
Les insectes du compost : ceux qu'il faut accueillir, ceux qu'il faut limiter
Découvrons tous les insectes, bons ou moins bons, qui vivent dans le bac à compost
Sommaire
Un compost, ça grouille d’une activité foisonnante, car c’est un milieu riche et vivant, qui évolue au fil des saisons et des apports de matières organiques. On y trouve d’abord des microorganismes quasi invisibles, comme les bactéries thermophiles qui s’attaquent aux cellules des matières pour se nourrir de leurs sucres, et les champignons qui digèrent les cellules des feuilles et du bois. Et puis il y a toute une ribambelle d’insectes, plus ou moins visibles, qui jouent un rôle essentiel au sein du tas de compost, ainsi que certains insectes plutôt indésirables.
Découvrons ensemble tous les insectes qui peuplent votre compost, pour comprendre leur fonction et apprendre à les préserver (ou à les éloigner).
Quelles sont les fonctions des insectes du compost ?
Un compost bien mené et équilibré en matières sèches (le brun) et en matières humides (le vert) est un milieu vivant. Sous la surface des déchets en décomposition, une multitude d’insectes s’activent, parfois invisibles à l’œil nu, mais foncièrement révélateurs. Ces arthropodes, coléoptères, diptères et autres myriapodes ne sont pas là par hasard : ils s’installent parce que le milieu leur est favorable et que les cycles biologiques sont en marche.
Dans ce microcosme chaud et humide, les insectes jouent un rôle primordial. Certains fragmentent la matière grossière, d’autres participent activement à la décomposition des végétaux, ou régulent les populations fongiques. Quant à leurs excréments, ils enrichissent naturellement le compost, car ils sont riches en nutriments. D’autres encore, prédateurs ou nécrophages, contrôlent la prolifération d’espèces concurrentes ou opportunistes. Cette diversité d’acteurs est un gage de stabilité : plus l’écosystème du compost est riche, plus il est capable d’absorber les variations de température, d’humidité ou de composition des apports.
Identifier les insectes qui peuplent le compost permet d’en évaluer la bonne santé et l’équilibre. Ainsi, une surpopulation de larves de mouches et de moucherons montre un certain déséquilibre. En revanche, la présence de cloportes ou de coléoptères nous renseigne sur la bonne aération du compost.
Les insectes auxiliaires du compost, à préserver
Parmi la diversité des insectes qui peuplent un compost actif, certains jouent un rôle essentiel dans la transformation de la matière brute en humus. Ces insectes doivent être préservés et favorisés en veillant à maintenir un milieu propice à leur développement. Voici un inventaire de ces petites bêtes bien utiles :
Les vers de terre épigés (Eisenia fetida ou Eisenia andrei)
Ce sont des vers de terre, bien différents des lombrics du jardin, qui s’adaptent parfaitement au composteur, car ils excellent dans la transformation des matières organiques fraîches, tendres et humides. Parfois appelés vers du fumier, ce sont des vers rouges, très fins, qui sont dotés d’un bon appétit, puisqu’ils sont capables de dévorer l’équivalent de leur poids en une journée. Tout comme leurs cousins qui aèrent le sol, ces vers épigés participent au brassage du compost.

Les vers épigés du compost
Ce sont des vers qui vivent en surface du sol ou dans les tas de compost si la température est comprise entre 15 et 25°C.
Les cloportes
Même si ce ne sont pas vraiment des insectes, mais des crustacés terrestres, on va tout de même leur accorder quelques lignes. En effet, les cloportes jouent un rôle essentiel dans la transformation des matières ligneuses, riches en cellulose. Ce sont d’ailleurs les premiers “insectes” qu’on aperçoit dans le compost, puisqu’ils s’attaquent aux déchets en début de décomposition.

Un cloporte du compost (Porcellio scaber)
Leur action mécanique fragmente les matières dures et accélère la colonisation par les champignons et les bactéries. Les cloportes sont dotés d’une carapace et cherchent souvent les coins les plus frais du compost.
Les collemboles
Longtemps considérés comme des insectes primitifs, les collemboles sont aujourd’hui classés dans les arthropodes qui se nourrissent de matière végétale en décomposition et de microorganismes comme les champignons et les bactéries. Ils ont donc pour fonction de réguler la population d’autres organismes tout en accélérant le processus global de compostage.

