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La situation est profondément inquiétante : jamais la vie aviaire n’avait été aussi mal en point. Selon les études dévoilées par la L.P.O. le 24 janvier 2023, la population d'oiseaux communs en France continue de se dégrader. À partir d'observations de 85 000 particuliers recueillies lors des opérations de science participative "Oiseaux des jardins " on constate que :
Pour Allain Bougrain-Dubourg, président de la L.P.O. "même si on peut être surpris par ces chiffres en apparence contradictoires, les oiseaux "bien de chez nous", c'est au printemps qu'on peut les observer. Et le constat est clair, c'est un déclin alarmant, et pour certaines espèces une véritable hécatombe que l'on observe". De plus, "l'oiseau est un indicateur de l'état de la biodiversité. Quand il est en déclin, c'est l'ensemble du cortège mammifères - batraciens - reptiles et toute la biodiversité qui s'estompe également. La perte des oiseaux nous alerte sur l'ensemble du vivant."
Face à ces chiffres alarmants, voire alarmistes, j'ai voulu en discuter avec un ornithologue de terrain pour avoir son ressenti et son analyse de la situation. Claude Borrel est passionné des bêtes à plumes et photographe amateur. Retraité, il a depuis tout jeune été attiré par le monde du vivant et observe aujourd'hui la faune quasi quotidiennement. Il collabore avec la LPO Aude et des associations de préservations d'habitats et d’espèces pour les comptages, le suivi de migrations et la pose de nichoirs. Il a accepté de répondre à quelques questions.
"À vrai dire, à l'échelle de mon jardin, je ne vois pas trop de dégradation. Année après année, je vois à peu près les mêmes espèces, ce qui est assez normal car les oiseaux des jardins sont très largement nourris et viennent donc là où se trouve la nourriture. Par contre, lorsque je me promène dans la nature, le constat n'est pas le même. C'est simple : souvent on ne voit rien, pas un seul oiseau. Pas de Moineaux friquets, beaucoup moins de Mésanges charbonnières et de Mésanges bleues, pas de Pinsons non plus. Les Martinets noirs sont en forte baisse, de même que les Hirondelles dont de nombreux nids ne sont plus habités. Les Verdiers et les Pipit farlouse sont aussi en nette régression.
Et quand mes observations me mènent dans les zones de lagunes et marais de la région, qui sont des refuges pour de nombreuses espèces d’oiseaux et une halte migratoire importante, mes observations sont contrastées selon les années, en fonction de la météo et des vents. Par exemple, cette année, nous avons observé beaucoup moins de Cigognes blanches et de Grues que les autres années, et cela est probablement dû au vent marin qui les a repoussés à l'intérieur des terres, alors que d'habitude le vent du nord-ouest les fait arriver et se concentrer dans ces zones littorales méditerranéennes. Les conditions météorologiques changent et les oiseaux en sont perturbés"
"C'est simple, d'une part, il n'y a plus d'insectes notamment à cause des pesticides, donc les oiseaux ont nettement moins de nourriture. Les lieux de nidification aussi ont été détruits : il n'y a plus de haies ni d'arbres dans les zones agricoles. Dans les zones habitées, on retire les nids, comme ceux des hirondelles ou de certaines chouettes par exemple, parce que cela occasionne des salissures, et les bâtiments modernes ne sont pas propices à leur installation. Les oiseaux souffrent aussi de la sécheresse et les températures qui évoluent perturbent les migrations."
"Pour aider les oiseaux, on peut poser des nichoirs. Il faut veiller à ce qu'ils soient bien dimensionnés en fonction des différentes espèces susceptibles de venir y nicher et placés correctement. Par exemple, les mésanges ne trouvent plus de cavités dans les arbres et cela les aide. Il faut penser à nettoyer et vider les nichoirs d'une année sur l'autre pour que les oiseaux reviennent.
En hiver, on peut nourrir les oiseaux avec des graines de tournesol et des boules de graisses avec des graines. Certains oiseaux se régalent aussi avec des morceaux de fruits, comme les mésanges ou les merles. Il faut penser à leur mettre de l'eau toute l'année, et mettre les mangeoires et les abreuvoirs hors de portée des chats, qui causent de nombreux dégâts sur les populations d'oiseaux. Chez moi, je les suspends dans les arbres ou je les mets sur les poteaux plantés à la verticale. Pour aider les hirondelles, on peut leur faire des petites flaques d'eau boueuse au printemps si le sol est trop sec afin qu'elles puissent confectionner leurs nids.
On peut aussi planter des arbustes persistants et des arbres et arbustes à baies pour qu'ils trouvent refuge et nourriture. Moins entretenir les jardins pour favoriser les insectes qui leur servent de nourriture est aussi une bonne solution : laisser des herbes folles, des arbres morts, des petits tas de bois. Et surtout ne pas tailler les arbres et les haies pendant les périodes de nidification. "
Pour aider les scientifiques à comprendre quand et pourquoi les oiseaux visitent les jardins les observations de chacun sont précieuses.
Les samedi 28 et dimanche 29 janvier 2023, c'est l'édition hivernale du comptage national des oiseaux des jardins pour les oiseaux hivernants, organisée par la LPO et le Muséum national d'Histoire naturelle, la suivante ayant lieu au printemps le dernier week-end de mai pour les oiseaux nicheurs. Tout le monde peut y participer :
Si les oiseaux vous passionnent et que vous souhaitez collaborer plus régulièrement, vous pouvez les observer et les compter quand vous voulez : tous les jours, une fois par mois, ou ponctuellement car l'Observatoire fonctionne tout au long de l'année.