
Le schiste et ardoise au jardin : idées et inspirations
Schiste et ardoise, des pierres naturelles qui subliment nos jardins
Sommaire
Parmi les matériaux plébiscités par les paysagistes pour leur aspect brut et unique figurent le schiste et l’ardoise. Leur couleur sombre aux reflets bleutés fait merveille dans certains aménagements de jardins et dans les régions d’où ces roches sédimentaires sont issues. Ils se montrent aussi à l’aise dans des jardins contemporains que dans des jardins japonais.
Découvrez l’énorme potentiel de ces minéraux singuliers, parfois mal utilisés dans nos extérieurs, et comment ils arrivent à sublimer des espaces en dur mais aussi à s’intégrer subtilement dans des plates-bandes.
Le schiste, un matériau régional
Le schiste est un matériau bien connu dans certains jardins de l’ouest, dont ma douce région angevine où la production des ardoises de Trélazé a longtemps fait la réputation du Maine-et-Loire. Mais les gisements de schiste se retrouvent dans d’autres bassins de production, comme tout le Massif armoricain, le Massif central ou encore les Pyrénées. Les gisements n’étant plus en activité en France sauf dans quelques productions locales à petite échelle, la quasi-totalité du schiste vendu par les paysagistes est désormais d’origine espagnole ou portugaise.
L’ardoise que l’on prend parfois pour du schiste est une forme de schiste, plutôt réservée comme matériau de couverture.
Ces deux matières se distinguent en réalité par d’autres caractéristiques :
– Le schiste est une roche sédimentaire qui présente une structure plus feuilletée, contient souvent du minerai de fer qui lui confère un aspect rouillé, prenant parfois des teintes rougeâtres : on parle alors de schiste oxydé. C’est une roche qui se débite en feuillets. Il est plus fragile que l’ardoise et se délite plus facilement, mais son aspect brut et ses couleurs chaudes en font un matériau très prisé pour les aménagements paysagers.
– L’ardoise est une roche métamorphique issue du schiste, mais elle est plus homogène, plus fine et plus résistante. Elle se débite en plaques lisses et régulières, ce qui la rend idéale pour la couverture des toits. Sa couleur varie du gris-bleu au noir profond, avec parfois des reflets verts ou violets. Contrairement au schiste, elle est moins poreuse et plus résistante à l’eau, ce qui explique son utilisation en toiture.
J’aborderai dans cet article les deux matériaux, avec toutefois une plus grande part accordée au schiste

Le schiste et l’ardoise : deux matières, un même univers
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On retiendra les grands avantages du schiste, mais il a quelques petits défauts dont il faut être conscient quand on souhaite se lancer dans un projet au jardin :
Avantages
- il possède une réelle élégance avec des reflets irisés uniques
- le schiste et son aspect rouillé avec la présence de minerai de fer présente des couleurs grises ou bleutées ; l’ardoise décline des teintes allant du bleu gris au vert ou au violet, parfois presque au noir ; la pluie fonce encore la teinte
- imputrescible : contrairement aux constructions et structures en bois, il tient bien dans le temps
- sa durabilité est un grand atout : c’est une roche solide
- son aspect brut, intéressant au naturel, mais il peut se travailler et changer de texture en devenant poli ou dépoli
- non gélifs, le schiste et l’ardoise ne se fendent pas dans le temps s’ils sont bien entretenus
- la matité, surtout chez le schiste, moins brillant que l’ardoise
- son côté écologique quand il est extrait localement
Inconvénients
- son prix : le schiste fait partie des matériaux les plus chers en aménagement paysager, à bien raisonner donc selon l’ampleur du projet (simple structure ou surface de dallage importante par exemple). Comptez entre 50 et 150 €/m² pour du schiste en dallage, selon l’épaisseur et la provenance (des plaques calibrées importées seront entre 50 et 80 €/m² en entrée de gamme)
- sa couleur foncée ne le prédispose pas à la création de terrasse en plein sud, qui peut chauffer en plein soleil (à éviter pour les terrasses plein sud)
- son poids : les plus grandes pièces de schiste sont très lourdes, on doit se faire aider pour la pose
- sa résistance au gel : le schiste est généralement non gélif s’il est de bonne qualité et bien posé. Cependant, sa porosité peut poser problème en cas de gel intense et répété, surtout s’il est mal entretenu ou mal drainé. Il est donc conseillé de choisir des schistes denses et peu poreux pour les régions froides, et de veiller à un bon drainage pour éviter l’accumulation d’eau dans les fissures.
- il doit être imprégné (en le saturant d’eau) avant sa pose, pour éviter qu’il ne se désagrège ou pompe l’eau du sol dans certains usages, quand il est en contact direct avec la terre ou l’eau ; un traitement hydrofuge peut être appliqué pour renforcer sa durabilité.
- l’ardoise est glissante en tant que surface si elle a été polie

