
Le jardin d'hiver : un écrin de verdure sous verre
Une bulle de nature dans la maison
Sommaire
Vous vous souvenez d’Andie MacDowell dans Green Card ? Elle accepte de se marier en blanc à Gérard Depardieu pour pouvoir louer l’appartement new-yorkais de ses rêves doté d’un extraordinaire jardin d’hiver !
C’est peu de dire que cette pièce est l’objet de toutes les convoitises pour les amateurs de plantes exotiques et exubérantes. Si certains films s’en servent parfois comme décor, comme celui de Peter Weir dans cette comédie romantique des années 90, quelques-uns ont la chance de posséder un jardin d’hiver dans une maison ancienne, ou s’en font construire un, façon serre d’antan ou verrière high tech adossée à la maison lors d’une rénovation. Quelles sont ses origines, quelles plantes y convier, et comment bien s’en servir pour hiverner ou profiter de ses plantes les plus frileuses toute l’année ?
Faisons un petit tour dans l’univers délicieux des jardins d’hiver !

À gauche, le jardin d’hiver du Musée Christian Dior à Granville et à droite un grand espace lumineux sert d’abri aux belles exotiques
Le jardin d'hiver et ses origines
Qu’est-ce qu’un jardin d’hiver ?
Le jardin d’hiver n’est ni une serre (souvent plus grande et utilitaire), ni une véranda (parfois plus petite et moins végétalisée), ni même une orangerie que l’on réservait traditionnellement aux agrumes et plantes frileuses dans un endroit abrité du jardin, mais un peu un savant mélange de ces constructions. À la différence que cette sorte de verrière fait partie intégrante de l’habitation, y est en principe adossée, et a une forte dimension esthétique.
Plutôt qu’une zone de culture, il compose une pièce à part entière, constitué de larges vitrages sur une structure métallique qui lui donnent son aspect lumineux, propice à l’installation de plantes diverses, et à l’instauration d’un micro climat contrôlé. Il peut être ouvert sur une autre pièce, mais on le ferme généralement par des portes, car il reste par essence non chauffé, à l’inverse d’une véranda classique. Certains jardins d’hiver peuvent être chauffés (surtout dans les régions froides), mais traditionnellement, ils sont conçus pour conserver la chaleur solaire grâce à leur vitrage.
Le jardin d’hiver est donc un sas entre la maison et le jardin, auquel il est bien souvent accessible. Il crée une vraie extension de la maison non négligeable, d’où on observe le jardin ou la terrasse.

Les ancêtres du jardin d’hiver sont les serres et les orangeries
Les origines du jardin d’hiver
La grande période du jardin d’hiver remonte au milieu du XIXe siècle. Directement inspiré de la Belle Époque des serres dans les jardins anglais et français dans la moitié du XVIIIe siècle, on le voit investir les plus beaux jardins botaniques avec leur architecture folle, faite de verre et d’acier. En France, au Second Empire, le Jardin d’Hiver des Champs-Élysées (1846-1851), lieu public vitré, chauffé… et payant, préfigure l’engouement pour ces espaces lumineux, avant que la bourgeoisie ne les intègre à ses demeures privées.

