L'osier au jardin : idées et inspirations

L'osier : apparition dans l'art des jardins et avantages du matériau

L’osier provient des pousses de l’année de certaines variétés de saule, comme le Salix viminalis, certainement le plus souple, mais aussi d’autres espèces comme le saule rouge que les vanniers coupent en hiver, entre novembre et décembre.
Contrairement au rotin avec lequel on le confond parfois, l’osier est plus fin, plus apte à former des objets et des structures légères. Le rotin est issu de palmiers et mélange souvent le bambou, il est plus solide pour la fabrication de fauteuils.

Le tressage de l’osier, ou vannerie, un art ancestral

On utilise l’osier depuis l’Antiquité pour l’art de la vannerie, principalement alors comme paniers et objets utilitaires. Mais c’est surtout au Moyen Âge que l’osier devient couramment utilisé en Europe pour la fabrication de clôtures et de treillis dans les jardins monastiques et les jardins de châteaux. Les moines jardiniers étaient particulièrement habiles dans l’art de tresser l’osier pour créer des structures fonctionnelles et décoratives.

À la Renaissance, l’art des jardins connait un essor significatif en Italie et en France, et l’osier, apprécié pour son aspect esthétique, continue à être utilisé pour créer des structures de jardin de plus en plus élaborées. Laissé quelques siècles de côté, l’osier connait un véritable regain de popularité à l’époque victorienne. En Angleterre notamment, mais aussi en France, l’osier s’affiche partout dans les meubles de jardin, les tonnelles et les treillis.

Aujourd’hui, l’osier revient en force dans la décoration intérieure, mais aussi dans l’art des jardins pour son aspect naturel, véritable tendance “outdoor”, des clôtures aux sculptures géantes, en passant par les meubles et les supports pour plantes grimpantes. Il a évolué et se trouve même désormais reproduit de façon synthétique.

Quels saules privilégier pour travailler l’osier ?

Le saule fragile (Salix fragilis), le Salix viminalis ou saule des vanniers, le saule doré (Salix alba ‘Vitellina’), le saule rouge (Salix purpurea), l’osier brun (Salix triandra), le saule blanc (Salix alba) se prêtent bien au tressage et aux différentes utilisations au jardin.

Avantages et inconvénients de l’osier

• C’est une matière naturelle très tendance, pleine de charme dans les aménagements ;
• Léger, il est pratique et transportable facilement pour un jardin mobile ;
• Enfin, il est souple, flexible, maniable, facile à travailler et permet de le tisser et de créer des motifs plus ou moins complexes ;
• C’est une matière renouvelable, écologique, le saule poussant dans tous les pays froids et tempérés de l’hémisphère nord ;
• Ses nuances de couleurs, selon l’espèce d’osier ou bien si on le peint, mais aussi son vieillissement, en font un matériau très intéressant.

Mais…

• Son point faible : l’osier s’abime clairement en présence d’humidité et si on le laisse dehors à la pluie, devenant grisâtre et plus fragile. Les assises de jardin en osier ou en rotin sont clairement réservées à des gens méticuleux ;
• Il nécessite un entretien adapté et a une durabilité limitée comparée aux nouveaux matériaux extérieurs pour le jardin ;
• Il peut devenir cassant sur certaines formes arrondies et manquer de résistance pour certains usages.

Les couleurs de l’osier sont variées. Il se confond parfois avec des fibres végétales tressées, comme en bas à gauche

Culture et taille de l'osier

Le saule préfère les sols humides, riches, profonds et bien drainés, souvent trouvés près de points d’eau. Il tolère même les sols détrempés et pourra se planter dans un jardin inondable. Un climat tempéré lui convient parfaitement et une exposition ensoleillée est préférable pour son développement. Sa plantation se fait idéalement entre octobre et février, par boutures ou en racines nues. Le saule est particulièrement utile pour retenir la terre et lutter contre l’érosion, le long des berges et des cours d’eau ou en haie bocagère. Outre cet effet de stabilisation des sols, il améliore la biodiversité en offrant une source de nourriture pour de nombreuses espèces et la santé globale des paysages naturels.

L’entretien du saule inclut un arrosage régulier, surtout pendant les périodes sèches car il a besoin d’humidité, et il nécessite une taille annuelle.

