Peut-être vous en êtes-vous aperçus, mais, au printemps dernier, les articles se sont faits plus rares sur le blog… Il faut dire que nous avons connu ce que nous appelons, pudiquement, "une période de forte croissance", ce qui signifie que c'était chaud, très chaud même ! Pour tout vous dire, nous avons eu l'impression que tous les jardiniers de France et de Navarre s'étaient donné le mot pour commander frénétiquement. Autant vous dire que tout le monde était sur le pont et que même le chef préparait les colis. Effet domino oblige, ceux qui étaient, comme moi, un peu "planqués" derrière leurs fiches-conseils se sont retrouvés à répondre aux mails des jardiniers inquiets, voire désespérés face à leurs plantes mourantes. Cette expérience, parfois éprouvante, a été riche d'enseignements, car, je peux l'affirmer, je sais désormais comment nos clients font mourir leurs plantes dans leurs jardins !

Voici, concrètement, comment ils s'y prennent !

1) Ils utilisent de la terre de bruyère, pure, de préférence.

Utiliser de la terre de bruyère part, nous sommes d'accord, d'un bon sentiment : celui de donner un substrat adapté aux plantes dites acidophiles (comme les Érables du Japon, les rhododendrons, les hortensias...), qui ont besoin d'un sol à tendance acide (pH entre 4 et 6,5) pour bien se développer. C'est aussi une démarche logique car dans l'expression "plantes de terre de bruyère", il y a "terre de bruyère". Enfin, si la jardinerie du coin en vend, c'est bien qu'il faut l'utiliser ! Et bien, figurez-vous que non car la terre de bruyère est un substrat qui semble avoir été inventé pour faire crever les plantes.

En effet, la terre de bruyère, qui contient une part importante de tourbe blonde, est certes acide mais elle est aussi très pauvre en éléments nutritifs. Par ailleurs lorsqu’elle est trempée elle retient souvent trop l’humidité, et lorsqu’elle est sèche, il est quasi impossible de la réhydrater, l’eau glisse dessus mais ne pénètre plus au cœur de la plante. Résultat, il est impossible de bien arroser une plante dans de la terre de bruyère pure. Et pire que tout, la plante qui réussira à pousser végétera et finira par mourir faute d’éléments nutritifs consistants !

Pour tout savoir sur la plantation des arbustes de terre de bruyère, découvrez l'article de Michael :

2) Ils arrosent tous les jours, un petit peu... ou tous les jours, beaucoup... ou alors, jamais.

80 % des problèmes de reprises sont dus à un sur-arrosage ou à un sous-arrosage

Le problème, c'est qu'une plante trop arrosée montre à peu près les mêmes signes qu'une plante qui ne l'est pas assez : feuillage pendant qui se dessèche et finit par tomber. Face à ces symptômes, le premier réflexe des jardiniers encore peu expérimentés est d'arroser de nouveau, plus souvent et de façon plus abondante... jusqu'à ce que mort s'en suive, ou presque. Ceux qui n'arrosent pas ne se manifestent généralement pas : ils s'aperçoivent souvent de leur négligence lorsqu'il est vraiment trop tard et qu'aucune mesure de réanimation n'est envisageable. En vérité, je pense qu'ils ont un peu honte.

Notre conseil pour bien arroser est simple :  pour savoir si votre plante a besoin d'être arrosée, touchez la terre ! Si la terre est humide et que votre doigt ressort boueux, c'est qu'elle a trop d'eau, stoppez donc les arrosages. Si au contraire votre doigt ressort sec et sans terre, arrosez-la, elle est trop sèche! L'idéal est de conserver un sol toujours frais et souple où votre doigt ressort un peu humide avec un peu de terre collée. Et plus il fait chaud et sec, plus il faut non pas arroser, mais vérifier l'humidité au pied de la plante. Tenez compte, aussi, des besoins de vos plantes : un pied de lavande n'a pas besoin d'un sol toujours humide, des pétasites, plantés en sol classique, si.

3) Ils installent des plantes gélives... là où il gèle, fort et souvent.

