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Tous les jardins ne sont pas forcément écologiques, même si ça peut paraître surprenant ! Il faut bien reconnaître qu’un gazon tondu à ras entouré d’une haie de thuyas comme on le voit encore trop souvent n’est guère accueillant pour la faune et la flore, ou même les humains. Peut-on d’ailleurs appeler cela un jardin… Pourtant les jardins naturels et sauvages possèdent moult intérêts : ils sont beaux toute l’année sans être trop contraignants, supportent bien les aléas climatiques, mais surtout ils fourniront un refuge sûr pour toute une faune sauvage : oiseau, mammifères, amphibiens, insectes, araignées, … Ces jardins naturels et écologiques sont aussi l’occasion de faire un peu sa part dans un monde qui part de plus en plus en sucette. L’histoire du petit colibri et de son dé à coudre rempli d’eau qui tente d’éteindre l’incendie…
Nous subissons une véritable érosion de la biodiversité ces dernières années pour diverses raisons : utilisation durant une longue période de pesticides en milieu agricole et au sein même de nos propres jardins, pollutions des milieux humides, destruction et morcellement d’habitats naturels, changements climatiques, pression des espèces invasives, déforestation, surpêche, … Pour la plupart de ces causes, nous simples citoyens, ne pouvons hélas pas y faire grand chose. Mais les conséquences en restent dramatiques : perte de biomasse, réduction de la vitesse de décomposition de la matière organique, invasion non contrôlée de nuisibles (notamment pour les moustiques), réduction des pollinisations entomophiles donc réduction de production de nourriture, accélération du réchauffement climatique indirectement...
“Lorsque l’Homme aura coupé le dernier arbre, pollué la dernière goutte d’eau, tué le dernier bison et pêché le dernier poisson, alors il se rendra compte que l’argent n’est pas comestible.” Sitting Bull
Si vous voulez aider la faune et la flore de nos régions, vous pouvez transformer votre jardin en un sanctuaire, une sorte d’oasis de biodiversité. Cela créera ce qu’on appelle en écologie un corridor écologique : un lieu de transition entre deux milieux naturels trop éloignés.
Avant tout, il faudra faire la part belle à la flore spontanée et locale. Ces plantes sont le point de départ de toutes les interactions entre les êtres vivants : la définition même d’un écosystème.
Chaque être vivant, même le plus insignifiant ou celui que tout le monde déteste, possède un rôle dans la nature parfois (souvent) méconnu. Que ce soit en tant que simple nourriture pour un autre ou pour des notions plus complexes : mutualisme, pollinisation mono-spécifique, détritivore…
Si vous avez la place, plantez des arbres et des arbustes ! Leurs bienfaits au jardin et pour la nature sont multiples :
Fini le passage de la tondeuse tous les cinq jours, laissez donc pousser l’herbe ! Vous serez grandement étonné de la quantité et de la variété des fleurs et des graminées qui s’inviteront en seulement quelques semaines. Si vous désirez que votre jardin reste “propre” ou tout au moins géré, vous pouvez tracez à la tondeuse ou à la débroussailleuse un petit chemin au travers de votre pelouse sauvage. Effet esthétique garanti tout en gardant une belle surface pour la biodiversité. Sinon, une fauche annuelle, en début de printemps ou en fin d’automne, de cette prairie fleurie suffira à garder une bonne diversité botanique. Il vous faudra exporter le produit de cette fauche pour éviter d’enrichir le milieu. Vous pourrez alors utiliser ces “déchets verts” en paillage par la suite.
Remisez aussi votre bêche (sauf pour planter) dans votre petit cabanon, privilégiez un travail minimaliste du sol à l’aide d’une grelinette ou d’une fourche à bêcher. Vous respecterez ainsi toute la pédofaune du sol qui travaille pour ameublir, aérer et améliorer le sol. Vous pouvez même aller plus loin, en ne travaillant plus le sol du tout : gardez un gros paillage sur le sol durant quelques mois pour laisser travailler la faune du sol. Cette technique est toutefois, plus compliqué à mettre en oeuvre sur un sol très argileux.
