J’ai participé à un concours ! Je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de compétition. Pourtant, au printemps dernier, je me suis lancée, vivement encouragée par un ami, membre de l’association « Jardins Passions » à laquelle j’adhère également. Voilà, tout ça pour dire que j’ai participé à un concours ! Mais pas n’importe lequel, celui de Jardiner Autrement’ porté par la Société Nationale d’Horticulture Française. Ce concours récompense les démarches les plus abouties en termes de préservation de la biodiversité. Je me suis dit que si j’avais la chance d’être retenue, ce serait une bonne chose pour promouvoir le jardinage écologique dans ma région, chose à laquelle je suis très sensible et pour faire connaître mon jardin naturel. Et je suis devenue lauréate 2017. Les récompenses étaient un voyage sur le thème du végétal, une vidéo du jardin filmée avec talent par Philippe Minot de la fameuse chaîne ‘Jardin Jardinier’ et une interview.

C’est ainsi que début septembre, je suis descendue dans le midi avec mon mari, du côté d’Avignon. Le programme était chargé, plusieurs visites allaient bien remplir ce week-end aux antipodes des Ardennes : une unité du centre du GEVES, Les jardins de la rose et du parfumeur, l’Harmas de Jean-Henri Fabre, le domaine viticole de Fontavin et le jardin de l’Epicurium.

  1. LE CENTRE DU GEVES

Notre première journée a commencé sous la pluie (on nous a menti, il pleut dans le sud … Bon après 4 mois sans une goutte d’eau, j’imagine que les gens étaient contents !) par la visite d’une unité du Groupe d’Etudes de contrôle des Variétés Et des Semences à Lethor près de Cavaillon. Autrement dit, il s’agit d’un organisme officiel qui étudie les nouvelles variétés végétales en vue de leur inscription au catalogue officiel des nouvelles variétés avant l’autorisation de mise sur le marché et qui analyse la qualité des semences.

Ce qui m’a interpellé, ce sont les grandes serres chauffées pour les tomates. Évidemment, pas question d’y pénétrer sans ressembler à un spationaute du dimanche car aucun élément extérieur ne doit pouvoir contaminer les essais pour ne pas fausser les résultats. Aussi, nous sommes restés sagement à l’extérieur à boire les paroles de notre hôtesse, nous expliquant que les serres sont équipées d’un système de protection biologique intégré (PBI). Ce système ne vise pas l’éradication des nuisibles, mais à maintenir leur population à un niveau acceptable en utilisant le biocontrôle et la lutte intégrée.

D'autres serres, ouvertes celles-ci, sont également occupées. Ainsi que des parcelles entre deux hautes haies dont la fonction est de protéger les cultures du mistral.

  1. LES JARDINS DE LA ROSE ET DU PARFUMEUR

Toujours sous des trombes d’eau (et je n’exagère pas ! Il était donc difficile de faire des photos), nous continuons notre périple, direction L’Isle-sur-la-Sorgue pour visiter la roseraie expérimentale de Roseline Giorgis. Nous avons fait la connaissance d’une rose nommée La Baptistine ou plutôt de son histoire puisque ce rosier non remontant n’était malheureusement plus en fleurs lors de notre venue. Il s’agit d’une rose créée dans la lignée des célèbres Centifolia grassoises cultivées pour l’industrie du parfum et les jardins depuis le XVIIIe siècle.

La roseraie regroupe une collection de rosiers botaniques cultivés sans aucun traitement. Des plantes à parfums, aromatiques ou médicinales, mais aussi des plantes sauvages spontanées s’allient afin de créer un équilibre naturel et une biodiversité favorable à la culture de rosiers en pleine santé.

  1. L’HARMAS DE JEAN-HENRI FABRE

Après déjeuner, la pluie avait cessé et nous reprenons la route pour Sérignan du Comtat. C’était LA visite qui m’a le plus passionné, au cœur de ce jardin naturaliste et de l’univers d’un homme, infatigable observateur des richesses de la nature.

