Il est 8 heures, l’avion se pose à l’aéroport de st Denis de la Réunion, la température est de 22°. Je suis un peu groggy par ce long voyage, mais excité de parcourir ce petit caillou perdu au milieu de l’Océan indien, au sud-est de Madagascar.

Petite présentation de l'ile

La Réunion est une île volcanique par excellence, et pour cause,  à l’ouest : le Piton des neiges, point culminant de l’île (3069m) est un ancien volcan éteint depuis environ 12000 ans et dont l’effondrement et l’érosion ont fait apparaitre 3 gigantesques cirques. A l'est, le Piton de la Fournaise, un volcan très actif.

Le piton des Neiges n'est plus en activité depuis plus de 12 000 ans. C’est lui qui a donné naissance à l’île il y a environ 3 millions d’années.

 

Un des trois cirques, le cirque de Mafate au relief particulièrement escarpé, uniquement accessible à pied ou en hélicoptère. Le cirque a été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCOOn peut apercevoir quelques cases en tôle au coeur du cirque de Mafate. Mafate vient du Malgache mahafaty, que l’on traduit par "mortel, mortifère, qui tue". Cela vous donne une idée de la dangerosité du site !

En à peine 30 kilomètres, on passe de 0 à plus de 3 000 mètres! Les remparts des cirques autour du piton des Neiges sont constitués de falaises verticales vertigineuses.

Mafate est une île dans l'île. Environ 800 personnes y vivent, dans 3 petits villages. Aucune route ne même à l’intérieur du cirque et les habitants doivent faire 4 à 5 heures de marche pour quitter le cirque. Les courses sont livrées chaque semaine par hélicoptère. Pour l'anecdote, Ivrin Pausé, (89 ans aujourd'hui) a été facteur dans le cirque de Mafate durant 40 ans. Entre 1951 et 1991, il a parcouru 253.000 kilomètres à pied, soit six fois le tour de la terre, pour livrer le courrier aux habitants de ce cirque où il n'existe aucune route, Respect !

A l’est, le Piton de la Fournaise est certainement l’un des volcans les plus surveillés. C'est le plus actif de la planète, il entre en éruption en moyenne chaque année et s’épanche régulièrement depuis plus de   350000 ans. Il était d’ailleurs en vigilance volcanique pendant mon séjour. Ces deux volcans occupent les deux tiers de l’île. Sur le pourtour, alternent plages de galets, sable blanc, sable noir. Des falaises basaltiques issues d’un magma refroidi ceinturent une bonne partie restante de l’île.

En route pour le Piton de la Fournaise à bord d’un ULM, le seul moyen, à ce moment la de pouvoir y accéder

 

Il y a environ 1000 ans, une importante explosion répand des projections plus ou moins grossières sur l’ensemble de la plaine lui donnant cet aspect lunaire (ici en toile de fond le Piton de la Fournaise) L’éruption a également produit de volumineuses coulées de lave qui se sont déversées dans la vallée pour atteindre la mer 17 km plus bas.

 

On retrouve dans cette partie des espèces au fort niveau d’endémisme,  telles que (ci-dessus) bruyères Erica Reunionensis, Agrostis salaziensis, Carex borbonica lLam, Dryopteris bernieri Tardieu, Erica arborescens, Galioides, Festuca borbonica Spreng, Helichrysum heliotropifolium, Hypericum lanceolatum, Pennisetum caffrum Leeke, Poa borbonica Poir, Sophora denuata Bory

 

 

La vallée de la rivière des remparts à l’ouest du Piton de la Fournaise

La vallée de la rivière des remparts à l’ouest du Piton de la Fournaise, longue de 23 kms et dont le fond est une coulée de lave. Un phénomène tectonique majeur s’est produit il y a environ 290 000 ans : l'un des flancs du volcan s’est effondré, la vallée s’est formée sous l’effet d’une érosion et d’une pluviométrie intense (il tombe entre 4000 à 6000 mm d’eau par an). En 1965, 15 millions de m3 de roche se sont détachées d’un autre flanc qui a fait fuir les derniers habitants encore présents

Une rivière plutôt discrète… L’eau ne coule pas, mais la rivière est bien là ! Elle a creusé son lit dans les laves très perméables. L'eau reste invisible la plupart du temps, elle s’infiltre dans les fissures de la coulée, jusqu’a atteindre les roches profondes moins perméables. Pendant les fortes pluies, elle n’a pas le temps de s’infiltrer totalement, elle apparaît alors et coule dans le lit mineur.

