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Les microclimats au jardin

Les microclimats au jardin

Savoir observer et reconnaître les microclimats au jardin

Sommaire

Rédigé le 18 Mars 2021  par Jean-Christophe 8 min.

Le climat est un paramètre important lorsque l’on parle de jardinage. Variations de températures, hygrométrie plus ou moins importante, influence du vent, périodes de gel… autant de facteurs qui orientent nos choix quant aux plantes que l’on peut envisager dans un jardin ou sur une terrasse. Mais au-delà des climats propres à chaque région (océanique, montagnard, continental, méditerranéen…), chaque lieu possède ses propres caractéristiques, qui peuvent changer de celles de son voisin. On parle alors de microclimats, qui créent des conditions dont le jardiner peut tirer bénéfice ou se méfier. Apprendre à observer et reconnaître les différences qui coexistent dans nos jardins est donc particulièrement important pour optimiser nos choix et nos interventions. Je vous propose donc un petit tour d’horizon de toutes ces conditions, pour en quelque sorte… faire la pluie et le beau temps dans votre jardin !

Difficulté

Qu'est-ce qu'un microclimat au jardin ?

Un microclimat est défini comme l’« ensemble des conditions climatiques d’un espace homogène très restreint et isolé de son environnement général. ». Certains scientifiques auraient même mis en évidence que les côtés d’une fourmilière bénéficient de climats différents, et que les fourmis adaptent leurs activités en fonction de chacun d’eux. Il semble alors parfaitement logique de se pencher sur cette problématique lorsque vient le moment d’analyser les conditions dans lesquelles un jardiner souhaite faire pousser différentes plantes dans son jardin. Ce dernier peut en effet présenter des variations très différentes d’un endroit à l’autre, même dans les plus petits espaces.

Observer les indices naturels

  • La topographie du jardin, c’est-à-dire sa configuration et son relief, donne déjà de précieux indices quant aux différences climatiques qui s’y jouent. Ainsi, les zones surélevées (talus, pentes, murets…) assurent naturellement un drainage plus important, qui se traduit par un sol plus sec. Ce peut être un avantage pour cultiver certaines plantes qui ne supportent pas d’avoir les pieds dans l’eau. Selon l’emplacement de ces zones, attention cependant à leur exposition au vent, qui peut fragiliser certains végétaux (dessèchement du feuillage, accentuation de ressenti du froid, tiges cassées…).
  • A contrario, les parties basses du jardin, même si elles sont davantage épargnées par le vent, sont propices à la stagnation de l’eau, jouant alors un rôle d’entonnoir dans lequel s’engouffrent pluies et eaux de ruissellement. Touchées plus tardivement par les rayons du soleil, elles mettent alors plus de temps à se réchauffer. Certaines plantes s’accommodent de ces terres lourdes et humides.
  • Quand vient l’automne, repérez si les feuilles tombées au sol sont regroupées en un ou plusieurs endroits précis du jardin. Cela vous donne alors un indice sur les couloirs venteux qui le balayent, indication précieuse car certaines plantes sont particulièrement sensibles aux bourrasques (effets mécaniques, avec risques de casse, mais aussi accentuation du froid ressenti).
  • En hiver, vous remarquez certainement que le givre ou la neige stagnent plus longtemps à certains endroits qu’à d’autres, vous indiquant par là où éviter d’installer les plantes les plus sensibles au froid. De plus, une zone froide est bien plus problématique si le sol y reste humide en hiver, cette conjonction froid/humidité étant parfois fatale. Attention toutefois, car certaines plantes redoutent davantage les périodes de gels/dégels brutaux que le froid lui-même.
  • Nos animaux domestiques sont également de bons alliés. Les chats choisissent en effet souvent les meilleurs places, plus douces et abritées en hiver, plus fraîches aux heures les plus cuisantes de l’été.
  • Enfin, n’hésitez pas à faire des relevés de températures et de pluviométrie à différents endroits, vous pourriez être surpris par les écarts possibles au sein d’un même jardin.

Observez les zones restant gelées longtemps en hiver et les couloirs venteux

Influence des murs dans un jardin

Il est rare qu’un jardin ne possède aucun mur, qu’il s’agisse de ceux de la maison ou de murs de clôture. Selon leur exposition, ils influencent grandement les conditions climatiques dont bénéficient les plantes.