La notion de rusticité donne parfois lieu à des interprétations très personnelles, à la limite du fantaisiste. Pour une grande partie des jardiniers, une plante rustique est une plante solide (un peu comme les meubles de nos grands-parents... jusqu'ici, tout va bien) capable de résister au froid sibérien, partout en France (c'est là où les choses se gâtent). En effet, il existe plusieurs degrés de rusticité et une plante ne réagira pas de la même façon dans tous les jardins... car son âge, l'exposition et la nature du sol, le drainage ont eux aussi leur importance.

Il arrive donc fréquemment que des jardiniers optimistes vivant en climats rudes comme l'Alsace, les Vosges ou l'Aveyron concrétisent leurs rêves de jardin exotique à grand renfort de callistemons, Musa basjoo ou Gunnera... Généralement, ils nous appellent au printemps pour nous signaler la non reprise de leur plant. Et, forcément, nous ne pouvons rien faire !

Pour éviter ce type de désagrément, prenez le temps de bien lire les informations contenues dans les fiches plantes : la rusticité est clairement indiquée ! Et pour tout savoir sur les plantes rustique et la notion de rusticité, n'hésitez pas à consulter notre dossier complet :

plante rustique et rusticité

4) En pot et jardinière, ils utilisent de la terre de jardin et comptent sur le ciel pour arroser.

Des fois, ça marche. Souvent, cela ne marche pas.

Cultiver des plantes en pot peut paraître plus simple. Dans les faits, cela ne l'est pas tant que ça. Non seulement il faut des contenants adaptés, mais il faut, surtout, un substrat de qualité.

Quoi de mieux, alors, que la terre du jardin ? En effet, quand elle est riche et légère, ça marche. Quand elle est lourde, un peu asphyxiante ou caillouteuse et alors très drainante, c'est une tout autre histoire. En pot, les plantes doivent se satisfaire de peu : un volume de terre réduit et l'eau qu'on voudra bien leur donner, via les arrosages. Par ailleurs, leur système racinaire est forcément un peu contraint. Ces plantes sont donc plus sensibles aux éventuels manques de nutriments et d'eau. Pour avoir de belles plantes en pot, la qualité du substrat est donc capitale ! Plutôt que d'aller creuser je ne sais où pour fleurir votre balcon ou votre terrasse, investissez dans un terreau de qualité, nutritif et retenant bien l'eau. Si possible, piochez dans les gammes qualité professionnelle (comme Klasmann), et utilisez-le pur, sans chercher à faire d'improbables mélanges de type : la terre du jardin de Tata Brigitte + le sable du chantier d'à côté + le vieux terreau à géranium de la voisine du dessous.

Pour tout savoir sur les différents types de terreau et leur utilisation, découvrez notre fiche conseil :

Concernant l'arrosage, ne comptez pas sur l'eau qui tombe du ciel. Même si elle inonde votre jardin, il y a peu de chance pour que ce soit suffisant pour assurer les besoins essentiels de vos plantes en pot. Pourquoi ? Parce que, bien souvent, les feuilles  forment une barrière qui empêche l'eau de pluie de pénétrer jusqu'à la terre et, ensuite, parce que les pots, contrairement au sol du jardin, ne conservent pas l'humidité très longtemps. Les plantes en pot doivent donc être arrosées, sans excès, mais dès qu'elles en ont besoin (Cf plus haut) et surtout, toute l'année, même en hiver, après un gel sévère ou si le temps est sec.

5) Ils plantent vite fait (mal fait), dans un sol bétonné ou, au contraire, trop travaillé et fertilisé.

Nous faisons confiance à nos clients, mais, comme nous connaissons bien nos plantes, certains échecs nous laissent dubitatifs. Pour en avoir le cœur net, nous demandons une photo de la plante mourante, en situation. Autant vous dire que nous avons une collection d'images qui nous permettrait d'ouvrir un véritable petit musée des horreurs jardinesques : des vivaces installées dans un sol compact, visiblement dur comme du béton, des plantes de sous-bois dans un sol pierreux, des arbustes plantés dans la pelouse pour lesquels ont a juste creusé un trou de la taille du pot...

