Comment utiliser et bien intégrer les pots en terre cuite au jardin ?

Aux origines de la terre cuite

S’il est un matériau ancestral que nous utilisons communément de nos jours au jardin, c’est bien la terre cuite. Au néolithique, l’homme s’en sert de façon utilitaire pour cuisiner et pour ses rites funéraires, mais ce sont les chinois qui développent l’art de la poterie plus de 10 000 ans avant notre ère, avant que les grecs, mésopotamiens et égyptiens l’intègrent dans leurs usages domestiques. Les poteries rustiques deviennent au fil des siècles de plus en plus raffinées, avec l’évolution d’une poterie faite d’argile grossière mêlée à de la pierre (l’impasto) jusqu à une technique qui se perfectionne peu à peu.

Les carrières d’argile se trouvent un peu partout, si bien que la terre cuite s’est développée dans de nombreuses régions du monde, notamment en France. Aujourd’hui, la terre cuite utilisée dans le contexte d’ornement paysager est très employée dans le bassin méditerranéen, mais on la retrouve sous différentes formes dans des jardins de tous les continents.

En France, on connait les vases d’Anduze, vernissés, du village du même nom dans le Gard, regroupant une dizaine de fabricants, qui font de superbes contenants XXL dans des jardins classiques, d’inspiration italienne ou méditerranéenne. D’autres grands noms de la poterie française au savoir-faire artisanal et plus que centenaires se trouvent dans le sud du pays comme les poteries Ravel, Goicoechea ou les poteries d’Albi, souvent proposées dans les jardineries. Mais l’intérêt grandissant pour cette matière unique en décoration de jardin fait qu’il est désormais facile de trouver de très belles productions locales de terres cuites dans chaque région.

Vases d’Anduze

Terre cuite, argile, terracotta : quelles différences ?

Matériau primitif de notre civilisation, la terre cuite est issue de la cuisson de l’argile, mélangée à de l’eau, du sable, de la marne ou de la silice, ou encore de la chamotte dans le cas de grands pots, car elle améliore la résistance thermique. Elle peut être brute, et l’on emploie alors plutôt le terme italien de terracotta dans ce cas. La terre cuite se trouve aussi souvent sous des formes vernissées, émaillées ou glaçurées, ce qui la rend moins poreuse du fait d’une seconde cuisson.
Elle se caractérise par une cuisson entre 800 et 1200°C. À partir d’une cuisson à 1000°C, la terre cuite sera plus résistante au gel.
Les types d’argile sont diversement utilisés selon le potier et la région : argile rouge essentiellement, argile blanche ou kaolin, argile grise ou jaune.

Si la terre cuite artisanale est la plus belle, elle reste onéreuse. On trouve facilement dans le commerce des terres cuites industrielles moins chères, car produites en grandes séries, mais plus basiques. Pour des pièces uniques à placer dans un jardin, la terre cuite chez un artisan est à privilégier, tant pour son authenticité et son esthétique que pour l’intérêt d’une fabrication locale.

N.B. : le grès est une argile cuite deux fois à haute température, à plus de 1200°C. Ceci lui confère une solidité exceptionnelle et une résistance au gel, ainsi qu’une imperméabilité.

Fabrique de poteries en terre cuite

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Qualités et inconvénients de la terre cuite au jardin

La terre cuite possède une porosité très intéressante pour la culture des plantes : grâce à l’argile, elle est perméable à l’eau et à l’air, et laisse les racines respirer. Les échanges gazeux sont facilités, et elle garde globalement bien la fraîcheur du substrat. C’est appréciable surtout en été. Ce matériau est un bon isolant thermique et protège relativement les plantes des variations de températures.
Vernissée ou glaçurée, elle devient imperméable et résistante au gel selon le degré de cuisson, arbore des couleurs et motifs variés qui permettent d’apporter de la couleur dans un jardin.

Les poteries en terre cuite se déclinent en une multitude de formes (pots ronds, carrés, jardinières, pots sur pieds, vasques, pots à fraisiers, petits pots de culture, amphores…), et de tailles (des mini pots pour cactées de 3 cm de diamètre à plus d’1 m de diamètre selon les procédés de fabrication pour les poteries de grand format permettant de grands volumes de terre pour la plantation d’arbustes, d’agrumes, voire de petits arbres).
Selon les pays ou les régions, elles sont façonnées différemment : en Grèce par exemple, on trouve plutôt des poteries marquées de cercles, en Italie festonnées de frises de fruits, en Provence sous forme de jarres, etc.

Couleur chaude se fondant dans la végétation, pureté des formes, variété des styles et des dimensions : les pots en terre cuite ont de multiples qualités !

