Quand on évoque les fleurs, il nous vient à l'esprit tout autant des couleurs que des parfums délicats ou envoûtants. Mais certaines plantes ont choisi de jouer les rebelles... et trouvent un malin plaisir à diffuser des odeurs aigres, gênantes, voire nauséabondes. Odeur de poisson, d'urine, de cadavre ou de charogne, certaines puent carrément la mort !

Et vous vous demandez alors :

"Mais d'où vient cette mauvaise odeur dans mon jardin ?"

Voici un petite sélection de plantes connues pour leurs effluves plus ou moins désagréables ou, disons-le franchement, de plantes qui puent. Maintenant, vous ne les choisirez plus... au pif !

L'Hellébore fétide – Helleborus foetidus

Parmi les hellébores, connues pour leur belle floraison hivernale, il en est une qui se démarque par son odeur peu sensuelle : l'hellébore fétide ou Pied-de-Griffon. C'est une sauvageonne d'Europe qui fleurit, entre janvier et avril, en cochettes vert pâle bordé d'un liseré pourpre. Ses hautes tiges dépourvues de feuilles lui donnent belle allure, mais pour le parfum, c'est une autre histoire. Imaginez-vous sur une route accablée de chaleur en été. Vous sentez cette odeur de goudron ? Et bien c'est à peu près ce qu'a à offrir cette hellébore s'il vous vient à l'idée de froisser son feuillage. Rassurez-vous, elle a plein d'autres qualités et mérite quand même une place dans votre jardin !

L'Arbre aux quarante écus - Ginkgo biloba

Arbre le plus ancien de la planète, admiré pour son feuillage en éventail caractéristique, le Ginkgo se fait remarquer en automne, quand il se teinte d'un jaune d'or des plus lumineux. Incontournable des décors d'arrière-saison, les sujets femelles portent des fruits semblables à de petites mirabelles qui, lorsqu'ils mûrissent, renferment une substance aux relents qui ne sont pas sans rappeler un repas régurgité. Peu ragoutant me direz-vous, mais la floraison n'intervient que tardivement, sur des sujets adultes, en général pas avant 20 ou 25 ans. D'ici là, sa beauté vous aura tellement subjugué que vous serez prêt à lui pardonner cette "coquetterie".

L'Arum bananier jaune – Lysichiton americanus

Cousin américain de l'arum, le Lysichiton est inféodé aux sols humides et on le rencontre souvent au bord des étangs ou peuplant les marécages. Sa floraison printanière, en grandes spathes jaunes enserrant un spadice vert est originale et attrayante. Son parfum l'est un peu moins, à moins d'être charmé par celui du chou. Pas très exotique pour le coup. Dans tous les cas, ne vous posez pas la question de l’accueillir ou pas au jardin car il est classé comme plante invasive. C'est la raison pour laquelle vous ne le trouverez plus en vente sur notre site.

La Rue fétide – Ruta graveolens

La Rue officinale ou Rue des jardins est aussi parfois appelée Rue puante. Cette diversité de noms trahit sans doute les sentiments partagés qu'elle provoque. Plante médicinale et aromatique utilisée depuis des temps ancestraux, cette vivace se remarque par un beau feuillage bleu-vert, surmonté en été par une floraison jaune soufre. Bien rustique, elle atteint facilement 70 cm en tous sens. Son odeur marquée ne plaît pas à tout le monde, même si des notes de noix de coco s'en dégagent. Selon qu'elle est fraîche ou séchée, elle est réputée éloigner divers insectes, les chats et même les serpents. Attention toutefois, elle peut se révéler toxique et son latex est photo-sensibilisant. Ses qualités ornementales et médicinales lui valent cependant d'être utilisée aussi bien au potager que dans un massif d'aromatiques que de vivaces, d'autant plus qu'elle est très frugale et résistante aux maladies.

Le Serpentaire – Dracunculus vulgaris

Vivace rhizomateuse méditerranéenne, le Serpentaire est apparenté aux arums. La floraison intervient en effet en spathes d'un violet foncé desquels émergent des spadices encore plus sombres. Ce phénomène se produit en général la nuit et s'accompagne d'une élévation de la température de la fleur. Il paraît que l'on n'attire pas les mouches avec du vinaigre... En effet, le Serpentaire semble préférer l'odeur de charogne pour charmer ces pollinisateurs !

