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Les plantes et la sorcellerie

Les plantes et la sorcellerie

Histoire et légendes des plantes magiques

Sommaire

Mis à jour le 18 Mars 2024  par Gwenaëlle 10 min.

Les rituels ancestraux à base de plantes pour créer philtres, potions enchantées et autres élixirs fascinent. Si le mot sorcellerie fait peur, la sorcellerie « moderne », aussi appelée magie blanche ou la magie verte, porte en elle une pratique bienfaisante de l’usage des plantes.
Entre plantes du diable, plantes médicinales et plantes sacrées, croyances ou pure symbolique, nous vous en disons un peu plus sur le monde enchanté des plantes magiques.

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Difficulté

Magie et sorcellerie : une histoire végétale ancienne

Depuis la nuit des temps, l’homme a utilisé les plantes, non seulement pour se nourrir ou se soigner, mais aussi dans sa quête de connaissances ésotériques et de pouvoir. Les plantes ont ainsi souvent été au centre de pratiques mystiques et de croyances, où elles sont devenues des talismans et des ingrédients clés de potions et de rituels. Elles sont passées dans les pharmacopées traditionnelles de bien des cultures, notamment en Asie et en Amérique latine. On retrouve des plantes sacrées dans toutes les civilisations anciennes, de la Chine aux Amériques, de l’antiquité à notre époque moderne. Ce lien entre plantes et sorcellerie a évolué avec les âges, pour se perpétuer de nos jours sous diverses formes. La sorcellerie moderne revendique désormais un rôle curatif, agissant le plus souvent avec les plantes comme une pratique de guérison et de médecine alternative. Nombreuses sont les plantes en effet reconnues depuis le Moyen Âge pour leurs vertus médicinales, et certaines ont été considérées comme plantes divinatoires ou ensorcelantes, nous replongeant dans certains contes de notre enfance…

En France, chaque région possède ses propres légendes autour des plantes sacrées, mais le Berry est considéré comme vivier et berceau de la sorcellerie, tout comme l’est la Bretagne, riche de légendes autour de la forêt de Brocéliande. Si on retrouve certaines plantes mystiques vénérées pour leur aspect toxique, les plantes considérées magiques sont souvent issues du milieu forestier. Certaines fleurs de couleur bleue, moins courantes dans le domaine végétal, étaient quant à elles considérées comme célestes ou même spirituelles, faisant le lien entre le ciel et la terre (la petite pervenche ou violette des sorciers, le bleuet, etc).

Quant à la sorcellerie, souvent perçue avec méfiance, elle ne se résume pas qu’à la magie noire basée sur les sortilèges et les envoûtements maléfiques. La magie verte et la magie blanche qui utilisent l’énergie des plantes s’ancrent dans une compréhension profonde des cycles de la nature et puisent dans une connaissance ancestrale, reliant l’homme, la plante et l’occulte. Elles se veulent bienfaisantes à notre égard.

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Mystère autour des grimoires et des plantes…

Quelles plantes en sorcellerie ?

Le monde végétal a souvent donné des noms de plantes empruntés au répertoire de la sorcellerie, sans qu’elles aient toutefois un quelconque rapport avec elle (la griffe de sorcière ou Carpobrotus en est un bon exemple). Sans surprise, les plantes utilisées en magie noire sont souvent des plantes toxiques comme l’aconit ou le datura… Mais il y en a bien d’autres vénérées ou redoutées pour leurs pouvoirs. Parmi les plus connues :

La mandragore

La scène des mandragores dans l’opus 1 d’Harry Potter, ça vous rappelle quelque chose ? La mandragore (Mandragora officinalis) est la star des plantes magiques, en tout cas, une de celle qui a donné lieu au plus de superstitions et pratiques magiques.
Sa racine ramifiée rappelle étrangement une silhouette humaine, et lui a valu d’être représentée personnifiée sous cette forme, dans les bestiaires moyenageux. Elle ne pousse que la nuit et libère des substances hallucinatoires. La mandragore a joué un rôle non négligeable dans les sciences occultes. On prétendait que son cri pouvait tuer lorsqu’on la déracinait. Le philtre de mandragore dans Harry Potter permet d’annuler les sortilèges et de désenvoûter les personnes pétrifiées.
C’est une plante poison, qui, savamment dosée, est bénéfique, et possède des vertus aphrodisiaques. Dans les croyances populaires, la richesse et la protection lui était rattachée, tout comme sa faculté de révéler l’avenir.
La mandragore procurait donc la richesse dans les superstitions anciennes (d’où son nom de main de gloire au 18ᵉ), car on disait d’elle qu’elle rendait le double de ce qu’elle recevait. On l’utilisait ainsi comme ingrédient dans les potions de magie pour attirer le succès. Mais une des légendes veut qu’elle poussât au pied des gibets, du sperme des pendus… Drôle de plante fascinante qui n’a pas fini de faire parler d’elle dans les grimoires… Elle est en voie de disparition et est cultivée notamment au superbe Jardin des Cinq Sens à Yvoire.