Une simple taille légère des arbres et arbustes pourra être envisagée, histoire de ne pas être trop envahi et de pouvoir planter des autres plantes au pied. Et surtout ne taillez jamais en période de nidification des oiseaux : d’avril à juillet !
En règle général et dans la mesure du raisonnable, privilégiez les outils manuels : faux, cisaille, scie, … c’est mieux pour la nature, pour votre porte-feuilles, pour votre santé parfois… Il n’y a pas si longtemps, nos ancêtres faisaient tout à la main au jardin, il serait étonnant que nous n’en soyons soudainement plus capables.
Votre sol est probablement la chose la plus importante dans votre jardin. Chouchoutez-le ! En le nourrissant et l’enrichissant naturellement, en évitant de le laisser à nu, en ne le tassant pas, … Apportez-lui du compost bien mûr, du fumier décomposé, un bon paillis de feuilles mortes, … Le paillage permet de limiter les pertes en eau, le tassement et l’érosion du sol et enrichit petit à petit celui-ci. Si vous voulez tout savoir sur l’utilité d’un paillage, lisez Pailler : pourquoi, comment ?
Et évidement sans pesticides (d’ailleurs c’est tout à fait interdit !) mais il faut englober aussi les soi-disant biocides naturels dont on voit surgir les recettes un peu partout sur les réseaux sociaux et internet en général. Un produit même réalisé avec des éléments naturels, s’il est prévu pour tuer un être vivant, n’est en rien biologique ou écologique.
Les jardiniers semblent avoir besoin d’intervenir à tout bout de champ. C’est dans l’esprit des gens depuis des années. A croire que pour avoir un beau jardin, il faut se tuer à la tâche et y passer ses nuits ! En réalité, il n’en est rien et parfois il vaut mieux laisser faire les choses plutôt que de vouloir garder le contrôle sur tout.
L’effet lisière est ainsi nommé car il se produit surtout à la lisière d’une forêt. Une lisère est la transition entre la forêt et un autre milieu : une prairie par exemple. A cet endroit, la biodiversité de la forêt s’ajoute à celle de la prairie, enrichie de la faune du milieu transitoire elle-même. Ce qui en fait un lieu très riche en flore et en faune. On appelle ces milieux transitoires des écotones. En multipliant les habitats différents dans votre jardin, vous multiplierez ces écotones.
Paradoxalement, plus le sol est riche moins la diversité botanique est importante et donc moins la diversité de la faune le sera aussi. En réalité, une terre trop riche ne fera pousser que des plantes nitrophiles (ortie, berces, …) et gagneront bien vite la compétition avec les autres plantes. Une zone maigre est donc souvent une bénédiction dans un jardin naturel.
Les déchets verts peuvent être compostés ou être utilisés en paillage. Certaines plantes peuvent être utilisées en purin comme engrais ou activateurs de compost : ortie, fougère, consoude… Les déchets de taille peuvent être broyés pour créer du BRF ou utilisés pour des réalisations : tipi, plessis, abris à hérissons… Vous l’aurez compris tout au jardin pourra être recyclé ! Et cela vous évitera, en outre, de multiples allers et retours à la déchetterie.
“Rien ne se perd, rien se crée. Tout se transforme.” Antoine Lavoisier
Trop de déchets de jardin ? La fiche conseil Déchets verts : solution de recyclage et valorisation au jardin vous fournira toutes les astuces pour les utiliser à bon escient. Le BRF présente de nombreux avantages , pour en savoir plus, lisez BRF : Qu’est-ce que c’est ? Comment l’utiliser au jardin ?
Cela devrait tomber sous le sens, mais si on veut créer chez soi un petit havre de paix écologique, on devra dans ce cas bannir au maximum toute utilisation de matériaux non durables au profit du bois, de la pierre… Privilégiez aussi des matériaux issus de l’industrie ou de l’artisanat local.
