Les arbres séculaires font partie de notre patrimoine historique et culturel. Parfois témoins de l'Histoire de nos ancêtres, certains de nos vénérables arbres remarquables le sont aussi par leur taille, leur âge, leur forme ou simplement leur essence rarissime. Il est difficile de parler de tous les arbres remarquables de Belgique, le sujet mériterait un ouvrage (autrefois édité par les Eaux et Forêts d'ailleurs). N'hésitez pas à nous faire part de votre arbre remarquable de Wallonie préféré dans l'espace commentaire ! Voici, toutefois, une courte sélection, parmi les plus beaux et plus impressionnants arbres, classée par province.
Dans la province du Hainaut
Les Ginkgo biloba ont la réputation de résister à tout ou presque et de vivre très vieux. C'est bel et bien le cas du splendide exemplaire situé dans le Parc communal (derrière l'Hôtel de ville) de Tournai. Son histoire est floue, mais il semblerait qu'un jeune plant fût rapporté d'Extrême-Orient par des missionnaires jésuites vers 1760. Cet arbre avait été offert à l'Abbaye de Saint-Martin, désormais l'Hôtel de ville de Tournai. L'arbre, âgé de plus de 250 ans, culmine à plus de 20 mètres de haut pour une circonférence à 1.50 m de hauteur de près de 4 m.
Le Vieux Tilleul de la place Yvon Paul à Macon près de Momignies (à 1 km de la frontière française) est... un vieux tilleul (Tilia platyphyllos). On retrouve dans la région de très beau et très vieux tilleuls, mais celui-ci est particulier. Classé en 1942 (puis repris sur la liste des patrimoines exceptionnels de Wallonie), ce tilleul a été planté en 1714, en remplacement d'un autre tilleul disparu. Il est soutenu par une architecture de poutres et de rondins, refaite en 1988. L'arbre est vieux, mais ne dépasse pas une taille de 8 m de hauteur, car il est taillé pour former 3 étages dégressifs sur un plan octogonal. Sous ce tilleul taillé, les "manants" venaient plaider leurs causes (les "assemblées des plaids généraux") auprès des seigneurs, puis par la suite, du Mayeur (le maire, si vous préférez) et de ses échevins.
Dans la province de Namur
C'est toujours émouvant de passer une main sur une construction humaine de plusieurs centaines d'années... Mais que dire d'un arbre dont l'âge dépasse le millénaire ? C'est le cas du Chêne pédonculé (Quercus robur) de Liernu, un vestige de la forêt charbonnière qui traversait la Belgique autrefois. D'une circonférence au sol de 15 m et d'une hauteur de 18 m, l'arbre est complétement creux et soutenu par 3 grandes béquilles. Cette cavité a servi d'abri depuis des centaines d'années à des pèlerins sur le chemin de Compostelle, à des joueurs de cartes, à un rétameur et même parfois aux outils des artisans et cultivateurs locaux. Menacé d'abattage par la commune de Liernu en 1836, l'abbé Napoléon Auguste Savinien s'y opposa et y plaça une chapelle dédiée à Saint-Antoine. L'arbre, toujours vigoureux pour son grand âge, est classé depuis 1939 et élevé au rang de patrimoine immobilier de Wallonie depuis 1992.
Toujours dans la Province de Namur, un Sophora japonica est remarquable par sa taille : 5 m de circonférence pour 25 m de hauteur. Ce Sophora du Japon trône fièrement dans un jardin privé, mais on peut le contempler depuis la rue Marcel Lespagne à Hastières.