La taille annuelle hivernale est essentielle pour maintenir la vigueur des plants et favoriser la production de nouvelles pousses, souvent colorées. Chez le saule blanc (Salix alba) et le saule des vanniers (Salix viminalis), elle encourage la production de nouvelles pousses longues et droites. Chez le saule pourpre (osier rouge, Salix purpurea), la taille sera un peu moins sévère que chez le saule blanc. Pour tous ces saules, on taille en têtard, ce qui permet d’obtenir les longues tiges flexibles. Puis, on procède au trempage des tiges dans 10 cm d’eau ou dans un routoir, afin de maintenir leur hydratation et leur flexibilité, essentielles pour le travail de l’osier. L’osier brut sera quant à lui nettoyé et écorcé avant de sécher.

→ En savoir plus dans notre dossier complet : Saule, Salix : planter, tailler et entretenir.

L'osier, pour quel jardin ?

Avec son côté rétro, l’osier s’invite dans tous les jardins de style naturel… mais pas que ! Sa simplicité et sa couleur neutre, dorée ou chaude se fondent complètement dans un jardin.

• Dans un jardin de campagne ou un jardin de cottage : ce jardin utilise à fond les codes de l’osier, dans les assises champêtres, les plessis et les paniers, à la fois utilitaires et servant de décor une fois laissés çà et là dans le jardin ;
  
• Dans un jardin naturaliste : l’osier y est en totale osmose, rajoutant du végétal à la nature domptée, mais d’aspect libre. Il se retrouve dans des bordures, des barrières, des haies d’osier vivant ou des tunnels ;
• Dans un jardin à l’anglaise : l’osier y est inclus par petites touches, et des détails charmants comme des tontines, des cloches de protection pour salades ;
• Dans un jardin bohème : il met en valeur le côté rétro chic de l’osier ou du rotin. Il se décline sur les fauteuils, habille les arches ; on renforce l’impression d’un cocon avec des guirlandes lumineuses chaleureuses ;

• Dans un jardin exotique : associés à des plantes tropicales, le mythique fauteuil Emmanuelle et le rotin à l’allure coloniale recréent une évasion dépaysante ;

Fauteuil Emmanuelle (Photo Astrid – Le Bon Coin)

• Au potager, avec les carrés potagers que l’on préfère entourer d’osier tressé formant des bordures pratiques et décoratives.

• Sur un balcon romantique : on accessoirise plutôt de petits objets en osier comme des cache-pots, lanternes ou cage à oiseaux pour leur côté poétique.
• Dans un jardin d’hiver ou une serre aménagée : l’osier et le rotin y sont rois ! Dans un style victorien, le mobilier retient les sièges en cannage, les vielles méridiennes, les chaises à bascule, les fauteuils coquilles, etc. Une ambiance “Out of Africa” le verra entouré de plantes tropicales, idéale si l’on dispose d’une galerie extérieure.
  
• Sur une terrasse, à condition de rentrer les chaises à l’abri en cas de pluie : on peut choisir un style bistro parisien ou un esprit campagne chic !
• Dans un jardin contemporain, où l’osier s’actualise en formes ovoïdes, comme les fauteuils œufs ou les suspensions design, et le mobilier souvent en osier synthétique permet un usage facilité.
  

Les multiples utilisations de l'osier au jardin

Décoratif ou utilitaire, l’osier se retrouve et nous sert dans de très nombreux endroits du jardin, à commencer, bien souvent, par la terrasse…

• Assises et mobilier de jardin : l’osier apporte un charme rétro aux terrasses romantiques ou lorsque l’on souhaite un style très naturel. Le rotin est aussi la star, se déclinant en fauteuils, tabourets, tables basses, fauteuils suspendus ou banquettes. On peut se servir du même mobilier en intérieur et en extérieur dans les décos vintage ou scandinaves.

• Arches, tonnelles, labyrinthes et tunnels : l’osier peut remplacer le noisetier ou le châtaignier pour former des structures légères ou plus occultantes. Les formes sont multiples : en ogives, librement inspirées du Moyen Âge, arquées pour les tunnels, etc. Toutes ces structures permettent soit de créer un passage d’une scène à l’autre, soit de soutenir joliment de grandes vivaces dans les massifs.

Salix viminalis, employé sec pour constituer une jolie arche, ou vivant pour ce long tunnel

Hutte en osier au Biddulph Grange Garden, en Angleterre (©Daderot – Wikimedia Commons)

• Cabane en osier vivant : une cabane genre igloo, toute ronde, que les enfants adorent et dont on ouvrira plus ou moins l’entrée pour la transformer en cachette ou en petit salon de jardin. En savoir plus dans notre article Comment faire une cabane en osier vivant ? ;
• Haie plessée (ou plesse) plus ou moins ajourée en reprenant un savoir-faire ancestral de haie vivante ;
• Barrières et palissades : formant une sorte de canisse, l’osier est un bon matériau pour créer des palissades et clôtures légères et rustiques, qui dureront au moins cinq ans (on parle de plessis à clayonnage horizontal ou vertical). Ci-dessous une barrière en osier vivant.

