Le mildiou : identification, traitement, prévention

Le mildiou : identification, traitement, prévention

Tout ce que vous devez savoir sur cette maladie fongique qui touche de nombreuses plantes

Sommaire

Créé le jeudi 3 juillet 2025  par Pascale 7 min.

S’il est une maladie récurrente dans les potagers et les jardins d’ornement, c’est bien le mildiou. Cette maladie fongique s’attaque souvent aux plantes les plus cultivées et peut vite faire des ravages, surtout les années humides. Sa propagation rapide, ses dégâts sur les feuilles, tiges et fruits, ainsi que son impact sur la santé des cultures en font une menace redoutée. Pour un jardinier débutant ou même plus aguerri, détecter le mildiou et réagir à temps peut sembler complexe : faut-il arracher une plante infectée ? Quel remède naturel utiliser ? Et surtout, comment éviter que cette maladie ne revienne chaque saison ?

Découvrez tout ce que vous devez savoir sur le mildiou, de l’identification des premiers symptômes aux traitements naturels, sans oublier les gestes de prévention pour limiter l’impact de cette maladie saisonnière.

Difficulté

Qu'est-ce que le mildiou ?

Le mildiou est une maladie fongique ou cryptogamique, causée par plusieurs champignons parasites du type Phytophthora, Peronospora ou Plasmopara. Les différentes espèces de champignons responsables du mildiou sont en général spécifiques de leurs plantes hôtes. À titre d’exemple, Phytophtora infestans se développe plus sur les Solanacées (tomates, pommes de terre, poivrons, aubergines), Peronospora farinosa sur les épinards, Plasmopara viticola sur la vigne…

Le champignon hiverne sous forme de spores l’hiver ou de mycélium sur les parties des plantes vivantes. Le mildiou est en fait d’un oomycète, c’est-à-dire un microorganisme vivant dans des milieux humides, qui a besoin d’eau pour libérer ses spores. Pendant la période végétative, les plantes s’infectent surtout par les stomates, et les spores germent lorsque l’humidité est élevée à cause des intempéries et de la rosée. La maladie se répand ensuite par les éclaboussures, par le vent ou par contact direct.

mildiou sur la vigne traitement prévention

Développement de Plasmopara viticola sur des feuilles de vigne

Typiquement, le mildiou se développe à des températures allant de 15 à 25 °C associées à une forte humidité. Les années sèches, le mildiou ne fait pratiquement pas de dégâts.

Quelles sont les causes du mildiou ?

Un temps chaud et humide, dû à des pluies fréquentes, une rosée intense et un taux d’hygrométrie élevé, favorise une multiplication rapide des champignons responsables. Et ce dès le printemps. Pourtant, d’autres facteurs accentuent l’apparition du mildiou :

  • Des températures modérées allant de 15 à 25 °C , avec un pic de développement entre 18 et 22 °C
  • La densité de plantation : si les plants potagers sont plantés trop serrés, l’humidité stagne et l’air circule mal
  • Un arrosage inadapté, avec de l’eau projetée sur le feuillage plutôt qu’au pied des plantes, est propice au développement fongique
  • Un drainage du sol insuffisant maintient là encore une humidité néfaste qui va précipiter le développement des champignons
  • La présence de restes de culture contaminés, comme des feuilles ou des fruits, abritant les spores qui survivent en hiver.

Si les conditions météorologiques ont un impact énorme sur l’apparition du mildiou, certaines pratiques culturales augmentent les risques.

Comment reconnaître le mildiou ?

Plusieurs symptômes permettent d’identifier le mildiou qui touche tout autant le feuillage que les tiges ou les fruits. Pour commencer, des taches blanc jaunâtre apparaissent à la face supérieure des feuilles. Et sur le revers des feuilles se développe un feutrage blanc à gris violacé. Parfois les taches peuvent être légèrement bombées. Sur les Solanacées, les taches irrégulières évoluent du jaune clair au brun, et se concentrent sur les feuilles et les tiges. Chez les pommes de terre, des taches brun gris, déprimées, se forment sur les tubercules. Sous les taches, la chair est rouille, une couleur signe de pourriture. Chez les tomates, ce sont souvent les fruits qui sont touchés par des taches irrégulières, vert brun à noir. Sur l’oignon, le mildiou est particulièrement dangereux car les feuilles entières meurent et la croissance des oignons est interrompue.

mildiou tomates traitement et prévention

Traces de mildiou sur un plant de tomates

En parallèle, on note un brunissement des tiges, qui deviennent parfois cassantes ou visqueuses. Les fruits touchés comme les tomates pourrissent, se couvrent de taches et éclatent. L’extrémité du feuillage meurt.

Les symptômes du mildiou peuvent être considérés comme similaires à ceux de l’oïdium. Pourtant, ils sont différents : l’oïdium forme un poudrage blanc sur la face supérieure des feuilles, le mildiou sur la face inférieure.

Quelles plantes sont concernées par le mildiou ?