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Mandragora officinalis

La Jusquiame noire

De la famille des solanacées, la jusquiame noire (ou Hyoscyamus niger en latin) est toxique. On la trouve au bord des chemins ou dans les friches, dans tout l’hémisphère nord du globe. En floraison de mai à septembre, elle présente un feuillage ovale, vert grisé, denté et collant, à l’odeur fétide, et une floraison jaunâtre à gorge pourpre veinée de pourpre. Ses graines noires sont toxiques. On l’utilise actuellement dans certaines préparations homéopathiques pour soigner la toux ou la nervosité.
Comme de nombreuses plantes à connotation magique, elle a pris de nombreuses appellations comme mort des poules, herbe à la teigne, ou fève du porc (en référence à l’Odyssée d’Homère et de la déesse magicienne Circé qui transforma Ulysse et ses comparses en porc, après qu’ils eurent mangé du pain contenant de la jusquiame…).
Elle est réputée comme plante magique depuis la nuit des temps.
Aussi appelée hanebanne, elle est mentionnée par François Rabelais comme « herbe venimeuse qui causeroit aliénation d’esprit à ceux qui en mangeroient, les faisant braire comme des ânes ». Mais bien avant, dans l’antiquité, elle fait aussi parler d’elle. Elle servait dans l’oracle d’Apollon à Delphes pour les prophéties. On brulait alors ses graines, qui dégageait la fumée, provoquant les transes de la Pythie. En surdosant la plante, elle peut entrainer des hallucinations (voire un arrêt cardiaque).

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Hyoscyamus niger (© Matt Lavin)

La sauge blanche

La Salvia apiana (sauge blanche amérindienne dite aussi sauge de Californie) est une des plantes les plus courantes dans les pratiques ésotériques et spirituelles : on la trouve en vente sous la forme de petits fagots de feuilles à faire brûler. Cette sauge considérée comme sacrée est en effet une composante essentielle des rituels de fumigation, essentiellement utilisée pour la purification des esprits et des espaces et l’éloignement des mauvais esprits et des énergies négatives.

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Salvia apiana (© John Rusk)

La Belladone et le Datura

Le Datura stramonium, plante annuelle au feuillage et à la fleur blanche caractéristique, est connue comme la jusquiame depuis l’Antiquité. Elle aussi fait partie de la famille des solanacées, et présente une toxicité avérée, dont des alcaloïdes (alotropine et hyoscyamine) qui lui ont valu de nombreux pouvoirs magiques : confusion et dilatation des pupilles, hallucinations… Elle pouvait donc faire commettre de mauvaises actions à celui qui était possédé.

La Belladone que l’on rencontre aussi sous les noms équivoques d’herbe au diable, de cerise du diable ou d’empoisonneuse, est une vivace à la floraison estivale violacée qui se transforme en baies noires très toxiques, mortelles. D’ailleurs son nom latin (Atropa belladona) dérive du grec ‘Atropos’ qui était le nom d’une des trois Parques de la mythologie romaine, qui coupait le fil de la vie des Hommes. Proche du Datura et de la Jusquiame noire, la belle dame a été aussi la plante magique par excellence, bien dosée par les magiciennes, qui s’en servaient dans diverses préparations. Elle avait entre autres le pouvoir de dilater les pupilles, rendant les femmes désirables pour l’homme convoité, mais surtout de provoquer des hallucinations de toutes sortes. La belladone est devenue une plante médicinale, en abandonnant sa connotation magique à partir du 16ᵉ siècle.

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L’armoise

L’armoise ou Artemisia est une plante médicinale tout droit venue du jardin de simples, aux multiples légendes…et vertus. Utilisée depuis l’antiquité dans de nombreuses régions du globe, elle fait partie chez nous de ces herbes associées à la Saint-Jean (le 24 juin), qui servait à faire fuir les mauvais esprits, portée en couronne sur la tête puis jetée au feu pour se prémunir des maladies. Au fil des siècles, l’absinthe, boisson issue de l’armoise, a été à la fois louée et controversée, contribuant à sa réputation envoûtante. Cette belle plante à feuillage grisé et très aromatique conserve cette réputation de plante guerisseuse, de purification et de protection… voire de plante prophétique.

