Asphodèle blanc - Asphodelus albus

L'Asphodelus albus, appelé Asphodèle blanc ou encore Bâton royal, est sans doute le plus facile à cultiver de tous les aphodèles, car cette plante d'origine montagnarde et méditerranéenne est dotée de facultés d'adaptation exceptionnelles qui lui permettent de remonter assez haut vers le nord-ouest de notre pays. Cette vigoureuse vivace ne manque pas d'élégance au printemps, avec ses hautes hampes où se serrent des fleurs blanches, translucides, étoilées, munies de longues étamines. Sa silhouette altière s'efface en fin d'été, pour ressurgir au printemps sous la forme d'une touffe de longues feuilles basales étroites et coriaces, vert-bleuté. C'est une plante dotée d'une grande longévité, qui forme avec le temps des touffes imposantes, parfaitement à leur place dans un jardin blanc, sauvage, ou économe en eau.

L'Asphodèle blanc est le plus répandu du genre Asphodelus, qui compte environ 12 espèces de vivaces et d'annuelles regroupées dans la famille des asphodélacées (liliacées). Cette espèce botanique est une plante vivace caduque à racines tubérisées, originaire des zones plutôt montagneuses d'Europe méridionale et d'Afrique du Nord où elle endure des températures très basses, inférieures à -15°C. En France, on la trouve aussi bien dans le sol argileux et marécageux des forêts berrichonnes que dans les pelouses sèches d'altitude des Pyrénées.

La plante émerge du sol au printemps, sous forme de longues feuilles étroites, en gouttière, d'un vert brillant, réunies en une touffe basale haute de 40 cm. La floraison a lieu de mai à juillet, en fonction du climat. Une très grande tige, épaisse et drue, généralement non ramifiée, émerge lentement du coeur de la rosette, d'abord sous forme d'un gros bouton brun.Tandis qu'il s'allonge, ce bouton s'orne de stries noires et blanches, jusqu'à atteindre 80cm à 1.50m de hauteur. A ce stade, les feuilles s'étalent au sol sur un rayon de 30 cm et ont pris une teinte sombre, plus bleutée. L'inflorescence est un épi terminal très dense. Les petites fleurs sont des étoiles larges de 4 cm, à 6 pétales blancs ornés d'une ligne médiane brune et aux longues étamines couronnées d'anthères orange foncé. La floraison débute en bas de l'épi, et se poursuit pendant presque un mois jusqu'à l'extrémité de la tige, les fleurs situées en bas se fanant au fur et à mesure que les autres éclosent. A noter que les asphodèles fleurissent généralement tous les deux ans. La floraison, remarquablement mellifère, est suivie par la production d'une grande quantité de fruits ronds et brun, remplis de graines rondes et plates qui germent facilement. Cette plante n'apprécie pas que l'on dérange ses tubercules charnus.

L'Asphodelus albus porte merveilleusement son nom de bâton royal; il faut l'avoir observé, formant une prairie où s'allument de grandes chandelles qui surgissent, comme autant de phares blancs, d'un paysage désolé, parfois steppique, souvent cahotique et truffé de rochers. Cela suffit souvent à l'amateur de plantes un peu exotiques pour vouloir l'adopter au jardin, ce qui n'est pas difficile. Sur un grand talus calcaire, il accompagnera toutes les plantes de terrain sec: lavandes, romarins, Euphorbia characias, cistes, Perovskia, céanothes persistants, valériane... et bien d'autres encore. Son excellente rusticité permet de l'adopter dans les climats plus froids, voire montagnards, en compagnie de l'osier fleuri (Epilobium angustifolium), de la brunelle à grandes fleurs et de l'aconit napel, en sol plus frais, plutôt acide.

Les asphodèles ont longtemps été associées à la mort. Une coutume ancienne consistait à disposer des bouquets d'asphodèles sur la tombe des défunts. L'origine de cette coutume trouve ses origines dans la mythologie grecque : une partie des enfers se nommait 'le pré d'asphodèle' ou 'la plaine des asphodèles', et ce lieu accueillait les âmes fantômes des morts...

La tige de l'asphodèle, qui sèche en été, possède des qualités mécaniques remarquables. On l'utilisait autrefois dans certaines régions en petite vannerie... et même dans la confection de modèles réduits d'avion, car la tige rigide, recouverte de fibres longues et ligneuses, renfermant à un coeur formé d'une moelle aérée garantissait à la fois solidité et légèreté .