Notre jardin est notre fierté ! Nous y avons entreposé nos plantes préférées dans un ordre plus ou moins bien agencé. Nous y avons fait pousser des plantes qui ne devaient pas se trouver sur ce terrain tout en éliminant celles qui y poussaient très bien. C'est finalement la définition même de ce qu'est un jardin.

Mais ce qui nous rend encore plus fier, surtout parmi les jardiniers collectionneurs, c'est de posséder une rareté ! Le truc introuvable et improbable ! Le Saint Graal du monde végétal ! L’exemplaire unique (enfin presque...) ! La plante la plus originale à l'Ouest du Pecos ! La fleur que le monde entier vous enviera.

Définition de la rareté...

Qu'une chose ou, dans notre cas précis, qu'une plante soit rare est en réalité une notion très abstraite. Car la rareté n'est par définition que l'état de fait de trouver peu souvent une variété ou une espèce (pour diverses raisons) ou bien qu'il n'en existe que très peu d'exemplaires. Bref, ce n'est pas concret du tout !

La plante rare est surtout une affaire de collectionneur

Gardons bien à l'esprit que la rareté d'une plante n'est pas toujours un gage de qualité ! 

Une plante rare dans la Nature est une plante qui possède une valence écologique limitée. Comprenez par là que ses besoins en eau, sol, climat, ensoleillement... sont très précis. Le moindre changement et c'est la mort assurée ! Inutile de préciser que ces plantes ne tiennent pas longtemps au jardin. De plus, ce sont la plupart du temps des espèces protégées !

En revanche, une plante rare en culture, le sera en regard d'une réalité économique : si elle est difficile à reproduire par bouturage, greffage ou semis ;  si elle nécessite des soins très particuliers comme les Meconopsis par exemple ; ou tout simplement si le producteur juge que cela n'intéressera qu'un ou deux jardiniers un peu mabouls et que ce n'est donc pas la peine de la reproduire.

Meconopsis betonicifolia

Ceci dit, une plante rare est parfois tout simplement une plante que l'on n’a pas encore songé à commercialiser. La plante est méconnue, car pas encore à la mode ou pas encore bien diffusée. C'est le cas notamment des Strobilanthes ou des Sarumas par exemple. Ces deux plantes sont bourrées de qualités, mais encore très peu rencontrées. Il faudra juste s'armer d'un peu de patience... 

Nota bene : n'oublions pas aussi que ce qui est rare durant une période ne va pas forcément le rester. Prenons l'exemple de l'Heptacodium miconoides. Très rare, il y a quinze ou vingt ans, on ne retrouvait ce petit arbre qu'en arboretum. Finalement, on s'est rendu compte que l'Heptacodium était facile à reproduire et on a commencé à le commercialiser. Désormais, tous les jardiniers ou presque en ont planté au moins un exemplaire dans leur jardin (même moi !). 

Saruma henryi ou gingembre sauvage de Chine (© Peganum)

Plantez ce qu'il vous plaît !

Faut-il multiplier les raretés pour avoir un beau jardin ? Absolument pas ! La beauté d'un jardin, une notion déjà très subjective, va se dévoiler grâce aux associations bienvenues des plantes, de l'agencement du jardin lui-même, des facéties de la nature et d'un poil d'inventivité du jardinier.

Mais les plantes rares n'apporteront rien de plus que la satisfaction d'avoir une plante « que les autres n'ont pas ». Et ma foi, parfois pour pas longtemps... Bref, le mieux que nous puissions vous donner comme conseil est : plantez ce que vous voulez du moment que ça pousse chez vous et que vous aimez cette plante, c'est le principal !