Chaque année au moment des fêtes, le débat ressort, exacerbé par la pression écologique et la volonté de bien faire pour la planète : sapin réel versus sapin en plastique, quel est le plus écologique, ou plutôt le moins néfaste pour l'environnement ? Tentons d'y voir plus clair en étudiant les avantages et les inconvénients de chacun.

Pourquoi est-il important de réfléchir à cet achat ?

Le problème peut paraître anecdotique à l'échelle de notre salon où il est installé chaque année. Mais si l'on pense aux 6 millions et demi de sapins de Noël vendus en 2021 rien qu'en France, et aux presque 35 000 communes faisant la course à la surenchère en matière de taille du sapin posé sur la place de la ville ou du village, on se rend compte que la question est tout sauf anodine.

Cet achat réalisé immanquablement chaque année par la grande majorité des foyers français, mais aussi sur toute la planète, a un impact considérable, à la fois au moment de sa production, mais aussi de son élimination après seulement quelques semaines de mise en lumière.

choisir sapin naturel ou artificiel
Des millions de sapins se transforment chaque année en tonnes de déchets verts

La vie d'un sapin de Noël naturel

Près de 90% des sapins de Noël vendus dans l'Hexagone (soit environ 5,9 millions en 2021) sont de vrais sapins, faits de bois, d'épines qui tombent et de résine qui colle. Achetés à un prix moyen de 30 euros, ces sapins de Noël naturels représentent un chiffre d’affaires de près de 176 millions d’euros.

Prenons la vie de l'un d'entre eux. Il est cultivé dans le Morvan en Bourgogne, première région productrice avec un million d’arbres sur 1 500 hectares, devant la Bretagne et la région Auvergne-Rhône Alpes. Car sans nous le sachions vraiment, en vingt ans, la Bretagne est devenue la deuxième région française productrice de sapins de Noël, cette culture remplaçant petit à petit les cultures et l'élevage.

Alors certes, pour planter ce sapin ou plutôt cet épicéa commun (Picea abies) et ses innombrables clones, il a fallu transformer un peu le bocage, arracher des haies, canaliser des sources et drainer des zones humides. Il a même fallu couper à ras certaines parcelles de forêt et labourer les prés destinés auparavant aux charolaises, mais cette culture est plus rentable.

Notre petit épicea est idéal : il est délicatement parfumé et il a une silhouette parfaite pour l'occasion avec sa forme conique et sa ramure bien dense. Et puis, sa culture est facile et assez peu coûteuse, car il pousse rapidement. Pour rentabiliser et mécaniser sa culture et celle de ses dizaines de milliers de congénères, on les plante bien alignés, et pour leur éviter maladies et attaques de parasites, on leur fait quelques traitements... Ainsi, sur sa durée de vie qui sera de 8 à 10 ans, notre sapin aura reçu environ dix traitements par an : des fongicides, des herbicides, du glyphosate, des engrais de synthèse, soit entre 80 et 100 traitements chimiques au cours de sa vie. Et pour lui assurer sa forme conique si typique, des hormones de croissance lui sont également administrées. Or, ces produits sont bien sûr considérés comme extrêmement néfastes pour la nature et la biodiversité et cancérigènes.

Notons que de nos jours, notre petit épicéa reçoit une rude concurrence des sapins de Nordmann (Abies nordmanniana) : plus denses avec des branches fortes et de grandes aiguilles d'un beau vert luisant qui se conservent très longtemps sans tomber sur le parquet du salon. De croissance plus lente, leur prix est plus élevé.

Bien sûr, tous les enfants français ne recevront pas leurs cadeaux sous un sapin "Made in morvan" ou "Made in Bretagne", puisqu'environ 2 millions de sapins sont importés (60 % de Belgique et 25 % du Danemark). Et tous les sapins, y compris ceux cultivés en France, ont une empreinte liée à leur transport depuis leur lieu de culture jusqu'à notre salon, bien emmaillotés dans leur filet en plastique.

sapins de noël
L'empreinte écologique des sapins naturels est liée à leur méthode de culture intensive, à leur transport et à leur conditionnement

À mettre au crédit de notre petit sapin du Morvan : durant sa vie, il absorbe du carbone dans l'atmosphère et peut abriter une petite faune, à condition qu'elle ne soit pas trop sensible aux traitements phytosanitaires.

L'impact des sapins artificiels

Le sapin artificiel en plastique, réutilisable et souvent pliable, est une alternative au sapin naturel. Certains sont vendus « enneigés », c'est-à-dire recouverts d'une poudre blanche qui émet des produits chimiques polluants dans l'air intérieur des logements.

