
Feuillages : zoom sur les formes de feuilles les plus fréquentes
Savoir les reconnaitre pour mieux les intégrer au jardin
Sommaire
Le monde végétal nous offre une quantité incroyable de formes dans les feuillages, rendant chaque arbre, arbuste, graminée ou petite vivace unique et reconnaissable.
À la base répertoriées selon leur position sur la tige en feuilles opposées ou alternes, les feuilles présentent des limbes ovales, ronds ou plus ou moins découpés, palmés, parfois même parfaitement cylindriques chez les nénuphars par exemple. Tout comme pour les formes de fleurs, le dictionnaire botanique leur consacre un vocabulaire riche, très spécifique que je vous invite à découvrir dans cet article qui leur est entièrement consacré !

Faire son herbier, c’est rentrer dans le monde merveilleux des feuilles, toutes si différentes !
Reconnaitre une feuille
On reconnait une espèce végétale par la forme que prend son feuillage, et c’est elle qui souvent nous interpelle. Mais les feuilles qui les composent intègrent une complexité anatomique bien plus large.
Nous ne parlerons dans cet article que de la forme du limbe, c’est-à-dire de la partie dominante, plate et large, bien que les feuilles comportent en fait d’autres caractéristiques propres à chaque espèce qui permettent d’affiner leur identification, ou de repérer des espèces ou variétés, parmi lesquelles :
- le fait qu’elles soient simples (un limbe unique comme la feuille de lilas) ou composées (de plusieurs folioles, pennées ou parfois bipennées, comme la feuille du mimosa) : c’est la première clé de détermination en botanique.
- leur position sur la tige et entre elles, opposée (se faisant face, deux feuilles à chaque nœud) ou alterne (une seule feuille à chaque nœud) pour ne parler que des deux les plus communes : on parle alors de phyllotaxie, c’est la deuxième clé de détermination.
- leur mode de fixation sur la tige qui permet d’affiner la reconnaissance : fixation souvent pétiolée, mais aussi engainante, perfoliée, sessile (sans pétiole), et beaucoup d’autres…
- la forme de leurs marges : les contours ou bordures peuvent être entiers, dentés, incisés, ondulés, crénelés, épineux, sinués, ciliés, etc.
- leur nervation, à savoir la forme et la position que prennent leurs nervures (la botanique emploie une quinzaine de qualificatifs étonnants comme campylodrome, parallélodrome pour des nervures parallèles, palinactinodrome, etc.)
- leur couleur, du vert au bronze et au bleu, en passant par le pourpre, le rouge ou le noir.
- mais aussi leur dimension, la longueur du pétiole, leur toucher glabre ou duveuteux, etc.
La forme, quant à elle, et qui nous intéresse dans ce sujet, nous donne en général un indice sur l’espèce d’un végétal. Elle est un marqueur important dans la morphologie végétale et dans la classification des espèces. Elle est fréquemment à mi-chemin entre deux formes, selon les espèces ou le degré de développement de la feuille (feuilles basales ou supérieures). Nous les passons en revue ci-après.
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Rien qu’au niveau de la morphologie des feuilles, on dénombre une quarantaine de formes, dont autant de qualificatifs, c’est dire la diversité du monde végétal ! Et parmi celles-ci, beaucoup se ressemblent et de nombreuses présentent des nuances subtiles.
Sans toutes les citer ici, j’ai regroupé les formes de feuilles par grandes “familles” et ai choisi les plus classiques ou identifiables, pour plus de clarté dans ce grand univers foliaire. Voici pour commencer les feuilles les plus courantes ovoïdes, dont on distingue :
Les feuilles ovales
Feuilles en forme d’ovale, plus larges en leur milieu. Un grand nombre de feuilles peuvent être tout simplement qualifiées d’ovales.
Quelques exemples : houx (dont la marge est dentée), Magnolia soulangeana, Malus sp. (pommiers), Ficus elastica.

Houx, pommier et Ficus elastica
Les feuilles ellipitiques
C’est une variante élégante des feuilles ovales, où la forme s’affine avec grâce. Ces feuilles en forme d’ellipse, plus larges au milieu et effilées aux deux extrémités, évoquent une ellipse parfaite. Le terme “elliptique” vient du grec “elleipsis”, signifiant l’ellipse.
Quelques exemples : le laurier tin (ovale), mais aussi le jasmin officinal qui est effilé sur sa pointe, l’Aspidistra, le Feijoa, etc.

