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Les Papyrus appelés aussi Souchets à papier évoquent chez la plupart des gens les premiers supports papiers inventés par les Égyptiens et qui se sont conservés jusqu’à nos jours. La moelle coupée en fines lamelles tressées constitue la base de ce papier très résistant. La plante qui porte le nom scientifique Cyperus papyrus apparaît à maintes reprises de façon stylisée dans les peintures égyptiennes tout comme le Lotus qui symbolisent respectivement la Basse et Haute-Egypte et au-delà de çà, le Nil, source de vie pour cette civilisation vivant en marge du désert. Le delta du Nil abrite très peu de papyrus aujourd’hui mais en revanche, celui-ci connaît une utilisation croissante dans les jardins aquatiques, dans les massifs bien arrosés et même dans les compositions de fleurs saisonnières qui décorent nos villes en été.
L’effet spectaculaire du papyrus du Nil en fait sans doute la plus majestueuse des plantes aquatiques en climat doux, car elle souffre dès les premières gelées et disparaît si le thermomètre descend en-dessous des -3°C. Elle peut aussi se conserver assez aisément en intérieur dans un pot reposant sur une soucoupe profonde constamment remplie d’eau ou comme une plante verte dans une salle de bain ou encore se cultiver en annuelle. Offrez simplement à ce Papyrus avide de lumière et de chaleur un emplacement très ensoleillé et un abri sûr pour l’hiver.
Dans la maison, l’effet graphique est garanti même en hiver si vous disposez d’une véranda ou d’un emplacement derrière une baie vitrée orientée ou sud ou sud-ouest. La plante peut aussi hiverner dans une serre hors-gel. Ses ombelles plumeuses restent déployées, juchées à 2 m de hauteur voire beaucoup moins chez les cultivars sélectionnés pour réaliser les compositions florales. Les papyrus sont des plantes totalement vertes depuis la base jusqu’aux inflorescences même si les menues fleurs étincellent d’un jaune doux au sein des bractées filiformes. Lorsque l’inflorescence sèche, la tige meurt et de nouvelles pousses partant de la souche viennent la remplacer tandis que la touffe s’agrandit.
Les espèces de taille moyenne comme Cyperus glaber, Cyperus longus sont rustiques et peuvent décorer les berges d’un étang mêlées à des plantes de berge indigènes comme la Massette ou la Salicaire ou bien des plantes exotiques comme la Pontédérie, le Gunnera et le Thalia dealbata.
Le genre Cyperus comprend plus de 600 espèces réparties dans presque tous les milieux humides du monde excepté les plus froids. Il peut s’agir d’annuelles ou de vivaces persistantes dont font partie des adventices très redoutées en agriculture et horticulture comme Cyperus rotundus natif d’Inde, de nature extrêmement envahissante. L’espèce la plus spectaculaire par sa hauteur et la taille de ses inflorescences demeure le Cyperus papyrus, symbole de renaissance dans l’Egypte ancienne et de la région de la Basse-Egypte qui correspond à la zone marécageuse du delta du Nil. De nouveaux cultivars plus compacts comme ‘Cléopatra’ et ‘Akhenaton’ ont l’avantage de moins casser au vent et conviennent mieux dans une potée.
Les Cyperus ont donné le nom à la famille à laquelle ils appartiennent : les Cypéracées. Ils forment de larges touffes de tiges épaisses et cylindriques ou triangulaires – jusqu’à 3 cm de large à la base chez Cyperus papyrus -, atteignant des hauteurs variables allant de 1,50 à 5 m de haut chez le Papyrus des Égyptiens (Cyperus papyrus). Les tiges possèdent des feuilles étroites graminiformes issues de la base comme chez Cyperus albostriatus ou en sont totalement dépourvues comme chez le papyrus du Nil. Certaines espèces sont caduques, disparaissant l’hiver à l’instar de Cyperus longus ou glaber, d’autres comme C. alternifolius et C. papyrus persistent si les températures restent douces. Chez ce dernier, la plante ne porte pas de feuilles mais déploie, au sommet des cannes, d’énormes touffes de bractées très fines qui forment une sphère d’aspect plumeux. Les Cyperus sont dotés de rhizomes qui permettent une extension assez rapide de la plante et facilite leur multiplication. Tous leurs organes aériens sont chlorophylliens ce qui compense l’absence de feuilles le cas échéant.
