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Comment réensauvager son jardin ?

Comment réensauvager son jardin ?

Apprendre à jardiner autrement, avec la nature

Sommaire

Mis à jour le 2 Décembre 2024  par Gwenaëlle 8 min.

La tendance actuelle en terme d’aménagement de jardin va à l’ensauvagement, on entend même parfois parler de “rewilding”, ou à l’échelle des villes et des grands espaces de “renaturation”, soit un retour à la nature. Pourquoi ? tout simplement parce que l’on souhaite recréer des conditions plus naturelles en apportant des réponses écologiques à nos jardins. Ceci s’exprime par nos modes et choix de plantations, et dans la préservation de zones propices à une plus grande biodiversité.

Si au niveau des villes, ce réensauvagement est devenu une priorité sur de nombreux sites minéralisés, aux sols artificialisés, et que l’enjeu est fort avec le réchauffement climatique actuel, nos jardins, si petits soient-ils, peuvent aussi participer à cette évolution. On peut facilement chez soi réhabiliter une flore plus sauvage, implanter plus d’arbres, restaurer des écosystèmes, laisser s’exprimer une nature généreuse, et lutter à notre petite échelle contre le réchauffement climatique… Autant de manières de faire de nos jardins de nouveaux édens plus soucieux de l’environnement.

Voyons voir comment mettre en place ce jardin réensauvagé, follement vivant, coloré, utile et pratique !

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Le jardin en mode sauvageon, une belle idée pour plus de biodiversité

Difficulté

Planter des espèces sauvages et indigènes

On le voit un peu partout dans les aménagements urbains, et de plus en plus chez les particuliers : les espèces sauvages ont le vent en poupe ! Le jardin méticuleux et sophistiqué se fait plus rare, sauf lorsque l’on parle de jardins spécifiques comme le jardin japonais ou exotique par exemple. Et ce n’est certainement pas qu’une question de mode. Nous avons désormais plus tendance à incorporer des plantes d’allure sauvageonne et des espèces endémiques à des vivaces ou arbustes considérés comme très ornementaux. Elles procurent un effet de foisonnement et un côté naturel et ont de multiples bienfaits, demandent peu d’entretien, en plus d’être complètement adaptées à l’environnement.

Voici quelques belles des champs, dites communes, issues de nos sous-bois, fossés ou talus de nos campagnes, mais qui s’intègrent parfaitement une fois mélangées à d’autres vivaces ou graminées dans un jardin bouquetier, un jardin anglais ou de cottage : fenouil, mauves, digitales, Verbascum, salicaires, Salvia pratensis, épilobes,  …
Repérez l’espèce type, par le seul nom latin, qui ne comprend pas de nom de variété horticole. Par exemple, on choisira plutôt un Verbascum thapsus (le vrai bouillon blanc ou molène) qu’un cultivar comme le Verbascum ‘White Domino’, issu, lui, d’une hybridation.

Les plantes indigènes sont par définition endémiques à une région ou un pays donné. Elles y poussent spontanément, comme l’ajonc commun (Ulex europaeus) très présent dans l’ouest de la France par exemple ou l’Azérolier en Provence. Elles s’avèrent particulièrement robustes, peu sensibles aux maladies, et demandent peu d’entretien puisque parfaitement inféodées au sol et au climat, à l’hygrométrie et à la pluviométrie de la région.
Les essences fruitières sont également concernées, et à réintroduire quand on les trouve dans des pépinières spécialisées localement, en choisissant d’anciennes variétés locales comme par exemple la pomme ‘Patte de loup’ en Anjou ou l’abricot ‘Muscat de Provence’.

Parmi les arbres et arbustes à privilégier dans bon nombre de régions : Acer campestre, noisetier, Ribes, Cornus mas, saules, aubépine, Prunus spinosa, charme, fusain, chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), sureau, églantier, etc.

N.B. : Les ARB (Agences régionales de la biodiversité) proposent par département des listes ou cartes interactives avec les essences locales, n’hésitez pas à consulter celle de votre région !

