Aujourd'hui, nous prenons la direction la Seine-et-Marne où Christophe possède un magnifique jardin dans lequel prospèrent de nombreuses plantes issues de notre pépinière. Sur son blog, le jardin de la Vanneuse, il transmet sa passion pour ce jardin des quatre saisons, véritable cocon de verdure et quel plaisir pour nous de savoir nos plantes entre de si bonnes mains ! Christophe a accepté de répondre à quelques questions que je vous laisse découvrir...

Comment décririez-vous votre jardin ? Comment définiriez-vous son style ?

Le jardin de la vanneuse, d’une superficie de 1000 m2, se situe dans le sud de la Seine-et-Marne, à deux pas de la Bourgogne. C’est un jardin dont la terre est argileuse ; elle se craquèle en été et colle amoureusement aux bottes en hiver ! Dans ce jardin, les roses et les vivaces (les plus rustiques) sont reines. Il n’y a presque pas d’annuelles, pas de potées à protéger du froid ni de potager. J’aime que le jardin se débrouille seul, sans avoir à ressemer ou rentrer des frileuses tous les ans.

Je ne me suis pas imposé de style particulier mais je me suis fixé une « contrainte » dès le départ : avoir un jardin intéressant quelle que soit la saison. D’autant plus que dans notre région, les hivers sont souvent longs… Donc, très tôt je me suis intéressé aux persistants et aux floraisons hivernales. J’ai essayé de faire en sorte que les espaces du jardin présentent des intérêts différents au fil des saisons, tout en s’intégrant de façon harmonieuse dans l’ensemble. Pour aller d’un espace à un autre, il n’y pas de cheminement imposé. J’aime l’idée selon laquelle on peut flâner d’un massif à un autre, selon l’envie du moment. C’est un jardin structuré, un fouillis qui se veut maîtrisé.

Pour moi, la lisibilité est importante : j’aime les massifs bien délimités, les perspectives et les rondeurs. La déco occupe une place importante au jardin. Les vieux objets, le bois, le fer forgé, le zinc et tout ce qui peut apporter une touche de zénitude ou de romantisme. Il m’arrive même de confectionner mes propres éléments de déco, comme des barrières ou des échelles, pour supporter des rosiers grimpants ou des clématites. Ils ont aussi l’avantage d’animer le jardin pendant l’hiver.

Pour finir, je voulais un jardin « cocon » dans lequel je devais me sentir bien, bien sûr, mais je tenais absolument à ce qu’il soit aussi un véritable refuge pour la petite faune et les auxiliaires du jardin. Mangeoires, nichoirs, abreuvoirs, cabane à hérissons, bassin, abri à grenouilles, hôtels à insectes… Tout est là pour les accueillir au mieux !

Comment est née votre passion pour le jardin ?

Je crois que ma passion pour le jardinage est à la croisée de deux mondes qui me tiennent particulièrement à cœur et qui ont construit ma sensibilité : la Nature et l’Art. Créer son jardin, c’est un peu comme peindre un tableau avec un matériau vivant, à petites touches, en jouant sur les perspectives, sur les associations de couleurs, sur les tailles, les formes et les textures.

J’ai toujours été très proche de la nature. Solitaire, je passais des heures à monter dans les arbres, observer les animaux, écouter les oiseaux… Tout petit, je passais toutes mes vacances chez mes grands-parents. Les uns habitaient à quelques mètres de la forêt, les autres près de champs et de fermes. Mon grand-père paternel passait le plus clair de son temps dans son potager et ma grand-mère maternelle vouait une passion à son jardin (je me souviens encore de l’effervescence au moment des plantations de printemps, des corvées d’arrosage les soirs d’été, des réprimandes quand nous passions, mon frère et moi, trop près de ses fleurs avec nos vélos…).