Parfois nous subissons des sécheresses et parfois c’est le contraire, c’est l’inondation qui nous tombe dessus. Pourtant, il suffit de quelques astuces simples pour éviter cette catastrophe. Retrouvez-les dans 5 choses à faire au jardin pour limiter les risques d’inondation.
Un jardin naturel et écologique, c’est beau et c’est bien ! Mais c’est encore mieux quand tout le monde peut voir ce que vous faites pour aider la nature. Un bon truc pour cela est d’enregistrer votre jardin auprès d’un réseau ou d’une association de protection de la nature : refuge LPO à la Ligue de Protection des Oiseaux, Réseau Nature chez Natagora (Belgique), Réseau Hortus France…
Cela cumule les avantages : ils vous fourniront souvent des conseils ou de l’aide, vous aurez un joli panneau à placer sur le devant de votre jardin pour faire taire les imbéciles qui ne comprennent pas ce que vous faites, et surtout votre jardin sera une petite pièce d’un puzzle. Un puzzle qui finalement lorsqu’il sera complété formera la plus grande réserve naturelle de France et de Belgique.
Mommaton, le 7 Novembre 2020
Je viens de faire connaissance avec votre site... on a envie de s'y plonger et de ne plus en ressortir ! Connaissances, bons sens et amour de la nature. Un site lumineux ! Merci
Réponse de Virginie D., le 10 Novembre 2020
Bonjour,
Merci beaucoup, nous avons à cœur de partager notre passion pour les plantes et les jardins !
Cordialement Virginie D
Jefema, le 21 Février 2022
Merci pour cet article si encourageant ! Cela fait des années que je privilégie ce type de jardin et je suis ravie de voir que cela a "le vent en poupe" maintenant en France, et que Promesse de Fleurs va dans ce sens ...
Il y bientôt quarante ans , en Angleterre, Chris Baines a ouvert la voie dans cette direction, en créant le tout premier "wildlife garden" au célèbre Chelsea Show. A l'époque ses idées allaient à "contre-courant" ! Son livre, qui existe aussi en français ("Créez votre jardin sauvage" aux éditions Terre Vivante) est mon compagnon de route pour me guider dans mon jardin.
J'espère voir progressivement diminuer de plus en plus le nombre de "déserts verts" (terme employé par M. Baines) que sont trop souvent de nos jardins et parcs, taillés au carré, tondus à mort, désherbés et nettoyés au maximum.... Que la nature ait la permission de reprendre, raisonnablement, ses droits !
J
targowski, le 3 Janvier 2024
bonjour vos articles sont bien mais vous ne vous mettez jamais a la place de personnes qui ont plus de soixante annees .lorsque vous dites de revenir au materiel mecanique imaginez vous lorsque vous aurez plus de soixante ans .le materiel d'aujoud'hui aide a reculer notre age pour le jardin,surtout lorsque l'on aime son jardin.je vous laisse matiere a reflexion .ily a aussi les personnes qui n'ont pas de jardin! amicalement d'un grand pere de plus de soixante dix ans et qui s'occupe encore de son jardin car il l'aime.
Réponse de Ingrid, le 3 Janvier 2024
Bonjour,
Merci beaucoup pour votre retour et pour partager votre perspective en tant que jardinier passionné avec plus de soixante ans d'expérience. Vous soulevez un point très important : la nécessité de prendre en compte les besoins et capacités de tous les jardiniers, y compris ceux qui peuvent trouver le matériel mécanique plus lourd ou difficile à utiliser.
Votre commentaire nous rappelle l'importance de proposer des conseils de jardinage adaptés à tous les âges et toutes les conditions physiques, et d'explorer des options qui allient amour du jardinage et facilité d'entretien.
Merci encore pour votre contribution précieuse. Votre passion pour le jardinage est inspirante et nous sommes heureux de savoir que vous continuez à profiter de votre jardin.
Amicalement.