Le secteur du volcan de la Fournaise détient les records mondiaux de pluviométrie (Il tombe entre 4000 à 6000 mm d’eau par an).

Enfin, au milieu de ces deux mastodontes, subsistent, épargné par la déforestation, deux superbes forêts que sont Bélouve et Bébourg à la végétation luxuriante.

 

Les premiers colons ayant  largement entamés les forêts pour la culture du café, de la canne à sucre et autres cultures vivrières, ces deux joyaux forestiers préservés sont les plus beaux témoins de cette végétation indigène.

La forêt de Bélouve et le Trou de Fer, un site extraordinaire : une chute d'eau de 300 mètres de haut plongeant dans les gorges du bras de Caverne.

Forêts mésotherme  hygrophile d’altitude (Alt : 1500 et 1900 m), elles correspondent aux forêts tropicales de brouillards, fraîches et saturées d’humidité, pendant mon séjour et mes nombreuses randonnées dans ces massifs, les températures se situaient entre 15 et 10°C selon les moments de la journée, alors que les températures sur la côte ouest se situaient entre 22 et 28°C. Les précipitations sont de 4000 à 6000 mm d’eau par an

 

 

Fougères arborescentes émergeant d’un environnement saturé d’humidité

 

Cyathea glauca est endémique de la Réunion, c'est le ‘Fanfan femelle’ dont les crosses sont recouvertes d'un duvet roux et les feuilles tripennées, à savoir, trois ramifications.

Cyathea excelsa , autre espèce femelle est endémique de la Réunion et de l’Ile Maurice. Ces feuilles sont également tripennées.

Ces deux espèces sont menacées, donc protégées,  car leur tronc est utilisé pour confectionner des jardinières dans lesquelles on cultive surtout des orchidées.

Cyathea borbonica ou ‘Fanjan mâle’ possède des feuilles bipennées, indigène de La Réunion, de Maurice et de Madagascar.

Cyathea cooperi  est une espèce venue d'Australie et qui s’est naturalisée à la Réunion.

 

Certaines d’entre-elles sont de taille impressionnante !

 

Fougères épiphytes accrochées aux arbres :  Blechnum attenuatum

 

 Le Tamarin, ici en compagnie de fougères arborecentes a livré ses lettres de noblesse à l'artisanat Réunionnais (Meubles, objets d'art...). Son bois aux belles teintes jaunes claires à brun rouge est l'emblème du patrimoine culturel et naturel Réunionnais.

Les Tamarins (Acacia heterophylla) : les feuilles adultes diffèrent des juvéniles, Acacia endémique de l’ile, au feuillage léger, au tronc souvent tordu, peut atteindre 20 mètres de hauteur et vivre plusieurs siècles. Ils dominent par leur nombre les forêts de Bélouve et Bébourg, associés bien souvent par une autre espèce endémique, le Calumet  (Nastus borbonicus J.F. Gmel

 

Le paradis des épiphytes :Cordyline mauritiana (lam) J.F.Macbr. Arbuste épiphyte endémique de la Réunion et de l’île Maurice.

 

 

Tamarins, fougères arborescentes, Orchidées épiphytes…

 

 

Sur les branches d’un vieux Tamarin : Cordyline mauritiana (lam) J.F.Macbr sur un lit de mousse épaisse  Polytrichastrum formosum (Hedw.) G.L.Sm (indigène de la Réunion)

 

 

Le lichen épiphyte, (Usnea barbata (L.) Weber ex F. H. Wig) qui se développe sur les branches (ici sur un Tamarin) grâce à l’humidité ambiante est appelé Barbe de Jupiter ou Barbe de st Antoine à la Réunion

 

Les mousses et les petites fougères couvrent d'un épais manchon les branches et les troncs des arbres et créent de véritables petits jardins suspendus

 

Les troncs ramifiés et tortueux, les arbres renversés, la présence de nombreuses espèces épiphytes, comme les orchidées, les fougères, la diversité des mousses et des lichens contribuent à l’aspect de fouillis végétal de ces forêts. Cette végétation sempervirente est un milieu riche en espèces d’arbres, arbustes, lianes, herbes mousses et lichens.

 

La suite au prochain épisode...