Fin mai, nous étions cinq à prendre la route de Calais pour traverser la Manche, l’excitation à son comble, à l’idée de fouler les allées de jardins renommés comme Wisley Garden, Sissinghurst Castle ou Great Dixter, et de nous rendre au prestigieux Chelsea Flower Show, à Londres.

L'objet de notre article d'aujourd'hui est le Chelsea Flower Show, l’événement printanier à faire au moins une fois dans sa vie ! Jardins d’exposition impressionnants, nouvelles sélections de plantes, des associations de folies, des innovations, des décorations parfois incongrues, des professionnels talentueux, des célébrités plus ou moins célèbres (et des robes à fleurs, mais je m’égare...). Quoi qu'il en soit, un peu de tout et surtout de quoi nourrir notre passion des plantes et des beaux jardins.

Les plantes primées cette année

Parmi toutes les plantes primées, retenons les trois premières places.

La plante de l’année 2022 est le x Semponium ‘Destiny’, obtenu par Surreal Succulents. C’est le premier croisement au monde réalisé entre un Aeonium et un Sempervivum. L’objectif étant d’obtenir une plante un peu plus rustique qu’un Aeonium, mais il reste peu rustique (-2 °C), donc à réserver à la culture en pot et à hiverner. Sa particularité réside avant tout dans une grande rosette violet sombre pouvant atteindre 60 cm de diamètre avant de se ramifier quelques années plus tard. Ce sera sans doute la toute première d’une longue série de plantes de ce genre.

Semponium 'Destiny', Armeria 'Dreamland' et Salvia 'Pink Amistad'

La deuxième place a été attribuée à l’Armeria pseudarmeria ‘Dreamland’ de Stonebarn Landscapes. Résistant aussi bien à la sécheresse qu’au gel, ce gazon d’Espagne offre des pompons rose clair tout l’été sur des tiges solides. Il est parfait en bouquet.

La Salvia ‘Pink Amistad’ de Middleton Nurseries obtient la 3e place. C'est la version rose de la très populaire sauge ‘Amistad’ aux fleurs violet foncé, qui se vend par millions chaque année.

Petit aparté car évidemment, je ne vais pas pouvoir m’empêcher de parler rosiers. Deux obtentions de David Austin se font faites remarquer et ont obtenu respectivement les 5 et 6e place : ‘Bring me Sunshine’ (Ausernie) aux belles et grandes roses chaleureuses, dans le ton abricot au parfum de myrrhe et mon coup de coeur absolu ‘Elizabeth’ (Ausmajesty) en l’honneur de sa majesté Elizabeth II. Ce rosier m’a complètement envoûté avec ses grappes de roses de taille moyenne rose pâle abricoté, au puissant parfum, mélange d’agrume et de rose ancienne.

Rosier 'Elizabeth'

Retrouvez la liste complète des plantes récompensées et dites-nous en commentaires lesquelles vous font rêver !

Des jardins récompensés

À cette occasion, nous avons également pu admirer les jardins récompensés. Des jardins sensationnels et captivants, nous avons beaucoup apprécié les jardins sanctuaires et jardins sauvages avec des plantes chargées de nectar pour soutenir la petite faune du jardin. Voici nos coups de coeur :

  • A Rewilding Britain Landscape (réensauvagement de la campagne anglaise)

Conçu par Lulu Urquhart et Adam Hurt.

Près d’un muret de pierre typique des paysages anglais, un ruisseau coule au milieu d’une clairière composée d’aubépines, de noisetiers et d’érables champêtre. En contrebas du ruisseau, un saule fendu abrite un barrage de castors, une espèce indigène réintroduite tout récemment dans le sud-ouest de l’Angleterre. Une passerelle en bois permet de traverser la prairie humide jusqu’à une cabane. On peut y admirer une grande diversité de plantes dont des fleurs sauvages indigènes : digitales, Persicaria bistorta, Iris pseudacorus, diverses fougères, myosotis, boutons d’or, Lychnis flos-cuculi, filipendules, Euphorbia palustris, ancolies et diverses graminées…

Ce jardin évoque un paysage sauvage, d’une richesse incroyable, un sanctuaire de biodiversité à préserver.

  • Building the Future (construire le futur)

Conçu par Sarah Eberle.

Voici un autre jardin incroyable, dans une atmosphère en lisière de forêt. Dans la végétation, on aperçoit un bâtiment fabriqué à base de bois durable et inspiré des strates rocheuses verticales naturelles. Trois chutes d’eau cascadent du sommet en pente dans un bassin en contrebas. On retrouve une sélection hétéroclite de plantes sauvages et naturalisées, qui apprécient les conditions humides. C’est un paysage foisonnant et apaisant. Au pied de bouleaux à l’écorce blanche prospèrent des plantes d’ombre humide tels les rodgersia ou les hostas dont les feuilles amples jouent avec celles plus fines des fougères, des astilbes, d'un superbe Mahonia eurybracteata, un Fatsia japonica ou des hakonechloas. Quelques fleurs (iris, boutons d’or, primevères japonaises, trèfle, Trollius et d'euphorbes) ponctuent les massifs verdoyants dans des tons de jaune, d'orange, de blanc avec quelques petites touches de bleu grâce aux Corydalis flexuosa. C'est frais, c'est beau, on en redemande !

Seule ombre au tableau, je n’ai croisé ni Carol Klein, ni Monty Don... C'est juste impossible, il faut que j'y retourne !