Le Clérodendron de Bunge – Clerodendrum bungei

Le Clérodendron de Bunge est un très bel arbuste dont la floraison estivale est un enchantement pour les yeux mais aussi pour le nez. Délicieusement parfumées, ses fleurs en étoiles rose vif apparaissent, en panicules globuleuses, entre août et octobre. Elles sont portées par un arbuste d'environ 2 mètres, de bonne rusticité mais traçant. Pourtant, l'odeur peu agréable de caoutchouc brûlé que dégage le feuillage si vous le froissez le fait figurer dans cette sélection. Ce n'est sûrement pas une raison suffisante pour ne pas l'installer chez vous, d'autant plus que son jeune feuillage pourpré est également décoratif, tout comme ses fruits bleutés qui ornent en automne cet arbuste facile à vivre.

La Renouée – Persicaria polymorpha

Les Persicaires sont de belles vivaces, et Persicaria polymorpha ne déroge pas à la règle. Cette majestueuse plante de près de 2 mètres de haut forme un buisson généreux et apporte ainsi une vraie note de luxuriance dans les jardins au sol lourd, frais ou humides. Non traçante et rustique, elle se couvre d'un nuage de fleurs, en épis ramifiés d'un blanc pur. Bon, il faut bien l'avouer, les effluves que dégage cette grande dame ne sont pas en rapport avec sa prestance, car on y retrouve en effet des notes ammoniaquées qui rappellent plutôt l'urine de chat qu'un parfum de luxe. Mais qu'importe ! Sa taille la destine à s'imposer à l'arrière des massifs, et rien ne vous oblige à aller mettre votre nez dans ses fleurs à chaque tour du jardin.

L'Iris fétide – Iris foetidissima

L'Iris fétide ou Iris gigot est connu pour pousser à l'ombre, dans les zones humides comme en sol sec. Discret, il développe un feuillage persistant duquel émerge, en fin de printemps, de petites fleurs bleu pâle. L'automne venu, de nombreux fruits leur succèdent, en petites boules rouge orangé très brillantes et décoratives. Si on l'appelle communément Iris fétide, c'est à cause de ses feuilles qui, si on les froisse, dégagent une odeur peu flatteuse. Bref, il sent plutôt mauvais, mais après tout, vous n'êtes pas obligé d'aller vous rouler dedans ! Profitez-en avec les yeux, il le mérite amplement.

Arum tacheté – Arum maculatum

Décidément, certains arums et apparentés aiment bien tromper notre nez. Vous avez déjà sûrement croisé l'Arum tacheté à l'occasion d'une balade en forêt, car c'est en effet là qu'il pousse. Son feuillage vert, qui reste bien présent tout l'hiver, est typiquement en forme de lance et souvent tacheté de noir. Ce qui nous intéresse ici, c'est sa floraison, en spathe verdâtre, qui s'ouvre progressivement pour faire apparaître un spadice brun clair. Les mouches et autres moucherons, attirés par l'odeur de cadavre ou d'excrément (je vous laisse seul juge) dégagée par la plante, y sont emprisonnés toute une nuit (pollinisation oblige !), avant d'être libérés le jour suivant pour aller porter la vie dans un autre arum. Entre kidnapping et puanteur, en voila une curieuse façon de se faire la cour…

Le Buis – Buxus

Le Buis n'est plus à présenter. Cela fait bien longtemps qu'il orne les jardins de son petit feuillage persistant qui se prête si bien à la taille. Haies taillées, topiaires aux formes strictes, organiques ou évoquant quelque bestiaire fantastique, il se prête à toutes les envies et tous les délires. Arbuste de croissance lente, il s'impose dans les jardins d'inspiration italienne ou française tout comme dans ceux moins formels. Son odeur fait en revanche davantage débat. Certains ne lui trouvent aucun parfum particulier, d'autres, comme votre serviteur, se laissent séduire par son odeur si reconnaissable, tandis qu'une dernière catégorie... ne peut pas le sentir, lui trouvant des relents d'urine de chat et d'ammoniaque. Si tous les goûts sont dans la nature, tous les parfums également….

Et pour vous, quelles sont les plantes qui puent le plus ? N'hésitez pas à nous laisser un commentaire pour partager vos expériences !

Pour aller plus loin : un livre instructif et amusant, 'Les plantes qui puent, qui pètent, qui piquent', à lire en famille, avec les enfants ou les petits-enfants