Le mildiou touche principalement différents légumes, la vigne et plus rarement, quelques plantes ornementales :

Comment traiter le mildiou naturellement ?

Si le mildiou s’est installé, il faut agir très vite dès les premiers symptômes. Cette intervention s’appuie sur des traitements curatifs, mais aussi sur des méthodes mécaniques.

Les interventions sur les parties atteintes

Dans un premier temps, il faut supprimer avec soin toutes les parties infectées (feuilles, tiges, fruits) dès les premières lésions en utilisant des gants. Ne les jetez surtout pas au compost, car les champignons risquent d’y survivre. Le brûlage étant interdit, il est recommandé de les emmener à la déchèterie.

Après cette suppression des parties malades, voire des plants complets atteints, nettoyez et désinfectez avec le plus grand soin les outils pour éviter toute contamination croisée. Ensuite, il faut nettoyer le sol de tous les débris végétaux qui pourraient y rester.

Les traitements curatifs

Il va falloir mettre en place des traitements répétés :

  • Décoction de prêle : elle est reconnue pour stimuler les défenses naturelles. Elle s’utilise diluée à 5–10 % et se pulvérise dès les premiers signes
  • Décoction d’ail : il suffit de faire infuser 20 g d’ail haché dans 1 litre d’eau, de laisser macérer 24 h, de filtrer et de pulvériser
  • Bicarbonate de soude : comptez 5 g pour 1 litre d’eau puis ajoutez quelques gouttes de savon noir. Cette préparation agit en modifiant le pH de surface des feuilles
  • En cas d’attaque importante, passez à la bouillie bordelaise en respectant bien les dosages indiqués sur les emballages.

Comment prévenir le mildiou ?

Logiquement, on ne peut guère interférer sur les conditions climatiques. La seule solution consiste à construire des abris de type tunnel pour certains légumes comme les tomates pour les protéger des intempéries, ou de cultiver sous serre. Mais il est possible de prendre quelques précautions et d’adopter de bonnes pratiques culturales pour éviter le développement du mildiou. La lutte peut donc être préventive :

En termes de pratiques culturales, il est essentiel de laisser un espacement adéquat entre les plants pour faciliter l’aération. Ainsi, des distances de 40 à 50 cm entre les plants de tomates, ou 1 m entre les courgettes sont recommandées. En cas de forte attaque, il faut absolument appliquer une rotation des cultures au moins triennale. Enfin, la taille doit toujours être modérée, en particulier sur les tomates dont on supprime les gourmands et les feuilles basses. De même, il faut éviter de cultiver des légumes sensibles dans des endroits humides et bien maintenir le sol meuble. Et, dans la mesure du possible, éviter de cultiver les pommes de terre à proximité des tomates, des poivrons et des aubergines.

L’arrosage doit aussi être raisonné, au pied uniquement sans mouiller le feuillage, de préférence le matin pour favoriser l’évaporation rapide. Les systèmes de goutte-à-goutte fonctionnent très bien pour éliminer l’humidité foliaire.

mildiou solutions de prévention

La culture à l’abri des intempéries et l’arrosage raisonné permettent d’éviter le développement du mildiou

Le choix des variétés est primordial, entre autres chez les pommes de terre, les tomates, les laitues et les épinards. Certaines variétés sont en effet reconnues pour leur résistance au mildiou. Pour les pommes de terre et les tomates, nous vous invitons à consulter nos articles : Les pommes de terre résistantes au mildiou et Sélection de 7 tomates qui résistent au mildiou. Il faut aussi veiller à acheter des graines de qualité et examiner les semences qu’on peut vous donner.

Des pulvérisations préventives de décoction de prêle ou de décoction d’ail peuvent être faites toutes les deux semaines en période humide. Le purin d’ortie va stimuler la croissance et renforcer les défenses immunitaires. Les pulvérisations de bouillie bordelaise peuvent être poursuivies en cours de végétation et de croissance, mais elles doivent être stoppées au moins 15 jours avant la récolte des fruits.

Le mildiou dans l'histoire

En 1845, l’Irlande connaît des conditions climatiques catastrophiques en été. Les pluies tombent quotidiennement. Les pommes de terre, qui constituent l’essentiel de l’alimentation des Irlandais, sont gravement touchées par le mildiou. La moitié des récoltes sont détruites, plongeant le pays dans une famine terrible. Les enfants et les vieillards sont les plus touchés. Certains, déjà bien affaiblis, migrent vers les États-Unis mais ne parviennent pas au bout du voyage. Dans le même temps, les céréales cultivées sur l’île sont envoyés vers l’Angleterre, ce qui ne fait qu’accentuer la famine.

Le mildiou s’attaque aussi très souvent à nos vignobles. Il a été décrit la première fois en 1878 en Gironde, certainement transporté par les botanistes et les collectionneurs de plantes exotiques, au même titre que le phylloxera.

Commentaires

soigner et prévenir le mildiou