
Pyrale du buis : identification et traitement
nos conseils pour lutter naturellement et efficacement
Sommaire
La pyrale du buis (et non pas pyral sans « e »), n’est pas une maladie du buis mais le nom d’une chenille qui occasionne de terribles dégâts.
Il s’agit de la larve d’un papillon nocturne (Cydalima perspectalis) probablement importé via des végétaux en provenance d’Asie, dont la chenille est aujourd’hui l’ennemi public numéro un !
En effet, les chenilles de cette pyrale se délectent des feuilles du buis, de ses jeunes pousses voire même de l’écorce jusqu’à ne laisser qu’une plante complètement nue, ce qui peut conduire à la mort de ces arbustes.
La pyrale du buis est parfois confondue avec la piéride du chou, un ravageur bien connu des potagers mais la pyrale est bien plus virulente et problématique.
Depuis plusieurs années, ce lépidoptère se livre à une véritable invasion, l’Europe occidentale a été prise d’assaut, la France n’étant bien sûr pas épargnée par le fléau. De nombreux jardins sont touchés et cela s’avère particulièrement dramatique dans les jardins à la française aux nombreuses boules et topiaires. Les buis sont des éléments fondamentaux de l’architecture des jardins en général mais pensez à ces kilomètres de dentelles de buis réduits à l’état de squelettes purs et simples. Un cauchemar !
Dans les milieux naturels, le constat est alarmant également. Outre le fait que les buis servent de refuges pour la faune, leur enracinement permet d’éviter les glissements de terrain et d’empêcher l’érosion des sols, sans oublier que ces buis desséchés sont favorables aux incendies.
Sa parfaite adaptation à notre climat, sa rapide prolifération et le fait qu’il y ait très peu de prédateurs chez nous en font une adversaire redoutable. Savon noir, Bacille de Thuringe, traitement à base d’huiles essentielles, pièges, purin d’ortie, le vinaigre blanc … Faisons le point pour vous aider à lutter naturellement et efficacement !
Quels sont les symptômes d'une attaque de pyrale ?
Les pyrales tissent des fils de soie autour des buis. On remarque aussi de nombreuses déjections caractéristiques vert foncé sur le sol. Les chenilles se repèrent plus facilement dans les parties basses et le centre des plantes infestées.
Les buis sont des plantes très résistantes et ils peuvent refaire des feuilles mais si les pyrales s’attaquent à l’écorce, cela peut entraîner la mort des buis.
Pour l’instant, la pyrale reste un ravageur spécifique du buis (particulièrement Buxus sempervirens et rotundifolia) et excepté de rares cas isolés, elle ne s’attaque pas à d’autres végétaux. Les nombreuses chenilles se nourrissent des feuilles, des jeunes pousses encore vertes voir de l’écorce des buis.
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Les oeufs
Les œufs sont d’aspect translucide, groupés en plaques et sont généralement pondus sur la face inférieure des feuilles. Ce qui les rend difficile à repérer. Il suffit de quelques jours pour voir apparaître les premières chenilles.
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La chenille (larve)
La chenille est reconnaissable à sa tête noire luisante et à son corps vert clair bordé de lignes longitudinales vert foncé, de verrues noires et de petits poils blancs. Elle possède 10 fausses pattes et ne sont pas urticantes.

Plusieurs stades de la croissance des chenilles de pyrale du buis, du premier au dernier stade larvaire.
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La nymphe (chrysalide)
Une fois à maturité, les chenilles tissent un cocon de soie afin de se nymphoser. Alors se forme très rapidement la chrysalide. La nymphe mesure environ 2 cm. Elle est d’abord verte puis devient brune à maturité. Le papillon émerge en quelques semaines voire en quelques jours seulement en été.
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L’adulte (papillon)
Ce sont des papillons nocturnes. Il existe deux formes de pyrales : l’une possède des ailes blanc nacré bordées d’une bande brune avec des irisations dorées et violacées. L’autre, plus rare, possède des ailes entièrement brunes. Les deux formes sont tout de même identifiable grâce à un petit croissant de lune blanc sur leurs ailes. Leur envergure (d’un bout à l’autre des ailes déployées) se situe entre 35 et 44 mm. Une femelle vit environ 15 jours mais peut pondre des centaines d’œufs au cours de sa courte vie. Les papillons sont fortement attirés par la lumière et leur pullulation est aussi problématique… certaines habitations étant littéralement envahies.
