En période de croissance active, au printemps et en été, l’arrosage doit être très régulier et copieux. Le substrat ou le sol doit rester frais, mais jamais détrempé. Pour un bananier en pot en plein été, un arrosage quotidien, voire biquotidien, peut être nécessaire
• En hiver, s’il fait froid, mais sans gel excessif, réduisez l’arrosage pour éviter l’engorgement. Si le bananier est en pot, placez‑le dans un lieu protégé
• L’humidité de l’air est essentielle, surtout en intérieur ou sous serre, pour éviter que les bords des grandes feuilles ne brunissent. Une brumisation régulière du feuillage, avec de l’eau non calcaire, et la présence de soucoupes remplies de billes d’argile ou de graviers humides sous le pot sont recommandées pour augmenter l’hygrométrie.

La fertilisation

Le bananier est une plante très gourmande qui nécessite un sol riche et des apports réguliers pour soutenir sa croissance rapide.

• Le substrat doit être riche, humifère, léger et très bien drainé. Un mélange de terre de jardin, de compost mûr ou de fumier décomposé et d’un élément drainant comme le sable grossier ou la perlite, est idéal.
• Pendant toute la saison de croissance, d’avril à septembre, apportez un engrais liquide équilibré, riche en azote (N) pour le feuillage, en potasse (K) pour la floraison et la fructification, et en magnésium (Mg). Un engrais spécial plantes exotiques est bien adapté. La potasse est particulièrement cruciale pour la production de fruits, donc il ne doit pas y avoir de carence. Cet apport se fait toutes les 4 à 6 semaines, mais il peut être hebdomadaire pour les sujets en pot.
• En automne, arrêtez progressivement les engrais ou réduisez fortement, car la plante entre en phase de ralentissement.
  

  Les soins culturaux d’un bananier sont rigoureux

La luminosité et l’exposition

• Le bananier exige une exposition maximale au soleil. Placez-le en plein soleil (sauf si derrière une vitre où le soleil direct pourrait brûler les feuilles) ou en mi-ombre dans les régions les plus chaudes
• Si possible, installez‑le près d’un mur orienté sud ou sud‑ouest qui garde la chaleur ou dans une cour abritée
• Protégez‑le des vents dominants qui peuvent déchirer les grandes feuilles, ce qui nuit à l’esthétique et, plus important, réduit la surface de photosynthèse nécessaire à l’accumulation d’énergie pour la floraison. Les vents assèchent aussi la plante.

Comment obtenir des bananes ?

L’objectif est de maintenir le bananier dans un état de croissance optimal le plus longtemps possible pour qu’il atteigne la maturité florale et fructifère au moment le plus chaud de l’année.

Maîtriser le Cycle de Croissance

• Au printemps, synonyme de départ de croissance, il faut sortir le bananier hiverné dès que les températures nocturnes ne descendent plus sous les 10 °C et le jour sous les 15 °C. C’est le moment de rempoter ou de surfacer en ajoutant de la matière organique, et d’intensifier les arrosages et la fertilisation.
• En été, une période cruciale, il faut assurer des apports d’eau et d’engrais maximaux pour stimuler une croissance foliaire la plus rapide possible. Le bananier doit faire le maximum de feuilles durant cette période
• Si la floraison apparaît, elle se manifeste par l’émergence d’un grand bourgeon pourpre au sommet du pseudo-tronc, qui pend par la suite. C’est le signal de l’arrivée du régime. Les bananes à dessert (Musa paradisiaca, Musa acuminata, etc.) cultivées sont généralement parthénocarpiques, ce qui signifie qu’elles produisent des fruits sans besoin de pollinisation. La pollinisation n’est donc pas une préoccupation majeure pour les variétés comestibles
• Certains jardiniers, pour optimiser la qualité des fruits, enlèvent les “mains” (ensembles de bananes) les moins développées ou coupent l’extrémité du régime (le chignon ou cœur restant) une fois que les dernières fleurs femelles se sont formées pour concentrer l’énergie sur les fruits existants.

Opter pour une culture forcée

Pour les variétés comestibles, la seule façon d’augmenter les chances de fructification est de cultiver sous serre chaude ou véranda toute l’année pour simuler un climat tropical permanent, ou du moins un climat subtropical. Cela permet à la plante de ne jamais s’arrêter de croître et d’atteindre le nombre de feuilles requis en une seule année.

La seule façon d’augmenter les chances de fructification d’un bananier est de cultiver sous serre chaude ou véranda toute l’année

Une fois que le régime de bananes est formé, il doit être maintenu dans un environnement chaud. Si les températures baissent trop en fin d’automne, le régime peut être coupé avant maturité complète et mis à mûrir à l’intérieur (dans une pièce chaude).