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Depuis des siècles, la nature constitue une source inestimable de soins et de guérison, avec les arbres au centre de cette tradition. La thérapie par les arbres, ou dendrothérapie, trouve son origine dans diverses cultures, en particulier en Asie, où elle est un pilier de la médecine traditionnelle chinoise et ayurvédique. Actuellement, cette pratique connaît une renommée croissante dans le monde entier, grâce à une prise de conscience accrue des bienfaits de la nature pour notre santé physique et mentale.
Cures de sève de bouleau et décoction d’écorces… Quels sont les arbres guérisseurs, qui soulagent nos maux grâce à leurs troncs solides, bourgeons, sève et autres chatons ? Petite revue en détail avec cette balade en forêt et dans nos jardins !
Les bourgeons, ou gemmes, seraient de véritables réservoirs d’énergie et de vitalité. Leurs vertus font même partie d’une branche de la phytothérapie, la gemmothérapie. Non seulement les bourgeons frais, mais aussi les jeunes pousses et radicelles des arbres et arbustes sont utilisés, broyés. Parmi les plus intéressants et faciles à trouver au jardin ou dans la nature, nous trouvons :
N.B: Tous ces bourgeons sont préparés sous forme de macérats glycérinés, des extraits où vont macérer une base de bourgeons frais, d’eau, d’alcool à 90° et de glycérine, ce qui permet d’extraire une solution concentrée en principes actifs.
Les écorces, quant à elles, sont reconnues pour leur richesse en principes actifs bénéfiques pour la santé. On se sert du liber, sorte de d’écorce interne de l’arbre, conducteur de la sève élaborée . Voici une liste des écorces les plus utilisées :
– L’écorce de bouleau (encore lui, notre arbre à tout faire !) : diurétique, elle stimule aussi la digestion. Elle est dite également fébrifuge (contre la fièvre)
– L’écorce de saule blanc (Salix alba) : utilisée depuis des millénaires pour ses propriétés analgésiques, elle est à l’origine de l’aspirine. Elle est généralement récoltée à l’automne et utilisée à raison de 2 à 5 g pour une tisane.
– L’écorce de chêne (Quercus spp.) : arbre vénérable, sacré dans de nombreuses cultures, on utilise son écorce depuis des temps reculés. Elle est reconnue pour de multiples vertus, dont ses propriétés astringentes, antidiarrhéiques et antiseptiques, mais aussi pour apaiser certaines maladies de peau comme l’eczéma, les démangeaisons et les lésions cutanées. La récolte a lieu au printemps sur des arbres plutôt jeunes en automne. Privilégier le chêne rouvre (Quercus robur) ou le chêne blanc (Quercus pubescens). On prépare une décoction d’écorce en faisant bouillir quelques minutes les écorces dans l’eau, à appliquer en compresse. Comptez entre 5 g et 10g pour une décoction.
– L’écorce d’orme (Ulmus spp.) : utilisée pour soulager les problèmes digestifs ou d’antitussif en décoction. Réduite en poudre puis en pâte, elle sert à confectionner des cataplasmes pour des blessures superficielles ou des abcès.
– L’écorce de tilleul (Tilia spp.) : elle est utile pour apaiser les nerfs et favoriser le sommeil, mais a aussi des vertus antispasmodiques et drainantes sur le foie et les reins. La récolte se fait au printemps, généralement sur les Tilia platyphyllos, Tilia argentea et Tilia cordata. Prévoir utilisation de 2 à 5 g pour une tisane.
Ces écorces sont généralement préparées sous forme de décoctions ou d’infusions. Pour ce faire, on les sépare de l’arbre sans le blesser, on les laisse sécher et on les réduit en poudre grossière puis on les utilise en infusion.
On connait surtout les bénéfices de la sève de bouleau (décidément…), réputée riche en oligo-éléments (cuivre, magnésium et fer) et en anti-oxydants, souvent utilisée en cure saisonnière comme détoxifiant de l’organisme.
La récolte de la sève brute a lieu vers la fin de l’hiver, à partir de mi-février jusqu’à mi-mars, lorsque la sève remonte juste les gelées, et que les bourgeons ne sont pas encore apparus. La sève de bouleau se récolte pendant 3 semaines environ, en entaillant les sujets matures de Betula pubescens ou de Bouleau commun (Betula pendula aussi appelé bouleau pleureur ou blanc, ou encore bouleau verruqueux). Le liquide s’écoulant sera plus important sur des arbres exposés au sud, qui subissent une forte amplitude thermique dans la journée. Il est très légèrement sucré et opalescent.
Il ne faut pas la confondre avec le jus de bouleau, issu lui d’une décoction des feuilles de l’arbre, ou le sucre de bouleau, que l’on obtient en faisant bouillir la sève jusqu’à une réduction en sirop.
Quant au sirop d’érable, bien connu des québécois, il est issu de la sève des Acer saccharum (érables à sucre), que l’on fait chauffer pour obtenir une gourmandise, elle aussi riche en anti-oxydants (et en saccharose !).