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Artemisia vulgaris

Le noisetier

Le noisetier est un arbre aux pouvoirs supposés magiques. Il a plusieurs vertus, souvent contradictoires, comme souvent lorsque l’on parle de sorcellerie ou de faits magiques. Il était employé par les druides comme support d’incantation.
Outre le fait que le bâton de coudrier (ancien nom du noisetier) était celui qui servait traditionnellement à la fabrication des baguettes magiques des magiciens, des sorcières ou des fées (ses branches droites s’y prêtent bien), on lui prête aussi le don de détecter les sources (la fameuse radiesthésie chez les sourciers, ou la faculté de ressentir le champ magnétique de l’eau). Celle-ci serait décuplée par l’essence du bois de noisetier, considéré en affinité avec l’eau, la forme de la baguette prenant ici celle d’un Y. Avec le noisetier, la baguette nous renvoie au pouvoir des hommes sur les choses et sur les éléments.
Du temps des druides, les branches de noisetier étaient débitées en petits morceaux, puis jetées comme des dés en prélude à des incantations pour l’art divinatoire. Chez les peuples germano-scandinaves, le noisetier était fortement associé à la fertilité. De nombreux contes s’y réfèrent ou évoquent l’arbuste dans des rites amoureux.
Mais ses vertus sont multiples, il lutterait aussi contre les agissements des sorciers. La légende veut enfin que le balai de sorcières soit lui aussi fait de noisetier, et que la baguette des fées ou sorcières soit coupée au lever du soleil sur une branche n’ayant pas fleuri. On peut toujours essayer…

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Le gui et le chêne

Le chêne ou Quercus, arbre sacré, est lié en symbolisme à l’immortalité et à la force en raison de la dureté de son bois, sa longévité et sa résistance aux vents et tempêtes. Roi de la forêt, il est l’arbre hôte des Dryades, celui où druides celtes et les sorcières se rassemblaient pour des cérémonies et rituels. Le chêne formait une sorte de sanctuaire sacré au sein des forêts, un lieu protecteur. Son écorce est depuis longtemps  considérée comme un porte-bonheur bienfaisant.

Intimement lié au chêne, le gui pousse sur l’arbre, le sacré que représente cet arbre, et devient à son tour plante magique. Emblème du porte-bonheur au même titre que le trèfle à quatre feuilles, le gui nous renvoie aux croyances des druides au temps des Gaulois. On attribuait au gui bien des vertus, celle de l’immortalité portée par le chêne, mais aussi la faculté de protéger les hommes contre la sorcellerie.
→ Lire aussi : Le gui, une bien jolie plante parasite qui porte bonheur

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Le millepertuis

Aussi appelé herbe des sorcières, chasse-diable ou herbe aux fées, l’Hypericum perforatum aux fleurs jaune d’or est utilisé depuis le Moyen Âge. Plante d’herboristerie, connue pour ses vertus apaisantes, elle avait, dans certaines régions et pays (notamment le sud-ouest en France), la réputation d’herbe de la saint-Jean : le 24 juin, au solstice d’été, il était bénéfique de la récolter, puis de l’accrocher aux portes des maisons, pour faire fuir le malin, repousser toute sorcellerie et envoûtement. Le millepertuis entrait aussi dans la composition d’une huile rouge, macérat huileux obtenu par la macération des sommités fleuries dans de l’huile, agissant comme baume cicatrisant. Il existe en réalité de très nombreux récits sur les vertus magiques du millepertuis, souvent décrite comme plante guérissant les possédés.

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La fougère

Autre plante totalement associée aux sciences occultes : la, ou plutôt les fougères. Elles sont renommées jusqu’au début du 20ᵉ siècle pour être protectrices, purificatrices, pour assurer la guérison, repousser les démons… et les serpents. Les grimoires de magie les mentionnent toujours, en utilisant essentiellement le rhizome dans les différents rituels. La graine de fougère-aigle quant à elle a même été donnée pour rendre invisible et dompter le diable. Rituel observé le jour de la Saint-Jean, « sur le coup de minuit », où ce sont les spores que l’on collectait. Pour être efficace, les feuilles de fougère ni ses spores ne devaient avoir touché terre (les précieuses « graines » étant récoltées sur un drap).
Parmi les grandes fougères traditionnellement utilisées en sorcellerie, on retiendra l’Osmunda regalis et le Pteridium aquilinum (la fougère aigle).

