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Les plantes bio-indicatrices : qu'est-ce que c'est ?

Les plantes bio-indicatrices : qu'est-ce que c'est ?

Ces mauvaises herbes qui en disent long sur le sol de notre jardin

Sommaire

Mis à jour le 6 Avril 2023  par Pascale 6 min.

Chiendent, liseron des champs, pissenlit, grand plantain… ces adventices, souvent appelés « mauvaises herbes » ont tendance à peupler vos nuits (de jardinier) de cauchemars. Et vous passez vos journées à chercher à les éradiquer par tous les moyens, parfois les plus inavouables (aux yeux d’un jardinier évidemment !). Et si vous changiez de paradigme ? Et si un matin vous vous leviez en vous disant que ces herbes indésirables ont peut-être leur utilité au jardin ? Et surtout qu‘elles ne poussent pas dans votre potager, vos massifs ou votre pelouse par hasard. En effet, ces adventices peuvent être considérées comme des plantes bio-indicatrices, c’est-à-dire des plantes qui sont de précieuses informatrices sur l’état de santé et la nature de votre sol. Des plantes qui permettront au jardinier que vous êtes d’aérer, d’enrichir ou d’alléger votre terre à bon escient.

Découvrez avec nous ces fameuses plantes bio-indicatrices pour comprendre ce qu’elles nous révèlent.

Sinon, vous pouvez aussi les manger ! Olivier nous ouvre l’appétit avec les mauvaises herbes à mettre dans notre assiette. 

Difficulté

Les plantes bio-indicatrices, c'est quoi au juste ?

Le concept des plantes bio-indicatrices n’est pas nouveau. Le botaniste Gérard Ducerf en a d’ailleurs fait une encyclopédie en 3 volumes dans laquelle il présente 750 plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales. Il y évoque ainsi les plantes bio-indicatrices, communes dans nos champs, dans nos prairies et nos potagers, qui peuvent devenir de véritables alliées des agriculteurs et des jardiniers.

En effet, ces plantes ne s’enracinent pas à tel ou tel endroit par pur hasard. Elles ne germent pas de façon aléatoire, par magie. Ainsi, un sol renferme une multitude de graines qui ne vont germer que si elles y trouvent les conditions correspondant à leurs besoins, en termes d’hygrométrie, de structure, d’acidité… Dès lors que toutes les conditions sont réunies, elles poussent spontanément et naturellement parce que le sol leur convient (même si d’autres critères comme les températures ou les conditions climatiques entrent aussi en jeu).plantes bio-indicatrices

Bref, ces herbes, souvent jugées comme indésirables, sont porteuses de riches informations sur la nature du sol, ses propriétés, son état de santé, ses excès ou ses carences…

Elles nous apportent ainsi de précieuses données sur :

  • La fertilité du sol et sa richesse en matières organiques
  • La structure du sol (est-il aéré, compact et tassé ?)
  • La texture du sol (est-il argileux, limoneux, sableux ?)
  • L’acidité du sol
  • Le degré de dégradation ou de pollution de la terre
  • La capacité de rétention d’eau du sol.

Comment savoir si une plante est bio-indicatrice sur votre terrain ?

Un malheureux pissenlit perdu au milieu de votre pelouse ou la présence d’un plant de pourpier potager au milieu des salades ne sera pas forcément considéré comme une plante bio-indicatrice. En effet, pour qu’elle soit vue comme telle, cette plante herbacée doit être présente en nombre suffisamment important, voire en dominance sur un espace donné.

On peut appliquer une méthode assez simple pour faire un diagnostic de son sol. Mais il faut prendre un peu de temps pour observer et lire sa terre avec précision :

  • Délimiter une surface de 1 ou 2 m² dans laquelle vous allez faire un inventaire très précis des plantes qui y poussent spontanément. Évidemment, cet inventaire implique que vous ayez suffisamment de connaissances en botanique pour différencier ces différentes adventices. Vous pouvez vous aider d’une application d’identification des plantes, ou d’un ouvrage quelconque ;
  • Évaluer leur taux de présence pour savoir quelles sont les plantes dominantes et celles qui sont moins représentées. Ainsi, la présence d’une plante est réellement significative lorsqu’elle occupe au moins 70 % de la surface délimitée. Tout comme les suivantes, présentes à au moins 50 %.

    plantes bio-indicatrices

    Avoir du mouron des oiseaux dans son terrain est un signe de bon équilibre du sol

Pour vous faciliter ce travail d’inventaire (à faire par exemple sur un terrain pas encore travaillé), quelques conseils s’imposent :

  • Choisir un espace homogène et représentatif
  • Préférer le printemps pour faire cet inventaire, car les mauvaises herbes renaissent à la vie après leur dormance hivernale
  • Éviter les zones tondues ou fauchées
  • Faire un décompte strict et précis (un jardinier a souvent tendance à surestimer la présence de certaines mauvaises herbes qui semblent le narguer)
  • Prendre son temps pour bien identifier l’espèce d’une plante, mais aussi ses différentes variétés qui peuvent germer et croître dans des milieux différents.