  • Les murs exposés au sud se réchauffent plus vite en journée. Ils accumulent ainsi de la chaleur en journée, pour la resituer la nuit. Certaines plantes, un peu frileuses, y sont plus à l’aise. Attention cependant à la réverbération qui en découle (d’autant plus forte que le mur est de couleur claire), et qui peut nuire à certaines plantes au point de les brûler. Les murs au sud sont en outre peu exposés aux vents dominants, ce qui est un avantage.
  • A l’opposé, les murs au nord sont presque toujours à l’ombre, même s’ils peuvent bénéficier d’un peu de lumière directe en début et fin de journée aux plus belles saisons. Ils créent des zones fraîches et souvent plus froides, mais ont l’avantage de ne pas présenter de gros écarts de températures. L’ombre portée qu’ils projettent est en outre moins problématique que celle créée par l’ombre observée sous la ramure directe d’un arbre par exemple (je vous explique pourquoi dans le paragraphe 5).
  • L’est est l’exposition la plus difficile à gérer concernant les murs. Ces derniers y sont parfois soumis à des vents glacés, refroidissent beaucoup la nuit, mais sont touchés directement par les premiers rayons du soleil, ce qui peut ainsi créer un dégel trop brutal et néfaste. Cela suppose bien sûr qu’aucun obstacle ne s’interpose entre le soleil et le mur lui-même (arbre, haie, maison voisine…).
  • A l’ouest, les murs ont toute la journée pour voir leur température grimper. Ils ne sont exposés au soleil qu’en seconde partie de journée, et évitent ainsi d’être trop chauds. Cependant, hormis quelques exceptions, ils sont frappés par les vents dominants, parfois violents, et par les pluies qui peuvent les accompagner.
  • Dans tous les cas, la présence ou non d’un avant-toit peut considérablement changer les choses. Ces avancées sont autant de «parapluies», qui limitent la pénétration de l’eau de pluie au pied du mur, sachant que ces endroits sont en outre potentiellement de mauvaise qualité ou caillouteux, en raison de la présence de remblai.
  • Enfin, dans certains lieux (en particulier en ville), il est possible que le jardin, le patio ou la cour soit entourés de murs, parfois si hauts qu’ils empêchent la lumière de pénétrer. Cette configuration présente cependant l’avantage d’abriter les végétaux du vent et des fortes gelées, et d’y tenter la culture de certaines plantes qui ne survivraient pas dans un espace plus dégagé.

Un mur en granit restitue beaucoup de chaleur aux végétaux. A droite, des plantes plus sensibles au froid sont installées dans des cocons protégés de murs : Strelitzias et Zantedeschias aethiopica (Photos : G. David)

Les haies, rempart naturel

Le vent est tout autant apprécié lorsqu’il fait bruisser les feuillages et danser les graminées, que redouté lorsqu’il menace nos plantes. Les haies, qu’elles soient persistantes, taillées au cordeau, champêtres, fleuries ou parfumées, forment en outre des remparts efficaces contre le vent. Il est communément admis qu’une haie d’1 mètre de haut filtre le vent sur 10 mètres du côté opposé au sens de ce vent. Les plantes ainsi abritées risquent moins de se coucher ou de se casser. Si un mur semble jouer le même rôle vis-à-vis du vent, sachez qu’il crée des tourbillons qui peuvent être plus néfastes qu’autre chose. Le froid est également moins mordant contre une haie, et la zone se réchauffe plus vite, surtout si elle est exposée au soleil. En revanche, plus vous plantez près du pied de la haie, plus le sol est sec, car ses racines y pompent davantage l’humidité. Cela peut cependant être un avantage pour cultiver certaines plantes frugales.

→ Les haies peuvent être associées en différentes strates : de grands arbres sont plantés à l’arrière, suivis par des petits arbres ou arbustes, le tout filtrant particulièrement efficacement le vent.

Une haie forme une protection contre le vent, où le sol se réchauffe plus vite que contre un mur

Sous les arbres, des conditions changeantes

Tous les arbres n’offrent pas les mêmes avantages ni les mêmes influences.