Les arbres dits amentifères produisent des inflorescences mâles souples et pendantes appelées « chatons », apparaissant avant les feuilles. Le plus connu est le chaton du noisetier, mais on trouve aussi le chaton chez le bouleau et les saules. Certains de ces arbres ont des vertus curatives :
– Le bouleau (Betula spp.) : ses chatons sont diurétiques et dépuratifs, aidant à éliminer les toxines du corps. Ils sont récoltés au printemps et utilisés à raison de 2 à 4 g pour une tisane.
– Le noisetier (Corylus avellana) : les chatons ont des propriétés astringentes, utiles en cas de diarrhée ou de blessures. Ils sont récoltés à la fin de l’hiver et utilisés à raison de 2 à 3 g pour une tisane.
– Le saule (Salix spp.) : ses chatons sont utilisés pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Ils sont récoltés au printemps et utilisés à raison de 3 à 5 g pour une tisane.
N.B. : Les chatons sont généralement utilisés sous forme de tisanes ou de macérats.
Quand on parle d’arbres « guérisseurs », on ne peut ignorer la sylvothérapie dont on a beaucoup entendu parler dans les médias ces dernières années, à renfort de vidéos ou de reportages prônant les bienfaits de séances de « calinothérapie » dans la forêt.
La sylvothérapie, ou thérapie forestière, implique plus que l’utilisation des bourgeons, écorces et autres chatons. Elle englobe l’arbre et son environnement, les bruits, les odeurs qui participent à l’immersion dans la nature. On y capte l’énergie des arbres, via leur étreinte, l’écoute du vent dans les feuilles et les sensations que cela provoque sur notre esprit. Cette pratique où la respiration joue également un grand rôle, est aussi appelée bain de forêt ou « shinrin yoku » car elle nous vient du Japon. Elle a ses adeptes car elle apporte un apaisement mental. Des études scientifiques l’ont récemment prouvé, ces balades en forêt avec un contact au plus près des arbres réduisent le stress, renforcent le système immunitaire et améliorent la qualité du sommeil.
En médecine ayurvédique, l’usage des arbres est tout aussi important. La pharmacopée indienne voue depuis des millénaires un culte à certaines essences indigènes. L’arbre de Neem ou véritable lilas de Perse (Azadirachta indica) par exemple, est utilisé pour ses propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires. L’arbre de Moringa (Moringa oleifera) est réputé pour ses feuilles riches en nutriments et pour soulager les affections dentaires. Le Pin (Pinus spp.) est apprécié pour ses résines aux vertus antiseptiques et expectorantes.
N’oubliez pas que le respect de la nature est primordial lors de la récolte des plantes et que la durabilité est la clé pour maintenir l’équilibre de nos précieux écosystèmes. Attention à ne pas récolter n’importe où : la loi interdit de prélever la sève dans les forêts, bois et lieux publics sous peine d’amende, et les récoltes sont limitées à certaines quantités. On peut bien sûr demander l’autorisation au propriétaire d’un terrain, le mieux étant de récolter écorces, bourgeons, sève et chatons dans son propre jardin.
Les usages médicinaux précités ne sont pas tous confirmés par des études scientifiques sérieuses. On utilise les bienfaits des arbres en mode préventif essentiellement.
L’automédication et la médecine douce, même à base de produits naturels, n’est pas sans risques. Bien que les arbres et les plantes offrent de nombreux bienfaits pour la santé, il est important de noter que les informations fournies dans cet article ne remplacent en aucun cas les conseils d’un professionnel de la santé. Chaque individu est unique et peut réagir différemment à certaines plantes. Il existe notamment des contre-indications chez les femmes enceintes, les enfants ou les personnes atteintes de certaines pathologies. De plus, certaines plantes peuvent interagir avec des médicaments et entraîner des effets indésirables. Enfin, les dosages indiqués dans cet article sont donnés à titre indicatif. Ils doivent être validés avec un professionnel de santé qualifié dans ce domaine (phytothérapeute, herboriste, pharmacien…).
Il est donc essentiel de consulter un médecin, un pharmacien ou un herboriste avant de commencer toute nouvelle routine de soins à base de plantes. Ils pourront vous aider à déterminer quelles plantes sont les plus appropriées à votre situation, comment les utiliser en toute sécurité et à quelle dose.
Pour tout savoir sur les préparations et des arbres de nos régions à employer, nous vous conseillons l’indispensable livre Les arbres nourriciers et médicinaux, 260 recettes culinaires et médicinales avec les arbres de notre flore. Karine Greiner. Ed Ulmer. 2019.
… et plus ancien, néanmoins, un bel ouvrage de référence : le livre des arbres et de la santé : l’observation, la connaissance et l’expérimentation des pouvoirs et vertus thérapeutiques des arbres de René A. Strassmann. Ed. Libr. de Médicis. 1996.
La thématique de la sylvothérapie est aussi très présente en librairie au rayon « développement personnel », avec entre-autres L’art et la science du bain de forêt, comment la forêt nous soigne ? De Qing Li. 2018. Ed First.
À lire aussi : Les bienfaits du bouleau, ce que les études scientifiques révèlent
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