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La permaculture au potager : notre guide saison par saison

La permaculture au potager : notre guide saison par saison

Nos conseils pour un potager permacole florissant et productif tout au long de l'année.

Sommaire

Mis à jour le 9 Août 2024  par Ingrid 5 min.

La permaculture n’est pas simplement une méthode de jardinage, c’est une philosophie qui encourage à travailler en harmonie avec la nature. Pourtant, maintenir un potager permacole florissant et productif tout au long de l’année demande une attention aux changements saisonniers. Chaque saison apporte son lot de particularités, qu’il s’agisse de températures, de précipitations ou de cycles de croissance des plantes. Dans cet article, découvrez nos conseils et astuces pratiques pour entretenir votre potager de manière optimale à chaque étape de l’année. De la planification de vos cultures à la rotation des sols, en passant par des astuces pour la conservation de l’eau, nous aborderons des conseils saisonniers qui vous aideront à naviguer avec succès à travers les saisons.

paillage

Difficulté

L'hiver au potager permacole

L’hiver est souvent perçu comme une période de repos pour le jardin, mais pour un potager permacole, il s’agit plutôt d’une phase de préparation et de maintenance cruciale. C’est le moment idéal pour évaluer la saison écoulée et planifier les mois à venir.

1- Enrichir le sol et préparer les zone de culture

  • C’est le grand moment pour penser au réaménagement de votre jardin et du potager. La réduction de la végétation vous offre une vue dégagée, idéale pour préparer de nouvelles zones de plantation et repenser la disposition des espaces. 
  • Profitez de ce champ libre si vous voulez construire des structures pour créer un potager vertical et y faire grimper des haricots à rames, des concombres, des courges, une vigne, des kiwis et autres grimpantes nourricières.
  • Après une saison de culture intense, le sol peut être tassé et moins aéré. Décompactez le sol en utilisant des outils comme la biofourche ou grelinette pour aérer les zones de culture sans perturber les couches vivantes de sol, dans le respect des principes de la permaculture.
  • Enrichissez le sol en y incorporant du compost et éventuellement des engrais verts, comme le trèfle ou la moutarde, qui peuvent être enfouis en fin d’hiver, généralement avant le printemps pour nourrir la terre.
  • Paillez les zones de culture et les pieds des arbres et des arbustes fruitiers pour protéger leur système racinaire du froid.

2- Préparez vos semis

  • Planifiez ensuite vos semis, plantations, tout en réfléchissant à la rotation des cultures, mais aussi aux bonnes associations. En permaculture, on évite la monoculture et on privilégie le mélange des familles afin d’éviter l’épuisement du sol et limiter la transmission des maladies.
  • Pour préparer vos cultures du printemps prochain, commencez dès que possible (généralement dès février) vos semis en intérieur (salade de printemps, tomates…), mais aussi en serre chaude ou froide (choux-fleur, poireaux…) et mettez à germer les pommes de terre.

L’astuce d’Ingrid : N’hésitez pas à refaire un plan de votre potager chaque année, pour savoir ce qui a été planté et à quel emplacement. Prenez aussi des notes sur les fruits et légumes qui ont bien produit, sur les associations qui ont fonctionné ou non pour améliorer votre rendement.

3- Les plantations au jardin

  • Planter les arbres fruitiers et vivaces en racines nues en climat doux. Dans les régions aux hivers rigoureux, privilégiez une plantation lorsque aucune gelée n’est annoncée durant les 2-3 jours à venir et paillez le sol autour de ces nouvelles plantations.
  • Profitez de la dormance de la végétation pour diviser les framboisiers, les aromatiques comme la menthe, la mélisse et certaines vivaces.
  • Protégez les plantes potagères sensibles au froid par un tunnel ou un voile d’hivernage.

4- Prendre soin de la faune

neige et froid sur le potager

Le printemps au potager en permaculture

Le printemps est la saison qui éveille le jardinier et son potager. Les jours plus longs et la montée des températures créent une ambiance propice à la croissance végétale. Voici ce à quoi vous devriez prêter attention :

1- Réveillez votre sol et évaluez vos besoins en eau

  • Décompactez la terre des nouvelles zones de culture ou si vous n’avez pas pu le faire en hiver à cause des conditions météorologiques. Et pour ce travail, rien de mieux que d’utiliser la biofourche ou grelinette pour éviter de retourner la terre et ainsi préserver la vie du sol.
  • Afin d’anticiper les besoins en eau de votre jardin pendant les mois plus chauds, pensez (et installez) dès maintenant des solutions comme un système de récupération d’eau de pluie ou un système d’irrigation. Cela vous permettra de réduire votre consommation d’eau tout en prenant soin de votre potager. Pensez aussi aux Oyas : ces pots en terre cuite enterrés près des plantes permettent une diffusion lente et régulière de l’eau, réduisant ainsi le besoin en arrosage tout en préservant l’humidité du sol. Découvrez notre article sur les oyas et notre tutoriel pour fabriquer une oya maison pour arroser le jardin.
  • Renouvelez ou rajoutez du paillage au pied des plantes et sur vos zones de culture pour conserver un sol bien humide pour l’été à venir.

