
Planter à la Sainte-Catherine : les erreurs à éviter
Comment bien planter en automne ?
Sommaire
S’il est un dicton connu de tous, et pas des seuls jardiniers, c’est bien celui de la Sainte-Catherine ! “À la Sainte-Catherine, tout bois prend racine” nous répète-t-on depuis le Moyen-Âge. Ce qui équivaut à dire que le 25 novembre serait la date idéale pour planter. Ce dicton, bien que toujours vrai dans son grand principe de planter en automne, n’en est pas moins exempt de nuances, et de savoir-faire dans le geste.
Passons à la loupe ce précepte jardinier pour ne pas se planter !

Les feuilles tombent ! Il est temps de planter…
Sacro-saint, le calendrier ?
Tout d’abord, si le dicton nous le dit avec tant d’assurance depuis des lustres, restons tout de même réaliste ! Le 25 novembre n’est qu’une date repère pour les jardiniers.
La fin du mois de novembre coïncide en fait avec cette période de l’année où la nature appuie sur le mode pause. En jardinage, on dit plutôt que les arbres, arbustes (et vivaces) rentrent en dormance. La sève redescend, les feuilles tombent, les jours raccourcissent et la lumière diminue… C’est le moment où une plantation a toutes les chances d’une bonne reprise, les végétaux poussant dans des conditions qui favorisent la production de racines (ils n’ont plus rien à d’autre à faire !) avec un sol pas trop froid et des pluies à venir. Le froid de l’hiver qui approche est aussi bénéfique pour l’établissement du système racinaire des plantes et pour la future floraison.
L’origine de ce dicton porte en réalité sur le bouturage des bois secs, les rameaux dépourvus de leurs feuilles. On s’accorde donc sur cette période tardive, fin novembre, pour planter les végétaux en racines nues, et en mottes, dont beaucoup de rosiers, fruitiers et arbres et arbustes.
Ce dicton populaire nous indique donc une période de plantation, et non une date à prendre à la lettre. Et de nombreux spécialistes s’accordent même sur cette date comme une date finalement butoir. En gros, la période allant d’octobre à mars est LA période pour planter à tout-va. Virginie vous donne quelques exemples (et contre-exemples) dans À la Sainte Catherine, tout bois prend-il vraiment racine ?
S’il se met à geler à pierre fendre ou à souffler un vent à décorner les bœufs, on remet bien évidemment à plus tard ses projets de plantation. Si des pluies diluviennes se sont abattues, on attendra également. La règle en jardinage, quelque soit le type de plantation (arbre, arbuste, fruitier, conifère, vivace, bulbe…) est de ne planter ni en période de gel, ni en période de canicule, ni quand les sols sont détrempés. Saint-Catherine n’a qu’à bien se tenir !
Lire aussi
Les bonnes périodes de plantationPlanter des plantes frileuses
Je vous l’explique plus en détail dans Les bonnes périodes de plantation : le créneau automnal est la période idéale pour les arbres, arbustes et autres vivaces rustiques, et à feuillage caduc. Le dicton de la Sainte-Catherine est plus restrictif encore, il nous invite à planter les “bois”, à savoir les boutures de bois sec et toutes les plantes en racines nues.
Laissez passer l’hiver, puis le début du printemps, pour vous attaquer à la plantation de toutes les plantes exotiques ou méditerranéennes, souvent appelées végétaux de climat doux (dont de nombreux à feuillage persistant) qui souffriraient trop un premier hiver vu leur faible rusticité.
Négliger la préparation du sol et du végétal
C’est l’étape n°1, et la plus importante en jardinage, un peu comme un peintre qui prépare longtemps ses enduits avant de peindre. Pour un bon résultat, c’est à la plantation que tout se joue… ou presque !
La taille du trou de plantation diffère un peu selon le type de plante (les plantes acidophiles à racines superficielles ont besoin d’un trou plus large que profond), et bien sûr de la taille du végétal : un pied de pivoine sera plus petit qu’un conifère ou qu’un rosier à système racinaire pivotant. Mais on préconise désormais de ne pas creuser trop en profondeur. Il faut par contre bien décompacter la zone pour accueillir le végétal dans un environnement souple.
L’important est de s’intéresser aux racines du sujet et de les préparer : on coupe les racines emmêlées, tordues ou trop chignonnées : de nouvelles racines et radicelles vont apparaitre, facilitant bien plus facilement l’ancrage.
Enfin, ôtez un maximum de terre du pot de culture autour des racines : elle n’est souvent pas appropriée, étant souvent très légère. La remplacer par un bon mélange de terre de jardin + terreau + compost donnera plus de chance aux racines pour explorer aisément et rapidement les lieux.

