Brunissement des conifères : causes et solutions

Les signes qui ne trompent pas

Avant d’examiner les causes d’un brunissement, peut-être est-il bon de faire le tour des petits symptômes à ne pas négliger :

• Quelques extrémités des rameaux qui deviennent bruns et s’assèchent. Le brunissement progresse souvent vers l’intérieur
• Un conifère qui jaunit, dont les aiguilles passent du vert au jaune puis au orange avant de tomber
• Le feuillage qui change d’aspect de manière uniforme, par taches, ou bien sur un côté uniquement
• Une progression rapide du brunissement en quelques mois ou semaines
• La présence de chancres, de lésions, de moisissures, de champignons…

Tous ces indices doivent non seulement alerter, mais aussi permettre d’établir un diagnostic. Mais il est toutefois important de ne pas sur-réagir. Ainsi, certains phénomènes de brunissement sont normaux, surtout s’ils sont temporaires. Par exemple, si seules des aiguilles intérieures changent de couleur, c’est souvent lié à un stress passager. De même, un brunissement limité aux extrémités sans progression n’est pas grave. Si le brunissement est unilatéral ou directement dû à des conditions météorologiques particulières, attendez aussi un peu.

Les causes principales du brunissement des conifères

Le brunissement des conifères s’explique par de multiples causes. Il est essentiel de les distinguer pour trouver les solutions les plus adaptées.

Le stress hydrique

Ce stress hydrique peut être lié à un manque d’eau, par exemple en été, lors des épisodes de sécheresse ou de canicule. Le conifère ne peut pas capter assez d’eau pour compenser sa transpiration. Les aiguilles extérieures souffrent les premières. Ainsi, les aiguilles du bas d’un sapin qui deviennent marron, comme chez l‘Abies nordmanniana, avant de sécher et de tomber est un signe d’insuffisance en eau. Chez les thuyas (Thuja occidentalis), ce sont les feuilles extérieures, exposées au soleil, qui grillent.

À l’inverse, le brunissement peut être provoqué par un excès d’eau, essentiellement dû à un mauvais drainage du sol. Les racines restent dans un sol saturé d’eau, elles manquent d’oxygène et pourrissent, ce qui peut entraîner le changement de couleur du feuillage.

Les problèmes liés au sol ou à des carences nutritives

• Un sol trop compact et lourd, trop argileux empêche l’écoulement d’eau et l’échange d’air
• Un sol pauvre en nutriments essentiels comme le magnésium, le fer, le phosphore…
• Un pH inadapté : certaines espèces de conifères ne supportent pas un sol trop calcaire ou trop acide, ce qui bloque la disponibilité des nutriments, donc induit des carences.

Les maladies cryptogamiques

Lorsque l’humidité est prégnante et durable, lorsque le sol est mal drainé, lorsque les pluies sont récurrentes, des champignons peuvent se développer et provoquer le brunissement du feuillage. 

• Le Phytophthora cinnamomi, qui provoque le dépérissement en attaquant les racines, est une cause importante des brunissures chez les thuyas
• D’autres champignons pathogènes comme Pestalotiopsis, Phomopsis, Kabatina chez le thuya, la maladie des taches foliaires, la rouille, le chancre du cyprès auront des effets délétères sur les feuillages.

La présence de ravageurs

De multiples parasites peuvent attaquer le feuillage des conifères :

• Des acariens comme les araignées rouges se développent souvent en situation de chaleur sèche. La maladie du thuya due aux araignées rouges peut rapidement affaiblir le feuillage.
• Des insectes xylophages ou perceurs comme le bupestre du thuya ou le scolyte s’installent sous leur forme larvaire sous l’écorce et perturbent le flux de sève
• Les cochenilles et les pucerons sucent la sève et provoquent l’affaiblissement des conifères.
  

  Le brunissement d’un conifère intervient parfois par taches

Les conditions climatiques ou environnementales

Des conditions climatiques défavorables peuvent aussi être les causes de ce brunissement. Certains conifères, même rustiques, peuvent subir des brûlures du feuillage sous l’effet d’un vent glacial ou du froid sec si les racines ne sont pas bien protégées. Un rayonnement solaire intense peut brûler les aiguilles. Des gelées printanières tardives peuvent toucher les jeunes aiguilles nouvellement formées.

