Février, bien qu'il soit le mois le plus court de l'année, est sans doute le plus long pour les jardiniers impatients. Alors, que diriez-vous de rêver un peu avec moi au printemps et à de formidables jardins anglais? Pourquoi ne profiteriez-vous pas de ce mois gris et triste pour planifier une future escapade à Highclere Castle ? Le Château de Highclere ou devrais-je plutôt dire le château de Downton Abbey ?

Highclere castle, le lieu de tournage de la série Downton Abbey, mais pas seulement...

Highclere est en effet le château qui sert de décor à la célèbre série télévisée britannique "Downton Abbey", qui conte les aventures d'une famille aristocratique et de ses serviteurs au début du 20ème siècle.

Dès le 13ème siècle, Highclere était une abbaye occupée par des moines mais au fil du temps, il est devenu un domaine prestigieux, fief de la famille des comtes de Carnarvon.

Carnarvon, Carnarvon... ? Ce nom vous dit peut-être quelque chose ? C'est en effet le 5ème Comte de Carnarvon qui fut, en 1922, à l'origine (avec Howard Carter, bien sûr !) de la découverte de la tombe du pharaon Toutankhamon. Le château abrite d'ailleurs un petit musée consacré à cette découverte et une reproduction de la tombe et de ses trésors, de même qu'un certain nombre de pièces originales ramenées d'Egypte par lord Carnarvon lui-même.

Mais bien avant cela, en 1770, grâce à la fortune quasi illimitée que le maître des lieux avait mise à sa disposition, le célèbre paysagiste anglais Capability Brown entreprit de transformer les quelques 2.000 hectares de Highclere en ce que l'on devait appeler plus tard "un jardin à l'anglaise". Il modela (enfin, les centaines d'ouvriers sous ses ordres...) le paysage à sa guise, conservant cependant à cette œuvre tout à fait artificielle une impression naturelle, creusant des lacs, arasant les collines, détournant même une rivière, construisant des folies et plantant des centaines et des centaines d'arbres rares, dont les plus emblématiques de Highclere, les cèdres du Liban. Ils sont la signature de ce jardin (si à cette échelle on peut encore parler de jardin !) et certains d'entre eux, toujours visibles de nos jours, ont été plantés par Capabilité Brown lui-même : ils ont donc plus de 250 ans et sont proprement gigantesques.

La première image que l'on a de Highclere est donc ce château de pierre ocre qui se dévoile peu à peu derrière ces majestueux cèdres qui l'entourent. Même si vous êtes fans de Downton Abbey et que vous connaissez par cœur ses épisodes, cette vision est à couper le souffle, d'autant que le château, construit sur un promontoire, domine une grande partie de la vallée et est entouré par un parc extraordinaire qui lui sert d'écrin.

Le parc et les jardins

Dans la première partie du parc sont rassemblés les rhododendrons et azalées. Par chance, lors de notre visite, fin mai, les uns et les autres étaient toujours en fleurs. C'était une explosion de couleurs incroyables : rouge, jaune, orange, violet, pourpre, lavande, rose. Pour peu que l'on se promène autour de ces buissons gigantesques (les azalées dépassent allègrement les deux mètres, quant aux rhododendrons ils ont la taille de bus à impériale), la silhouette de Highclere en émerge comme parée comme d'un collier. Ces plantations surprennent dans la région, car le sol est calcaire. Peu importe, le 2ème Comte de Carnarvon était passionné par les azalées : au début du 19ème siècle, il fit simplement creuser 8000 mètres carrés de fosses afin de les remplir de terre acide pour y cultiver ses plantes préférées... Comme Ingrid vous le rappelait récemment, parfois, oui, jardiner est aussi une question de moyens (malheureusement loin des miens) !

En contrebas du château, se trouve un jardin emmuré, installé sur le site de l'ancien verger et potager des moines. La serre adossée (qui, elle, ne se visite hélas pas) abrite une collection de rosiers destinés aux bouquets, de même qu'un grand nombre de géraniums et de plantes d'orangerie qui seront, tout au long de l'année, utilisés pour orner les salons et chambres du château.

Devant la serre s'étire une longue plate-bande faisant la part belle aux tons bleus. Lors de notre visite, les delphiniums y étaient spectaculaires, tout comme les géraniums.

Le long des murs sont, bien sûr, palissés de nombreux rosiers grimpants et des glycines. Cette partie du jardin comporte des topiaires centenaires en if : arches, tunnels, colonnes..., et derrière l'immense haie d'ifs qui délimite cet espace, un petit jardin blanc a été composé : iris, crambe cordifolia, pivoines, sysyrinchiums, géraniums. Ne m'en veuillez pas, je n'apprécie que peu les fleurs blanches aussi n'ai-je pas pris de photo... Sachez juste que ce jardin existe, mais qu'il n'est cependant en rien comparable au jardin blanc de Sissinghurst !

La dernière partie du jardin, la plus contemporaine a été créée dans les années 60. On y pénètre comme dans un monde à part. Le bruit de la foule des visiteurs s'éloigne, et l'on se surprend à retenir sa respiration en marchant à pas feutrés sur l'impeccable et moelleuse allée sinueuse de gazon anglais (mais comment font-ils ?).

De part et d'autre de ce large chemin se déroulent deux immenses mixed-borders mêlant vivaces, annuelles, arbustes, graminées et bulbes. L'ensemble est harmonieux et révèle une grande maîtrise de la couleur, des formes et des textures. Cette partie du jardin à elle seule mérite la visite.

En plus de tout ceci, il y a encore environ 1994 hectares de prés et de bois, de lacs et de rivières, de prairies fleuries et de gazon soigneusement tondus. Car partout où se porte votre regard et aussi loin qu'il se porte (et je vous assure que là-bas votre regard peut se porter loin...), vous contemplerez un paysage ponctué çà et là d'incroyables cèdres du Liban : c'est le domaine de Highclere.

Vous revenez avec moi en Angleterre ?