2- Enrichir le sol et engrais vert

  • Si vous n’avez pas encore enrichi votre sol durant l’hiver, c’est le moment de le faire ! Utilisez du compost bien décomposé et, si besoin, faites un test de pH pour ajuster l’acidité ou l’alcalinité du sol.
  • En fin d’hiver, début du printemps, c’est aussi le moment d’enfouir dans la terre les engrais verts (consoude, trèfle, moutarde ou autre) que vous avez semé à l’automne.

3- L’heure des premières plantations et des semis

Avant mi-mai :

  • Toujours à l’abri du froid et en attendant que le risque de gelées tardives soit totalement écarté, semez en serre les courges, courgettes, melon, aubergine et autres plantes frileuses.
  • Selon votre région et le climat, vous pouvez commencer à semer en pleine terre les légumes qui ne craignent (pas trop) le froid, comme les radis, les épinards, les haricots, les pois et les carottes. Les plantes annuelles telles que les capucines sont aussi à l’honneur. En cas de gelées tardives, n’hésitez pas à installer un voile d’hivernage, un tunnel de forçage ou même simplement un vieux drap pour protéger vos jeunes plants.

Après mi-mai :

  • Une fois le risque de gel écarté, les semis commencés en intérieur ou en serre pendant l’hiver peuvent maintenant être transplantés. Faites-le avec soin pour éviter le choc de transplantation, et pensez à les durcir en les exposant progressivement aux conditions extérieures. Vous pouvez désormais semer les graines potagères directement en pleine terre. 
  • Les pommes de terre préalablement germées pourront être installées, elles aussi, au potager, sous une belle couche de paillage.

L’astuce d’Ingrid : en permaculture, il est essentiel de “serrer” les cultures pour éviter que la terre soit à nu. D’autres parts, alternez les familles de plantes pour éviter la monoculture et l’épuisement du sol, ainsi que pour limiter transmission des maladies. Pensez aux plantes compagnes, comme par exemples l’association “des trois sœurs” : maïs, haricots à rames et courges.

4- Prendre soin de la biodiversité

  • Les insectes utiles tels que les abeilles et les coccinelles font leur apparition. Pensez à installer des plantes mellifères (bourrache, pissenlit, soucis, lavande, etc) et des hôtels à insectes si ce n’est pas déjà fait.
  • Diminuez petit à petit la nourriture fournie aux oiseaux, mais seulement lorsque vous constatez qu’il y a suffisamment d’insectes au jardin pour qu’ils puissent se nourrir seuls.
culture haricot et mais, oyas

À gauche : culture associée de haricots à rames et maïs. À droite : oyas

L'été, entre générosité et manque d'eau

L’été est la saison des plus importantes récoltes au potager. Les couleurs et les saveurs sont au rendez-vous, mais c’est également un moment crucial pour avoir l’œil sur l’eau (et pas que celle de votre verre !). Au potager permacole, voici ce que vous devriez surveiller :

1- Gestion de l’eau et microclimats

  • En cette saison, la gestion de l’eau devient une préoccupation majeure pour vos chères et tendres plantes potagères. Et rien de mieux que d’employer des techniques comme l’irrigation par goutte-à-goutte ou les Oyas (que nous avons vu au printemps) pour une utilisation efficace de l’eau.
  • Si vous devez arroser le jardin, préférez verser l’eau de vos arrosoirs tard le soir.
  • Pensez aussi à bien pailler vos plants pour limiter l’évaporation de l’eau sous les rayons ardents du soleil.
  • Vous pouvez aussi créer des microclimats en utilisant des plantes hautes pour ombrager les plus petites et ainsi réduire l’évaporation.