On peut même faire des clôtures ajourées avec un œil, comme sur ce très bel exemple :

• Tipis et tontines pour plantes grimpantes : avec des entrelacs tressés, l’osier permet aux végétaux une prise d’accroche utile à bien des grimpantes au jardin et au potager.

• Bordures de massif : l’osier tressé reprenant le plessage du Moyen Âge (aussi appelé plessis) compose de bien belles finitions autour des massifs et en limite séparative d’un gazon ou d’une allée gravillonnée. Ces ouvrages deviennent de ravissants supports pour les plantes expansives.
• Sculptures nature : confection de moutons, lapins, oiseaux, boules géantes ou silhouettes figuratives XXL, grâce à la flexibilité des branches préparées.

• Retenues de terre, par exemple pour des plantations et des massifs

• Paniers : ils sont évidemment utiles pour les récoltes du potager ou du jardin bouquetier, et on peut les laisser au gré de ses envies à divers endroits du jardin, pour un effet décoratif sur une table, un trépied…
• Petits objets décoratifs : il y en a vraiment plein, comme les cache-pots et les jardinières, les lanternes, les cages à oiseau, mangeoires, photophores, suspensions…

Photo Karen Roe

→ En savoir plus dans nos tutoriels : Comment fabriquer une tontine en osier ?  et La vannerie : l’art de tresser les plantes.

L'entretien de l'osier

Rotin et osier sont fragiles et ne conviennent pas pour rester dehors en permanence. Je dirais même qu’ils conviennent plutôt à des personnes méticuleuses, surtout quand il s’agit de mobilier ancien chiné, charmant, mais délicat.
Vous avez craqué pour de belles méridiennes vintage ? Mon conseil : rentrez-les chaque soir ou couvrez-les pour leur éviter la rosée et toute humidité qui les abime. Un entretien nourrissant est à faire une fois par an minimum (au printemps) et en automne avant de les remiser, avec un mélange d’huile de lin, d’essence de térébenthine et d’eau.

Une tâche ? De l’eau tiède avec du savon noir suffisent pour nettoyer l’osier, avec un chiffon doux, qui n’endommagera pas ses fibres naturelles. Laissez sécher à l’ombre.

Mon conseil : avant l’hiver, dès que les assises ou chaises longues ne servent plus, assurez-vous que l’osier est complètement sec avant le stockage pour éviter la moisissure.

Trouver l'inspiration

Si Internet fourmille de trouvailles sur des sites comme Pinterest, rien de mieux que de visiter quelques jardins pour piocher mille idées ! Outre les jardins de particuliers proches de chez vous et les potagers, je vous conseille le Jardin de Stéphane Marie dans le Cotentin, ceux éphémères de Chaumont-sur-Loire*, ou celui du Prieuré d’Orsan dans le Cher.

Des livres se sont aussi emparés du sujet, comme Je tresse le saule vivant (Éditions Terre vivante), L’osier en plein air (Éditions Actes Sud) ou Réalisations en osier pour le jardin (Éditions Artemis), entre autres.

* Le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire est l’occasion de trouver moult inspirations dans ses jardins éphémères. Consultez nos visites sur différentes années : J’ai visité le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire; Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire 2024 : le jardin, source de vie …

Où trouver de l'osier pour le travailler ?

Mis à part l’achat d’objets du commerce, on peut vouloir se procurer de l’osier pour fabriquer soi-même ses créations ou s’initier à la vannerie, le tressage proprement dit de l’osier. Pour ce faire, plusieurs options :

• Récolter en hiver l’osier chez soi si on a planté des saules des vanniers et autres espèces adéquates (voir plus haut) ;
• Se mettre en contact avec un producteur d’osier (osiériculteur ou osiériste) de votre région qui dispose de fagots en vente à partir de novembre généralement : les variétés d’osier sont sélectionnées selon le terroir local, et sont proposées en osier frais (osier vivant) ou en osier sec.
• Demander tout simplement à un voisin qui a quelques saules dans son jardin ;
• Surveiller de près les saules taillés en têtard de votre commune si vous habitez non loin d’un cours d’eau, d’une rivière ou en zone humide, en vous renseignant auprès de votre mairie.
• Les stages en vannerie se sont multipliés ces dernières années. On trouve souvent de bonnes adresses en parcourant les foires aux plantes où l’on trouve des ateliers de vannerie venus exposer dans la région.