Les espèces animales invasives ou exogènes envahissantes

Qu'est-ce qu'une espèce invasive ?

Le terme exact et officiel est : Espèce Envahissante Exogène ou EEE ou encore Espèce Exotique Envahissante. Par anglicisme, les termes « invasive » ou « invasif » sont le plus souvent repris, même dans certains documents officiels.

Une EEE (ou espèce invasive) est donc une espèce végétale ou animale (mais cela pourrait être une bactérie ou un champignon aussi) exotique qui s’est implantée dans un écosystème qui n’est pas initialement le sien, se reproduit à une vitesse alarmante et, par conséquent, perturbe ledit écosystème dans une véritable invasion. En effet, une espèce végétale ou animale devient nuisible principalement en « prenant la place » (la niche écologique) d’une ou de plusieurs espèces endémiques. Parfois l’espèce endémique ou indigène subit une telle pression qu’elle disparaît, menaçant alors la vie d’autres espèces qui en dépendaient directement.

La notion d’exotisme est parfois, compliquée à définir : à partir de quelles distances géographiques, considère-t-on que l’espèce est indigène ou exotique ? Néanmoins, il existe une liste officielle d’EEE ou espèces envahissantes exogènes, publiée chaque année par la Commission Européenne. 

→ Pour plus d’informations sur la problématique des EEE, visitez le site français espèces-exotiques-envahissantes.fr ou, pour la Belgique, health.belgium.be/biodiversité.

Nid de frelons asiatiques

Comment ces espèces sont-elles devenues invasives ?

Toutes les espèces animales exotiques ne sont pas destinées à devenir envahissante. Une espèce animale devient invasive grâce à ses capacités d’adaptations :

• Elle se reproduit plus vite que les espèces indigènes ;
• L’espèce invasive peut même s’hybrider dans certains cas avec une espèce autochtone, ce qui la fera disparaître ;
• Elle adopte un comportement agressif envers les espèces dans la même niche écologique ;
• Son régime alimentaire est moins spécifique que les espèces endémiques ;
• Elle devient prédatrice d’une ou plusieurs espèces sans être prédatée elle-même ;
• Sa valence écologique est plus large : c’est-à-dire que l’espèce exotique peut vivre et prospérer sur un large créneau de facteurs écologique (température, hygrométrie…) alors que le moindre changement peut impacter une espèce indigène ;
• Elle résiste mieux à une pollution du milieu ou un changement climatique.

Le corbeau familier venu d’Asie menace les espèces locales et les cultures

Une problématique environnementale... mais pas seulement

Les espèces invasives représentent la seconde cause de réduction de la biodiversité mondiale, derrière la destruction des habitats naturels par l’activité humaine.

Les EEE sont problématiques à différents niveaux :

• pour l’environnement, en déréglant les équilibres, souvent précaires, des écosystèmes : ce qui impactera fortement la biodiversité du milieu dans lequel l’espèce invasive a été introduite ;
• elles apportent leur lot de maladies et de parasites exotiques : les espèces indigènes infectées ne savent pas lutter contre ces maladies. L’Écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) a ainsi apporté la peste des écrevisses, la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) a amené un énième parasite pour nos abeilles. Les espèces exotiques peuvent aussi être un danger pour la santé humaine en véhiculant des maladies ou parasites pouvant contaminer l’Homme ;
• les espèces exogènes envahissantes peuvent impacter fortement une économie en détruisant des récoltes ou des arbres, en tuant les abeilles (impact sur la production de miel et de fruits) ou en abîmant les berges des cours d’eau (dans le cas des rats musqués par exemple) : selon l’Union Européenne, c’est plus de 10 milliards d’euros par an qui s’envolent en tant que perte financière directe ou dans le cadre de projets de régulation des espèces invasives. En effet, des gestions d’espèces invasives nuisibles sont organisées un peu partout en Europe et dans le Monde.

Nota bene : rassurons-nous, toutes les espèces exotiques introduites, le plus souvent par l’Homme, ne deviennent pas forcément invasives. Seule une petite partie d’entre elles le deviendront si elles en ont les capacités (adaptabilité, forte reproduction, absence de prédateurs…). La problématique des EEE n’est pas à prendre à la légère, mais il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse et honnir toutes espèces provenant de l’étranger.

Le rat musqué est un des acteurs de l’érosion des berges

Quelques exemples d'espèces animales invasives au jardin

Nous avons plus l’habitude des espèces invasives végétales au jardin. Toutefois, nous pourrons rencontrer aussi quelques espèces animales EEE dans nos petits coins de verdure, en voici quelque unes :

• Frelon asiatique (Vespa velutina) : ce frelon, plus petit que notre Frelon européen, décime les populations d’abeilles ;
• Ver plat de Nouvelle-Zélande (Arthurdendyus triangulatus) : un tueur de lombric, particulièrement vorace ;
• Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) : menace la Cistude d’Europe et peut décimer les populations d’amphibiens dans une mare ;
• Écureuil gris (Sciurus carolinensis) : tend à éradiquer l’Écureuil roux et écorce les arbres sains, contrairement aux autres espèces d’écureuils qui s’attaquent préférentiellement aux arbres en fin de vie ;
• Raton-laveur (Procyon lotor) : porteur de la rage, de la gale et de la maladie de Carré, il est en outre très intelligent et s’adapte à tout, au détriment d’autres mammifères indigènes ;
• Rat musqué (Ondatra zibethicus) : apporte généralement des impacts négatifs sur les berges des cours d’eau, il réduit aussi les roselières.

Et les autres ? : la Coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), la pyrale du buis (Cydalima perspectalis), ou la chenille processionnaire du Pin (invasion due au réchauffement climatique)… sont des espèces exogènes problématiques, mais ne sont pas ou plus sur la liste officielle des EEE éditée par la Commission Européenne.

Ecureuil gris, tortue de Floride, ver plat de Nouvelle-Zélande, raton-laveur, frelon asiatique et rat musqué