Vous connaissez peut-être le Kolkwitzia, cet arbuste qui porte le joli nom de Buisson de beauté.  Abondamment planté dans les jardins anglais, allemands et américains, en particulier dans les haies fleuries, le Kolkwitzia amabilis n’est pas le chouchou de nos jardins français. Nos amis anglophones l’appellent  comme nous « Beautybush », buisson de beauté,  ceux d’outre-Rhin « Perlmuttstrauch », que l’on peut traduire par « buisson de nacre ».  Un nom qui sonne comme un hommage à sa splendeur.

Le Kolkwitzia Pink Cloud, le nuage rose

Pour ma part, je l’ai découvert il y a plus de dix ans, dans une jardinerie que je fréquentais presque tous les dimanches.  Sans doute ne l’aurais-je même pas regardé s’il n’avait pas été en pleine floraison. Une dizaine de pots serrés les uns contre les autres donnaient une idée de ce que pouvait devenir cette plante une fois adulte. Et pourtant, chacune d’entre elles, un peu malingre,  ne payait pas de mine  à l’étroit dans son pot de deux litres. Est-ce que j’ai été séduite par la masse vaporeuse de ses petites fleurs rose pastel ou par le parfum qui montait de la plante frappée par le soleil ? Je ne saurais le dire, mais le souvenir de cette rencontre est resté gravé dans ma mémoire. C’est ainsi que j’ai découvert, aimé et craqué pour le plus beau plant de Kolkwitzia amabilis Pink Cloud de la jardinerie.

De retour à la maison, j’ai ouvert ma bible de jardinage à la page Kolkwitzia, au chapitre arbustes de haies, arbustes à floraison printanière. On y décrivait la plante, d’un point de vue technique, en soulignant son caractère accommodant, et la photo immortalisait une vision de paradis. Comme bon nombre de jardiniers je pense, comme vous peut-être, je m’attache instantanément à chaque nouvelle recrue,  j’intellectualise,  je savoure  comme une gourmandise l’idée de ce qu’elle pourra devenir.

Kolkwitzia amabilis Pink Cloud ou Buisson de Beauté

Kolkwitzia amabilis Pink Cloud

Un arbuste performant, d'une infinie délicatesse

Restait à tester ses performances sur le terrain.  Et bien pour l’avoir mis à rude épreuve dans mon jardin du Lot (celui dont je vous ai déjà parlé, le pierreux, le revêche),  j’affirme que cette merveille des jardins à l’anglaise bien arrosés et engraissés est capable de pousser dans des conditions bien moins favorables si on l’aide un peu à s’installer.

Dans mon jardin actuel, un peu fouillis, ce buisson de beauté m’apparaît sans l’ombre d’un doute comme l’un des arbustes les plus attachants.  Face aux difficultés, il réagit aussi bien que le lilas, le seringat ou le forsythia.  Il pousse avec enthousiasme dans un sol assez profond mais calcaire et  sec en été,  et n’a pas d’ennemis.

Par la magie du bouturage, mon cher Kolkwitzia amabilis Pink Cloud, celui que j’avais choisi entre tous un beau dimanche  de mai (ou de juin), a ressuscité dans mon jardin provençal.  Il m’offre à nouveau, de bonne heure pour son deuxième printemps,  une floraison un peu engloutie par ses vigoureuses jeunes pousses. Une floraison délicate, tout en finesse, pleine de promesses.