Crédit photos des différents stades biologiques de la pyrale : ephytia.inra.fr
Le cycle de vie de la Pyrale
Les chenilles passent l’hiver dans des cocons de soie bien camouflés entre deux feuilles de buis.
Dès le mois de février, les chenilles sortent de leur hivernage et commencent à grignoter les feuilles. Leur développement est rapide.
Entre fin mars et début avril, les chenilles deviennent des nymphes puis entre fin mai et début juin, on observe la première génération de papillons. Ces adultes s’accouplent puis pondent des œufs qui deviendront les individus de la seconde génération et ainsi de suite.
Les adultes continuent de s’accoupler en été et en automne et ainsi plusieurs générations de papillons voient le jour.
Les jeunes chenilles de la dernière génération passe l’hiver dans des cocons de soie et un cycle recommence.
Au cours de l’année, on observe plusieurs générations (2 à 3/an) dont on peut voir tous les stades du cycle de vie en même temps : œufs, chenilles, chrysalides, papillons.
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Lutte mécanique
Dès l’apparition des premières chenilles et si elles ne sont pas en trop grande quantité, enlevez-les à la main. Les chenilles ne sont pas urticantes.
Peignez les buis pour enlever un maximum de fils de soie.
Les jardiniers astucieux étendent un tissu sous les plantes et frappent les buis avec un bâton pour faire tomber les chenilles sur le tissu. Il ne reste plus qu’à les récupérer et les écraser. Cette méthode rend le ramassage moins fastidieux lorsqu’il s’agit de grand buis ou de topiaires.
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Le piège de la bassine
Une grande bassine (et même plusieurs) remplie d’eau additionnée de liquide vaisselle et éclairée pendant la nuit, s’avère efficace pour piéger les papillons qui s’y noient mais s’ils sont très nombreux, la bassine est vite remplie, il faut la vider quotidiennement et recommencer.
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Autres méthodes
Certains jardiniers testent les huiles essentielles, le vinaigre blanc, le purin d’ortie, les traitements de grand-mère et autres poudres de perlimpinpin … parfaitement inefficace ! D’autres ont recours au savon noir mais l’efficacité de ce dernier n’a pas été prouvée scientifiquement.
Le traitement et les solutions de Biocontrôle
Le Biocontrôle est défini comme étant l’ensemble de méthodes de protections utilisant uniquement des organismes vivants ou des substances naturelles tels les prédateurs, le bacille de Thuringe ou les phéromones. Plusieurs projets d’études sont en cours à l’INRA afin de trouver des solutions pour endiguer le phénomène.
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Les prédateurs
Dans sa région d’origine, la pyrale est régulée par des prédateurs naturels. Chez nous, ces prédateurs sont absents. La prédation par les mésanges et les moineaux domestiques ont tout de même été observés, de même avec le frelon asiatique (Vespa velutina).
L’installation de nichoirs permet de faciliter la nidification des oiseaux qui participeront à la régulation des pyrales. Comptez 10 à 20 nichoirs par hectare. Il est impératif de peigner les buis pour enlever la soie et faciliter la prédation.
L’INRA procède à des études utilisant des micro-guêpes parasitoïdes oophages : les trichogrammes dont les femelles pondent leurs oeufs à l’intérieur des oeufs des pyrales entraînant la mort de ces derniers.
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Le traitement au Bacille de Thuringe
Les traitements répétés de Bacille de Thuringe (Bacillus thuringiensis ssp kurstaki ou BTK ou plus simplement BT) sont efficaces mais uniquement sur les jeunes chenilles.
Les plus âgées résistent au traitement. Le bacille de Thuringe est une bactérie naturellement présente dans la nature. Cette bactérie attaque la paroi intestinale des chenilles. Celles-ci arrêtent de s’alimenter et meurent rapidement, entre 1 et 5 jours, de septicémie.
Le traitement se fait sur l’ensemble du feuillage avec un pulvérisateur. Sa durée d’action est de 3 à 7 jours maximum. Il faut impérativement traiter lorsque les chenilles sont présentes et coupler le traitement au piégeage des papillons.