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Digitales, érable champêtre, sauge des prés et chèvrefeuille des bois

→ Lire aussi : Plantes indigènes : faisons le point, Plantons des espèces indigènes pour attirer les insectes pollinisateurs, Jardin naturel : 5 plantes sauvages remarquables et notre avis sur le livre Les plantes indigènes pour un jardin nature

Laisser faire la nature

Dans certaines zones du jardin, il est bon aussi de laisser la nature reprendre ses aises. Bien sûr, il est plus facile de le faire sur de grands espaces, où l’on va choisir une zone qui sera dédiée, car on aura certainement réservé une partie du jardin plus proche de la maison à un traitement plus soigné. Lorsque l’on a un petit jardin, on a souvent tendance à le vouloir tiré à quatre épingles pour les plus perfectionnistes d’entre nous.
Mais il est possible dans tous les cas de figure de convier au jardin des plantes vagabondes, que l’on contrôlera plus ou moins selon la zone, de conserver des parties non tondues autour d’arbres, et de favoriser l’esprit prairie. Ce jardin ensauvagé nous rappelle le jardin en mouvement cher à Gilles Clément, dont il nous parle depuis plusieurs décennies déjà : un jardin en constante évolution, en limitant l’intervention du jardinier, qui redessine constamment les lignes.

La nature fait en effet très bien les choses et elle s’exprime librement de plusieurs façons avec :

  • Les plantes vagabondes et les semis naturels, ce sont des plantes qui se ressèment toutes seules par le vent ou les oiseaux qui disséminent les graines ! Absolument indispensables lorsque l’on souhaite ré-ensauvager son jardin. Elles offrent toujours de très belles floraisons, et sont souvent mellifères.
  • La naturalisation : cette capacité qu’ont certaines plantes, de nombreuses bulbeuses d’origine botanique et beaucoup d’arbres, à se reproduire naturellement (crocus, certaines tulipes, perce-neige, cyclamens, etc.).
  • Les plantes rhizomateuses : On compte aussi sur les plantes formant rapidement de belles colonies en s’étendant par leur système racinaire traçant, à installer dans les grands espaces (attention toutefois aux plantes invasives !).

→ Lire aussi : Les plantes qui se ressèment toutes seules, 6 bulbes faciles à naturaliser au jardin, et Plante invasive ou envahissante, ne mélangeons pas tout !

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Lavatères et des crocus vont facilement se reproduire. Le jardin de Liliane dans le Limousin en haut à droite, floute les contours par la nature qui galope (© Gwenaëlle David)

Fauches tardives et reboisement

La nature a horreur du vide, c’est bien connu… Et nous aussi, nous devrions tendre vers une nature qui réinvestit l’espace : pour nous épargner du travail d’entretien, mais aussi pour imiter encore une fois la nature qui s’installe là où le bon vent la mène, là où elle va pousser allègrement.

Pour aller dans ce sens, les fauches tardives ou les fauches jardinées permettent d’accueillir toute une micro faune et pédofaune et le retour de nombreux papillons et insectes. Il s’agit de faucher une fois par an les espaces ouverts. Les herbes folles ainsi préservées assurent un travail du sol qui participe à la vie et la lutte contre les différents ravageurs. L’aspect esthétique est de plus intéressant, la tondeuse façonnant comme un crayon les espaces laissés libres (souvent entre 1 et 3 m de largeur, ou des carrés plus ou moins grands selon la taille du jardin). On parle alors de gestion différenciée, issue des pratiques que l’on observe dans les municipalités, pour ce traitement approprié des espaces. Les zones ouvertes sont alors fauchées une fois ou deux fois par an.

Planter des arbres est l’autre moyen que nous avons à notre disposition pour assurer un couvert végétal et un reboisement efficace. Il permet de mieux réguler les surchauffes estivales de plus en plus nombreuses, le réchauffement climatique dans sa globalité, et de rétablir des conditions de vie du sol. Planter des arbres même en simple bosquet permet aussi de se réduire l’impact du vent, de la sécheresse induite, et bien sûr intègre le jardin dans le paysage environnant.
On peut s’inspirer de la forêt en laissant certaines zones se reboiser naturellement, ou bien en aidant un peu plus en semant des essences indigènes manuellement ou des plans à racines nues. Avec ces procédés, l’humain ne domine plus, un bénéfice réciproque s’installe, en mode gagnant-gagnant !