  • Les arbres et arbustes caducs sont une très bonne protection contre les rayons du soleil aux périodes les plus chaudes. Ils créent alors un microclimat frais et ombragé, que les plantes de type ‘sous-bois’ apprécient. En hiver, délestés de leurs feuilles (qui se transforment en humus de qualité), ils laissent passer une lumière qui bénéficie à la croissance de certains végétaux, comme les bulbes précoces par exemple. Le système racinaire peut en revanche être un obstacle à la plantation. Plus il est dense et superficiel, plus il limite les possibilités, et l’arbre prélève une bonne partie de l’eau présente dans le sol. Sa ramure joue en outre le rôle de parapluie, empêchant l’eau du ciel d’atteindre correctement les plantes installées sous son couvert. Certains arbres projettent une ombre plus ou moins importante, en fonction de la densité de leurs branches et de leurs feuilles. Un bouleau laisse par exemple davantage filtrer la lumière (lumière tamisée) qu’un grand tilleul (ombre dense).
  • Les arbres et arbustes persistants  jettent une ombre dense tout au long de l’année, et l’eau de pluie a du mal à abreuver le sol en dessous. Ce sont par contre de bons remparts contre le gel, qui parvient bien plus difficilement à atteindre le sol. Ces conditions peuvent parfaitement convenir à certaines plantes.
  • Enfin, les conifères, dont la majorité sont persistants, ont la réputation de rendre les plantations à leur pied compliquées. Leurs aiguilles, en tombant, acidifient en outre le sol. Là encore, même si le choix est plus limité, il existe des plantes adaptées à ces paramètres.
microclimats au jardin

La frondaison des arbres caducs joue un rôle sur les plantations possibles en pied d’arbre, tout comme les arbustes persistants

Le minéral, un climatiseur

Tout comme les murs, les surfaces minérales ont l’avantage d’influencer la température ambiante.

  • Les terrasses maçonnées, surtout si elles sont adossées à un mur bien exposé, engrangent quelques degrés bienvenus pour les plantes frileuses. La nuit venue, cette chaleur est libérée et crée des conditions favorables. Le revers de la médaille est qu’en journée, la chaleur renvoyée peut vite créer une fournaise. En hiver, ces surfaces peuvent en revanche rester très froides et transmettre ce froid aux potées posées à leur surface ; il est alors plus prudent de surélever légèrement les pots, sur de petites cales par exemple, pour isoler davantage les racines.
  • Les jardins de graviers ou les rocailles présentent souvent un drainage appréciable, en particulier au niveau du collet des plantes (partie entre les racines et les tiges), jonction souvent sensible à l’excès d’humidité. Outre ce rôle de filtre, les graviers jouent un rôle thermique, tout comme les roches et rochers, sous lesquels les plantes trouvent des zones plus fraîches, où récupérer un peu d’humidité nécessaire à leur santé.
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Une terrasse minérale va capter le rayonnement du soleil toute la journée. Un jardin de gravier est utile pour faire pousser des plantes nécessitant beaucoup de drainage

Les bassins, ruisseaux et fontaines, sources de fraîcheur

Le bruit de l’eau produit par un aménagement aquatique, qu’il s’agisse d’un bassin, d’une fontaine ou d’un petit cours d’eau, procure un sentiment de fraîcheur recherché lors des chaudes journées d’été. Mais le bénéfice n’est pas qu’illusoire. L’eau, en s’évaporant, participe à l’hydratation de l’air ambiant, dont profitent les plantes alentours. Vous pouvez recréer artificiellement un microclimat assez proche si vous cultivez des plantes en pot, sur un balcon par exemple: il vous suffit de remplir à ras bord une soucoupe de graviers ou de billes d’argiles, puis de compléter avec de l’eau. Posez ensuite votre pot sur la soucoupe. Les racines ne baigneront pas dans l’eau, mais celle-ci s’évaporera progressivement, créant une atmosphère plus fraîche autour de la plante. Pensez simplement à compléter le niveau de temps en temps.

Dans le cas de points d’eau naturels dans le sol (c’est-à-dire qui n’ont pas nécessité la pose d’une coque en plastique et d’une bâche), les berges sont également hydratées par capillarité et ruissellement. La terre aux abords est alors bien plus fraîche et humide que dans le reste du jardin, et peut ainsi accueillir une large gamme de plantes de berge.

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Un bassin, si petit soit-il, apporte une réelle sensation de fraicheur ! (photo : G. David)

Entraide au sein d'un massif

Les plantes installées ensemble dans un massif peuvent également s’entraider.

  • Les plus hautes procurent de l’ombre aux plus petites, et chacune peut aider l’autre à mieux résister au vent.
  • Les plantes couvre-sol protègent la terre des rayons du soleil, tout en limitant l’évaporation.
  • En été, la transpiration de chaque plante peut bénéficier à ses voisines avant de se disperser dans l’atmosphère.
  • En hiver, serrées les unes contre les autres (sans pour autant s’étouffer), et même sèches, chacune peut jouer un rôle protecteur contre le froid et le vent. Pensez-y avant de nettoyer trop drastiquement vos massifs à l’entrée de la mauvaise saison.
  • Vous pouvez recréer ces conditions sur un balcon ou une terrasse, en regroupant vos pots en îlots, près d’un mur par exemple, pour bénéficier de quelques degrés supplémentaires.

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