Depuis une quinzaine d'années, le premier samedi du mois de mai est la journée mondiale du... jardinage nu. Je suis aussi consterné que vous, rassurez-vous ! Et en cette année 2021, tenez-vous bien, cela tombe pile le premier mai : le jour de la fête du travail. Donc arrêtez tout de suite de vous souvenir de l'âpre combat des mouvements ouvriers au début du dix-neuvième siècle dans le but d'instaurer des journées de travail de 8 h maximum ! Non, non... Place désormais à la futilité : j'ai nommé la Journée Mondiale du Jardinage Nu.

Mais... d'où vient encore cette idée ?

Cette idée saugrenue nous vient des USA. Décidément, ce pays nous avait habitué à mieux : le groupe Linkin Park, les Ford Mustang, Les Simpson, ... et puis, des choses moins prestigieuses : comme la « journée mondiale du désherbage le sifflet à l'air ».

C'est un certain Mark Storey, rédacteur en chef de la revue Nude & Nature (oui, ça existe !) et d'un permaculteur nommé Jacob Gabriel qui en sont les instigateurs. Selon eux et selon un sondage dont tout le monde a perdu la trace, les deux activités dans le plus simple appareil préférés des gens seraient dans l'ordre : la natation et... le jardinage. Personnellement, l'une des rares occupations que j'aime réaliser dans la tenue d'Adam, c'est de prendre ma douche. Mais la journée mondiale de la douche, c'était probablement moins vendeur.

Mais comment se lancer ?

Le protocole à suivre est relativement simple :

Un : Sortir au jardin

Deux : Se déshabiller jusqu'à être nu comme un ver (qui doivent bien se gausser, tiens !)

Trois : Ah ben non, il n'y a pas de point « 3 ». C'est tout !

Vous voici désormais tout ragaillardi par le contact direct avec la nature (enfin bon... votre pelouse, quoi !) sans entrave textile d'aucune sorte. Le port du chapeau est néanmoins autorisé.

Jardiner tout nu ? Vous n'y pensez pas !

Derrière tout ça, Mark Storey en toute bonne foi voulait promouvoir l'idée d'« accepter et de favoriser une acceptation saine et sans honte de son corps ». C'est une noble cause, je le reconnais. Le souci est de savoir ce qu'en pense les voisins...

J'ai donc passé une matinée entière à tenter de persuader mes voisines du bienfait de la chose. Jardiner nu, c'est le retour à la terre : la boue entre les orteils, les épines d'une aubépine qui s'enfoncent dans le gras du dos, la piqûre d'une guêpe sur les fesses car on n'avait pas vu où on s'asseyait...

Oh oui, quelle belle expérience ! On se griffe sur les ronces, on se stimule aux orties, on risque de choper le tétanos et un rhume carabiné (en tout cas dans le Nord) !

Et puis gare aux outils utilisés ! Il ne s'agirait pas de se sectionner un machin qui dépasse dans l'aventure. Donc pas de moulinets avec tout ce qui coupe : sécateurs, cisailles ou autres scies égoïnes resteront dans le cabanon. Tout nu, oui ! Mais la sécurité avant tout !

Oubliez aussi de bêcher pieds nus ! J'ai essayé et c'est relativement une mauvaise idée. Tout nu, oui ! Mais des bottes ou de bonnes chaussures pourraient vous être utiles tout de même.

Jardiner nu : réellement une bonne idée ?

Si l'idée vous séduit tout de même et que vous voulez vous lancer dans l'aventure, faites attention de le faire à l'abri des regards sous peine d'être embarqué pour exhibitionnisme. Si, en plus, vous avez oublié le masque, cela vous coûtera encore plus cher... Eh oui, pour rappel : "L’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende", précise l’article 222-32 du Code pénal. Donc, vous faites comme vous voulez... Mais, bon. Surtout ces temps-ci où la délation redevient sport national, ce serait dommage de se voir embarquer par la police pour une simple journée mondiale.