Laurier tin, Aspidistra et jasmin officinal
Les feuilles oblongues
Ces feuilles sont allongées, presque parallèles sur les côtés. Leur forme oblongue, plus longue que large, est un grand classique chez les feuilles !
Quelques exemples : primevère des jardins, Sophora japonica, Aspidistra (entre elliptique et oblong).
Les feuilles obovales
Il s’agit d’une feuille ovale en forme d’œuf, mais inversée, avec une base plus étroite et un apex plus large à généreusement arrondi.
Quelques exemples : Magnolia, Bergenia, Peperomia obtusifolia.
Les feuilles lancéolées
En forme de fer de lance ou de glaive, ces feuilles en pointes aux deux extrémités apportent une dynamique au limbe. Leur base est légèrement plus large que l’apex. On les retrouve chez certaines bulbeuses et de nombreuses vivaces et chez les arbustes.
Quelques exemples : olivier, Eleagnus, Pyracantha, noyer, Sansevieria, Yucca, Crocosmia, de nombreuses fougères comme les Dryopteris ou les Matteucia sont aussi qualifiées de lancéolées.

Hesperis matronalis, Dryopteris et Cotoneaster
Les feuilles spatulées
Elles sont globalement allongées et ovales, mais sont arrondies à l’apex (haut du limbe) et peu à peu rétrécies à la base jusqu’au pétiole. Ces feuilles évoquent la forme d’une spatule (on emploie aussi le terme de spatuliforme). Ce peut être uniquement la forme juvénile de la feuille.
Quelques exemples : Ajuga reptans, Corokia.
Les feuilles rondes
Ce sont des feuilles de forme plus ou moins circulaire, qui prennent des qualificatifs précis :
Les feuilles orbiculaires
C’est le terme botanique pour parler de feuilles presque parfaitement circulaires. Leur forme orbiculaire vient du latin “orbis” signifiant cercle ou sphère. Ces feuilles sont uniques et un modèle de perfection dans le monde végétal. Elles sont souvent peltées (peltata), c’est-à-dire que le pétiole est rattaché au milieu sous la surface du limbe (et non à sa base comme c’est le cas de la plupart des feuilles). Elles se rapprochent parfois des feuilles cordiformes.
Quelques exemples : nombril de Vénus (Umbilicus rupestris), Asarum ou Pilea.

Umbilicus rupestris, Asarum europaeum et Pilea peperomioides
Les feuilles circulaires
Elles sont toutes rondes ! Comme les Nympheas ou nénuphars, le lotus (Nelumbo nucifera) ou la capucine des jardins. Leurs bords sont parfois ondulés comme chez la capucine, dentelés à crénelés chez le Darmera peltata et le Saxifraga stolonifera, ou en pelle à tarte chez le nénuphar géant d’Amazonie.

Capucine, lotus et Victoria amazonica
Les feuilles réniformes
Littéralement, en forme de rein (du latin reniformis), ces feuilles apportent une touche d’originalité avec leurs contours arrondis et leur encoche distinctive. On reconnait leur limbe à cette forme étonnante de siège de tracteur.
Exemples : Le Farfugium japonicum, le Petasites et l’Asarum.

Petasides, Asarum et Farfugium
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Règles et nomenclatures botaniquesLes feuilles en forme de coeur ou cordiformes
C’est également une sous-catégorie des feuilles rondes, avec cette petite différence qui en fait le charme. Ici, la base de la feuille rattachée en deux lobes arrondis au pétiole et la forme en pointe du haut de la feuille donnent son nom à ces feuilles, rappelant la forme d’un cœur. “Cordata” vient en effet du latin “cor, cordis” qui signifie le cœur. On retrouve ce qualificatif chez de nombreuses espèces comme le Tilia cordata.
Quelques exemples bien connus : Cercis sp., Houttuynia cordata, hostas, Colocasia (Taro), certaines violettes, Tilia cordata, Alnus cordata, Cercidiphyllum ou arbre à caramel, Ipomée, cobée, le Dicentra plus connu sous le nom de cœur de Marie, Catalpa, Pothos et Philodendron (Epipremnum) dans les plantes d’intérieur… N.B.: La feuille de lilas a sa base cordiforme, mais fait partie des feuilles ovales, bien qu’elle soit effilée sur sa pointe.

Pothos, arbre de Judée (Cercis canadensis) et Houttuyna cordata
Les feuilles triangulaires
Ces feuilles sont en forme de triangle, comme leur nom l’indique. On les trouve principalement chez certains peupliers et les bouleaux et chez certains lierres (forme jeune de la feuille non encore lobée), mais aussi chez le Kalanchoé de Grémont.
N.B.: les feuilles dites cunéiformes font aussi partie de ces feuilles en triangle, beaucoup moins répandues ceci-dit.

Populus nigra, Hedera et Betula
Les feuilles étroites et les feuilles fines
Ce sont des feuillages plus ou moins effilés, beaucoup plus longs que larges, voire aux deux bords parallèles, qui prennent différents noms :
Les feuilles subulées (subulata)
Ces feuilles sont très étroites et pointues, plus ou moins longues en forme d’aiguille. Leur forme subulée, du latin “subula” signifiant aiguille, est un des nombreux exemples de la finesse que l’on trouve dans la nature. Le qualitificatif subulata se retrouve lui aussi chez certaines espèces de Phlox, de sagines, etc.