Les collemboles
Ce sont des “insectes” sauteurs, le plus souvent blanchâtres, longs de 2 à 3 mm. Autant dire qu’ils sont pratiquement invisibles.
Les coléoptères
Les principaux coléoptères que l’on rencontre dans le bac à compost sont les cétoines, les carabes et les staphylins. Les espèces les plus petites de staphylins sont détritivores car ils dégradent les matières organiques mortes et se nourrissent de champignons. Les plus gros sont prédateurs et se nourrissent des larves ou de gastéropodes qui pourraient nuire à l’équilibre du compost. Les carabes et leurs larves jouent le même rôle de régulation. Leur présence ponctuelle n’est pas à craindre.
Quant aux cétoines, de jolis scarabées à la carapace verte, ponctuée de reflets irisés, ils pondent très facilement dans le compost. Et leurs larves sont très utiles. Il s’agit de gros vers dodus, à la tête brune et à l’extrémité de l’abdomen assez enflé, de couleur blanc grisâtre, qui mettent trois ans à se développer. Dans le compost, on en trouve donc de différentes tailles qu’il est primordial de remettre en place lorsque le composteur est vidé.
Ces larves se nourrissent de matières ligneuses et de matières organiques en décomposition qu’elles transforment en humus. En revanche, elles ne s’en prennent jamais aux racines des plantes, contrairement aux larves de hanneton ou aux larves de noctuelles ou vers blancs avec lesquelles elles sont souvent confondues. Cependant, dans un compost équilibré, ces larves ne doivent pas être en surnombre, car elles peuvent entrer en concurrence avec les vers épigés.
Pour aller plus loin : Larves de cétoine, larves de hanneton : quelles différences ?
Les mille-pattes
Souvent plus discrets, les mille-pattes ou myriapodes diplopodes, parmi lesquels les iules et les lithobies sont les plus courants, ont la capacité de broyer les résidus ligneux, délaissés par les vers épigés. Très actifs dans les couches intermédiaires, ils sont d’autant plus utiles que le compost contient des tailles de vivaces, des copeaux ou des tiges coriaces. Ils s’aperçoivent parfois furtivement, car ils se montrent très rapides dans leur déplacement.
Les pince-oreilles
Également connus sous le nom de forficules, les pince-oreilles ont un rôle secondaire, mais néanmoins nécessaire. Ce sont des omnivores opportunistes, principalement nocturnes, qui s’installent dans les zones humides, riches en matière en décomposition, à l’abri de la lumière. Ils vont mettre à leur repas des débris végétaux ramollis, de petits insectes morts et parfois des moisissures. Leur présence est un indice d’équilibre du compost, mais ils ne doivent pas être trop nombreux.
Les larves de mouches soldats (Hermetia illucens)
Ces larves sont d’une voracité exceptionnelle. Elles ont une prédilection pour les déchets riches en azote, notamment les restes alimentaires comme les épluchures et les fruits mûrs. Leur présence dans un compost est généralement positive, surtout dans les régions chaudes ou dans les composteurs très actifs en été. Elles évitent la prolifération d’autres espèces de mouches, car leur présence empêche les femelles de mouches domestiques de venir pondre.

La mouche soldat
Ce sont des bio-transformateurs puissants, très utiles pour les déchets organiques humides, à condition d’en comprendre le fonctionnement. On trouve même des larves de mouche soldat en vente comme accélérateurs de compost.
Les vers blancs
Dans les zones plus profondes, humides, mais bien aérées, les enchytréides, petits vers blancs translucides de quelques millimètres, complètent le travail des lombrics. Ils consomment les matières en voie d’humification et stimulent l’activité microbienne par leur transit. Leur abondance signale une dégradation avancée, généralement sans odeur, stable et propice à la transformation en compost mûr.
Les insectes à surveiller dans le compost
Un compost vivant ne peut être exempt d’insectes indésirables, mais leur prolifération n’est jamais anodine. Elle révèle toujours un déséquilibre dans la composition ou le fonctionnement du tas de compost : un excès, un manque ou un dysfonctionnement.
- Les larves de mouche domestique ou de mouche du fumier apparaissent souvent dans les composts trop riches en déchets azotés ou humides, qui fermentent lentement. Leur présence est aussi le signe d’un compost mal aéré et traduit une anaérobiose partielle. Une couverture de matière sèche (feuilles mortes, broyat, carton) ou un brassage immédiat des apports permet généralement de réguler leur présence
- Les moucherons ou drosophiles traduisent une mauvaise gestion de la surface, car ils pondent dans les fruits en décomposition ou les épluchures sucrées laissées à l’air libre. Il faut donc incorporer ces déchets sucrés sous une couche sèche
- Les fourmis deviennent un indice de sécheresse si elles s’installent durablement dans le compost. Elles creusent des galeries pour fuir l’humidité, et leur présence massive est généralement liée à un déficit d’eau ou à un excès de matière brune.
- Certains coléoptères xylophages ou charançons peuvent apparaître dans les composts riches en bois fragmenté, notamment dans les bacs contenant des tailles de haies, du broyat ou des branches. Une prolifération indique une dégradation trop lente de la fraction ligneuse, qu’il faut compenser par des apports de matières azotées. Leur présence peut être indésirable dans les abris de jardin en bois ou les tas de bois de chauffage
- Les guêpes qui peuvent établir leur nid dans le compost, car elles sont attirées par les matières sucrées ou protéinées des restes de viande jetés par erreur dans le composteur. Elles peuvent aussi y trouver de petites larves. Leur présence, bien qu’impressionnante, n’est pas directement nuisible au compost. Elles n’endommagent ni les structures, ni la faune utile, mais elles peuvent devenir très gênantes pour l’utilisateur.
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