La hausse des températures causée par le changement climatique au niveau mondial a un impact sur les populations végétales, qui doivent s’adapter à ces nouvelles conditions. Vivant en altitude, donc soumises un climat plus froid, on pourrait penser que les plantes de montagne sont relativement épargnées par le réchauffement. Faisons le point ensemble et découvrons quel est l’impact du réchauffement sur les plantes de montagne.

1 - Les plantes de montagne : écologie et spécificités

Les plantes de montagne se répartissent en différentes strates ou étages de végétation suivant l’altitude :

L'altitude de ces étages de végétation dépend à la fois de la latitude et de l'exposition : ils descendent plus bas sur le versant nord (Ubac) que sur le versant sud (Adret), car il y fait plus froid. 

À l'étage collinéen, la végétation est proche de celle que l'on trouve en plaine, avec une majorité de feuillus, puis ces derniers sont progressivement remplacés par des conifères, qui s'adaptent mieux au froid. À l'étage alpin, il n'y a presque plus d'arbres, mais essentiellement des prairies (graminées, vivaces, plantes au port en coussin, arbrisseaux nains...), tandis que la végétation de l'étage nival se limite principalement à des mousses et lichens. Ainsi, plus on monte en altitude, plus la végétation est spécifique et particulièrement bien adaptée au froid. 

Voici quelques exemples de plantes de montagne : androsaces, saxifrages, pulsatilles, renoncule des glaciers (Ranunculus glacialis), Génépi (Artemisia genipi), Edelweiss (Leontopodium alpinum), Gentianes (Gentiana lutea, Gentiana acaulis…), Aster alpinus, Arnica montana, Silene acaulis, Lilium martagon, Rhododendron ferrugineum, Sempervivum montanum...

Impact du réchauffement climatique sur les plantes de montagne
Edelweiss, Gentiane, Dryas octopetala, Aster alpinus, Silene acaulis et Lys martagon

En altitude, les températures sont plus basses, l’éclairement est plus intense, il y a plus de vent et l’air est plus sec. Le vent entraine un risque de dessèchement des plantes. Le sol est très drainant, caillouteux, et les pentes diminuent la rétention en eau du sol. Il y a des variations importantes de températures dans une journée et au cours de l’année. La saison de végétation est plus courte qu’en plaine, l’hiver arrive plus tôt et dure plus longtemps, tandis que les étés sont courts et relativement froids.

Les plantes de montagne ont donc dû s’adapter à cet environnement hostile. La plupart d’entre elles sont basses, avec un port tapissant ou en coussin, ce qui leur permet de se protéger du vent et du froid. La pollinisation est difficile, car il y a peu d’insectes et les vents sont violents, de plus peu de sites sont propices à la germination des graines ; ainsi les plantes de montagne sont principalement vivaces, les annuelles ayant du mal à s’y développer. Beaucoup de plantes alpines se reproduisent par multiplication végétative. Ces vivaces de montagne stockent des réserves dans leurs organes souterrains (racines, rhizomes, bulbes…), ce qui leur permet de survivre durant l’hiver et de redémarrer rapidement au printemps. Elles ont également de petites feuilles, parfois pubescentes, couvertes de poils, et avec généralement une cuticule épaisse, ce qui leur permet de se protéger à la fois des UV et du dessèchement.

2 - Quelles menaces pèsent sur elles avec le réchauffement climatique ?

Nous avons vu, avec les étages de végétation, que plus on monte en altitude, plus la végétation est adaptée à ces conditions particulières. Si les températures augmentent, le milieu devient moins hostile : les plantes des étages inférieurs vont pouvoir grimper à des altitudes plus élevées, et celles des plaines vont pouvoir s’installer en montagne, là où elles ne pouvaient pas survivre auparavant. Les plantes alpines, spécialistes de la survie en milieu froid, risquent d’être progressivement remplacées par des plantes plus généralistes, adaptées aux climats plus doux. Ces plantes des étages inférieurs sont plus vigoureuses, elles poussent plus vite, se ressèment plus facilement, ont un métabolisme plus efficace que les plantes alpines, qui elles sont peu concurrentielles. Elles les remplaceront donc progressivement.  

Les plantes alpines migrent, elles aussi, de plus en plus haut dans la montagne. Elles gagnent de l’altitude pour éviter la chaleur. Cette migration a déjà commencé à se produire : une étude (portant sur 171 espèces) a montré que depuis 1985, les plantes de montagne sont montées en moyenne de 29 mètres par décennie. Et le rythme de ces remontées d’espèces va probablement s’accélérer avec le réchauffement climatique.

Ainsi, les plantes se déplacent, en se ressemant, pour aller là où les conditions sont les plus favorables pour elles. Évidemment, elles ne grimpent pas toutes à la même vitesse : cela dépend notamment de leur durée de vie et de leur rythme de reproduction. Par exemple, les petites plantes herbacées montent bien plus vite que les arbres.

Les plantes des étages inférieurs et des plaines risquent de progressivement prendre la place des plantes alpines. Celles qui sont les plus hautes en altitude risquent de disparaitre, à défaut de pouvoir monter encore plus haut. Les plantes parfaitement adaptées à la haute montagne se raréfient.

Impact du réchauffement climatique sur les plantes de montagne

Cependant, cette concurrence et ce remplacement progressif des espèces dépend aussi du terrain : il y a peu de concurrence pour les plantes alpines poussant dans les éboulis, car le sol est trop instable pour la plupart des plantes. Sur les sols humifères et stables, la concurrence est bien plus importante.

Les espèces alpines peuvent néanmoins se réfugier dans des microclimats plus frais, par exemple sur les versants nord ou à proximité des glaciers. Mais, à terme, ces microclimats finiront, eux aussi, par se réchauffer.  

La fonte des glaciers rend de nouveaux espaces disponibles pour les plantes, qui sont colonisés dans un premier temps par les plantes pionnières, ce qui augmente la biodiversité. Cependant, elles sont progressivement remplacées par des plantes plus compétitives. 

De plus, en hiver la neige protège de nombreuses plantes alpines du froid, formant une couche protectrice. Or, avec le réchauffement, cette couche de neige disparait progressivement, exposant ces plantes au gel en automne et au printemps.