Mais ma vraie passion du jardinage s’est déclarée quand je suis devenu propriétaire de ma maison actuelle, en 2008. J’avais toujours rêvé d’une maison avec un grand jardin. Dans ce jardin, il y avait tout à faire et je n’y connaissais rien ! Une collègue (devenue depuis une amie), s’est alors proposée de me passer quelques boutures pour commencer. Sans savoir-faire ni grande conviction au départ, je les ai plantées ici et là, puis, au fil du temps, à force de les voir évoluer (ou pas, d’ailleurs…), l’envie d’en avoir d’autres est venue. Et puis, une deuxième rencontre a été déterminante : celle d’une jardinière émérite (qui est aussi devenue une grande amie) qui m’a fait découvrir son jardin et qui m’a, sans compter, fourni beaucoup des plantes que j’ai aujourd’hui dans le mien. Depuis, la passion ne s’est pas démentie… Au contraire, elle est devenue dévorante, essentielle à ma vie et à mon équilibre, au grand dam de ma pelouse et de mon entourage qui se demandent bien quand est-ce que je vais finir d’agrandir les massifs !

Où trouvez-vous l'inspiration ?

Dans les magazines bien sûr, les livres sur le jardin (comment ne pas craquer sur les arbres à écorces décoratives photographiées par Cédric Pollet dans son "Jardins d’Hiver, une saison réinventée" Comment ne pas avoir envie d’acheter tous les rosiers présentés dans les ouvrages d’Isabelle Olikier-Luyten ?), les catalogues (ceux de Promesse de fleurs sont devenus mes livres de chevet, et je pense que je dois en connaître les pages par cœur !), mais surtout lors des fêtes des plantes et dans les jardins (connus ou moins connus) que j’ai eu la chance de visiter. Rien n’est plus inspirant que de voir une plante en situation, associée à une autre à laquelle on n’aurait pas pensé, ou d'échanger avec d'autres jardiniers passionnés.

Quelles sont les 5 plantes dont vous ne sauriez-vous passer ?

  • Les roses, les roses, et encore les roses ! Ce sont elles qui m’ont donné le plus envie de créer un jardin et ce sont elles que j’ai plantées en premier. Le jardin en compte plus d’une centaine, des anciens aux modernes, des couvre-sols aux lianes, en passant par toutes les couleurs. Un jardin sans rosiers peut avoir beaucoup de charme, mais ce n’est pas pour moi !
  • Les hellébores : leur floraison au cœur de l’hiver est un ravissement. Il y en a un peu partout dans le jardin, issus de semis spontanés. Un vrai coup de cœur il y a deux ans pour l’hellébore hybride ‘Anna’s Red’ mais je m’intéresse de plus en plus aux jaunes…
  • Les clématites sont mes grimpantes préférées. Si robustes et délicates à la fois, elles se marient tellement bien avec les roses. ‘Madame Lecoultre’ est l'une de mes favorites.
  • Les géraniums vivaces : les couvre-sols indispensables pour moi. J’en ai absolument partout. Ils sont d’une si grande variété et d’une facilité à toute épreuve. J’aime tout particulièrement le ‘Rozanne’ ou le Géranium magnificum.
  • Les Asters, parce qu’ils sont faciles à vivre, parce qu’ils nous offrent un feu d’artifice en automne. Ils ont un côté vaporeux que j’aime beaucoup (notamment ceux à petites fleurs, comme ‘Pink Cloud’ que j’adore) et attirent les insectes. Et encore une fois, ils se marient parfaitement avec les roses.

Quels sont vos projets jardin pour les mois à venir ?

En une dizaine d’années, je suis parvenu à ce que je voulais en terme de structure du jardin et d’équilibre en terme de biodiversité. Même si j’ai encore des rêves d’arbres ou de grands arbustes (à écorce décorative notamment), je pense que j’ai exploité l’espace au maximum, qu’il y a assez de massifs et que l’écueil serait d’en faire trop. Il s’agit maintenant d’entretenir tout ce petit monde et c’est déjà un travail à temps plein ! Alors mes projets pour les mois à venir se résument assez simplement : continuer à partager ma passion à travers mon blog, visiter d’autres jardins, parcourir les fêtes des plantes pour y dénicher des nouveautés et rencontrer d’autres passionnés, et qui sait, peut-être un jour ouvrir les portes de mon jardin à un magazine ou à un public un peu plus large...