L'image d'un sapin en plastique est naturellement moins positive et moins éco-responsable que celle d'un sapin naturel. Mais c'est le plus économique à moyen terme, le plus pratique et le moins salissant. Il faut dire que ces imitations sont plutôt bien faites et que la variété des tailles permet de choisir un sapin correspondant à la place disponible chez soi. Mais quid de leur impact environnemental ?

Les deux tiers des sapins de Noël artificiels vendus dans le monde entier viendraient du sud de la Chine. Ils sont fabriqués à partir de plastique - donc de pétrole - et de métal et leur production nécessite de brûler des combustibles fossiles. Leur empreinte carbone, déjà mauvaise du fait des matériaux dont ils sont faits, s'alourdit par le transport qu'ils nécessitent depuis l'autre bout du monde.

Même réutilisées années après années, les sapins artificiels ne sont absolument pas écologiques

On considère que l'achat d'un sapin artificiel n’a d’intérêt que s'il est conservé longtemps, dans l’idéal au moins 20 ans. Mais ces imitations sont fabriquées à partir de matériaux mixtes, elles peuvent donc rarement être recyclées. Selon le Carbon Trust (organisme privé qui accompagne les entreprises et le secteur public afin de réduire leurs émissions de CO2), un arbre artificiel de 2 m en plastique a une empreinte carbone 10 fois supérieure à celle d'un vrai arbre. Elle estime donc qu'un arbre devrait être utilisé plus de 7 à 20 fois selon son poids et les différents matériaux utilisés pour que son impact environnemental soit inférieur à celui d'un véritable arbre coupé correctement éliminé.

Alors, quel sapin choisir pour Noël ?

Les sapins naturels, quel que soit leur type, sont en très grande majorité achetés coupés (91 % en 2020) ; on ne peut alors pas les remettre en terre. La façon dont on s'en débarrasse chaque année est donc importante : si notre sapin du Morvan terminent sa vie dans une décharge, sa décomposition produira du méthane, gaz dix fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Ainsi pour faire la synthèse, si vous achetez un sapin naturel il faudrait dans l'idéal :

  • qu'il soit issu de culture de biologique pour être exempte de produits phytosanitaires néfastes pour l'environnement et la santé. Les sapins "bio" ne représentent aujourd'hui que 1% du marché, soit entre 50 000 et 55 000 sapins vendus chaque année
  • qu'il ait été produit en France, le plus près possible de chez vous
  • qu'il ne soit pas coupé, mais vendu en pot ou en motte. Bien soigné et rempoté régulièrement, vous pourrez le réutiliser plusieurs années de suite. Veillez donc, pour assurer sa survie, à ne pas le rentrer trop tôt avant les fêtes de Noël et à le placer dans un endroit le plus frais possible (pas devant un radiateur ou près de la cheminée) et à l'arroser régulièrement. Vous pouvez également le laisser en extérieur sur votre terrasse.
  • Si vous ne pouvez le garder en pot dehors le reste de l'année, vous pouvez faire en sorte de recycler votre sapin auprès de votre déchetterie locale ou de broyer ses branches pour en faire du paillage ou du compost et utiliser le tronc en bûches dans un poêle à bois. Découvrez nos conseils pour savoir que faire de votre sapin après les fêtes
  • La dernière tendance écologique et anti-gaspillage est celle de la location : vous louez un vrai sapin de Noël cultivé en conteneur qui retrouvera sa pépinière début janvier.
Pour éviter de jeter chaque année un sapin coupé, choisissez-le bien vivant en pot pour le décorer plusieurs années de suite au moment des fêtes

Si vous n'avez pas la possibilité d'opter pour un sapin naturel ou avez déjà un sapin artificiel, faites en sorte de le garder le plus longtemps possible. Pour cela, choisissez-le le plus simple et classique possible, c'est la décoration qui renouvellera son attrait au fil des ans : 0 % plastique et 100 % naturelle, avec des suspensions ou des guirlandes en pommes de pin, des couronnes végétales à base de lierre et de houx ou des boules faites à partir d'oranges décorées de clous de girofle.

Les alternatives au sapin

Heureusement, l'engouement pour le recyclage et le fait-maison nous permettent de créer nos propres sapins, faits de branchages, de bois de palette ou de planches recyclées, de faire de jolies compositions à l'aide de branches de cornouiller ou d'autres arbustes... La seule limite est notre créativité et faire ce type d'atelier en famille permet de passer de beaux moments.

Nous vous proposons aussi 7 alternatives au sapin de Noël, en utilisant des plantes qui trouveront ensuite leur place sur votre terrasse ou dans votre jardin.

Naturel, artificiel, "upcyclé", à quoi ressemblera votre sapin cette année ? N'hésitez pas à nous donner votre avis et partager vos idées en commentaire !

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