
Le taon, un insecte saisonnier et redoutable
Tout savoir sur le taon : espèces, cycle de vie, dangers et méthodes de prévention
Sommaire
Qui s’est déjà fait piquer par un taon s’en souvient ! Car cette piqûre (ou plutôt morsure) est particulièrement douloureuse, voire allergisante et source de rougeurs et de gonflements. Le taon, ce redoutable diptère, fait partie de ces insectes saisonniers que les jardiniers redoutent autant qu’ils l’observent avec curiosité. Présent dans les zones humides et rurales, il n’épargne ni l’homme ni les animaux, et ses morsures peuvent rendre les travaux d’extérieur difficiles en plein été.
Découvrez tout ce que vous devez savoir sur le taon, de son cycle de vie aux différentes espèces présentes sur le territoire, pour mieux le reconnaître et apprendre à s’en prémunir.
Le taon, un diptère au mode de vie saisonnier
Le taon appartient à l’ordre des Diptères, comme les mouches, les moustiques ou les syrphes. Il fait partie de la famille des Tabanidés, qui regroupe plusieurs centaines d’espèces dans le monde. Ces insectes qui ressemblent à s’y méprendre à de grosses mouches plates, possèdent un corps massif, robuste et trapu, de grands yeux omniscients à facettes colorées, et des ailes développées.
Seule la femelle pique
Le mâle est exclusivement floricole car il se nourrit du nectar des fleurs et des écoulements de sève. En revanche, la femelle est hématophage : pour assurer le développement de ses œufs, elle a besoin de protéines, qu’elle trouve dans le sang des bovins, des chevaux, mais aussi des humains. Alors que les moustiques piquent, la femelle taon “mord”. En effet, elle est dotée de mandibules tranchantes pour découper une petite portion de chair, provoquant un saignement immédiat. Comme elle injecte une substance anti-coagulante, elle a le temps de laper le sang qui s’écoule grâce à ses pièces buccales spongieuses. Cette morsure est particulièrement douloureuse, souvent source de stress chez les bovins, les chevaux et les cervidés. Les taons sont considérés comme des ectoparasites.

Les taons ressemblent à de grosses mouches plates et trapues, avec de grands yeux colorés
Une présence accrue en été
On observe les taons principalement de mai à septembre, avec un pic d’activité en juillet-août, période où la chaleur et l’humidité favorisent leur développement. Leur présence est particulièrement marquée près des zones boisées, des étangs, des prairies humides, des abords de pâtures, des fermes et des centres équestres. Leur cycle de vie est intimement lié à ces milieux, où ils trouvent à la fois des hôtes pour se nourrir et des sites de ponte adaptés.
Le cycle de vie des taons, complexe et discret
Comme pour la plupart des insectes, le cycle de vie du taon se déroule en quatre grandes étapes : œuf, larve, nymphe et adulte.
En automne, la femelle fécondée pond entre 100 et 1000 œufs par grappe sur la végétation basse située près d’un sol humide ou détrempé, à proximité immédiate d’une mare, d’un fossé ou d’un sol inondé, car les larves ont besoin d’un fort taux d’humidité pour survivre.
Après quelques jours, les œufs éclosent et donnent naissance à des larves cylindriques et effilées, mobiles, dotées de puissantes pièces buccales. Ces larves, quasi aquatiques, sont détritivores, ou bien carnivores et prédatrices : elles se nourrissent de matières végétales en décomposition, de bois pourri, mais aussi de vers, de petits insectes et parfois même d’autres larves de taon. Leur développement dure plusieurs mois, parfois plus d’un an selon l’espèce et les conditions. Elles passent ensuite au stade nymphal, qui se déroule dans le sol ou entre les débris végétaux humides. L’émergence de l’adulte a généralement lieu au printemps ou en début d’été, aux alentours du mois de mai.
Les différentes espèces de taons les plus courantes dans nos campagnes
En France, plusieurs espèces de taons coexistent, chacune ayant ses préférences écologiques et ses caractéristiques morphologiques. Trois genres sont particulièrement fréquents : Tabanus, Haematopota et Chrysops.
- Le taon des bovins (Tabanus bovinus) est l’une des espèces les plus répandues. Il mesure jusqu’à 2,5 cm de long, avec un corps brun clair à gris, et des ailes transparentes. C’est une espèce typique des pâturages et des prairies humides.
- Le taon des chevaux ou taon des pluies (Haematopota pluvialis), est plus petit, autour de 1 cm, mais redouté pour sa rapidité. Il est reconnaissable à ses ailes marbrées et à ses yeux très colorés, souvent irisés. Très actif par temps chaud et orageux, il attaque souvent les jambes et les bras nus.