Sagina subulata (©Forest and Kim Starr) et Phlox subulata ‘Atropurpurea’
Les feuilles linéaires
Elles sont longues et étroites avec des bords parallèles. Leur forme simple et épurée est une des composantes du jardin contemporain.
Exemples : celles des bambous comme les Fargesia, des Carex (qui s’apparentent à une forme graminiforme), des Liatris (plume du Kansas) ou chez la Cordyline.

Fargesia nitida, Carex oshimensis et Cordyline australis
Les feuilles lancéolées
Ces feuilles sont très fines, en forme de fer de lance, et rétrécies aux deux extrémités. On les retrouve par exemple chez des espèces de jardins méditerranéens, chez des plantes qui se sont adaptées aux climats secs en rétrécissant leur surface foliaire. De nombreux arbres ou arbustes présentent des feuilles à mi-chemin entre la forme lancéolée et oblongue (comme le chêne vert).
Quelques exemples : de nombreux saules (saule des vanniers, saule tortueux, saule pleureur), l’olivier, le chêne vert, le châtaignier commun, mais aussi les persicaires, etc.

Olivier, saule tortueux et châtaignier
Les feuilles rubanées
Le limbe est ici en forme de ruban, long et plat, parfois très souples. Ce sont les feuilles typiques du Clivia, de l’Agapanthe, de certains Iris, etc. On parlera communément de feuilles en forme de glaive ou ensiformes chez les Iris ou les Crocosmias, assimilés aussi à des feuilles lancéolées.
Les feuilles aciculaires
En forme d’aiguille, rigides, ces feuilles sont typiques des conifères. Leur nom, dérivé du latin “acus” signifiant aiguille, reflète leur forme fine se terminant par une pointe.
Exemples : Pinus sp., Picea sp., Genévrier, Larix, etc.

Juniperus, Cedrus deodora et Pinus sylvestris
Les feuilles palmées
Les feuilles palmatilobées et palmilobées
Ces feuilles sont une sous-catégorie des feuilles lobées que je n’aborde pas en totalité ici vu leur complexité. Avec des lobes ou segments qui rayonnent à partir d’un point central, dont la nervation est palmée, elles évoquent la forme d’une main ouverte. Les lobes dépassent la moitié de la feuille. Elles sont à la fois pennées et lobées. Il peut y avoir de 3 à 5 lobes principaux, voire une dizaine, et parfois beaucoup plus chez les palmiers à frondes palmées. Leur nom est dérivé du latin “palma” signifiant paume. On parle de feuilles digitées quand la feuille évoque des doigts formés par les cinq lobes.
Quelques nuances se trouvent dans les feuilles dites palmatifides comme le Tetrapanax : les divisions sont moins profondes et atteignent seulement la moitié de la feuille.
Exemples : érables (Acer sp.), Liquidambar, platane, Hepatica (vivace), Fatsia japonica, Schefflera taiwaniana, heuchères, mais aussi l’Aconit napellus dont les lobes sont particulièrement profonds et étroits comme ceux de certains érables du Japon.

Erable, Fatsia japonica et Aconitum napellus
Les feuilles originales
Elles sont moins courantes, mais atypiques et distinctives, parfois même les seules représentantes d’un genre ou d’une espèce !
— Les feuilles labellése ou flabelliformes : c’est-à-dire en forme d’éventail comme celles, uniques, du Ginkgo.
— Les feuilles tronquées comme la feuille singulière du Liriodendron (tulipier de Virginie), aussi qualifiée de quadrilobé.
— Les feuilles rhomboïdales, du grec rhombos, qui veut dire toupie, sont quant à elles en forme de losange. On parle aussi de feuilles losangiques comme chez le peuplier d’Italie.
— Les feuilles sagittées : le limbe de la feuille prend la forme d’une flèche chez certaines plantes tropicales ou aquatiques (entre autre) dont le Taro (Alocasia), la flèche d’eau (Sagitarria sagittifolia), le Xanthosoma sagittifolium, le Caladium ou l’Arum italicum.
— Les feuilles hastées : elles ressemblent aux sagittées, mais on a l’habitude de les définir comme ressemblant aux fers des hallebardes. On retrouve le qualitificatif “hastata” chez plusieurs espèces comme le saule à feuilles hastées (Salix hastata) ou la Verveine hastée.
Sans oublier les feuilles perforées comme le Monstera deliciosa, mais ce terme n’est pas spécitifique à la botanique.

Arum italicum, Sagitarria sagittifolia et Alocasia
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