A contrario, certains se donnent beaucoup de mal et fertilisent à grands coups de brouettes de fumier, parfois frais. L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Rappelons-le une fois pour toutes : à part quelques légumes très gourmands comme les courges, les plantes n'ont pas besoin de tels apports. Et quand une plante aime les sols riches, on parle de terre humifère... riche d'un humus qui sera le fruit de la lente décomposition d'un compost équibré, d'un bon paillage de feuilles ou de déchets verts... mais, en aucun cas de fertilisations brutales ou trop riches en azote qui, au contraire, les fragilisent en les faisant pousser trop vite ou, au pire, brûlent leurs racines.

Les plantes, pour bien se développer, ont besoin d'un milieu accueillant : de la terre, plus ou moins riche (mais jamais trop) à minima bien décompactée. Il faut creuser un trou confortable, assez large, où elle pourra étaler leurs racines. Pensez, à ce propos, à démêler légèrement le chevelu racinaire avant de planter. Ce geste simple va permettre aux radicelles de prendre contact avec sa terre d'accueil. Attention aussi à la concurrence : si on conseille de planter en sol désherbé, ce n'est pas juste pour vous faire transpirer, c'est pour permettre à vos petites nouvelles de prendre des forces avant d'avoir à faire leur place dans le milieu, parfois hostile, qu'est le jardin !

Et si vous pensez qu'il est vraiment difficile de rater la plantation de ses vivaces, n'hésitez pas à prendre quelques leçons !

6) Ils plantent des rhododendrons en sol calcaire, des agaves en sol humide...

Allez savoir pourquoi, mais les tueurs de plantes multi récidivistes ont tous un point commun : ils rêvent de ce qu'ils ne peuvent pas cultiver chez eux, comme des hortensias en sol calcaire, les Gunneras ou un sol crevette en sol sec, des agaves en sol humide. Le problème, c'est qu'ils passent à l'action et plantent quand même (en ajoutant parfois de la terre de bruyère, cf. point 1...). Fatalement, au mieux, la plante vivote en luttant comme elle peut contre la chlorose ou le pourrissement racinaire, au pire, elle meurt. C'est généralement à ce moment-là qu'ils appellent au secours le service client, pour un remplacement (si, si, j'vous jure !).

Errare humanum est, perseverare diabolicum.

Si un type de plante ne convient pas à votre sol, à votre climat, arrêtez de vous entêter et adoptez "La bonne plante au bon endroit" comme mantra !

Comme pour la rusticité, les informations concernant la nature du sol requis pour cultiver les plantes figurent dans le descriptif de nos plantes. Lisez-les, tenez-en compte ou prenez un peu de temps pour consulter un ouvrage de référence comme "Toutes les plantes, pour toutes les envies et toute les situations" de Didier Willery.

7) Ils craquent pour une vivace ou un arbuste sans savoir exactement où l'installer.

Légère variante du point précédent, cette erreur est souvent commise par les jardiniers expérimentés dont le jardin est déjà plein à craquer... car eux aussi, craquent souvent... pour une nouvelle variété tout à fait charmante, une espèce rare ou un coup de cœur lors d'une fête des plantes. Trois clics et 48 heures plus tard, ces mêmes jardiniers parcourent le jardin, la petite nouvelle à la main, à la recherche d'une petite place. C'est généralement après 20 minutes de tour et de détours, qu'ils finissent par trouver quelques de centimètres carrés pour l'y glisser. En chemin, ils auront oublié quelles sont ses exigences et, malgré leur expérience, ils auront installé une plante d'ombre, en plein soleil (ou vice versa). La plante ne mourra pas forcément, mais son feuillage fera peut-être triste mine ou elle ne fleurira pas... ce qui nous vaudra, sans nul doute, une petite remarque !

Moralité : ne pas planter une plante au bon endroit n'est pas l'apanage des débutants. Les jardiniers avertis peuvent le faire très bien aussi...

8) Ils plantent le jour de la réception, même en période de canicule ou de froid sévère... ou ils attendent, longtemps.

