Lavande et lavandin : quelles différences ?

Des plantes méditerranéennes aux besoins similaires

Rien qu’en nous attardant sur leurs dénominations latines, il y a déjà beaucoup de synonymes donnés à la lavande vraie et au lavandin. Voici tous leurs noms pour bien les repérer dans les livres ou sur internet !

• La lavande vraie est connue sous les noms de Lavandula angustifolia, Lavandula officinalis ou lavande officinale, mais aussi Lavandula vera, lavande vraie, lavande fine, et parfois lavande de population (qui se reproduit par ses graines) : c’est l’espèce sauvage type qui se retrouve sur le pourtour méditerranéen où elle pousse à l’état spontané au-delà de 600 m d’altitude et jusqu’à 1800 m. C’est aussi celle qui a été utilisée depuis le Moyen Âge dans les jardins de simples en tant que plante médicinale.
• Le lavandin ou Lavandula x intermedia, est un croisement, comme son nom latin nous l’indique par le “x” : il s’agit d’une hybridation à l’origine naturelle entre Lavandula angustifolia et Lavandula latifolia (nom actuel deLavandula spica), la lavande aspic. Vous me suivez ? On lui donne aussi le nom de lavande clonale, lavandin super (du nom d’une de ses variétés), lavandin doux ou lavandin hybride (Lavandula hybrida). Il pousse plus bas en altitude, contrairement à la lavande vraie.

Culture de lavandin en Provence (© Heribert Bechen)

Leurs points communs

Avant d’aborder leurs signes distinctifs, parlons tout d’abord de leurs points communs, car elles en ont beaucoup :

• Même famille botanique, celle des lamiacées
• Fleurs bleues à violacées, tubulaires et bilabiées, regroupées en épis terminaux
• Feuillage persistant, aromatique, très fin, simple et opposé, de couleur vert à gris-vert et argenté, sur une base ligneuse,
• Mêmes besoins de culture : une exposition ensoleillée, une terre drainante (lien), un sol sec et pauvre, voire caillouteux, neutre à calcaire, un arrosage limité
• Floraison nectarifère, appréciée des abeilles, bourdons et des papillons
• Période de floraison : entre juin et août, et celle de la récolte, à partir de fin juillet jusqu’à août
• Rusticité moyenne
• Elles sont toutes deux comestibles
• Chacune a donné naissance à de très nombreuses variétés.

J’appellerai par commodité dans ce sujet la lavande officinale, lavande vraie.

Leur parfum

On dit souvent que le lavandin est plus “camphré” et que la lavande vraie a une fragrance florale poudrée, plus délicate et plus douce.

Cette différence olfactive vient de leur composition moléculaire distincte : la lavande vraie est riche en esters, notamment l’acétate de linalyle, et du linalol, principaux composants responsables de son parfum, ce qui lui confère un arôme doux et floral, très utilisé en aromathérapie. Elle contient aussi du lavandulol et des traces de camphre, offrant des propriétés apaisantes.

Le lavandin a une teneur plus élevée en camphre, en cinéol et en eucalyptol, lui donnant un parfum plus fort et camphré. Ces composants lui confèrent des propriétés antiseptiques et décongestionnantes, intéressantes pour une application dans les produits de nettoyage.

La quantité d’essence contenue dans les fleurs est variable, selon la région de culture (sols), et l’ensoleillement (climat).

Leur floraison : couleur et taille des inflorescences

C’est là que le néophyte fait souvent la différence, en dehors de la fragrance : la lavande officinale présente des fleurs plus pâles, bleues à bleu mauve et violettes, quand le lavandin a une floraison plutôt violet foncé. Mais attention, la couleur évolue selon le stade de floraison, ce qui peut être trompeur.

La lavande vraie se distingue par ailleurs par un épi floral plus court. La hampe florale est plus grande chez le lavandin (jusqu’à 80 cm de haut), et elle développe, contrairement à la lavande vraie, des tiges secondaires. La floraison est aussi plus dense chez le lavandin que chez la lavande vraie. Enfin, le nombre de fleurs est également significativement plus grand chez le lavandin. Vous l’aurez compris, le rendement et la production sont donc plus importants chez le lavandin que chez la lavande vraie. Ceci explique sa culture plus adaptée aux besoins de l’industrie.

Bien sûr, les variétés issues de ces deux lavandes présentent chacune des nuances spécifiques.

photo Couleur lavande

Leur mode de reproduction

Le lavandin, par son hybridation originelle, est stérile : il ne se reproduit donc que par bouturage de tiges. C’est pourquoi, dans les grands champs de production du sud de la France, il s’identifie facilement par la forme très régulière de ses coussins arrondis, en lignes très homogènes.

