Comment se débarrasser des tigres sur les arbres et arbustes ?

Les tigres, des punaises minuscules qui s'attaquent à différents végétaux

Il n’y a pas un seul tigre, mais plusieurs espèces de tigres qui sont inféodées à certains végétaux, plantes, arbustes ou arbres !

Des hémiptères réticulés

Les tigres sont des insectes hémiptères de la famille des Tingidés, et plus spécialement de minuscules punaises phytophages. Toutes ont en commun plusieurs caractéristiques. Elles ne dépassent pas 4 mm, sont dotées d’un corps fin et plat et bénéficient d’ailes courtes, transparentes et aplaties. Mais leur particularité réside dans leur corps : les tigres se reconnaissent aux expansions foliacées de leur pronotum (partie supérieure du thorax) et des hémélytres (ailes supérieures), ornées de mosaïques qui font penser à de la dentelle. On dit d’ailleurs que le pronotum et les ailes sont réticulés, d’où le nom de punaises réticulées ou punaises dentellières, souvent donné aux tigres des plantes.

Les tigres des plantes sont des insectes parasites et ravageurs qui piquent le feuillage pour ponctionner les liquides intracellulaires tels que la sève. Ce sont donc des insectes piqueurs-suceurs au même titre que les pucerons. Sauf qu’à la différence des pucerons, les tigres, sous leur forme de larves ou d’imagos, vivent, en colonies, uniquement sur la face inférieure des végétaux sur lesquels ils jettent leur dévolu. En revanche, comme les pucerons, les tigres secrètent du miellat, les excréments favorisent le développement de la fumagine et peuvent véhiculer des maladies plus ou moins graves.

Les tigres des plantes se démarquent par leurs ailes et leur pronotum constellés de mosaïques

Le cycle de vie des tigres

Quant à leur cycle de vie, il est le même d’une espèce à l’autre. Les tigres au stade adulte passent l’hiver, bien dissimulées sous l’écorce des arbres ou arbustes. Sachant que les hivers doux et peu pluvieux limitent la mortalité et favorisent l’infestation. Au printemps, les adultes sortent de leur cachette pour se diriger vers les premières feuilles dont ils se nourrissent pendant un mois. Vers la mi-mai, les œufs sont pondus au revers des feuilles, souvent le long des nervures. L’éclosion est rapide. Les larves qui passent par cinq stades d’évolution restent ensuite sur la plante hôte. Une première génération de nouveaux adultes arrive dès la fin du mois de juin. Une troisième génération peut voir le jour. Autant dire que l’infestation est longue…

Les différentes espèces de tigres

Il existe différentes espèces de tigres spécifiques à diverses espèces végétales. Certaines sont très présentes sur le territoire, d’autres un peu moins, mais en constante surveillance par les autorités compétentes :

Le tigre du platane (Corythucha ciliata)

• Le tigre du platane (Corythucha ciliata) : c’est le tigre le plus répandu et le plus facile à distinguer, puisqu’il prospère sur les platanes urbains ou les sujets plantés sur le bord des routes et canaux. Il a également tendance à pénétrer dans les maisons et se poser sur les personnes. Les adultes sont blancs et mesurent environ 3 mm, les larves noires. Chaque femelle pond de 200 à 350 œufs le long des nervures, et 3 à 4 générations peuvent se succéder sur une année. Pour aller plus loin, je vous invite à lire l’article de Marion : « Comment lutter contre le tigre du platane ? » 
• Le tigre du chêne (Corythucha arcuata) : d’origine nord-américaine, ce tigre s’est installé assez récemment en France (2017), après avoir été détecté en Italie, Suisse, Turquie, Bulgarie…. Légèrement plus petit que le tigre du platane, l’adulte se démarque par ses quatre taches brunes. Les larves sont épineuses, d’une couleur gris foncé avec des taches blanchâtres. Il y a facilement 3 générations par an, voire 4. Ce tigre s’attaque à toutes les espèces de chênes (Quercus pubescens, Quercus robur, Quercus petraea, Quercus cerris…) mais aussi aux châtaigniers, aux framboisiers, aux érables et aux rosiers
• Le tigre du poirier (Stephanitis pyri) : il s’agit d’une espèce très ressemblante à celle du tigre du platane, et qui se montre de plus en plus présente sur le territoire. Les adultes mesurent entre 3 et 4 mm. Ils affichent une couleur brunâtre et jaune brun à noirâtre. Il a une prédilection pour les végétaux de la famille des Rosacées (poiriers, pommiers, cognassiers, les espèces du genre Prunus, les aubépines (Crataegnus), les cotonéasters, les cognassiers du Japon (Chaenomeles japonica)…
• Le tigre du rhododendron (Stéphanitis rhododendri) : long de 4 mm, ce tigre aux réticules crème n’est pas capable de voler. Les larves sont jaunâtres et épineuses
• Le tigre de l’amandier (Monosteira unicostata) : petit tigre de 2 mm, il peut aussi se déplacer vers les poiriers, les peupliers et les trembles
• Le tigre du Pieris (Stephanistis takeyai) : tigre de 4 mm qui se rencontre sur les Pieris et les Éricacées
• Le tigre du laurier (Stephanitis lauri) : tigre bicolore blanc crème et marron de 3,5 mm qui se plaît sur le laurier-sauce (Laurus nobilis)

Il existe d’autres espèces du genre Corythucha, de Gargaphia ou de Stephanitis, plus exotiques qui ne sont pas encore présentes en France.