Les inflorescences très décoratives par leur graphisme forment des ombelles plates (en verticille) ou sphériques de bractées, d’un diamètre pouvant atteindre 25 cm. Ces bractées sont filiformes chez le Papyrus du Nil tandis qu’elles forment des lames de 0,5 à 1 cm de large chez Cyperus involucratus (syn. alternifolius) ou albostriatus. De fins épis plumeux, jaunâtres ou vert pale, constitués de fleurs hermaphrodites plutôt insignifiantes partent du centre de l’ombelle et font scintiller le vert intense lustré des bractées.
A maturité, les fleurs virent au brun en cours d’été, libérant les graines dispersées par le vent. Le Papyrus du Nil se reproduit par dissémination des graines et de façon végétative, par croissance latérale de ses rhizomes dans la vase, édifiant d’épais fourrés le long des rives pouvant s’élever jusqu’à 5 m de hauteur que seuls de gros animaux comme les hippopotames sont susceptibles de franchir. De nos jours, cette espèce emblématique a quasiment disparu du delta du Nil du fait du contrôle des inondations et des multiples infrastructures qui jalonnent le fleuve (barrages et aménagement des berges). Les espèces à ombelles plates émettent quant-à-elles des racines à partir des « têtes » dès que celles-ci entrent en contact avec l’eau.
Les Cyperus sont des plantes très faciles à cultiver dans la maison qui ont l’avantage d’avoir une action dépolluant de l’air pour nos atmosphères confinées. Elles permettent aussi d’humidifier l’air sec de nos intérieurs lorsque la pièce est chauffée.
Lire aussi
Cultiver un papyrus en potPlantez les Cyperus de préférence à exposition très ensoleillée. Leur croissance sera moindre à mi-ombre. Privilégiez une plantation sur les rives d’un plan d’eau afin d’assurer une humidité permanente aux racines. Tous types de sols assez riches leur conviennent.
Pour les Cyperus papyrus (Papyrus du Nil) et alternifolius (Plante ombrelle), la souche immergée peut survivre si les températures ne descendent pas trop bas en hiver (-6 à -8°C si le sol est drainé chez C. alternifolius), et la plante pourra se régénérer au printemps suivant. Dans les régions éloignées du bord de mer, il est indispensable de les cultiver en pot pour les rentrer à l’abri avant les premiers gels dans une pièce lumineuse. La plante ombrelle supporte mieux l’atmosphère sèche des intérieurs que le papyrus du Nil. Les espèces glaber et longus tolèrent jusqu’à -15°C sans problème.
→ En savoir plus sur la culture du Papyrus en pot
Pour le planter en pot, réalisez un mélange de terreau et de terre de jardin argileuse ou limoneuse.
Prévoyez un contenant suffisamment large pour permettre l’extension de la touffe qui est rapide durant la saison.
N’enterrez pas la motte plus qu’elle n’était dans son pot mais vous pouvez en revanche faire varier le niveau de l’eau au-dessus en plongeant intégralement le pot dans l’eau avec 5 à 10 cm de hauteur d’eau au-dessus ou simplement la base du conteneur.
Si vous ne plongez pas le pot dans un bassin, placez une soucoupe profonde constamment remplie d’eau sous le pot.
La division de souche entre le printemps et l’été est la manière la plus simple de multiplier les papyrus. On peut aussi bouturer des extrémités de tiges des cyperus autres que le papyrus du Nil.