Le jardin d’un hectare est un véritable laboratoire à ciel ouvert. Sur un panneau destiné aux visiteurs, je lis ceci :

« Dans cette friche, « harmas » en provençal, Fabre, assis sur un banc ou à quatre pattes dans un massif (tiens, ça me rappelle quelqu’un !), y observait pendant des heures les végétaux spontanés ou la vie et les mœurs d’innombrables insectes : cigales, scarabées, bousiers, abeilles… et installait à leur intention pourrissoir (âmes sensibles s’abstenir !) et abris en bois ou en pierre. Cette friche contient des plantes herbacées sauvages communes dans le Vaucluse : lavande, chardon, thyms, romarin, ciste, centaurée… »

Le parc est largement planté d’arbres et d’arbustes reflétant les sous-bois méditerranéens où ont élu domicile des générations d’écureuils et une multitude d’animaux : insectes, hérissons, lézards... Fabre a aussi introduit des espèces exotiques dont le fabuleux cèdre de l’Atlas. Absolument magnifique !

Cône femelle d'un cèdre de l'Atlas.

Connaissez-vous les Sternbergia lutea ? Ce sont des bulbes d’automne qui ressemblent à des crocus, mais qui n'en sont pas) d’un jaune très lumineux que l’on appelle aussi les vendangeuses car elles fleurissent pendant la période des vendanges. Ils illuminaient littéralement ce petit coin de sous-bois.

Dans le potager, une rangée de grenadiers nains (Punica granatum ‘Nana) regorgeait de jolies grenades rouges bien tentantes.

Tapis de Sternbergia lutea et grenades mûres du Punica granatum ‘Nana’.

  1. LE DOMAINE VITICOLE DE FONTAVIN

Nous terminons cette journée par la visite du domaine de Fontavin à Courthézon. J’avoue que tout ce qui touche au vin ne me passionne pas. Ces messieurs étaient très attentifs en revanche, tiens donc ! Il faut dire que champenoise d’origine, je suis un peu tombée dans la marmite quand j’étais petite et des caves, j’en ai vu. Ce qui m’a plu en revanche, c’est la philosophie et le discours qu’Hélène Chouvet nous a tenu dans ses vignes avec vue sur le mont Ventoux et les Dentelles de Montmirail et non dans une cave sombre et humide qui pue le moisi. J’ai pu admirer des ceps de vignes en pleine santé, vigoureux … avec de belles touffes de plantes sauvages par-ci par-là. Il faut dire qu’en 2008, la décision du passage au bio s’est imposée comme une évidence : fini les désherbants et les pesticides ! Depuis les vers de terre sont revenus en nombre, la vie du sol a retrouvé une nouvelle jeunesse et les vignes leurs propres moyens de défense.

Inutile de vous dire que la visite s’est soldée par une dégustation et que nous sommes tout de même revenus avec trois bouteilles de Châteauneuf du Pape, le vin préféré de mon mari.

  1. LE JARDIN DE L’EPICURIUM

Après une courte nuit de sommeil, nous avons repris la route pour nous rendre au jardin de l’Epicurium à Avignon pour une visite originale et ludique. La pluie avait cédé sa place au soleil, mais ce coup-ci c’est le mistral qui était de la partie, un vent à faire pâlir Eole lui-même ! L’Epicurium est un centre de découverte dédié au végétal qui a pour but de promouvoir les méthodes agro-écologiques ainsi que les principes d’une alimentation durable, bénéfique aussi bien pour notre santé que pour notre environnement.

À l’intérieur du bâtiment, des petits jeux pédagogiques et interactifs axés sur les sens et sur les connaissances des fruits et légumes, sont selon moi plutôt destinés aux enfants. À l’extérieur, un potager et un verger regroupent des plantes potagères, des aromatiques dont certaines peu courantes et des arbres fruitiers.

Une belle annuelle a attiré mon regard. Il s’agit de l’Amarantine globuleuse (Gomphrena globosa) aux petits pompons pourpre violacé.

Au détour des petites allées, on découvre de drôles de bêtes comme les petits poivrons ‘Red Squash’ ou le Feijoa sellowiana ‘Coolidge’, autrement appelé le Goyavier du Brésil ou encore la Morelle de Balbi (Solanum sisymbriifolium) à ne regarder qu’avec les yeux !

Dans le verger, j’ai eu l’occasion de goûter un jujube frais et bien mûr dont le goût rappelle la datte et d’admirer le pistachier. Dommage, il était trop tôt en saison pour la dégustation de pistache.

Au terme de notre séjour et quelques belles rencontres plus tard, il était temps pour nous de retrouver nos jardins, nos vies et de découvrir les vidéos.

En suivant le lien, vous trouverez la vidéo ainsi que l’interview juste en dessous : "Lauréate 2017 : Virginie Douce à Girondelle (08)".