Taille de l'oranger : quand, comment ?

La taille des agrumes est un des entretiens les plus appréhendés par les jardiniers. On a souvent peur de faire plus de mal que de bien à son fruitier tant chouchouté. Peut-on tailler un oranger en été, tailler un oranger automne ? Chez l'oranger, on recherche par nature une production de fruits, et le geste n'est pas forcément intuitif. Dans ce tutoriel, nous vous expliquons quand et comment tailler votre oranger.

Faut-il tailler un oranger ?

La réponse est oui ! Car les agrumes font partie des arbres fruitiers à pépins qui se taillent. Pourquoi ? Principalement pour assurer une bonne production fruitière, effectivement, c'est ce que l'on souhaite, mais aussi pour leur conserver une forme appropriée, et éviter le développement des feuilles au détriment des fruits. Les orangers n'échappent pas à la règle et ont besoin d'une taille d'entretien.
C'est donc une taille de fructification que l'on effectuera essentiellement en tant que jardinier sur les orangers. Cependant, comme tous les agrumes, il faut savoir que les orangers supportent mal une taille rigoureuse et encore moins un élagage pour les arbres adultes.

Quand tailler un oranger ? à quelle fréquence ?

Procédez dans la plupart des régions tempérées dans le courant de l'hiver, entre février et mi-mars, avant la reprise végétative (floraison et nouvelles pousses). Mais jamais en période de gel ni de forts vents. En région froide, décalez la taille à fin mars, voire tout début avril.
On ne conseille pas de tailler les orangers trop souvent : entre 2 et 5 ans suffit si la taille est bien conduite. Cultivé en pot, on pourra raccourcir cet intervalle à 2-3 années. Ne taillez pas un jeune oranger planté depuis moins de 3 ans, il n'en a pas encore besoin.

La taille des orangers en pleine terre, peut s'effectuer jusqu'au début du mois d'avril (attendez que les températures nocturnes dépassent 5°C).

Comment tailler un oranger ?

Ses besoins en taille diffèrent s'il est planté en pot et remisé en hiver, ou planté en pleine terre dans les régions propices au sud du pays, et prenant des proportions plus grandes. Dans les deux cas, respectez toujours son port naturel.

La taille d'un oranger en pot

Il reste de taille réduite, et on va s'atteler à tailler essentiellement les rameaux secs, les branches malades et cassées, en plus de lui donner une jolie forme. On conserve un houppier généralement dense.

Supprimez, avec un sécateur propre et désinfecté à l'alcool à 70°, bien aiguisé pour effectuer des tailles nettes :

• les rameaux secs et morts, les branches malades, dépérissantes ou cassées : coupez-les à ras ou au-dessus d'un nœud (on peut éventuellement le faire en été en cas d'urgence).
• les branches mal placées, qui se croisent à l'intérieur ou rentrent au centre de la ramure, afin de laisser rentrer la lumière.
• les rameaux qui poussent verticalement, car ils empêchent la sève de bien circuler
• les gourmands issus du porte-greffe : supprimez tous les rejets qui poussent verticalement de façon vigoureuse et partent en dessous du point de greffe.

Puis, taillez la ramure en boule ou en forme régulière pour lui faire une petite beauté : l’oranger a tendance à pousser de manière arrondie. Respectez cette forme en affinant plutôt qu’en imposant une géométrie stricte :

• Taillez les branches trop longues pour équilibrer la silhouette.
• Coupez juste au-dessus d’un bourgeon orienté vers l’extérieur pour guider la forme.

• Vérifiez que l'oranger est bien équilibré dans sa taille en reculant de quelques pas pour vérifier l’homogénéité de la boule. Si un côté est plus dense, éclaircissez-le légèrement.
• Pincez les jeunes pousses en cours de formation (de couleur vert clair) au-dessus d’un bourgeon orienté vers l’extérieur pour densifier le feuillage et affiner la forme, courant avril-mai. Ce pincement se fait uniquement sur les nouvelles pousses de l’année, jamais sur les branches déjà aoûtées.
• Une fois la taille effectuée, arrosez votre oranger qui a tout de même subit un stress par cette opération. Vous pourrez reprendre la fertilisation pour la saison une quinzaine de jours plus tard.

Au final, vous n'aurez supprimé que 15% au maximum de végétation, pour ne pas stresser l'arbre, qu'il pousse en pot ou en pleine terre. Cette taille légère le sera d'autant plus sur un oranger vigoureux. Vous pouvez tailler uniquement plus sévèrement un oranger mal en point ou chétif.

La taille d'un oranger adulte en pleine terre

Ce n'est pas la même histoire, car ils deviennent beaucoup plus grands et ploient souvent sous le poids des fruits. Certains orangers vieillissants demandent une taille de rajeunissement que nous n'abordons pas ici. Dans tous les cas, on ne touche pas aux branches charpentières, parce que les orangers cicatrisent mal ou très lentement après des coupes sévères.

Important ! : pour intervenir sur plusieurs arbres, désinfectez systématiquement vos outils entre deux arbres.

La taille chez des arbres de culture nécessite, encore plus que pour un oranger en pot, une aération pour laisser l'air bien circuler et la lumière bien rentrer. Ceci limitera les possibles maladies fréquentes de l'oranger (mal secco, thrips, phytophtora, tristeza…).

• Travaillez toujours à l'intérieur de l'arbre, du bas en haut de l'arbre.
• Dégagez la base de l'arbre, en supprimant le tiers ou toute partie des branches inférieures qui poussent au bas du tronc et touchent le sol. Ceci évitera les problèmes de propagation, d'humidité, et de possibles maladies. Ne taillez pas trop bas non plus pour protéger l'écorce du tronc de brûlures du soleil dans les régions les plus chaudes.
• Supprimez les gourmands repérables par leur allure dressée, et rejets si existants.
• Protégez éventuellement le tronc avec manchon en jute, une "jupe" pour contrôler les éventuels ravageurs et rongeurs. Les filets anti rongeurs protègent contre les campagnols surtout en hiver. Évitez les matières plastiques qui retiennent l’humidité.
• Comme pour l'oranger en pot, aérez et éclaircissez l'intérieur de l'arbre, coupez les branches mortes et abimées, les branches qui se croisent, en prenant ici en compte un volume de taille inférieur à 20%, car le feuillage procure l'ombrage nécessaire à l'arbre pour l'été.

• Éliminez les branches verticales dominantes.
• Uniquement sur des orangers très productifs, dont le poids des fruits risque de casser certaines branches, on peut pratiquer une taille de réduction (ou "drop-crotch") : une sorte d'étêtage raisonné, en raccourcissant la branche juste au-dessus d’une ramification latérale solide, pour éviter les casses.
• Prenez du recul et vérifiez l'aspect général de l'oranger : vous devez respecter sa silhouette naturelle.