La cigale, insecte du sud au chant typique des jardins en été

Qui sont les cigales ?

Les cigales sont des insectes de l’ordre des hémiptères et de la famille des Cicadidées. On en distingue une quinzaine d’espèces en France, classées parmi trois sous-familles : Cicadinae, Tibicinae et Cicadettinae. Si la majorité des cigales se trouve dans le sud de la France et en Corse, quelques-unes, plus rares, peuvent remonter vers le nord du territoire. Toutefois, elles se montrent beaucoup plus discrètes. À titre d’exemple, la cigale des montagnes (Cicadetta montana) se rencontre dans presque tout le territoire.

Bien qu’appartenant à différentes espèces, les cigales bénéficient d’une morphologie similaire. Longues d’environ 3 cm pour les plus grosses, les cigales possèdent six pattes velues, quatre ailes repliées en toit au-dessus du corps, les antérieures étant marquées d’un pli transversal, les postérieures étant nervurées, d’yeux simples appelés ocelles, et de deux yeux composés, sans oublier le rostre, leur appareil buccal, qui leur permet de s’alimenter. La plupart sont grisâtres, brunâtres à noires. Toutes sont des reines du camouflage afin de se fondre dans le paysage.

Les trois espèces de cigales les plus courantes : Lyristes prebejus, Cicada orni et Cicadatra atra (dans le sens des aiguilles d’une montre)

En France, les cigales les plus courantes (et les plus bruyantes ! ) sont au nombre de trois :

• Lyristes prebejus (la cigale plébéienne) : longue de 35 mm, elle est noire sur le corps, ocre-beige dessous
• Cicada orni (la cigale grise) : mesurant 28 mm en moyenne, elle est bistre et verte, revêtue de pruine grisâtre
• Cicadatra atra (la cigale noire) : plus petite, elle mesure 19 mm. Elle se reconnaît avec son corps noir dessus, brunâtre dessous. On peut remarquer deux traits noirs vers l’apex des ailes antérieures.

Quel est le cycle de vie d'une cigale ?

Les cigales, on les entend plus qu’on ne les voit ! En effet, non seulement, elles sont d’une discrétion absolue par le mimétisme avec les végétaux sur lesquels elles élisent domicile, et leur capacité à détecter notre présence à la moindre approche, mais en plus, leur présence “sur terre” est assez rapide. Au cours de leur existence, les cigales adoptent tour à tour un mode de vie souterrain puis aérien.

Lorsqu’on entend “chanter” les cigales, approximativement entre la mi-juin et la mi-août, la période nuptiale bat son plein. Une fois fécondée, les femelles pondent leurs œufs dans des logettes creusées dans des tiges, dans de petites branches, dans des écorces d’arbres, à l’aide d’un ovipositeur, tout à la fois outil perforant et organe de ponte. Après éclosion, les larves au premier stade se laissent tomber sur le sol pour s’y enfouir. Dès lors commence leur vie souterraine qui peut durer plusieurs années. Les larves creusent des galeries individuelles et se nourrissent de la sève des racines.

Larve de cigale en mue imaginale

Après cinq mues, la larve remonte à la surface pour devenir une nymphe de cigale, hors sol, sur une branche ou une roche. Cette mue imaginale (dernière mue d’un insecte avant son passage à l’état adulte) qui peut durer plusieurs heures à l’extérieur, rend les larves particulièrement vulnérables. Et les prédateurs sont nombreux parmi les fourmis, les oiseaux, les sauterelles, les mantes religieuses, les araignées…

Lorsque la mue est achevée, l’imago (cigale adulte) vaque à ses occupations. Il faut dire que le temps est compté ! Trois semaines pour se reproduire et pondre… avant de disparaître.

