Pourquoi certains cépages de vigne sont-ils interdits en France ?

Dans le monde du vin, non, tous les cépages ne sont pas égaux ! Certains, comme le Cabernet Sauvignon ou le Chardonnay, sont adoubés pour leur capacité à produire des vins de haute qualité. D'autres, comme 'Isabelle', 'Noah' ou 'Othello' en revanche, sont relégués à l'interdiction. C’est le cas des variétés hybrides de cépages américains interdites depuis près de 90 ans en France. L'univers viticole est régi par des règles strictes qui ont pour objectif de préserver la qualité des vins et la santé des consommateurs. Parmi ces réglementations, l'interdiction de certaines variétés de Vignes à raisin (Vitis vinifera) suscite à la fois curiosité et controverse. Pourquoi certaines vignes sont-elles interdites ? Quelles sont les sanctions encourues pour les viticulteurs et les alternatives légales pour ceux qui souhaitent cultiver des vignes en respectant les normes en vigueur ?

Quelles sont les vignes interdites et pourquoi ?

Bannies, prohibées, interdites, défendues, éradiquées, certaines vignes n’ont plus le droit de cité en France. L'interdiction de certains cépages remonte au début du XX^e siècle en Europe. On trouve son origine dans l’attaque du phylloxéra en 1863, un insecte piqueur qui décima le vignoble français et européen. Ce sont des hybrides issus de cépages américains plus résistants qui sauvèrent le vignoble français de ce fléau. Parmi eux, six cépages hybrides américains sont toujours sur la liste noire en viticulture professionnelle depuis 1935 : 'Clinton', 'Noah', 'Isabelle', 'Jacquez', 'Othello', et 'Herbemont'. Les raisons ? Elles sont multiples et pour la plupart infondées. Certains cépages, par exemple, étaient accusés de rendre fous, voire aveugles leurs consommateurs, d’autres de contenir des niveaux toxiques d'acide cyanhydrique (un dérivé du cyanure) ou une teneur trop élevée en méthanol, et d’autres encore d’être tout simplement médiocres, sans corps ni structure, de la "piquette" avec un "goût détestable" d'urine de renard. Ce sont ces cépages hybrides, souvent issus de croisements entre Vitis vinifera et d'autres espèces de Vitis, que les autorités françaises décidèrent d’interdire en pleine crise de surproduction viticole française, pour ne conserver que les cépages dits « nobles », greffés et pourtant bien plus sensibles aux maladies et attaques parasitaires. Une façon comme une autre de réguler la surproduction de l'époque… Car, étrangement, ces vignes anciennes hybrides se montrent plus résistantes aux maladies cryptogamiques (oïdium, mildiou…). Elles se passent de traitement phytosanitaire et pourraient être une alternative aux pesticides.

Raisins de la colère et vignerons rebelles

L’interdiction perdure aujourd’hui en France, comme dans tous les pays de l’Union européenne. C’est pourquoi, aujourd’hui, elle fait l'objet d'un débat croissant. Un mouvement de remise en cause gagne du terrain. Des viticulteurs et chercheurs remettent en question le bien-fondé de ces interdictions, défendent la valeur génétique et la résilience de ces cépages, en argumentant qu'ils pourraient avoir leur place dans une viticulture plus durable et diversifiée. Armés de nouvelles méthodes de culture et de contrôles qualitatifs, ils plébiscitent une réévaluation des variétés proscrites, souvent en vue de pratiques plus durables et écoresponsables qui pourraient permettre d'atténuer ou de résoudre certains des problèmes associés à ces variétés. Plus tolérantes au changement climatique, et cultivables sans pesticides, et si ces raisins interdits devenaient la fine fleur du monde viticole ?

Quelles sont les sanctions en cas de plantation de vignes interdites ?

Cultiver ou vendre ces hors-la-loi de la vigne quand on est vigneron professionnel n'est pas sans risques. La législation est stricte. En cas de non-respect de ces réglementations, les sanctions peuvent être sévères. La plantation ou la commercialisation de ces cépages interdits peuvent entraîner des sanctions allant de lourdes amendes financières jusqu'à la destruction pure et simple des plants en question. Dans les cas les plus extrêmes, une peine de prison peut même être envisagée, surtout si la plantation illégale a entraîné des risques sanitaires ou environnementaux conséquents. Ces mesures sévères visent à protéger la qualité du vin produit en France, mais également à sauvegarder la santé publique.

Quelles sont les variétés de vignes alternatives ?

Si vous cherchez à cultiver des vignes sans risquer des sanctions, des alternatives légales existent. En réalité, les cépages autorisés pour la production de vin de France qui peuvent être plantés, replantés ou greffées aux fins de la production vitivinicole sont légion. Les cépages de cuve plus ou moins précoces destinés à faire du vin (Merlot, Cabernet, Sauvignon, Riesling…) restent des choix populaires, mais de nombreux autres cépages légaux proposent des caractéristiques œnologiques intéressantes et sont bien adaptés à différents types de terroir. Ces variétés alternatives peuvent être une excellente manière de produire des vins de qualité tout en respectant la législation en vigueur. Vous pouvez par ailleurs choisir des variétés telles que les vignes Ampelia®, très résistantes aux maladies cryptogamiques et qui ne nécessitent peu ou pas de traitements. Parmi les classiques : 

• Le Cabernet Franc : est un cépage d'origine bordelaise, qui produit des grappes de petite taille, aux baies sphériques de couleur bleu-noir. La peau du raisin est épaisse, ce qui le rend résistant aux maladies. Le goût du raisin est généralement frais, légèrement poivré et avec des nuances de framboise.
• Le Merlot : est un cépage emblématique de Bordeaux, adapté aux climats tempérés qui se plait dans des sols argilo-calcaires. Ses baies, de couleur noir bleuté, sont charnues et sucrées. Le raisin offre un vin aux arômes fruités, notamment de cerise et de prune.
• Le Pinot Noir : originaire de la Bourgogne, il est également particulièrement adapté aux climats tempérés. Il présente des grappes de petite à moyenne taille, aux baies noires et légèrement ovales. Le goût du raisin est très dépendant du terroir, mais il présente habituellement des notes de fruits rouges comme la framboise.
• Le Sauvignon Blanc : Originaire de la vallée de la Loire en France, ses baies sont petites, rondes et de couleur vert pâle. Le goût est généralement très aromatique, avec des notes d'agrumes et de fruits tropicaux. Il est adapté aux climats frais.
• Le Riesling : est un cépage d'origine allemande qui prospère dans des climats plus frais. Les grappes de raisins sont petites, aux baies de couleur vert-jaune. Le goût est riche en arômes, avec des nuances d'abricot et de pêche.
• Le Chardonnay : originaire de Bourgogne, il est très versatile et s'adapte à de nombreux types de sols et de climats. Les baies sont vertes et plutôt petites, avec un goût neutre qui prend les caractéristiques du terroir et de la vinification.
• Pour bien choisir, rendez-vous sur cet article : « Vigne à raisin : choisir la bonne variété »
• Pour consulter la Liste des variétés de raisins de cuve aux fins de la production vitivinicole