Les pratiques humaines inadaptées

C’est parfois le jardinier qui est indirectement responsable de cette faiblesse du feuillage :

• Une taille trop sévère ou au mauvais moment affaiblit un conifère et laisse des plaies propices aux infections
• Une plantation inadéquate due à l’espacement, la mauvaise orientation, un sol totalement inadapté
• Le choix de l’espèce inadaptée au climat ou au sol local. Certaines espèces de conifères sont plus tolérantes
• La pollution, les embruns ou le sel de déneigement peuvent endommager les aiguilles.

Le vieillissement naturel

• Certaines aiguilles, plus âgées, brunissent et tombent naturellement. Ce n’est pas grave si le phénomène reste modéré
• Après un rempotage ou une transplantation, un sujet peut perdre une partie des aiguilles pendant qu’il réadapte son système racinaire
• En hiver, même sans maladie, un brunissement peut survenir naturellement.

Votre conifère ou sapin devient marron, que faire ?

Quand les symptômes sont déjà visibles, il reste possible d’agir. Le succès dépend du stade où l’on intervient.

La suppression des parties atteintes

On peut, dans un premier temps, couper les rameaux brunis ou malades, jusqu’au bois sain. Pour cette taille drastique, il faut absolument utiliser des outils désinfectés pour ne pas propager les champignons. Les parties atteintes devront être emportées à la déchèterie. Parfois, il suffit d’enlever les aiguilles tombées ou pourries autour de la base pour limiter les foyers de spores.

La correction du sol

• Il faut améliorer le drainage si le sol retient trop d’eau par un apport de sable ou de graviers
• On peut apporter des amendements organiques, comme du compost ou du fumier, pour améliorer la structure et la capacité nutritive du sol
• Si la carence nutritive est identifiée, il est essentiel d’utiliser des correcteurs, par exemple le sulfate de magnésium (sels d’Epsom) pour une carence en magnésium

Le traitement contre les maladies

Pour traiter les maladies cryptogamiques, il est possible d’utiliser des produits biologiques et naturels tels que la décoction de prêle ou le purin d’ortie, ou la bouillie bordelaise, à pulvériser sans exagération pour ne pas imprégner le sol de cuivre.

La lutte contre les parasites

Comme pour tous les autres végétaux infestés de pucerons ou de cochenilles, ou encore d’araignées rouges, les traitements à base de savon sont assez efficaces. C’est plus compliqué pour les larves xylophages de lépidoptères ou de coléoptères, car elles ont déjà pénétré le bois des conifères. Il est essentiel d’inspecter l’écorce à la recherche de trous ou lésions.

L’entretien régulier

Des soins complémentaires et réguliers doivent être faits sans tarder :

• Un arrosage régulier, mais sans stagnation d’eau. Il faut s’assurer que le substrat reste humide, mais pas détrempé
• Un paillage peut être installé, mais il doit être géré. En effet, certains paillis peuvent favoriser les champignons s’ils gardent trop d’humidité auprès du tronc
• L’amélioration des conditions de lumière, s’il y a ombrage excessif ou concurrence des racines proches d’autres végétaux.
  

  Le brunissement des conifères peut être dû à une chaleur excessive ou une période de sécheresse

Le remplacement du conifère

Si un sujet est trop atteint, il faut parfois se résoudre à l’abattre pour éviter la propagation.

Nos mesures anti-brunissement des confières

Pour limiter le risque de brunissement, il est possible de mettre en place quelques mesures de prévention :

• Sélectionner la bonne espèce en s’informant précisément sur ses exigences en termes de sol, de climat, de rusticité… ainsi, il faut éviter de planter les sapins ou les épicéas dans les zones soumises à de forts vents desséchants sans protection naturelle. Pour le thuya, un peu d’ombre l’après‐midi peut aider dans les régions très chaudes. Le cyprès aime souvent assez bien le plein soleil, mais nécessite alors un sol profond et bien drainé
• Choisir un sol adapté, bien drainé ou améliorer le drainage si nécessaire avec l’ajout de sable ou de graviers
•  Éviter les situations trop exposées aux vents desséchants
• Prévoir un espace suffisant pour favoriser l’aération, surtout dans une haie
• Soigner la plantation en ameublissant le sol, en l’enrichissant si besoin et en arrosant copieusement
• Entretenir régulièrement les conifères (arrosage, apports d’engrais ou de matières organiques, taille adaptée, plutôt légère, au printemps ou en fin d’été
• Bien désinfecter les outils de taille et d’entretien des conifères
• Surveiller régulièrement l’écorce, les jeunes pousses, le système racinaire… ou les premiers symptômes d’attaque de ravageurs
• Installer une protection hivernale dans les régions les plus froides.