
Ipomée envahissante : comment la maîtriser ?
Nos conseils pour éviter que les ipomées colonisent votre jardin et celui du voisin
Sommaire
Appréciée pour sa floraison spectaculaire et sa croissance rapide, l’ipomée (Ipomoea) séduit de nombreux jardiniers amateurs de plantes grimpantes exubérantes. Il faut dire que cette vivace ou annuelle volubile, selon les espèces, n’a pas son pareil pour habiller pergolas, clôtures et rambardes en un rien de temps. Avec ses trompettes colorées, souvent dans des tons de bleu, violet, rose ou blanc, elles couvrent en un temps record leur support. Mais derrière cet aspect séduisant se cache parfois une plante capable de proliférer rapidement, au point de devenir envahissante. Alors, l’ipomée est-elle une amie du jardin ou faut-il s’en méfier ?
Découvrez dans quelle condition l’ipomée peut devenir invasive et surtout comment la canaliser efficacement.
L'ipomée, une plante grimpante ou rampante précieuse
Semée mi-mai en pleine terre, l’ipomée est une plante décorative spectaculaire, idéale pour habiller rapidement un mur ou une pergola, offrir de l’ombre ou masquer une zone peu esthétique. Elle trouve sa place dans les jardins sauvages, les clôtures fleuries, ou même en pot sur une terrasse.
Son développement rapide en fait aussi un excellent couvre-sol temporaire ou un écran végétal saisonnier, dans les zones où elle ne survit pas à l’hiver. C’est une solution naturelle, peu coûteuse et décorative pour embellir un espace en friche ou structurer un coin du jardin en attendant des plantations plus pérennes.
Pour autant, elle peut parfois se montrer envahissante…

L’ipomée se cultive comme une grimpante ou une rampante
L'ipomée, une plante d'une famille réputée pour sa vigueur
Le terme « ipomée » regroupe en réalité plusieurs centaines d’espèces de plantes appartenant au genre Ipomoea, dans la famille des Convolvulacées. Très répandues dans les régions tropicales et subtropicales, ces plantes herbacées peuvent être annuelles ou vivaces dans les régions aux hivers doux, grimpantes ou rampantes. Parmi les plus connues au jardin, on retrouve Ipomoea purpurea, Ipomoea tricolor, Ipomoea lobata ou encore Ipomoea indica ou learii, cette dernière étant particulièrement redoutée pour son caractère envahissant.
Les Convolvulacées regroupent également d’autres plantes réputées pour leur vigueur et leur capacité à coloniser rapidement un espace, au point de devenir indésirables dans certains contextes. C’est notamment le cas du liseron des champs (Convolvulus arvensis), une adventice bien connue des jardiniers, très difficile à éradiquer une fois installée, en raison de ses longues racines traçantes. Cette plante vivace s’enroule autour des cultures et des vivaces ornementales, ralentissant leur croissance et rendant le désherbage laborieux. Son cousin, le liseron des haies (Calystegia sepium) adopte un comportement similaire.


Trois plantes de la famille des Convolvulacées très envahissantes : dans le sens des aiguilles d’une montre, l’ipomée des Indes (Ipomoea indica ou learii), le liseron des haies et le liseron des champs.
Quant à Ipomoea batatas, plus connue sous le nom de patate douce, elle fait bien partie du genre Ipomoea, mais elle présente un comportement très différent des ipomées ornementales. Cette plante vivace tubéreuse, généralement cultivée comme plante annuelle sous nos latitudes, à la croissance rapide, n’est pas considérée comme envahissante. En effet, elle est gélive, ne se ressème pas et se multiplie par tubercules.

Ipomoea batatas n’adopte pas le même comportement envahissant
Pourquoi l'ipomée peut devenir envahissante ?
La vigueur qui fait le charme de l’ipomée peut aussi devenir une gêne au jardin. Les tiges volubiles s’enroulent autour de tout support disponible : grillage, tuteur, arbuste, voire d’autres plantes voisines. Lorsqu’elle se plaît, elle peut étouffer des végétaux moins vigoureux ou gêner leur développement en leur faisant de l’ombre.
Certaines espèces sont particulièrement tenaces. C’est le cas de Ipomoea indica, originaire d’Amérique du Sud, capable de se multiplier par marcottage naturel, en enracinant ses tiges au contact du sol. Dans les climats doux, bien qu’elle soit considérée comme une annuelle, elle reste en végétation toute l’année et peut rapidement former un tapis dense difficile à éliminer. Elle peut aussi s’échapper des jardins pour coloniser les milieux naturels, notamment les friches, talus et haies, avec un impact sur la biodiversité locale. Son enracinement puissant la rend difficile à déloger une fois installée.
D’autres espèces, comme Ipomoea purpurea ou Ipomoea tricolor, sont moins problématiques dans les climats tempérés, car elles ne résistent pas au gel. Cependant, elles se ressèment abondamment si on laisse leurs capsules mûrir, et peuvent réapparaître en masse l’année suivante, parfois bien au-delà des zones initialement semées.

Ipomoea purpurea et tricolor sont nettement moins envahissantes
Quelles précautions prendre pour éviter la prolifération ?
Il est tout à fait possible de profiter de la beauté des ipomées sans se laisser envahir, à condition de respecter quelques règles de culture simples.
Tout d’abord, il vaut mieux choisir des espèces moins invasives, comme Ipomoea purpurea, qui a une durée de vie limitée dans le temps, ou des variétés horticoles stériles, qui ne produisent pas ou peu de graines.
La culture en pot constitue aussi une bonne solution pour limiter leur expansion racinaire. En les installant dans de grandes jardinières ou des bacs, on évite qu’elles ne prennent possession des massifs ou du sol du jardin. Cela permet aussi de mieux maîtriser leur développement et de les retirer facilement si besoin.
Il est également conseillé de couper les fleurs fanées avant la formation des graines, surtout en fin de saison. Cette opération de nettoyage prévient le semis spontané et limite la propagation non souhaitée.

Il faut couper les fleurs fanées des ipomées avant la formation des graines.
Enfin, il est recommandé de surveiller régulièrement les zones alentour : toute tige marcottée ou semis non désiré devra être retiré rapidement, tant que la plante est encore jeune et facile à éliminer.
Que faire si l’ipomée a déjà colonisé le jardin ?
Si une ipomée trop vigoureuse a échappé à votre contrôle et a commencé à coloniser une zone du jardin, la meilleure stratégie reste l’arrachage manuel systématique, à répéter plusieurs fois dans la saison. Il faut veiller à bien retirer les racines ou tiges enracinées, qui peuvent redonner naissance à de nouvelles pousses.
Dans certains cas, une occultation du sol avec une bâche épaisse sur plusieurs semaines peut aider à affaiblir les parties souterraines. Les traitements chimiques sont à éviter, d’autant plus qu’ils ne garantissent pas toujours l’éradication complète et nuisent à l’équilibre du sol.
Il faut faire preuve de persévérance : une ipomée bien installée peut mettre deux à trois saisons à disparaître complètement, en particulier si elle se propage par marcottage. Une surveillance régulière reste essentielle, même après un arrachage massif.
- Abonnez-vous
- Sommaire

Commentaires