
Saints de Glace : ce qu’on peut planter avant, ce qu'il faut planter après
Petit guide de jardinage pour éviter les conséquences des gelées tardives
Sommaire
Les Saints de Glace font partie de ces repères du calendrier que connaissent bien les jardiniers. Il s’agit d’une période au cours du mois de mai, qui rappelle que des gelées tardives peuvent toujours survenir.
Pour ne pas prendre de risques inutiles, certaines plantations et semis sont donc à éviter avant et pendant cette période. Voyons dans cet article comment bien organiser ses plantations autour des Saints de Glace pour limiter les risques de gel.
C’est quoi les Saints de Glace ?
Les Saints de Glace correspondent à des dates du calendrier au printemps. Il y a tout d’abord saint Mamert le 11 mai, saint Pancrace le 12 mai et saint Servais le 13 mai. Cette croyance populaire, qui remonterait au Moyen Âge, leur associe un rappel simple : le printemps n’est pas encore installé dans toutes les régions à cette période et des coups de froid peuvent donc encore survenir, notamment lors des nuits claires. Et qui dit gel tardif, dit plantation fragile ou frileuse en mauvaise posture, avec une future récolte impactée. Il s’agit en effet d’une période de transition climatique pendant laquelle les chutes de températures ne sont pas rares.
Dans les régions les plus froides de notre territoire (Ardennes, Normandie intérieure, Hauts-de-France, Centre…), il existe même des saints complémentaires, à l’image de :
- saint Boniface le 14 mai (dont le dicton affirme qu’il entre en brisant littéralement la glace) ;
- sainte Sophie le 15 mai (aussi appelée « la froide Sophie ») ;
- saint Yves le 19 mai (surtout fêté en Bretagne) ;
- saint Bernardin le 20 mai (lié à la culture du vin) ;
- saint Urbain le 25 mai.
Bien sûr, ces repères traditionnels gagnent à être réinterrogés de nos jours, du fait du dérèglement climatique qui induit des températures plus élevées et des printemps en avance. Débourrements (ouverture des feuilles ou des fleurs) précoces, maturation des fruits plus avancée, mais aussi apparition des ravageurs ou des maladies de plus en plus tôt, etc.
Mais cela n’empêche pas les gelées tardives, qui peuvent par exemple compromettre la fructification d’un abricotier qui aurait fleuri trop tôt. La tradition des Saints de glace reste donc un rappel pertinent, un appel à la prudence et à ne pas se précipiter, au risque de tout perdre. L’idée est de la coupler avec une observation des conditions climatiques locales de son propre jardin et des prévisions météorologiques.

Le calendrier est à bien scruter au mois de mai pour tous les jardiniers
Avant les Saints de Glace : planter les végétaux qui ne gèlent pas
Pour faire simple, toutes les plantes qui ne craignent pas les gelées et qui se montrent bien rustiques pourront être plantées avant les Saints de Glace. Cela inclut les arbres, les arbustes, les vivaces et même certains légumes. Bien-sûr, prenez en compte leur rusticité en fonction de votre climat : une plante qui supporte des gelées jusqu’à -8°C à -10°C pourra être plantée avant les Saints de Glace sans problème sur le littoral atlantique sud, mais on ne plantera que celles dont la rusticité est supérieure à -15°C dans l’est de la France.
De la fin de l’automne à la fin de l’hiver, c’est notamment la bonne période pour planter les végétaux en racines nues, ces plantes retirées de terre lors de leur dormance annuelle.
Vous pourrez aussi planter les rosiers, les fruitiers, les grimpantes ainsi que les arbres et arbustes ornementaux conditionnés en contenant (pot).
Du côté des vivaces, les plants de géraniums, les asters ou les primevères pourront déjà être placés en extérieur, tout comme les pensées chez les annuelles.
Les aromatiques peuvent aussi supporter les gelées pas trop intenses, à l’image du thym ou du romarin.
Au potager, choux, épinards, salades, bettes (la plupart des légumes feuilles en résumé), mais aussi poireaux, carottes, navets, salsifis et betteraves auront même déjà été semés de février à avril ou pourront être repiqués.
Lorsque les Saints de glace arrivent, il est aussi possible de lancer les semis de plantes qui peuvent supporter des gelées brèves, comme les pois, les oignons, l’ail ou les fèves.
Si vous souhaitez gagner du temps, commencez toutefois dès février ou mars les semis de plantes frileuses en intérieur, que vous placerez sous serre, en véranda ou même dans le salon, à proximité d’une fenêtre bien exposée. C’est une bonne façon de hâter les futures récoltes sans avoir à attendre la fin des Saints de glace.
Si vous avez de jeunes plants, il est possible de les sortir à mi-ombre pendant les belles journées, afin de favoriser leur développement et de commencer l’acclimatation à l’extérieur. Pensez toutefois à bien les rentrer la nuit.
Vous pouvez aussi en profiter pour préparer le sol en vue des plantations à venir : décompactage, désherbage, apport de compost bien mûr, etc.

Ce qu’il est raisonnable de semer ou planter avant mi-mai : pois, thym, rosier, blettes et oignons
Après les Saints de Glace : la plantation des plantes frileuses
Mis à part si vous habitez dans les régions les plus chaudes du sud de la France (pourtour méditerranéen, voire littoral Atlantique), il est préférable d’attendre la fin des Saints de glace principaux pour planter en pleine terre toutes les plantes avides de chaleur et de soleil. Cela concerne aussi bien les semis que les plants à repiquer.
Au potager, évoquons notamment les tomates, les poivrons, les piments, les aubergines, le basilic, les courgettes et autres courges, les melons, les pastèques, etc. Les pommes de terre et les haricots craignent également le gel.
Les annuelles comme les tournesols ne résisteront pas non plus à une gelée tardive. Même constat du côté des bulbes d’été comme les dahlias.
Autre possibilité, si les gelées tardives sont souvent brèves et peu intenses dans votre région : les planter un peu en amont ou carrément pendant les Saints de glace. Toutefois, il vous faudra scruter régulièrement les températures des jours à venir en prévoyant de les protéger à l’aide d’un épais paillage, mais aussi de tunnels de forçage, de cloches ou de voiles d’hivernage en cas de besoin. Ces protections permettent de gagner quelques précieux degrés en cas de gelées peu intenses et courtes. Elles peuvent être uniquement placées pour la nuit et retirées en journée lorsque les températures sont plus hautes.
Si vous habitez dans des régions froides, aux hivers rudes, longs et intenses (climat montagnard notamment), mieux vaut attendre la fin mai pour vous lancer dans toutes ces plantations.

Tomates, tournesols, basilic, dahlias et melons sont de grands frileux !
Que faire si mes plantes ont gelé lors des Saints de Glace ?
Vous avez été un peu trop impatient ou les gelées tardives se sont montrées plus mordantes que prévues ? Il est encore possible d’agir pour limiter les dégâts.
Sur les arbustes et les grimpantes, ne touchez à rien pour le moment : laissez la plante se remettre de cet épisode et observez son comportement les semaines qui suivent. Si elles arrivent à produire de nouvelles pousses, vous pourrez couper toutes les parties brûlées par le gel. Pensez à utiliser des outils de coupe bien désinfectés : il serait dommage d’ajouter une contamination par des maladies à des plantes déjà fragilisées.
Pour les vivaces, coupez les parties qui ont été impactées par le gel. La plupart d’entre elles ont la capacité de repartir de la souche.
Par contre, concernant les plantes frileuses du potager et les fleurs annuelles, il faudra certainement vous résoudre à relancer des semis ou des plantations. Les dégâts causés par le gel sont généralement irrémédiables.
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