2- Récolte et succession de cultures

  • C’est le moment de récolter les fruits de votre travail. Les légumes d’été comme les tomates, les courgettes et les aubergines sont prêtes à être cueillis.
  • Profitez-en pour récolter vos propres graines potagères, les faire sécher et les conserver pour l’année prochaine.
  • Après une récolte, envisagez de replanter ou semer des légumes pour l’hiver ou à croissance rapide pour une succession de cultures.
  • N’oubliez pas de semer les engrais verts (Phacélie, Vesce, trèfle, Moutarde, etc) pour à la fois enrichir la terre, sans la laisser à nu. À ce sujet, n’hésitez pas à lire notre article : “Engrais verts : pourquoi, comment ?“.
  • Fin aout et début septembre, c’est aussi le moment de faire des boutures à l’étouffée des aromatiques et des arbustes fruitiers.

3- Préserver la biodiversité

  • Ce n’est pas parce que c’est l’été qu’il faut oublier les insectes auxiliaires ! Les fleurs mellifères, comme la lavande ou le souci, peuvent attirer des pollinisateurs et des prédateurs naturels des parasites, contribuant à un écosystème de jardin équilibré. Ils sont de plus utilisables en cuisine ou en infusion.

L’astuce d’Ingrid : L’été est également le moment idéal pour commencer à penser à la conservation de vos récoltes. Le séchage (aromatiques comme légumes), la mise en conserve ou la congélation sont des méthodes à envisager pour profiter de vos légumes et fruits toute l’année.

un potager en permaculture

L'automne au potager en permaculture

L’automne est souvent vu comme la fin du cycle au potager, mais en permaculture, c’est aussi un nouveau commencement. Voici des conseils clés pour cette saison de transition :

1- Récoltes, semis et plantation

  • L’automne est la saison de récolte de nombreux fruits et légumes tardifs, comme les pommes, le raisin, les dernières tomates, les potirons et bien d’autres.
  • Certaines cultures, comme l’ail, les laitues d’hiver, les poireaux, les oignons et les épinards, peuvent être semées ou plantées en automne pour une récolte au printemps. 
  • Vous pouvez encore semer des engrais verts pour éviter que les herbes sauvages n’envahissent les zones de culture délaissées pour l’hiver.
  • C’est aussi la bonne saison pour planter les arbres et arbustes fruitiers, en pot ou en racines nues, les légumes vivaces et les aromatiques au jardin.
  • Le paillage (encore lui) permet de protéger les racines du froid qui commence à pointer le bout de son nez. N’hésitez pas à vous servir de vos tontes et tailles de fin d’année.
  • Pensez à protéger du froid les plantes frileuses ou en pot par des voiles d’hivernages, tunnel ou simplement en les déménageant dans une serre.

2- Faire le bilan

  • Prenez le temps de faire le bilan de la saison passée. Quels légumes ont bien produit ? Quelles associations ont fonctionné ? C’est aussi le moment de planifier vos rotations de culture pour l’année suivante.

3- Préparation du sol et formation de buttes en lasagne

  • L’automne est la période parfaite pour préparer votre sol en vue de l’année prochaine, notamment si vous voulez vous essayer à la culture sur butte. La formation de buttes en lasagne, réalisée en superposant différentes matières organiques, comme des feuilles mortes, du compost et du fumier, permet d’enrichir le sol et d’améliorer sa structure. Le tout aura le temps de bien se décomposer pendant l’hiver pour offrir un sol fertile au printemps.

4- Soutien de la faune

  • Continuez à fournir des points d’eau et de la nourriture pour les oiseaux et autres animaux utiles. Ils vous rendront service en contrôlant la population de parasites.
  • Si vous ne l’aviez pas déjà fait, construisez des hôtels à insectes pour abriter ces petits auxiliaires du jardin avant l’hiver.
  • Plutôt que de les arracher, vous pouvez aussi laisser en place les plantes caduques à tiges creuses (par exemple le fenouil ou la grande camomille) qui feront office de refuge naturel aux insectes.

L’astuce d’Ingrid : Ne négligez pas les feuilles mortes qui tombent en abondance. Elles font un excellent paillis ou peuvent être ajoutées à votre compost pour une source riche en matière organique.

des buttes de culture au potager permacole

L'observation à chaque saison

À chacune des saisons que nous venons de passer en revu, il y a un point essentiel à ne pas oublier : l’observation ! Au fils des mois, observez la course du soleil et les ombres créés sur votre potager, découvrez le ballet des insectes que vous croisez, étudiez les plantes indigènes ou qui repoussent spontanément au jardin, dégustez vos légumes et prenez le temps de vous émerveiller. Car c’est l’un des principes de la permaculture.

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