→ En savoir plus dans notre tutoriel : Bouturer le papyrus
Le Papyrus, merveilleuse plante de berge en climat très doux, est aussi une très belle espèce pour la terrasse, assez facile à cultiver pour peu que la terre dans laquelle il est installé reste toujours bien humide. Il fera merveille autour d’un petit bassin hors-sol aménagé sur la terrasse par exemple, en compagnie du Rhodocoma gigantea, un grand restio splendide lui aussi mais aussi d’érables du Japon pour une exposition mi-ombragée ou d’agapanthes en plein soleil. Ces plantureuses vivaces séduiront les amateurs de plantes étourdissantes, en raison de leur silhouette bambusiforme, en gerbe monumentale de grandes plumes. Impériales en isolé, leur association en pleine terre ou en pot avec des cannas à feuillages pourpres ou verts, des bambous, des Nandinas, des Dieramas ou cannes à pêche des anges, des persicaires ou encore un Gomphostigma virgatum offrira une scène de toute beauté.
L’espèce euroasiatique Cyperus longus ou Souchet odorant convient bien aux étangs et lacs afin de servir d’abri et de lieu de ponte aux faisans sauvages, aux poules d’eau ainsi qu’à quelques canards de passage. Elle s’étale assez rapidement à l’aide de ses courts rhizomes et peut occuper une surface de 2 à 3 m² en peu de temps. Il convient donc d’en réserver la culture aux grands jardins d’aspect sauvage à qui elle donnera un bel éclat orangé à l’automne. L’avantage est que sa végétation très dense étouffe toutes les mauvaises herbes.
De petites mares peuvent accueillir Cyperus glaber ou alternifolius, si le climat le permet, pour leur effet graphique qui se combine bien avec les Prêles japonaises mais aussi avec des vivaces de berges telles que des éphémères de Virginie, des Astilbes ou Primevères, ou encore des laîches des ruisseaux. Ces deux souchets par leur formes verticales et leurs tiges bien rigides sont aussi appréciés dans de grandes poteries pour orner une terrasse ou accompagner les marches d’un escalier.
→ Découvrez d’autres idées d’association avec le Cyperus papyrus dans notre fiche conseil !
Comment hiverner un papyrus ?
Placez le pot mais dans un local très ensoleillé, peu ou pas chauffé. Si vous cultivez le Papyrus en appartement, il est parfois utile de brumiser son feuillage de temps à autre, en raison de l'atmosphère souvent trop sèche de nos intérieurs. A la belle saison, d'avril-mai à octobre, votre potée de Papyrus pourra trôner sur la terrasse ou le balcon, en plein soleil en le soumettant progressivement aux rayons du soleil.
Christophe, le 8 Octobre 2020
Bonjour,
concernant le Cyperus Alternifolius,
est-il possible de le sortir en panier ajouré ou panier souple en immergeant le collet de 5-10 cm dans un bassin en saison chaude pour qu'il soit dans les meilleures conditions, puis de la rentrer en saison froide tel quel, en le laissant dans le panier ajouré et en l'immergeant de la même façon qu'en bassin extérieur dans un autre contenant en intérieur avec la même technique, en remplissant le contenant d'eau jusque 5-10 cm au-dessus du collet, ce qui faciliterait le déplacement par un simple transport du panier?
Et dans ce cas il nécessiterait un contenant non percé, en terre cuite ou terre cuite émaillée? Pourrait-il "supporter" d'être rempli d'eau en permanence, serait-il totalement étanche?
Et n'ayant pas de jardin actuellement, quel substrat pour le tenir en immersion? Un bon terreau aquatique (où?) avec pierre volcanique en surface?
Merci de votre attention,
Christophe.
Réponse de Virginie D., le 6 Novembre 2020
Bonjour,
Oui, vous pouvez parfaitement sortir le pot du bassin et le mettre dans un contenant rempli d'eau (vous pouvez garder le même panier), à remiser hors gel et le replonger dans le bassin au printemps lorsque les grosses gelées ne sont plus à craindre. Ou le replanter dans un pot et mettre un récipient en dessous que vous remplirez d'eau. Le tout étant que la motte du papyrus ne sèche pas. Pour le substrat, un terreau aquatique (vous en trouverez en jardinerie) avec de la pouzzolane sur le dessus ira très bien.
Cordialement Virginie