Intemporelles, les terres cuites, même dans les formes les plus basiques, sont un choix toujours esthétique. En version brute, non émaillée, la couleur chaude, pain brûlé, en dégradé de rose à l’orangé, et finalement neutre, a le grand avantage de s’intégrer dans divers styles de jardin. Enfin, on trouve aussi des objets de décoration en terre cuite, comme des sorties de cheminées, des fontaines et autres bassins permettant de renouveler la décoration d’extérieur.

Un des gros défauts sur les poteries en terre cuite est leur poids, beaucoup plus lourd que d’autres contenants, et on ne peut donc pas les multiplier sur des petits balcons. Les pots en terre cuite sont de ce fait souvent difficiles à déplacer. Placés au soleil, leur substrat se dessèche aussi plus vite. Leur prix est aussi à prendre en compte, notamment les poteries artisanales et les pots en terre cuite résistants au gel. Les poteries gélives ne pourront pas être installées à l’année en extérieur dans de nombreuses régions. Enfin, la terre cuite est considérée plus fragile et doit se manipuler avec précaution pour éviter toute fêlure.

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L'intérêt de la terre cuite en aménagement paysager

La terre cuite s’impose comme un élément de décoration intemporel et très polyvalent en aménagement paysager, qui s’intègre parfaitement dans tous les paysages et jardins.
On retrouve des carreaux de terre cuite parfois utilisés comme dallage (mais gélifs, ils seront réservés au sud de la France), ou bien des objets ou gros sujets en terre cuite (fontaines, statuaires, sculptures, bains d’oiseaux…). Mais ce sont généralement les pots pour l’extérieur qui vont nous servir au jardin d’ornement : potiches arrondies, jarres méditerranéennes, vasques, grandes soucoupes et poteries de style méditerranéen, anciens saloirs ou charniers en grès, le choix est grand !

Ce matériau convient bien aux jardins où les matières naturelles ont une place prédominante : jardins clos de murs en pierre ocre, bâtisses anciennes en pierre de pays, abords de maisons aux couleurs chaudes du sud ou recouvertes de tuiles. Le jardin à l’italienne lui donne ses lettres de noblesse, le jardin méditerranéen, le jardin de gravier et le jardin de garrigue la subliment, le jardin champêtre, anglais ou naturaliste l’adorent ! La terre cuite fait ainsi merveille dans ces jardins harassés de soleil, avec ses teintes chaudes à l’unisson avec une ambiance estivale et le chant des cigales.

La terre cuite, idéale dans les jardins du sud (Photo de gauche : Laurie Black)

Les pots en terre cuite vont aussi très bien s’insérer dans des jardins beaucoup plus classiques, à la française, dans de grandes propriétés ou des châteaux, où l’on choisit alors souvent de très grands modèles. Ils y apportent alors énormément de sophistication et d’allure. Quant au jardin exotique, il aime lui aussi intégrer tout ou partie des contenants en terre cuite, qu’il s’agisse d’un jardin de type jungle ou d’un jardin exotique sec.

Les poteries anciennes en terre cuite ont fière allure dans les jardins à la française ou de style italien. En bas à droite des pots d’Anduze parfaits dans les jardins du sud, ou en jardin exotique

Comment utiliser la terre cuite au jardin d’ornement ?

Le long d’une allée, pour marquer une entrée, autour d’une piscine, la terre cuite nous fait alors voyager et nous transporte sur les rives de la Méditerranée, de la Corse à la Grèce et au Portugal, tant ce matériau y est populaire. Elle est particulièrement indiquée dans les jardins du sud de l’hexagone pour renforcer cet accent méridional. C’est aussi certainement le matériau le plus esthétique pour héberger un agrume ou un olivier planté en pot.

Les pots en terre cuite s’avèrent aussi paradoxalement les contenants parfaits pour les petits jardins de pots urbains, ou dans les patios où l’ombre domine : ils permettent dans ce contexte de bien conserver la fraicheur, et permettent d’y cultiver des plantes comme les Aspidistra ou des hostas.

À l’ombre, on peut tout à fait envisager une décoration avec les pots en terre cuite, qui amènent une couleur chaude

En alignement, trois ou quatre pots identiques font toujours beaucoup d’effet, cette répétition étant idéale avec des pots similaires, mais fonctionnant très bien avec des pots de forme différente, tant que la terre cuite reste brute. L’idée est de jouer sur l’accumulation d’un même modèle en plusieurs exemplaires dans une cour ou sur une terrasse, ou bien deux jolis pots pour encadrer une porte ou une entrée.