Tigres du piéris (Stephanitis takeyai)

Les dégâts occasionnés sur les végétaux par les tigres

Présents en colonies, les tigres adultes, mais aussi les larves et les imagos piquent les tissus des végétaux pour se nourrir de sève. En colonie réduite, ces hémiptères ne sont pas réellement dangereux pour la survie de la plante ou de l’arbre. En revanche, en cas d’infestation sévère, la plante, l’arbuste ou l’arbre peut souffrir et considérablement s’affaiblir. Les feuilles se décolorent et jaunissent, certaines se marbrent de taches blanches ou brunes. Finalement, les tigres gênent la photosynthèse et les feuilles finissent pas chuter prématurément au cours de l’été. La plante s’épuise et sa croissance peut être ralentie.

Les tigres piquent les feuilles pour ponctionner la sève

La présence de ces tigres cause aussi des désagréments esthétiques puisqu’ils touchent essentiellement des espèces végétales ornementales.

Au-delà de ce désagrément, l’envers des feuilles est ponctué de points noirs et de miellat qui favorisent le développement de la fumagine. De plus, certains tigres, comme le tigre du platane, sont vecteurs de maladies cryptogamiques graves comme le chancre coloré du platane et l’anthracnose du platane.

Ces tigres peuvent également être très désagréables pour les personnes puisqu’ils tombent au sol, en s’accrochant aux vêtements ou sur la peau. Pour autant, ils ne présentent aucun risque pour l’homme ou les animaux.

Comment lutter naturellement contre les tigres ?

Évidemment, pour combattre ces invasions de tigres, il est préférable, pour votre santé, la préservation de la faune et le respect de l’environnement, de bannir les insecticides chimiques ou même biologiques qui n’ont pas toujours une action ciblée.

Il est recommandé d’axer les efforts sur une lutte biologique, là encore avec raison. En effet, la présence en petit nombre de ces insectes sur un arbre peut être inesthétique, mais pas obligatoirement néfaste. Les moyens de lutte peuvent être déployés, surtout en cas d’invasion.

Ainsi, contre les tigres, et en particulier le tigre du platane, il est possible d’utiliser un traitement à base de nématodes entomopathogènes, des vers microscopiques qui parasitent et tuent les adultes. Ces nématodes contre le tigre du platane se pulvérisent sur les feuilles, en se concentrant sur la face inférieure.

Nématodes NémaPlatane Biotop contre les tigres du platane boîte de 100 millions

Ces nématodes permettent de lutter naturellement contre le tigre du platane

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L’autre solution pour lutter contre les tigres passe par l’introduction de prédateurs. Et le principal insecte auxiliaire est la chrysope et ses larves qui se régalent des tigres. Mais les coccinelles pourraient aussi s’y intéresser.

Chrysope Biotop contre les pucerons sur plantes basses

Les larves de la chrysope, autrement appelée demoiselle aux yeux d'or, sont de redoutables prédateurs de pucerons, cochenilles, aleurodes... Elles peuvent se montrer efficaces contre les tigres

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Sur les arbustes plus bas, on peut aussi éliminer les tigres à la main en frottant l’envers des feuilles avec un chiffon. Le jet d’eau à haute pression peut également s’avérer efficace.

Prévenir l'apparition des punaises réticulées, c'est possible ou pas ?

Plusieurs mesures préventives peuvent être mises en œuvre pour limiter l’installation des tigres :

• Maintenir la biodiversité pour favoriser la présence d’insectes auxiliaires comme les chrysopes. On peut ainsi cultiver des plantes mellifères, installer des haies fleuries et champêtres d’espèces indigènes, conserver une jachère, construire des abris ou hôtels à insectes…
• Badigeonner le tronc des arbres et arbustes avant l’hiver avec une huile végétale pour éviter l’hibernation des adultes sous l’écorce
• Gratter l’écorce du tronc des arbres et arbustes avec une brosse métallique
• Garder une atmosphère humide autour des végétaux par des arrosages réguliers en pluie fine et un paillage
• Supprimer avec soin les débris végétaux, les bouts d’écorce (des platanes qui se desquament) et les feuilles abîmées.