Le jardin d’hiver des Champs Élysées (gravure de 1848)
Puis ce sont les grandes maisons nobles qui s’enthousiasment, chez les aristocrates qui peuvent se payer le luxe d’une telle architecture. En 1845, l’abolition de la taxe sur les vitrages permet en effet un accroissement de cette nouvelle mode. La serre se rapproche du lieu d’habitation et devient le jardin d’hiver de la maison bourgeoise. Des hôtels particuliers sont connus pour cet espace unique, comme à Paris, le jardin d’hiver de l’hôtel de la Païva.
En Angleterre, les jardins d’hiver (conservatories) sont devenus des symboles de statut social. Ces espaces vitrés, souvent somptueusement décorés, permettaient de cultiver des plantes toute l’année et d’offrir un lieu de réception pour l’afternoon tea, même en hiver. Y seront exposées de multiples plantes, de façon à évoquer une jungle ou une image fantasmée de forêts tropicales.
Les fonctions d'un jardin d'hiver
Héritage des serres aristocratiques et des orangeries, le jardin d’hiver est devenu un symbole de bien-être et de reconnexion à la nature. Leur petit air de jungle urbaine ultra-dépaysant est même complètement tendance !
Pièce à part dans une maison, le jardin d’hiver est un cocon permettant d’accueillir en les regroupant des plantes tropicales, des orchidées et exotiques frileuses pour l’hiver, d’où son nom, mais aussi de profiter de la verdure bien au chaud, la lumière et le soleil entrant à flot par les grands vitrages.
Contrairement au jardin extérieur qui s’endort en hiver, le jardin d’hiver reste vert, luxuriant et utilisable même pendant les mois froids. Il crée un microclimat propice à la vie végétale. On trouve des jardins d’hivers chauffés ou non.
Cette pièce est souvent voulue douillette à souhait, nous y revenons dans la dernière partie. On vient donc également s’y reposer, lire, ou prendre une collation. Car le jardin d’hiver permet de ramener la nature directement dans la maison, et procure un bienfait non négligeable, notamment en hiver, quand la luminosité baisse.
N.B. : Ne pas confondre ce jardin d’hiver d’intérieur et architecturé, avec le jardin d’hiver complètement extérieur (ou “winter garden” très prisé outre-Manche) qui compose de sublimes scènes hivernales basées sur les écorces, les végétaux persistants, les tons roussis, les fructifications et les graminées, autre sujet passionnant que j’aborde ici.

Profusion végétale et mobilier composent un lieu à part
Quelles plantes installer dans un jardin d'hiver ?
Contrairement à la serre, les plantes poussent toutes hors sol dans le jardin d’hiver. Ce lieu n’est pas dédié à leur production ou leur culture (fonction réservée à la serre), mais plutôt à leur exposition, voire leur hivernage. On essaie toujours d’accumuler les végétaux pour tendre vers un décor et une ambiance luxuriante. Le jardin d’hiver crée, avec la profusion de plantes, un microclimat propice à la vie végétale en plein hiver, avec des plantes en pot qui se protègent les unes avec les autres. Cela va de soi, mais les plantes qui s’y plairont doivent donc bien supporter la culture en pot.
Important : si le jardin d’hiver est chauffé, il faudra compter avec des plantes qui le supportent, car beaucoup de plantes tropicales ont besoin d’une température suffisamment fraiche pour certaines pour simuler leur période de dormance : 10 à 12°C maximum.
Trois types de plantes sont à considérer :
Les plantes tropicales
Les plantes hautes et à grands feuillages que l’on utilise chez nous en tant que plante d’intérieur (oiseau de paradis, Monstera, palmiers comme le Chamaedorea ou le Kentia) côtoient des potées plus petites. On convie par exemple quelques plantes succulentes ou un Cycas revoluta, un géranium de Madère, ou encore quelques orchidées (Phalaenopsis, Cymbidium). L’avantage d’un faîtage haut permet bien souvent l’installation de plantes de grand développement comme les Andasonia, bananiers ou autres arbres du voyageur.

Extravagance des plantes tropicales dans un grand jardin d’hiver
Les plantes succulentes
Aloès, cactées comme l’Aeonium ou l’opuntia, agaves, et bien d’autres plantes grasses. On les rentre dans le jardin d’hiver pour qu’elles ne subissent pas l’humidité ambiante hivernale, qui, associée au froid, leur est souvent fatale.
Les plantes grimpantes
Les grimpantes tropicales, peu rustiques, y trouvent également un espace idéal par la hauteur généralement conséquente apportée par la structure ou le toit en verre incliné : Tibouchina, jasmins frileux comme le jasmin sambac, passiflores, Hardenbergia violacea, etc.
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Le jardin d’hiver sert aussi à remiser les plantes qui ne sauraient passer l’hiver dehors dans certaines régions : des plantes cultivées en grosses potées, donc plus sensibles, comme le Brugmansia ou le Polygala par exemple, ou une fougère arborescente.
→Consultez nos articles : Comment hiverner les vivaces non rustiques ? ; Protéger le Polygala du froid : nos conseils d’hivernage ; Tibouchina : bien le protéger du froid et réussir son hivernage ; Hiverner un Cyperus papyrus.