Le mystère du "chant" de la cigale

Mettons d’emblée les choses au point ! La cigale ne chante pas, elle cymbalise. En effet, les cigales possèdent un organe uniquement voué à cette fonction : l’organe cymbalique, constitué de plaques courbes de cuticule, plutôt rigides, qui se compriment et se dépriment grâce à un muscle intérieur. Ces mouvements, de l’ordre de 300 à 900 par seconde, sont à l’origine du chant de la cigale, qui ressemble plus à un craquement qu’à une stridulation des criquets. Ce “chant” est d’ailleurs amplifié par l’abdomen de la cigale, qui repousse les viscères dans les derniers segments de son corps, afin de l’amplifier.

Vient ensuite la question de l’objet de cette cymbalisation. À savoir que seuls les mâles émettent ces sons… Il s’agit simplement d’un appel nuptial que les femelles entendent. Séduite par ses vocalises, la femelle rejoint le mâle chanteur. Après copulation, un mâle peut féconder plusieurs autres femelles.

Une cigale qui cymbalise

À noter tout de même que le mâle ne chante que lorsque la température est suffisamment haute, en général autour de 25 °C. Suivant les conditions météorologiques, il peut chanter toute la journée. Cigale et chaleur estivale sont donc indissociables.

Quel est le rôle de la cigale au jardin ?

Comme tous les insectes, les cigales ont un rôle dans l’écosystème de l’environnement. Et précisons qu’elles ne sont nullement nuisibles. En effet, la cigale est un insecte piqueur et suceur qui se nourrit de la sève des végétaux, mais, à la différence des cochenilles, des pucerons, des punaises, et autres thrips, elle n’est pas préjudiciable aux plantes. Ces piqûres sont très fines, et surtout non chancreuses. La cigale n’abîme pas les plantes.

En revanche, leurs larves peuvent être bénéfiques. En creusant pendant plusieurs années le sol où elles grandissent, elles l’aèrent, le décompactent, fissurent et fracturent les particules de terre. Ce sont donc de bons auxiliaires souterrains.

Les cigales participent également à l’équilibre du jardin et de la nature. Leur chant attire en effet des oiseaux ou des reptiles comme les lézards qui s’en nourrissent, consommant au passage d’autres insectes parasites.

Les cigales : des insectes en danger ?

Comme de nombreux autres insectes, les cigales subissent une régression alarmante. Plusieurs causes semblent être identifiées par les entomologistes. À commencer par la réduction des zones de garrigues et maquis, de collines et de coteaux, au profit des vignes et autres cultures méditerranéennes. Par exemple, la cigale cotonneuse (Tibicina tomentosa), très courante en Provence il y a une centaine d’années, a pratiquement disparu.

Les incendies sont aussi une des causes de disparition des cigales. Au regard de leur cycle de vie qui s’étale sur au moins deux ans, un incendie impacte non seulement les adultes, mais aussi les larves, et ce, sur plusieurs années.

Le réchauffement climatique n’est pas sans conséquences, car il détruit nombre d’œufs et de larves. Sans oublier les adultes qui souffrent de la chaleur : les mâles se préservent en chantant moins, la reproduction est repoussée.

Enfin, les œufs pondus dans les écorces des arbres peuvent aussi beaucoup voyager et se retrouver dans des régions au climat moins clément, à la faveur d’un transport d’un arbre comme l’olivier, du sud vers le nord, ou de cagettes de fruits. Ces derniers jours, des chants de cigales ont même été repérées à Paris, notamment dans le quartier de Neuilly, où elles ont été entendues. Si ces cigales “voyageuses” devraient vivre leur été à Paris, elles ne survivront pas à l’hiver. Tout comme les larves qui vont naître n’ont guère de chance de survivre.

C’est pourquoi, dans votre jardin, il est toujours possible de faire un petit geste pour la biodiversité et sauver les cigales qui gravitent autour de chez vous :

• Garder un sol meuble sous les arbres pour permettre aux éventuelles larves de s’enfouir dans le sol
• Laisser des zones sauvages sous les arbres
• Ne pas bêcher trop profondément le sol sous les arbres pour ne pas détruire les larves
• Ne pas compacter le sol pour leur permettre de s’enfoncer
• Planter des espèces méditerranéennes favorables si vous êtes dans le sud : oliviers, pins et autres résineux, arbousiers…