Les principales plantes bio-indicatrices présentes dans nos jardins

Alors, certes, la présence de toutes ces plantes ne peut pas remplacer une vraie analyse professionnelle du sol, réalisable grâce à un kit facile à utiliser, qui permet de définir précisément les caractéristiques physiques et chimiques d’un sol. Pour autant, ce sont de précieux indicateurs dont il faut savoir tenir compte.

Dressons un petit inventaire des plantes les plus fréquemment rencontrées dans un terrain et les indications qu’elles nous donnent quant à la nature, la texture, ou l’état de santé du sol (avec une petite parenthèse pour leurs vertus alimentaires)

  • Le mouron blanc ou mouron des oiseaux (Stellaria media) : Sol bien équilibré et en bonne santé. La plante à avoir dans son potager ! Les feuilles se consomment crues en salades, ou cuites
  • Ortie dioïque ou grande ortie (Urtica dioca) : excès de matières organiques végétales ou animales, sol trop riche. Les jeunes pousses, avant la floraison, se mangent cuites en soupe
  • Liseron des champs (Calystegia sepium) : sol riche en azote et en matières organiques, mais trop compacté et asphyxié
  • Rumex (Rumex obtusifolius) : Sol compact, gorgé d’eau et trop riche en nitrites. Feuilles et jeunes pousses comestibles, mais fortement dosées en acide oxalique
    Plantes bio-indicatrices

    L’ortie dioïque, le liseron des champs, le rumex, le grand plantain, la renoncule rampante et le lamier pourpre sont des plantes bio-indicatrices

     

  • Grand plantain (Plantago major) : sol trop tassé et trop compacté, qui manque d’air. Les jeunes feuilles du centre se mangent en salade
  • Chiendent des champs (Elytriga campestris : sol fatigué, compacté qui présente un excès de nitrates et de potasse. Les parties du rhizome sont comestibles.
  • Pissenlit ( Taraxacum officinale) : sol saturé de matières organiques animales, mais aussi trop compacté. Tout se mange dans le pissenlit, cru ou cuit
  • Renoncule rampante (Ranunculus repens) : sol engorgé en eau, trop lessivé, pauvre en éléments nutritifs. Plante toxique
  • Chardon commun (Cirsium arvense) : sol aride, saturé en phosphore
  • Datura : sol pollué. Plante toxique
  • Pourpier potager (Portulaca oleacea) : sol à faible pouvoir de rétention d’eau. Plante comestible contenant toutefois de l’acide oxalique à consommer avec modération pour les personnes atteintes de problèmes rénaux
  • Pâquerette (Bellis perennis) : sol décalcifié, en début d’érosion et de lessivage. Jeunes feuilles et fleurs comestibles, crues ou cuites
  • Lamier pourpre (Lamium purpureum) : Excès d’azote et de matières organiques dans un sol riche en calcaire, sol érodé et lessivé. Seule la partie aérienne se consomme comme assaisonnement.

Quelles plantes indiquent un sol riche en azote ?

Dans un sol, l’azote (N) est indispensable aux plantes car, en tant qu’élément nutritif, il participe à leur bonne croissance. Il permet de produire des protéines, de vitamines, d’enzymes… et de chlorophylle. Il agit principalement sur le développement des tiges et des feuilles. Mais il est également essentiel pour la transformation et la dégradation des matières organiques en éléments minéraux grâce aux micro-organismes.

Ainsi, un sol trop pauvre en azote sera enrichi avec du compost bien équilibré, des paillis, les tontes de gazon, du fumier, des engrais organiques comme la corne broyée ou le sang séché, du purin d’ortie ou de consoude… On peut aussi cultiver des Fabacées (des légumineuses) qui ont la capacité de fixer et de restituer l’azote atmosphérique grâce aux nodosités de leurs racines…

Mais en voulant trop bien faire, on provoque parfois une faim d’azote. Olivier vous explique tout sur la faim d’azote et surtout comment l’éviter et y remédier. 

Et puis parfois, votre sol s’avère riche en azote. Réjouissez-vous, c’est une bonne nouvelle ! Certaines plantes bio-indicatrices sont donc des signes de bonne santé de votre sol :

Plantes bio-indicatrices

Le chénopode blanc, la benoîte commune et le senecio commun prouvent que le sol est riche en azote

  • La benoîte commune (Geum urbanum)
  • Le chénopode blanc (Chenopodium album)
  • Le liseron des champs
  • Le mouron des oiseaux
  • L’ortie dioïque
  • Le séneçon commun (Senecio vulgaris)

Commentaires

  • Sidonie, le 6 Avril 2023

    Merci pour cet article,
    Je suis étonnée que le pourpier soit considéré comme toxique, est-ce qu’il ne s’agit pas d’une erreur ?
    Merci pour votre site internet qui est une mine d’informations intarissable!

    • Réponse de Pascale, le 7 Avril 2023

      Merci de votre lecture attentive. Une erreur d'inattention s'est glissée dans mon article. Elle a été corrigée. Bien évidemment, le pourpier potager est parfaitement comestible, tiges, feuilles et graines se mangent. Attention toutefois aux personnes atteintes de problèmes rénaux, le pourpier contient de l'acide oxalique.

Stellaria media