Comment l'aménager ? Où l'installer ?
Le jardin d’hiver, contrairement à la serre, n’est pas une zone de culture et il devient bien souvent un espace de détente. Son exposition idéale est une orientation sud-ouest ou sud-est pour bénéficier d’un maximum de lumière en hiver (mais cela dépend grandement de la région : on privilégiera une exposition nord-ouest en climat très ensoleillé). Il nécessite généralement un ombrage en été, à envisager lors de l’installation.
L’idée est de faire de cette pièce un endroit chaleureux et une pièce magistrale de la maison. On souhaite généralement un jardin d’hiver à la fois esthétique, foisonnant et unique ! En se rappelant que les plantes sont les pièces maitresses et le mobilier un simple accessoire.
Le style est habituellement exotique en reprenant certains codes coloniaux comme les ventilateurs au plafond, l’usage de l’osier et du rotin ou de bois exotiques dans les assises. On peut préférer un esprit très “cocooning”, ou influencé par un esprit victorien assumé avec la présence d’un mobilier en fer forgé au look vintage, ou même un style scandinave plus épuré.
Dans un projet contemporain, on peut l’envisager comme espace de vie et comme élément architectural singulier, sachant qu’il se prête vraiment plus aux ambiances anciennes. Enfin, comme chez Stéphane Marie, il peut aussi se compléter d’une table pour divers petits travaux de jardinage intérieur.
Il y a forcément une ou deux assises (banquette, large fauteuil ou chaise toute simple) dans lesquelles on va venir se lover entouré de ses plantes. On y rajoute quelques coussins, un plaid pour les journées d’hiver dans les jardins d’hiver non chauffé, pourquoi pas un beau tapis genre kilim pour une ambiance plus bohème. Une petite table ou guéridons hauts assurent aussi une ambiance rétro, et permettent aussi d’installer des plantes retombantes comme les fougères d’intérieur.
Rappelons-nous : les plantes ont la vedette, le mobilier ne vient que renforcer l’ambiance tropicale.
Le jardin d’hiver se compose en lui-même de différents matériaux : bois, brique, acier ou aluminium, verre. On l’associe souvent à des matières naturelles ou brutes comme l’osier et fer forgé qui réchauffent les vitrages.
L'entretien des plantes dans un jardin d'hiver : nos conseils
Plusieurs conseils pour bien faire vivre votre jardin d’hiver à l’année !
- La température : idéalement, elles se situent entre 15 et 25 °C le jour, 10 à 15 °C la nuit. Évitez les courants d’air froids et les sources de chaleur directe (radiateurs). En hiver, protégez les plantes sensibles en utilisant un chauffage d’appoint si gel. si l’endroit est non chauffé et que la température descend sous 5 °C.
- L’arrosage, bien que fortement réduit en hiver, doit être contrôlé et adapté selon les différents types de plantes, qui pourraient souffrir d’un manque d’humidité. Ne pas oublier que certaines plantes tropicales — souvent à grand feuillage – reçoivent des pluies régulières.
- L’aération devient nécessaire dès le printemps et les journées chaudes. Il faudra sortir tout ou partie des plantes dès que le jardin d’hiver monte en température lorsque les journées deviennent bien ensoleillées.
- Les conditions d’humidité : un petit objet sera bien utile également dans cette pièce : un hygromètre, permettant de vérifier et contrôler l’humidité ambiante. En effet, dans un jardin d’hiver, on va souvent devoir pour recréer un climat tropical (avec un humidificateur, des bassins d’eau, une brumisation, etc). Le fait de maintenir les plantes groupées facilite grandement la chose.
- La rotation : faites pivoter les pots régulièrement pour une croissance homogène, comme on le fait ailleurs dans la maison.
En savoir plus : Comment arroser les plantes vertes d’intérieur ? ; Sortir les plantes à la belle saison : tous nos conseils.
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