Le schiste et ses couleurs grises à rouille en font un matériau unique en paysage
Pour quel type de jardin ?
Très utilisé en Bretagne et dans l’ouest de la France, le schiste peut tout à fait s’inviter dans d’autres environnements.
Une règle de base, comme toujours en paysagisme, est de rester au plus près et fidèle aux codes de la région et du bâti pour assurer une harmonie visuelle et une transition entre l’habitation et le jardin. Les maisons à toiture en ardoise s’y prêtent donc particulièrement, quand la brique ou la pierre sont plutôt adaptées à des maisons à toits de tuile.
Voici les styles de jardins les plus réceptifs à l’emploi du schiste :
- dans un jardin contemporain : l’aspect sombre, le côté anthracite et la couleur froide du schiste sont très raccords avec l’ambiance épurée d’un jardin moderne, aux lignes droites. Les découpes régulières dans de grandes dalles et le schiste poli sont à privilégier pour relever l’atmosphère minimaliste.

Des plaques de schiste rectilignes rythment bien cette allée dans un jardin d’esprit moderniste
- dans un jardin japonais : s’il est plus un jardin traditionnellement lié à la pierre, on peut tout à fait intégrer le schiste dans un aménagement d’inspiration nippone. Le minéral étant une des composantes essentielles du jardin, il s’y fond remarquablement et met bien en valeur les conifères. L’ardoise pillée peut par exemple remplacer les galets sombres souvent employés sur certaines scènes.

La touche minérale du jardin japonais peut se concevoir avec le bleuté du schiste
- dans un jardin classique : les jardins de bord de Loire, aux maisons en tuffeau, sont souvent rehaussées de schiste dans leur dallage ou allées. Une combinaison toujours réussie pour ces deux matériaux locaux.
- dans un jardin de gravier : l’ardoise et le schiste y sont de bons compagnons, ramenant encore du minéral sur des aplats différenciants, comme avec des pas japonais ou des dalles brutes, positionnés sur un cheminement. Ce type de composition peut aussi s’envisager sur certaines parties rocailleuses d’un jardin de montagne.
Des dalles de schiste accompagnent le gravier plus clair
- dans un jardin monochrome : particulièrement dans un jardin blanc ou un jardin bleu. Le schiste vient appuyer le bleu des floraisons ou des feuillages, et met en valeur toutes les nuances de blanc du jardin blanc.
- dans un jardin exotique : les grands aplats de pierre sombre renvoient à un imaginaire d’îles lointaines, comme Bali, Hawaï ou la Polynésie. Si l’on veut insuffler un air exotique à un jardin composé d’essences tropicales ou dans un jardin jungle, de belles pièces de schiste sont idéales, parsemées ça-et-là auprès de végétaux exubérants, ou venant en complément de blocs de pierre brute.
- Dans un jardin méditerranéen : avec ses teintes chaudes, le schiste s’intègre parfaitement aux jardins secs et minéraux, en harmonie avec les lavandes, les romarins et les oliviers.
- Enfin, le schiste est intéressant dans un grand jardin, il permet de composer une ou deux ambiances différentes dans une des sous-parties du jardin.
Les utilisations du schiste et de l'ardoise en aménagement paysager
On leur trouve de nombreux usages en tant que décoration paysagère, tout comme la pierre ou le bois au jardin.
Pour qui recherche un matériau d’exception, le schiste et l’ardoise font assurément partie des options particulièrement esthétiques. Mais ils doivent s’employer à bon escient, en évitant le total look minéral, souvent proposé en mode bicolore blanc et gris, et adopté par certains paysagistes en France. Il faut au contraire les intégrer de façon sobre pour les mettre en valeur, en respectant toujours le style de jardin.
Brut, le schiste est une matière prisée des aménagements très modernes et contemporains, mais il se prête aussi très bien à un contexte campagnard, voire montagnard. Enfin, on utilise le schiste soit verticalement, soit horizontalement, quand l’ardoise se pose à plat.
Ces matériaux ne sont donc pas réservés qu’à la Bretagne et à l’ouest de la France, ni comme simple revêtement, comme nous allons le voir dans ces différents exemples :
Pour structurer des parties du jardin
Piquets de 1 à 2 m de haut, barrettes de schiste, pierres, brise-vues façon claustra minéral… le schiste s’intègre subtilement dans les espaces extérieurs pour créer des sous-espaces. Cette utilisation est une des plus courantes, mais doit s’envisager de façon subtile et parcimonieuse afin d’éviter des visuels un peu trop figés ou pas assez reliés au végétal.
En guise de clôture
Les grandes plaques de schiste servent aussi parfois en tant que limites séparatives. On peut comme dans cet exemple les intégrer en complément d’une palissade existante, sur un long linéaire pour une rupture de rythme, ou utiliser des piquets de schiste pour une séparation plus ajourée.