Osmunda regalis et Pteridium aquilinum

Pteridium aquilinum et Osmunda regalis

Le houx

Reconnaissable à ses feuilles lustrées et piquantes et à ses baies rouges, le houx (Ilex aquifolium) est un arbuste persistant incontournable dans nos décors de fête. Tout comme le chêne, le houx est traditionnellement lié aux cultures celtes et nordiques et nourrit moult légendes et cultes. Par sa longévité remarquable, il est lui aussi symbole d’immortalité et de protection.
On raconte notamment que les sorcières se servaient des baies rouges pour confectionner des onguents et pour créer les orages. Fréquemment planté près des maisons dans les campagnes, on attribue aussi aux baies (toxiques) et aux feuilles du houx la faculté de se protéger contre la magie maléfique, le mauvais œil et la foudre. Les baguettes magiques ont souvent aussi été fabriquées en bois de houx, un bois dur.

> En savoir plus sur l’histoire et les légendes du houx dans ce très bon article de Gallica, et avec Pascale dans Sapin, gui, houx : l’histoire des symboles végétaux de Noël.

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La Rue officinale ou Ruta graveolens

Rue puante ou herbe de grâce… c’est au choix pour ce qui est de ses petits noms ! Voici enfin une énième plante toxique, réputée magique, de la famille des rutacées. Ses fleurs jaune vif illuminent le feuillage vert bleuté tout l’été.
La rue était considérée comme une herbe sacrée et entrait dans la composition de nombreux sortilèges. Elle était couramment utilisée pour sa protection contre le mauvais œil et pour purifier les lieux des forces maléfiques. Elle était aussi réputée pour renforcer les capacités psychiques. Désormais utilisée à infime dose dans certaines préparations thérapeutiques, elle traite notamment les douleurs musculaires et les troubles oculaires.

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Phytothérapie, chamanisme, et autres pratiques associées

La connexion entre les plantes et la sorcellerie se prolonge dans des pratiques comme la phytothérapie et le chamanisme. La phytothérapie se base sur les propriétés curatives des plantes, tandis que le chamanisme, enraciné dans les traditions spirituelles ancestrales, voit dans les plantes des alliées pour la guérison et la quête de connaissance. Ces pratiques, bien que différentes dans leurs approches, partagent un respect profond pour la nature et reconnaissent la puissance des plantes à influencer tant le corps que l’esprit.

La phytothérapie moderne, par exemple, utilise les extraits de plantes pour traiter une multitude de maux, reprenant ainsi l’héritage des anciens sorciers guérisseurs. Le chamanisme, quant à lui, engage un dialogue avec l’esprit des plantes pour accéder à des états de conscience modifiés et obtenir guidance ou guérison.

Ces pratiques contemporaines ne font que confirmer le rôle central des plantes dans les croyances et les rituels humains à travers l’histoire. Enracinée dans le passé et bourgeonnant vers l’avenir, la relation entre les plantes et le spirituel continue de fleurir, offrant une source inépuisable de sagesse et de bien-être. Ainsi, que l’on plonge ses mains dans la terre ou que l’on élève son esprit dans une quête de connexion, les plantes se révèlent être d’indéfectibles compagnons.

N.B. : Cet article est un bref aperçu de la relation historique et culturelle entre les plantes et la sorcellerie, et ne constitue en aucun cas une incitation à pratiquer la sorcellerie ou à utiliser des plantes dans un but thérapeutique sans avis médical. Il est majeur de comprendre que certaines plantes mentionnées sont toxiques et doivent être manipulées avec prudence et connaissance.

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La bibliothéque idéale

Pour poursuivre sur ce sujet passionnant, je vous conseille quelques ouvrages de référence. Végétaux magiques, divinatoires ou maléfiques, grimoires du jardinier sorcier, retrouvez une liste de livres traitant du sujet, des plantes médiévales au chamanisme.

En préparant cette fiche conseil, j’ai trouvé particulièrement intéressants ces deux articles, dont je vous fais profiter pour prolonger un peu cette lecture : Plantes magiques de Bretagne de Roland Mogn et François de Beaulieu, et La Jusquiame noire, l’élite des plantes de sorcières.

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