Dans la province de Luxembourg
Si vous vous baladez dans la province de Luxembourg, n'hésitez pas à faire un tour à l'arboretum Robert Lenoir de Rendeux. Cet arboretum, planté de nombreuses essences rares, pour l'époque, de 1937 à 1987 par Robert Lenoir, un passionné d'arbres, est devenu, au fil des années, le plus important de Wallonie. Même si l'arboretum est devenu propriété de la Région Wallonne en 1991 (elle en assure l'aménagement et l'entretien), c'est toujours le petit-fils de Robert Lenoir qui s'occupe de la plantation de nouveaux arbres. L'arboretum, ouvert à tous, compte désormais plus de 3000 essences différentes dont des collections de magnolias, de fusains, d'érables, de bouleaux, de tulipiers... Certains parmi les nombreux arbres du domaine comptent pour les plus grands et les plus impressionnants de leur espèce en Belgique. C'est le cas, par exemple, d'un Arbre caramel (Cercidiphyllum japonicum), d'un Chêne à feuilles de châtaignier (Quercus castaneifolia) et d'un Noyer de Mandchourie (Juglans mandshurica).
Nota bene : ne confondez pas la province belge de Luxembourg avec le Grand-Duché du Luxembourg, le pays voisin.
Dans la province de Liège
Il arrive avec le temps que plusieurs rejets d'un arbre se rapprochent jusqu'à se souder et ne plus former qu'une entité. Oui, cela arrive... Mais lorsque 7 rejets en viennent à se souder, cela devient particulièrement remarquable. C'est le cas du Chêne pédonculé (Quercus robur) surnommé "Les Sept frères de Gospinal" à Sart-Lez-Spa. Les 7 rejets de ce chêne se sont soudés pour former avec le temps une seule entité de plus de 8 m de circonférence. L'arbre a une telle présence dans la région qu'il a servi de cabinet de consultation à un avocat du XIXe siècle et a même été le témoin d'une séance officielle pour régler un différent entre les communes de Sart et de Jalhay en 1904.
Si je vous dis "appelboom" : vous allez me dire que cela veut dire "pommier". Oui, certes. Mais, c'est aussi le nom d'un Tilleul à grandes feuilles classé à Warsage, âgé de plus de 500 ans. En réalité, le nom "appelboom" est une construction hybride entre un mot roman et un mot germanique (deux langues parlées à l'époque dans la région) et veut dire "arbre de l'appel", relatif à une ancienne procession du Saint-Sacrement. L'arbre a été planté jadis sur les terres de l'abbaye du Val-Dieu (connu pour ses bières et son fromage) à Sart-Les-Moines et servait de délimitation entre les villages de Warsage et d'Aubel. Pendant des siècles, les villageois se rassemblaient autour pour certaines fêtes. Hélas, une tempête l'a brisé en deux parties en 2020. Qu'à cela ne tienne, l'arbre n'en est pas mort pour autant et continu de pousser, ce qui justifie que son classement demeure.
Dans la province du Brabant Wallon et à Bruxelles
Il est parfois difficile de se rappeler avec précision la date de plantation d'un arbre : soit parce que personne n'a noté l'événement, soit parce qu'on a perdu depuis des lustres ce fichu bout de papier. On retrouve ce phénomène même dans nos propres jardins. Si on vous demande : "tu l'as planté quand ce charme ?" La réponse sera invariablement : "prrrtt". Toutefois, il arrive qu'on retrouve la date tout de même. C'est le cas du plus vieil arbre commémoratif de Belgique dont on connait précisément la date de plantation : l'If (Taxus baccata) de la décapitation au château des Comtes de Hornes à Braine-le-Château, planté en 1568. Selon une coutume médiévale, hélas disparue, on plantait un arbre sur la tombe des personnages éminents. Martin de Hornes, seigneur de Braine, a ainsi planté un if en l'honneur de son cousin décapité sur la Grand-Place de Bruxelles, Philippe de Montmorency. Le parc du château n'est ouvert au public que lors de visites guidées, mais on peut contempler le vénérable if depuis la rue des Comtes de Robiano.
Le plus grand arbre de la ville de Bruxelles est un Séquoia géant (Sequoiadendrum giganteum). Il est situé au parc de Woluwé à Woluwé-Saint-Pierre et est large de près de 7 m de circonférence à 1.50 m du sol. Surnommé "le monument", cet arbre n'est pourtant pas si vieux. En effet, il n'a été planté qu'au moment de la création du parc à l'occasion de l'exposition universelle de 1897.
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