La répétition des pots en terre cuite : une idée toute simple, facile à mettre en œuvre, sur de petits ou grands contenants

Les pots ne s’envisagent pas uniquement sur une terrasse ou une surface en dur. On peut aussi très bien installer une belle poterie directement sur un massif, soit pour sa grande taille, idéalement assez haute, qui agira comme ponctuation minérale, soit comme ornement décoratif, planté ou non de végétaux.

À gauche, en tant qu’élément structurant, ou à droite, une belle potée directement placée au milieu d’un massif (© Gwenaëlle David Authier)

Pour créer des points focaux, les grandes poteries en terre cuite ont aussi leur rôle à jouer : elles remplacent à elles seules une statue par exemple. On peut pour cet usage les poser sur un petit piédestal.

Enfin, faciles à associer, les objets en terre cuite font des mariages très harmonieux avec un mobilier aussi naturel qu’eux, comme le rotin, mais peuvent aussi se combiner à différentes matières, comme le fer forgé ou le zinc, et tous matériaux bruts.

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La terre cuite au potager

Au potager aussi, la terre cuite s’avère un choix judicieux à bien des égards. Elle allie fonctionnalité et esthétique.

• Pour effectuer des semis : les petits pots en terre cuite sont parfaits, car ils gardent bien la fraîcheur, comparés à des petits pots en plastique. Et puis, c’est quand même plus joli à regarder quand on en a plein sa serre !
• Pour blanchir certains légumes : la terre cuite agit de son opacité (il suffit de boucher le trou de drainage avec un morceau de bouchon en liège ou une ardoise), et les pots posés à l’envers permettent de blanchir les côtes de cardons, les choux marins, etc.
• Pour arroser grâce aux oyas (ou ollas) : ces pots en terre cuite à enterrer sont devenus de plus en plus populaires, malgré un certain coût à l’achat. Plantées dans le sol, l’eau s’infiltre lentement par porosité, fournissant une hydratation constante aux racines des plantes.
• Pour protéger les plants du froid : on trouve des cloches en terre cuite qui protègent les jeunes plants du froid, mais aussi des intempéries, des insectes et des animaux nuisibles.
• Pour forcer certains légumes ou fruits comme les rhubarbes : les pots ou cloches à rhubarbes en terracotta, que l’on voit beaucoup dans les potagers anglais, permettent de récolter précocement les tiges de rhubarbe. Ils protègent aussi les légumes du froid.
• Pour composter directement dans le sol : le compostino® : une innovation française, sorte de lombricomposteur en terre cuite, troué sur ses parois, permet de composter ses déchets en les enfouissant directement dans le sol, pour nourrir les plantes au plus près.

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Pots à forcer à gauche et pots de terre cuite au potager du Lude (Sarthe) qui cultive les choux marins (© Gwenaëlle David Authier)

Autres emplois de la terre cuite

La terre cuite se détourne souvent au jardin, au gré de la créativité de son propriétaire : tuiles canal assemblées en guise de bordure basse, claustras faits de pots empilés, pots cassés réhabilités en paillis pour allée minérale, poteries de cheminées utilisées pour faire grimper des plantes, ou comme ici au Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire de 2023, dans le Jardin de tuiles qui utilise les tuiles d’argile creuses comme moyen de récupération des eaux de pluies, donc d’arrosage, et de décoration.

Le Jardin de tuiles à Chaumont-sur-Loire, un jardin éphémère créé lors de l’édition 2023 (© Gwenaëlle David Authier)

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Entretien

La terre cuite demande globalement peu d’entretien, mais il faut surtout veiller, selon son mode de fabrication, à la protéger en hiver, sinon elle peut éclater sous l’effet du froid. Pour réduire le risque, dès les premiers gels, surélevez vos pots en les posant sur des briques ou des supports en bois ou en terre cuite assortis. Dans tous les cas, renseignez-vous bien auprès du vendeur de sa résistance au gel. Toutes les poteries gélives seront à protéger si vous les laissez dehors (moquette enroulée, papier bulle, cartons en plusieurs épaisseurs, etc.), le meilleur conseil étant de les rentrer en local hors gel.

Attention à l’utilisation de la poterie dans des expositions nord : elle va rapidement verdir et se couvrir de mousse.

Enfin, une eau d’arrosage calcaire la fait aussi blanchir. Pour la nettoyer, utilisez le sacro-saint vinaigre blanc, mais à petites doses, et frottez les parois à l’aide d’une éponge en étant imbibée. Il faudra répéter cette opération plusieurs fois dans l’année pour les pots remplis de terre et plantés. Le meilleur conseil : procédez quand vous rempotez la plante, en nettoyant le pot vide plus facilement, et utilisez dès que cela vous est possible de l’eau de pluie pour l’arrosage de vos pots en terre cuite !