Oublier le pralinage
Oui, le sol est propice à recevoir les racines nues… mais il ne faut pas pour autant en oublier un geste important lors de la plantation, celui du pralinage des végétaux en racines nues. En pratique, on enrobe les racines nues d’un mélange boueux qui adhèrera bien aux racines, afin de bien les réhydrater, et de faciliter la reprise.
Ce mélange est soit un mélange de terre + bouse + eau ou de la terre argileuse du jardin + de l’eau. Certaines marques vendent du pralin tout prêt à l’emploi, généralement enrichi de compost et de mycorhizes.
Ce pralinage doit se faire juste au moment de planter, sans attendre que le mélange ne sèche, et est indispensable si vous devez attendre quelques jours avant de planter, suite à des conditions climatiques non appropriées.
→ En savoir plus dans : Praliner les racines des arbres et des arbustes.

Enfouir le collet trop profondément
Une erreur trop fréquente en plantation ! Le collet, cette zone charnière entre les racines et la partie aérienne, doit toujours rester visible, au-dessus du niveau du sol. Pour vérifier son positionnement, une grande branche ou le manche droit d’un outil fait office de repère idéal : la motte doit affleurer le niveau du sol. Si le collet est trop enfoncé, il faut ajouter de la terre pour le dégager. Négliger cette étape compromet souvent la reprise de l’arbre, surtout dans les sols lourds.
À noter : pour les arbustes et fruitiers, le point de greffe (ce bourrelet visible à la base, ou plus haut pour les formes sur tige) doit, lui, toujours rester quelques centimètres au-dessus du sol. Le recouvrir de terre risquerait de provoquer l’apparition de rejets « sauvages », reconnaissables à leur couleur ou leur floraison différente de celles du sujet greffé. Ceci étant à nuancer dans les climats rigoureux.
Tasser excessivement la terre
Une fois que l’on comble le trou de plantation de la terre réservée, on a parfois tendance à tasser de trop autour du pied. Nul besoin de le faire, un simple tassement à la main autour de l’arbre/rosier/fruitier est efficace et permet d’ancrer suffisamment le végétal. Trop de tassement, c’est une terre plus compacte, ce que l’on souhaite éviter alors que l’on vient généralement de travailler la terre.
Le simple fait d’avoir praliné les racines et d’avoir bien préparé la terre avant de planter est un gage de réussite. L’élimination des poches d’air va être assurée tout simplement par un bon arrosage (voir point suivant).

Faire l'impasse sur l’arrosage
Ce n’est pas parce que c’est l’automne, et que, normalement, il pleut ou des pluies sont annoncées, qu’il ne faut pas arroser en cette saison lorsque l’on plante. L’arrosage finalise la plantation en permettant aux racines de bien adhérer à la terre, en même temps qu’il élimine les dernières poches d’air.
L’arrosage doit être un geste automatique dès que l’arbre/arbuste/rosier est mis en terre, et ceci, doit-on le répéter, à n’importe quelle saison. On crée à cet effet une petite cuvette de plantation autour pour permettre à l’eau de bien pénétrer. La quantité varie selon le volume de terre creusé, mais une moyenne d’un arrosoir de 10 L est préconisée pour les beaux sujets. Arrosez en plusieurs fois, le temps de laisser la terre absorber.

Oublier le tuteurage des jeunes arbres
Tout dépend de votre région plus ou moins venteuse et de l’emplacement d’un arbre ou arbuste dans le jardin, car le tuteurage n’est pas forcément systématique. Mais on conseille toujours de tuteurer un jeune arbre, en attachant en plusieurs endroits, et sans serrer, le tronc à son tuteur. Ajoutez entre l’attache souple et le tronc une protection (jute, mousse) pour protéger l’écorce.
Mon conseil… ou plutôt celui de Didier Willery, qui nous invite à ne pas tuteurer trop fort, car un arbre qui ne bouge plus n’arrive pas à bien s’enraciner ! J’aime bien aussi la technique de Stéphane Marie d’utiliser de vieux bas (souples et suffisamment résistants) comme liens d’attache.
→ Lire aussi : Comment tuteurer un arbre fruitier ?

Ne pas protéger le jeune plant du froid ou du vent
Une fois planté, le paillage est un autre geste important pour le végétal. Cela lui permettra de bien résister aux vents qui peuvent dessécher la terre, et au froid qui arrive. Un paillis organique est recommandé : il permet d’enrichir le sol et de le structurer tout en protégeant la base de l’arbre ou de l’arbuste. Ceci est d’autant plus important avec des végétaux en limite de rusticité !
Retrouvez tous les détails sur les bons gestes à adopter dans Comment bien mettre en place le paillage ?

Tailler ou fertiliser trop tôt
Dernier conseil, mais il est important : la plantation, même effectuée dans les règles de l’art, reste, comme une taille, un moment de stress pour l’arbre ou l’arbuste. Se retrouver dans un nouvel environnement -sol, lumière et a fortiori vents – est un changement important.
Bien sûr, à la plantation, on peut épointer quelques branches sans compromettre sa bonne repousse, et cela est même conseillé pour les formes caduques. Mais, on laisse au végétal, quel qu’il soit, le temps de se remettre et on repousse au printemps, toute fertilisation ou taille conséquente.
- Abonnez-vous
- Sommaire

Commentaires