La lavande vraie se reproduit par semis de ses graines, fertiles. On la trouve ainsi de façon sauvage dans la nature, dans son habitat de prédilection. Elle peut se bouturer en milieu d’été, ce que l’on fait généralement, mais la multiplication par semis est aussi possible. C’est la lavande vraie issue de semis qui est utilisée par de grands producteurs français de lavande.

Leur silhouette et dimension

Autres caractéristiques différentes : leur taille. La lavande vraie est plus petite dans ses dimensions (environ 50 cm de haut), alors que le lavandin pousse plus haut entre 60 et 90 cm.

Le lavandin se distingue de la lavande vraie également par son feuillage, plus large, moins argenté et moins odorant. Il tient ses feuilles plus larges, plus épaisses et plus plates de son parent la lavande aspic.

La lavande vraie est enfin plus compacte, avec un système racinaire moins étendu que le lavandin. Pour ces raisons, on choisira plutôt la lavande vraie pour une plantation en pot (lire les conseils d’Alexandra dans Cultiver une lavande en pot).

Le feuillage, typiquement grisé, de la lavande vraie

La rusticité

Pour ceux qui se posent la question, n’habitant pas dans une région chaude, retenez que la lavande est plus robuste que sa cousine, le lavandin :

• La Lavandula angustifolia peut supporter jusqu’à -20 °C en sol drainé.

• Le lavandin est rustique jusqu’à environ -15 °C, parfois moins en sols lourds. Il résiste ainsi un peu mieux à des températures négatives en sol drainé, sachant que ce que ces deux lavandes (et les autres !) craignent le plus, c’est l’humidité stagnante au niveau des racines. Ce sont en effet des plantes de garrigue, résistant aussi bien au froid qu’à la chaleur.

La lavande vraie pousse à l’état sauvage en altitude

L'exposition

Si le lavandin a besoin d’au moins huit heures d’ensoleillement, la lavande a besoin de soleil, mais peut supporter un peu plus la mi-ombre et se planter à des expositions est ou ouest, quand elles sont très dégagées.

Le lavandin exige une exposition fortement ensoleillée

Différences d'usage au jardin, en cuisine et en cosmétique

Pour le jardinier, pas vraiment de différence, si ce n’est dans leur couleur légèrement distincte ! Ces deux lavandes se valent en termes d’esthétique au jardin d’ornement. On utilise la lavande pour créer des bordures, le long d’allées, ou pour les intégrer dans des massifs.

→ Lire les conseils d’Ingrid dans : Bien planter la lavande en bordure pour structurer les massifs.

La lavande vraie commence généralement sa floraison un peu avant le lavandin, de juin à août, alors que le lavandin fleurit un peu plus tard, une quinzaine de jours après, généralement de juillet à septembre. Certains cultivars de lavandin, comme ceux du groupe Dutch, sont connus pour leur très longue floraison, à l’instar de Lavandula x intermedia Dutch Group.

On note aussi une petite différence avec la lavande vraie qui peut s’utiliser en cuisine, contrairement au lavandin, au fort goût de camphre. Pour parfumer sirops, sorbets, compotes et confitures ou crèmes brûlées par exemple, elle est à privilégier, tout comme son huile essentielle. Ses sommités fleuries servent aussi à décorer des assiettes ou élaborer tisanes et sirops, quand le feuillage remplace le romarin sur des grillades ou des marinades.

Les apiculteurs travaillent le miel de lavande, très parfumé, avec la lavande vraie, plus puissante aromatiquement.

Mais vu la différence de rendement et de fragrance entre les deux, c’est surtout dans l’industrie que l’usage diffère :

• Le lavandin est à haut rendement (1 ha produit environ 40 kg d’HE contre 15 kg pour la lavande vraie). Il est donc est moins cher à l’achat : il est de ce fait plus destiné à l’industrie (lessives, produits ménagers) et pour la production d’huile essentielle, et intéressant pour ses qualités antiseptiques ;
• La lavande vraie, plus fine, aux vertus relaxantes est principalement utilisée en haute parfumerie, pour les soins cutanés et en aromathérapie. À noter que son huile essentielle peut s’appliquer pure sur la peau, contrairement au lavandin.

N.B. : les deux huiles essentielles sont protégées par l’AOP (Appellation d’Origine Protégée) « Huiles essentielles de Lavande de Haute-Provence » depuis 2011, qui a remplacé l’AOC établie en 1981.