Un duo bois et plaques de schiste pour clôturer une maison
Comme bordures
On utilise les palis ou des barrettes de schiste, ou bien des plaques débitées pour former des voliges ou des bordures plus ou moins hautes, selon l’emprise du massif ou comme limite séparative entre le gazon et du gravier.
Pour la construction de murets
Si certaines régions sont familières dans la construction de murets en schiste comme en Anjou, on peut reproduire ce bel exemple patrimonial dans d’autres jardins, tant que le style d’aménagement s’y prête.
Pour la maçonnerie paysagère
Dallages pour terrasses, mais aussi pour la création d’escaliers, ou aux abords de bassins, le schiste et l’ardoise permettent de produire des surfaces ou zones très décoratives.
Ils sont souvent employés pour border les bassins ou créer des cascades, grâce à leur résistance à l’eau et leur esthétique naturelle, comme dans cet exemple :
Pour constituer des allées
Les dalles ou les pas japonais ou encore les barrettes de schiste positionnées en duo avec des traverses paysagères en bois ou des traverses de bois de chemin de fer sont intéressantes pour marquer les cheminements dans un jardin. On peut combiner également le schiste avec une pierre locale claire.

En dallage en opus incertum à gauche ; en haut à droite, associé à du granit, ou en bas à droite, en allée pleine
Pour des retenues de terre
Utiliser le schiste comme matériau de soutènement est une autre idée à retenir, comme ici dans un vignoble, mais que l’on peut reproduire pour des soutènements de talus par exemple.

Le schiste est un bon choix de minéral pour créer des soutènements
En tant que paillage minéral
L’ardoise fait partie des paillages minéraux souvent proposés dans les jardineries. Proposée en paillettes, elle convient pour les massifs de plantes de terrain sec (car il n’y a pas de décomposition organique enrichissant le sol). Attention donc à son emploi selon votre palette végétale qui ne devra pas en souffrir. Attention également aux essais souvent hasardeux de coexistence de paillis minéraux sur une même surface…
Le paillis d’ardoise (ardoise pilée) au pied des hortensias pour les faire bleuir : vrai ou faux ?
L’ardoise, même pilée, n’acidifie pas suffisamment le sol et ne libère pas d’aluminium de manière significative pour faire bleuir des hortensias. C’est bien le pH qui doit être inférieur à 6, afin d’obtenir et de conserver des hortensias bleus.
Au potager
Les étiquettes en ardoise, bien qu’onéreuses, sont une des belles façons de présenter ses plantes ou aromatiques. On peut en fabriquer soi-même quand on dispose de quelques ardoises reléguées dans un coin du jardin ou du garage. Voir les conseils d’Ingrid dans Comment fabriquer ses propres étiquettes ?

L’étiquette en ardoise, un must pour jardins soignés !
Les bonnes associations
Le schiste et l’ardoise, avec leur coloris affirmé, se révèlent particulièrement sur des fonds très verdoyants, où les feuillages ont la vedette. Car le bleu et ses nuances jusqu’au bleu gris associé au vert sont un des accords qui fait mouche au jardin, que l’on se trouve dans un style contemporain ou dans un jardin monochrome blanc par exemple. Toujours d’un côté végétal, n’hésitez pas à l’utiliser près de plantes grasses : ils mettent en valeur les formes et les couleurs des succulentes, surtout dans les jardins secs ou les rocaille.
L’ardoise et la mousse font aussi très bon ménage, la texture enveloppante et douce de la mousse venant contraster avec la matité et l’apparente froideur du minéral. La couleur jaune vert de la mousse est un écrin parfait sous le bleu nuit de l’ardoise, et convient donc bien aux coins d’ombre.
Attention aux mélanges souvent (trop) vus dans les aménagements avec les galets blancs, bien connus de certains soi-disant paysagistes. L’association est peu naturelle, manquant de charme, ne donnant pas du tout ses lettres de noblesse à ce beau matériau.
Le bois, du châtaignier aux essences exotiques comme le teck, employé soit en tant qu’assises ou en bardage sur un bâti, réchauffe instantanément la zone. La brique orange forme également un bel accord avec la couleur bleue violacée du schiste, comme deux couleurs complémentaires du cercle chromatique.
Enfin, pour compléter une terrasse dans un environnement avec un mur clos de schiste par exemple, optez pour des grands bacs ou pots couleur anthracite. L’alchimie est parfaite et bien dosée !
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