Voici plusieurs années que je transforme avec passion mon petit jardin de ville en un jardin nourricier. J'ai ainsi sélectionné et planté différentes espèces d'arbustes fruitiers et de nombreuses vivaces aromatiques. Dans ce jardin, il me restait un emplacement à aménager, exposé au soleil le matin, puis à l'ombre le reste de la journée. Les arbustes fruitiers, à l'exception des noisetiers, peinent dans ces zones ombragées. Et voilà que j'entends parler d'un arbuste qui fait merveille, même à la mi-ombre : le chèvrefeuille baie de mai (Lonicera caerula) ou Camérisier bleu ! Parfait en tout point, facile à cultiver dans ma région des Hauts-de-France, je pensais réussir sa culture sans encombre… mais parfois, malgré l'expérience, on oublie certaines précautions évidentes et la météo se joue de nous !

Je vais vous conter comment j'ai raté les baies de mai, ce qui peut arriver à tout jardinier, même expérimenté. 

cueillette Lonicera caerula

Ma découverte des baies de mai (Lonicera caerula)

Des amis jardiniers m'avaient décrit les grandes qualités des baies de mai, ou encore Camérisier, ou Lonicera caerula pour les intimes ! Cette petite merveille est un chèvrefeuille arbustif pas comme les autres. Orné de délicieuses baies bleues, allongées, qui se récoltent dès le mois de mai (d'où son nom). Leur pulpe ? De couleur verte ou rouge, elle est aussi juteuse que sucrée, avec juste ce qu'il faut d'acidité pour titiller les papilles. Nature, en jus, en gelée ou transformée en confiture, cette baie sait se faire aimer sous toutes ses formes.

Mais ne vous y trompez pas, derrière son apparence délicate, le Camérisier est un dur à cuire ! Capable de braver des froids polaires jusqu'à -40°C, il ne se laisse pas intimider par un petit gel. Et cerise sur le gâteau, il fleurit en mars et se montre très mellifère, parfait pour les premiers butineurs en sortie d'hiver.

Un petit conseil entre nous : pour une récolte généreuse, pensez à planter deux de ces beautés. Ils se plaisent autant en pot qu'en pleine terre, et s'associent à merveille avec d'autres variétés de petits fruits, pour former une haie gourmande et décorative ! Voilà les qualités que m'avaient vantées mes amis jardiniers.

Ni une, ni deux, je décide moi aussi d'installer deux Lonicera caerulea kamtschatica 'Blue Velvet'. J'ai sélectionné cette variété pour sa hauteur de 1,50 mètre et son envergure d'un mètre, mais aussi pour sa préférence pour un emplacement au soleil ou à la mi-ombre.

floraison du Lonicera caerula

La plantation des baies de mai

Le Camérisier (ou chèvrefeuille bleu) a ses préférences, comme toutes les plantes. Il apprécie les sols neutres à acides, restant frais et humides, même en été. Les sols secs et très calcaires ? Très peu pour lui ! Pour le chouchouter, il faut lui offrir un petit coin ensoleillé ou mi-ombragé, surtout dans les régions où le soleil aime frapper fort.

Cet arbuste n'est pas trop difficile sur la texture du sol. Que ce soit sableux ou argileux, il s'adapte. Mais, il a tout de même un petit faible pour les sols riches en matière organique. Attention cependant, il boude et dépérit dans les sols superficiels et secs. Jusque-là, mon jardin avait tout bon ! J'ai tout de même pris soin de décompacter mon sol avec une biofourche avant la plantation et d'apporter du compost bien mûr pour enrichir la terre, à renouveler une fois par an.

J'ai donc planté mes deux Camérisiers au printemps, en avril, en prenant soin d'éviter les périodes de gel tardif ou de canicule. À noter que l'on peut aussi les installer au jardin à l'automne. J'ai respecté une distance d'environ 1 m à 1.20 m entre les plants, pour qu'ils puissent s'épanouir sans se gêner.

Avant de planter, j'ai trempé la motte pour lui donner un bon départ. Une fois le plant installé, j'ai recouvert la motte de terre et tassé légèrement pour former une cuvette d'arrosage. Un bon arrosage pour commencer, du paillage au pied pour garder la fraicheur et l'humidité et c'est parti !

Pour en savoir plus sur la plantation, lisez notre article sur le chèvrefeuille bleu, Baie de mai : plantation, culture, entretien.

chevrefueille bleu

Mais alors, que s'est-il passé ?

Mes Camérisiers avaient été bien plantés, ils s'établissaient doucement et j'ai eu même 4 à 5 petites baies bleues en remerciement de mes bons soins. Vous devez être en train de vous demander où est-ce que je me suis plantée ?

Eh bien… courant juin, j'ai été obligé de déménager mes Baies de mai ! En effet, la politique de ma ville ayant changé sur le tri des déchets, il me fallait transformer cette zone du jardin en lieu de compostage et de stockage des poubelles.

Notez que nous sommes désormais en début d'été et que ce n'est pas la saison propice à la plantation, en raison du manque d'eau et du risque de sécheresse ! Et comme j'étais pressée, je n'ai pas voulu attendre l'automne (ce que j'aurais dû pourtant faire !) : première erreur ! Ai-je eu trop confiance dans la résilience de la plante ? Ai-je péché par excès de confiance ? Bonne question !

C'est ainsi que j'ai déplacé mes beaux arbustes, pour les replanter quelques mètres plus loin, mais en plein soleil ! Ce changement complet d'exposition a amplifié le stress dû au déménagement en plein été. Deuxième erreur ! 

Et comme ci cela ne suffisait pas, la météo s'est mêlée à l'affaire… Une longue période de sécheresse a débuté cette semaine-là, suivie par une canicule ! Malgré le paillage pour garder l'humidité et les arrosages réguliers, les conditions étaient défavorables. Mes chèvrefeuilles bleus n'avaient donc pas eu le temps de s'enraciner suffisamment pour supporter ces conditions. Je vous laisse imaginer leurs têtes !

camerisier

Bilan de cette mésaventure

Alors, quel est le bilan de cette aventure avec les baies de mai ? Eh bien, disons que mes deux arbustes sont toujours de ce monde, mais ils ont clairement vu des jours meilleurs et ont une mauvaise mine. Il me faudra être très vigilante durant les deux prochains été pour assurer leur survie.

Cette expérience se transforme en une leçon inestimable. Elle met en lumière l'importance de suivre scrupuleusement les périodes et conseils de plantation, et de ne pas précipiter les choses. En jardinage, la patience est plus qu'une vertu, c'est une nécessité ! J'ai appris à la dure que même les jardiniers expérimentés peuvent trébucher sur la racine de l'imprévu et de l'impatience.

Ces expériences, malgré leur goût amer, se révèlent être un excellent engrais pour notre savoir-faire en jardinage. Elles prouvent que même les erreurs ont leur place dans notre jardin d'apprentissage. Et qui sait ? Avec un peu de tendresse et de compost, mes arbustes pourraient bien se remettre de leurs péripéties estivales.