Ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, c'est le nom d'une bactérie qui commence sérieusement à inquiéter en Europe. Xylella fastidiosa est en effet capable d'infecter, et parfois de tuer, un grand nombre d'espèces végétales dont les plus économiquement importantes sont : les agrumes (oranger, citron...), les fruitiers du genre Prunus (pêcher, abricotier, prunier, amandier...), la lavande et les vignes. Il n'existe pas de traitement à ce jour, voilà pourquoi un plan de surveillance et d'éradication des plantes touchées a vu le jour. Faisons le point sur cette vilaine bactérie !

Qui es-tu Xylella fastidiosa ?

Xylella fastidiosa est une gammaprotéobactérie, un micro-organisme de la famille des Xanthomonadacea. C'est la seule espèce du genre Xylella, mais il existe 6 sous espèces : fastidiosa, multiplex, morus, sandyi, tashke et pauca. Cette bactérie peut infecter 309 espèces végétales référencées pour le moment à travers le Monde (mais 600 espèces pourraient être des hôtes potentiels). Si certaines plantes peuvent être infectées tout en restant asymptomatiques, ce n'est pas le cas de toutes les espèces. En effet, certaines souches de la Bactérie Xylella fastidiosa peuvent même s'avérer mortelles pour quelques types de plantes. C'est le cas des Oliviers, des agrumes ou de la vigne.

Cette bactérie pathogène est connue comme l'agent de la maladie de Pierce qui a décimé les vignobles californiens à la fin du XIXe siècle. Elle est aussi responsable de la chlorose variéguée des agrumes au Brésil. Et plus, proche de nous, Xylella fastidiosa apporte le complexe du dessèchement rapide de l'Olivier (CoDiRo) dans les Pouilles en Italie. Ce phytopathogène est présent sur tout le continent américain, ainsi qu'à Taiwan, en Israël et en Iran. En Europe, on la retrouve en Italie, en Espagne, au Portugal, en Belgique (quelques cas isolés) et en France.

Le nom de genre Xylella dérive du mot xylème et fait référence au fait que la bactérie se limite aux tissus vasculaires transportant la sève brute, donc le xylème. Le nom d'espèce fastidiosa se réfère à la complexité de cultiver la bactérie en laboratoire : c'est fastidieux !

Xylella fastidiosa
Attaque de xylella fastidiosa sur des oliviers dans les Pouilles en Italie.

Les plantes-hôtes de Xylella fastidiosa en France

La bactérie Xylella fastidiosa peut infecter de nombreuses espèces végétales (309 répertoriées pour l'instant), généralement ligneuses, mais parfois herbacées. La plus virulente est la sous espèces Xylella fastidiosa subsp. fastidiosa qui peut infecter à elle seule 132 espèces végétales. Une espèce végétale infectée par cette bactérie, symptomatique ou non, est appelée : plante-hôte.

En France, la bactérie Xylella fastidiosa est présente en Corse, en région PACA et, désormais aussi, en Occitanie. Les plantes hôtes en France peuvent être : la vigne, l'olivier, la luzerne, les arbres fruitiers du genre Prunus (prunier, pêcher, amandier, cerisier...), les agrumes, le noyer et le figuier, mais aussi des plantes ornementales comme le Laurier-rose, la Polygale à feuilles de Myrte, la lavande et le lavandin, le mimosa ou le frêne.

Xylella fastidiosa
Parmi les végétaux sujets au xylella fastidiosa : l'olivier, l'amandier, le pêcher, le laurier rose, la vigne et les agrumes comme le citronnier

Comment agît cette bactérie ?

Les bactéries pathogènes se logent dans le xylème et empêchent la plante de s'alimenter correctement en gênant les déplacements de la sève brute. Les symptômes, qui dépendent de l'espèce végétale et de la souche bactérienne, sont, par conséquent, divers et difficiles à diagnostiquer :

  • Flétrissement du feuillage puis dessèchement des rameaux : cela peut aller jusqu'au dépérissement de la plante, dans le cas des oliviers, amandiers, polygales à feuille de myrte ou lauriers-rose ;
  • Brûlure foliaire : chez l'olivier, l'amandier et le laurier-rose ;
  • Chlorose foliaire : chez les agrumes et le caféier ;
  • Port retombant et réduction de la longueur des entre-nœuds : chez le pêcher. Le nanisme peut aussi être observé chez la luzerne ;
  • Jaunissement et/ou rougissement des feuilles en pleine saison : chez la vigne ;
  • Mauvaise lignification (aoûtement des rameaux) et persistance des pétioles après la chute des feuilles : chez la vigne.

Il n'existe aucun traitement curatif, hélas. Une fois infectée, une plante sensible va dépérir. Cette bactérie peut, en outre, toucher les végétaux dans les forêts, dans les parcs et les jardins, mais aussi, et surtout, chez les pépiniéristes, les viticulteurs et les agriculteurs.

Les vecteurs de cette bactérie sont les insectes piqueurs-suceurs qui se nourrissent de la sève brute. Plusieurs espèces de cicadelles et de cercopes sont suspectées de propager l'agent pathogène. Les insectes vecteurs n'ont pas encore été identifiés avec certitude chez nous, mais on considère une cinquantaine d'espèces potentiellement vectrices. Les outils de taille non désinfectés sont aussi probablement une source de contamination entre les plantes.

Rassurons-nous toutefois : la bactérie n'est pas transmissible ni à l'Homme, ni aux animaux.

Xylella fastidiosa
Amandier touché par la bactérie (© GVA)

Que faire si on pense rencontrer cette maladie ?

La bactérie Xylella fastidiosa est répertoriée en Europe en tant qu'Organisme de Quarantaine Prioritaire. En 2021, un plan d'action national a vu le jour en France. Il consiste à : protéger les zones indemnes et lutter contre la dissémination de la bactérie dans les zones délimitées. En pratique, cela se concrétise comme suit :

  • Arrachage et destruction de tous les végétaux contaminés ou suspectés de l'être après un traitement insecticide pour éradiquer un potentiel vecteur ;
  • Surveillance renforcée de la zone infectée (rayon de 100 m minimum) par de régulières analyses ;
  • Surveillance d'une zone "tampon" (rayon de 5 km) autour de la zone infectée par divers prélèvements ;
  • Enquête épidémiologique en vue de comprendre comment la maladie est apparue et d'identifier le vecteur.

Des contrôles aux frontières sont effectués pour éviter l'importation de végétal contaminé, mais aussi chez les producteurs et agriculteurs. Chaque plante importée, et plante-hôte du Xylella, doit être munie d'un certificat phytosanitaire. La population, et notamment nous les jardiniers, peuvent aussi aider à la surveillance. À la moindre suspicion, n'hésitez pas à contacter les organismes de contrôle de votre région ou pays. En France : veuillez contacter le Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. En Belgique, la bactérie Xylella fastidiosa n'est pas (pour l'instant) un sujet de préoccupation majeur, mais vous pouvez contacter l'Agence fédérale de Sécurité de la Chaine Alimentaire pour de plus amples informations.