→ Lire aussi : Faucher une prairie fleurie ou une zone enherbée, Créer une micro forêt, et Comment créer une forêt jardin ?

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Deux exemples de gestion différenciée : au Manoir de la Groye en Anjou et dans un jardin de particulier (© Gwenaëlle David). La plantation d’arbres et d’arbustes est également essentielle.

Favoriser la biodiversité

Aménager son jardin pour le réensauvager passe aussi par la préservation plus flagrante d’une biodiversité salvatrice. Outre les plantes sauvages et indigènes dont nous avons souligné l’importance au début de cet article, utiles à une faune avicole locale, on aménagera tant que faire se peut en pensant biodiversité au sens large, l’idée étant de restaurer un cycle de vie et d’imiter ce que la nature fait très bien toute seule quand l’homme n’est pas là pour la contrôler :

  • Par la création de prairies fleuries ou mésophiles -elles demandent un certain travail en amont-, ou l’implantation de plantes messicoles (coquelicots, bleuets, anthémis, etc)
  • Par la conservation ou restauration de lieux de vie et de zones de refuge pour la petite faune sauvage (oiseaux, mais aussi chauve-souris, fouines, reptiles…) : abri offert par des tas de bois, de branchages, des anfractuosités dans les murets ou les troncs, des enrochements, de vieilles souches laissées sur place…
  • Par la mise à disposition dans le jardin de nichoirs, mangeoires, gites à hérisson, etc
  • Via l’aménagement de haies plurispécifiques, autrement dit, composées à partir de plusieurs espèces pour limiter les risques de maladie. Elles sont utiles comme écran, délimitation ou séparateur au sein même du jardin !
  • En procédant aux travaux de taille ou d’élagage au moment opportun (lire à ce sujet les conseils d’Olivier dans Ne taillons pas les haies entre le 15 mars et fin juillet
  • En diversifiant le plus possible de plantes et en les combinant entre elles pour favoriser les bonnes interactions, avec notamment la petite faune du jardin.
  • Enfin, quand on a la place et l’envie de le faire, la création d’une zone humide type bassin, mare, voire l’aménagement d’un cours d’eau permet d’attirer et de réintroduire une faune spécifique.
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Tronc abattu laissé en friche fleurie, nichoirs, associations de plantes variées : favoriser la biodiversité prend multiples chemins…

→ Voir aussi notre article Créer une mare naturelle dans son jardin et notre vidéo :

Des livres pour s'inspirer

Le jardin réensauvagé et naturaliste fait l’objet de quantité d’ouvrages ces dernières années. Voici une liste non exhaustive de livres abordant le sujet du jardin sauvage, de sa flore et de la façon de mieux l’intégrer dans nos aménagements :

Sans oublier les flores, ces petits livres aidant à la détermination des végétaux et initiant chacun aux plantes emblématiques de nos régions. Il est toujours très utile d’en avoir une dans sa bibliothèque (Flore de Bretagne, flore du nord de la France et de la Belgique…)

Commentaires

  • pascale, le 14 Mars 2023

    Bonjour,
    il y a trois ans j'ai créé une prairie fleurie (en retournant la terre et en ensemençant "copieusement"). première année résultat magnifique! Deuxième ..un peu moins, troisième plus que des centaurées et quelques escholtzia .... je crains le pire cette année et ne veux pas recommencer tout ce cirque.
    Comment donc entretenir la floraison des prairies?
    Merci pour votre réponse

    • Réponse de Gwenaëlle, le 21 Mars 2023

      Bonjour Pascale, l entretien des prairies fleuries n’est pas toujours aussi simple qu’il y paraît… l important est la double fauche en juin et en octobre. Il est important de laisser les fleurs se ressemer et de ne pas faucher trop tôt non plus pour laisser aux graines le temps de bien retomber au sol. Enfin, les mélanges tout prêts sont pratiques mais vos propres semences sont souvent plus efficaces et pérennes en privilégiant un maximum de fleurs vivaces (et non d annuelles)

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