- Le taon doré ou taon d’automne (Chrysops relictus), est facilement identifiable grâce à ses yeux aux motifs verts et violets et ses ailes sombres marquées de taches claires. Il fréquente les sous-bois humides, les clairières et les lisières de forêts.
- Le petit taon aveuglant (Chrysops caecutens), est de taille modeste (8 à 11 mm), de couleur noire, avec des yeux verts ou rouges suivant l’orientation. Il se nourrit plus facilement de pollen que de sang.
Dans le sens des aiguilles d’une montre, le taon des bovins, le taon doré et le taon des pluies
Ces trois genres représentent l’essentiel des interactions humaines avec les taons en contexte de jardinage ou d’activités de plein air. Leur comportement est influencé par la météo : ils deviennent particulièrement agressifs en fin de journée ou juste avant une pluie orageuse.
Quels sont les risques d'une piqûre de taon ?
Je vous l’accorde, le terme “piqûre” est erroné, car Madame taon mord la peau plus qu’elle ne pique. Mais le résultat est le même. Cette morsure est particulièrement douloureuse et qui en a fait l’expérience s’en souvient. Au-delà de la douleur, cette piqûre provoque souvent une vive sensation de brûlure, suivie d’un œdème local, d’une rougeur très marquée et parfois de démangeaisons persistantes. Chez certaines personnes sensibles, elle peut déclencher une réaction allergique plus intense, allant jusqu’à une enflure étendue, une urticaire ou de la fièvre.
Bien que les taons ne soient pas considérés comme de grands vecteurs de maladies en France, des cas de transmission mécanique de bactéries ou de parasites ont été observés, notamment dans le milieu animal. Le risque de transmission de la fièvre charbonneuse (maladie du charbon), de la pasteurellose et de la tuléramie, est rare mais existe, surtout chez l’animal. Chez l’homme, les risques concernent surtout les surinfections bactériennes dues au grattage ou au manque d’hygiène de la plaie. En cas de réaction forte, il est préférable de consulter un médecin qui peut prescrire des antibiotiques.
Comment limiter la présence des taons au jardin ?
Pour les jardiniers, la question n’est pas tant de les éradiquer que de les éloigner ou de se prémunir contre leurs attaques.
Les gestes de prévention et de lutte au jardin
Les zones les plus attractives pour les taons sont les jardins proches d’un point d’eau stagnante, d’une mare ou d’une prairie humide. Si ces éléments sont indispensables à l’équilibre écologique du jardin, il peut être utile d’éviter qu’ils deviennent des foyers larvaires. Le maintien d’une bonne aération des zones humides, la suppression des flaques permanentes, et l’entretien régulier des berges, des mares naturelles et des bassins permettent de limiter les sites de ponte. Évitez aussi l’eau stagnante dans les coupelles des pots de fleurs, les récupérateurs d’eau de pluie ouverts, les gamelles d’eau des animaux, tant pour les taons que pour les moustiques. Si vous habitez près d’une zone d’élevage bovin ou près d’un centre équestre, la présence des taons sera encore plus prégnante.
Venus du monde professionnel, les pièges à taons qui prennent la forme de boules noires, suspendues et chauffées par le soleil, se montrent relativement efficaces si les taons pullulent dans votre jardin. Ces dispositifs exploitent l’attraction visuelle et thermique des taons pour piéger les femelles, qui confondent la sphère noire avec un hôte vivant. Ces pièges sont totalement naturels et ne contiennent aucun produit chimique.


Bien qu’onéreux, les pièges à taons se montrent très efficaces, surtout si vous habitez près d’une exploitation agricole ou d’un centre équestre
D’autres précautions utiles
L’habillement joue également un rôle crucial. Les taons sont attirés par les couleurs sombres et les contrastes nets. Il est donc conseillé de porter des vêtements longs, clairs et amples lorsqu’on travaille dans des zones à risque. Certains jardiniers utilisent aussi des filets de tête, semblables à ceux des apiculteurs, pour se protéger durant les périodes de forte activité.
Les taons semblent aussi attirés par les odeurs corporelles de transpiration. Les huiles essentielles de citronnelle, de géranium rosat, d’eucalyptus citronné ou de lavande aspic sont relativement efficaces en diffusion sur les vêtements ou en application locale diluée. Elles masquent l’odeur corporelle et déroutent les taons, mais leur efficacité reste limitée dans le temps et dépend beaucoup des conditions météo. Il faut aussi éviter les parfums forts et les produits cosmétiques sucrés.
Cependant, même si les taons restent une nuisance, leur présence reflète aussi la richesse écologique d’un jardin naturel. Leur cycle dépend de nombreux prédateurs et régulateurs naturels, notamment les oiseaux insectivores, les libellules, les chauves-souris ou certains amphibiens.
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