Pour traiter vos buis :
- Commencez par éliminer les fils de soie qui souvent entourent les rameaux attaqués puis traitez dès que possible, sur les jeunes chenilles avec le BT, de préférence le soir ou le matin de bonne heure.
- Renouvelez le traitement deux à trois fois, à 3 semaines d’intervalle, pour détruire les différentes générations de jeunes chenilles. Le BT est actif seulement sur les jeunes chenilles qui s’alimentent beaucoup. Les chenilles âgées, en fin de cycle, sont peu touchées, car elles cessent de s’alimenter. Intervenez de nouveau en été et en automne si de nouvelles générations de chenilles apparaissent.
Après une première attaque et un premier traitement, arrosez bien les buis pour stimuler la repousse de nouvelles feuilles.
→ Lire aussi Bacillus thuringiensis : un insecticide naturel
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Le piège à phéromone ou Buxatrap
Les phéromones sont des substances sexuelles produites par les insectes femelles pour attirer les mâles. L’INRA, dans le cadre du programme « SaveBuxus », a mis au point et breveté un piège à phéromones qui s’appelle le BUXatrap. Les phéromones attirent les papillons mâles dans les pièges. Ce n’est pas une solution miracle mais cela permet, couplé à d’autres moyens de lutte, de limiter l’invasion
Chaque espèce émet une phéromone spécifique. Il est donc nécessaire d’installer un piège par type de ravageur, autrement dit ici, pour la pyrale du buis. Ces pièges sont utilisés comme système avertisseur pour déterminer le début et l’ampleur de la présence de ces ravageurs. Chaque capsule doit être changée toutes les 4 semaines.
En augmentant le nombre de pièges, il est possible de réduire, un peu, le nombre de mâles, de femelles fécondées, d’œufs pondus et de buis contaminés. Cependant le coût de ces interventions devient alors très onéreux.

L’un des pièges à phéromones installé dans l’Harmas de Jean Henri Fabre à Sérignan-du-Comtat.
Pour connaître les périodes de présence des ravageurs au jardin, il est préférable de lire régulièrement les bulletins de santé du végétal (BSV). Alimenté par un réseau d’observateurs professionnels et bénévoles, le BSV permet de connaître l’importance des problèmes (maladies, ravageurs) dans chaque région et pour chaque type de culture. Il est une aide précieuse pour observer les problèmes dans son jardin et déclencher, si nécessaire, les interventions préventives et curatives adaptées.
Astuce : pour consulter les BSV, il vous suffit de taper « Bulletin de santé du végétal » suivi du nom de votre région dans votre moteur de recherche.
Enfin, découvrez notre fiche conseil dédiée aux pièges à phéromones.
Prévenir les attaques de pyrale
La prévention s’articule autour de trois axes :
- Dès le mois de mars, enlevez et brûlez les chenilles et les nymphes présents sur les buis afin de limiter l’apparition des premières chenilles.
- En cas de mort des buis, coupez-les puis brûlez les parties aériennes.
- Évitez de planter des buis et ne les remplacez pas par de nouveaux. Diversifiez les haies taillées et topiaires en utilisant d’autres arbustes.
En attendant une alternative serait de remplacer les buis par d’autres essences de végétaux ignorés de la pyrale. Découvrez notre sélection de candidats potentiels dans notre fiche conseil : « Buis, par quoi les remplacer ?« .
Visionnez également la vidéo d’Olivier sur : les alternatives au buis.
Pour en savoir plus
- Biocontrôle de la pyrale du buis (Programme de recherche « SaveBuxus ») : fiche d’information et protocole de récolte.
Maryse, le 23 Août 2018
Bonjour,
J'ai lu qu'il y aurait une plante que l'on peut associer aux buis et qui ferait office de répulsif mais ne sais plus son nom. Est-ce exact et comment s'appelle -t-elle ?
Merci
Réponse de Virginie D., le 23 Août 2018
Bonjour Maryse,
Ne serait-ce pas les oeillets d'Inde ? Je ne pense hélas pas qu'il y ait de plantes miracles capables de repousser la pyrale.
Cordialement.
Virginie