Nos plantes sont livrées, toute l'année, en pots ou en godets.  Les aléas de la météo font qu'elles arrivent parfois à une période peu propice : froid sévère, forte chaleur ou terre gorgée d'eau... Quitte à sortir le pic à glace et la lampe frontale (il fait nuit tôt en hiver), certains plantent quand même. Autant vous dire que cela compromet la reprise.

Nous vendons aussi des plantes en repos végétatif (nous vous expliquons pourquoi dans cet article), sans trace de vie apparente ou avec juste quelques petites feuilles. Je ne m'étendrais pas sur ceux qui les jettent rageusement au compost (ils sont rares... et j'estime qu'ils font partie des cas pour lesquels on ne peut définitivement rien faire) pour m'attarder sur les jardiniers anxieux, qui, bien que les conditions soient idéales, ont peur de planter de si petites "choses" au jardin et qui décident de les laisser "se fortifier". Une fois de plus, laisser grandir les plantes part d'une bonne intention. Le problème est double : les pots dans lesquels les plantes sont vendues deviennent rapidement trop petits, les éléments nutritifs s'épuisent rapidement et, surtout, les plantes en pot ont besoin d'arrosages presque quotidiens ! Résultat : les plantes crèvent. Mon conseil : ne plantez pas forcément dès réception, mais plantez dès que possible !

Pitié, nous ne voulons plus entendre de "je sais que c'est rustique, mais je vais quand même attendre la fin des Saints de Glace pour le mettre au jardin" ou "Je commande maintenant, je sais que ce n’est pas le moment alors je vais le garder en pot et planter en octobre"... ou alors, promettez-nous de :  1) de rempoter la plante dans un pot beaucoup plus grand, 2) d'utiliser un bon terreau 3) de procéder à des arrosages réguliers, chaque fois que nécessaire et ce jusqu'à la plantation en pleine terre.

Enfin, et pour l'anecdote, sachez que non, laisser patienter des plantes dans un garage pendant vos vacances, même lumière allumée, ce n'est pas possible !

9) Ils taillent, sans savoir ni pourquoi ni comment, mais ils taillent !

Chez certains, c'est une obsession : il faut tailler. Peu importe quand, pourquoi, ni comment, rien ne doit dépasser alors, ils ratiboisent. Si l'arbuste est du genre sympathique (charme, buis, lonicera nitida...), les choses se passent généralement bien. Là où la taille pose problème, c'est :

  • quand on taille à ras des arbustes qui ne le supportent pas (comme les érables du Japon, les daphnés, les forsythias...),
  • quand on taille au mauvais moment : en fin d'hiver pour les arbustes à floraison printannière ou en fin de printemps pour les arbustes à floraison estivale ou automnale.

Pour être tout à fair honnête, une mauvaise taille ou une taille excessive fait rarement crever une plante mais ce massacre à la cisaille vous privera des floraisons et fera perdre à l'arbuste l'harmonie de son port naturel, ce qui est, un peu pareil !

Rappelez vous : la taille d'un arbuste n'est pas forcément indispensable. Si vous ne savez pas tailler, ne faites rien sans vous être renseigné(e) !

10) Ils angoissent.

"Ne vous inquiétez pas, il a juste eu un peu chaud, donnez -lui à boire" "Oui, il va grandir, je vous l'assure" "non, des taches blanches, ce n'est pas une maladie grave", "C'est juste un parasite, il y en a beaucoup cette année".

Non, vous n'êtes pas dans le cabinet d'un pédiatre, mais bien au SAV de Promesse de Fleurs. Comme les jeunes parents, les jardiniers développent, toutes sortent d'angoisses. Ils ont particulièrement peur des maladies.

Pourtant, bon nombre de "maladies" comme l'oïdium sur un jeune plant d'Aster ou de Monarde, un peu de Marsonia sur des feuilles de rosier sont comme le rhume en maternelle : normaux et bénin. Inutile de vous ruer sur le pulvérisateur, en traitant, en plein soleil, par exemple, vous ferez pire que mieux. Souvenez-vous, les plantes sont comme les enfants : elles ont besoin d'être élevées dans de bonnes conditions pour bien grandir, elles ont besoin d'amour... mais laissez-les vivre leur vie,  rien n'est pire que d'être trop gâté ou trop couvé !