Peut-être l'avez-vous remarqué... mais Elisabeth a rejoint l'équipe du blog. Passionnée de plantes, en particulier des vivaces et arbustes méditerranéens mais aussi d'écologie, elle nous livrera, au fil des semaines, ses conseils et coups de cœur.

Pour que vous fassiez plus amplement connaissance, elle a bien voulu répondre à quelques questions.

  • Tu es l’auteure de près de 4000 fiches produit, il faut être animée d’une sacrée passion pour écrire autant sur les plantes, non ?

Absolument, il faut s’efforcer de toujours trouver et montrer ce qui peut être intéressant chez une plante, qu’il s’agisse d’une espèce botanique ou d’une variété horticole dernier cri. Pourquoi choisir celle-là plutôt qu’une autre ? D’où vient-elle, comment réussir sa culture ? Ce travail d’enquête est peut-être ce qui me passionne le plus. Il m’amène à voyager, beaucoup, très loin, sans dépenser un centime !

  • Tu viens du Nord… Jardiner en climat méditerranéen, ça n'a pas été trop difficile ?

A vrai dire, le plongeon a été assez brutal, mais j’ai découvert le jardinage en climat sec en arrivant dans le Lot, bien avant d’arriver en Provence.  Mon premier jardin a vu le jour  sur une rocaille brûlante du Quercy couverte d’un bois de genévriers et de chênes, qu’il a bien fallu éclaircir pour y bâtir la maison.

Sous cette apparente luxuriance se cachait en réalité un sol composé de roches et de veines d’argile, ce que je n’ai pas vu tout de suite. La nature s’est chargée de me le montrer, sans état d’âme : la plupart des plantes que je connaissais et pensais faciles à réussir mourraient de soif et de chaud en un été. Il m’a fallu deux ans pour comprendre, avec l’aide et la clairvoyance d’une pioche, ce qui se passait sous mes pieds.

Comme j’avais décidé que cette terre caussenarde et têtue devait se transformer en jardin, j’ai pensé qu’il fallait la prendre par les sentiments. Alors j’ai cherché ce qu’elle pourrait aimer, beaucoup dans deux ou trois excellents ouvrages, un peu en discutant avec un couple de pépiniéristes voisins, vraiment adorables. Et j’ai trouvé des solutions. J’ai (re) découvert les plantes de nos garrigues bien sûr, mais aussi d’autres, plus « exotiques » mais suffisamment rustiques et capables de pousser dans le roc.

La deuxième étape correspond à mon arrivée dans les Bouches du Rhône. Tout a été plus facile : je connaissais déjà les plantes résistantes au manque d’eau, et la dureté de l’été méditerranéen. Mais cette fois, la terre du jardin était profonde, fertile, et les hivers moins durs. Ça allait tout changer !

  • Tes plantes préférées, tes coups de cœur du moment ?

J’adore les arbustes, pour le volume qu’ils donnent au jardin. Je choisis ceux qui demandent peu de soins et d’entretien. Je citerai les rosiers botaniques ou très proches des espèces botaniques comme, par exemple, le Rosa hugonis et le Rosa complicata.

Rosa hugonis - Rosa complicata

J’aime aussi les persistants solides qui structurent le décor de façon permanente : laurier-tin, laurier-rose, chalef, escallonia et bien sûr les cistes qui sont ici chez eux.

Laurier rose - Nerium oleander Luteum Plenum

J’adore les grimpantes, qui occupent plus d’espace en hauteur qu’en largeur et me permettent de les accueillir par dizaines. Mes préférées ? Les exubérantes comme la clématite d’Armand, les rosiers de Banks et le chèvrefeuille de Delavay (Lonicera similis var.  delavayi).

Mes coups de cœur du moment s’appellent l’Ampelopsis glandulosa Elegans, une ravissante petite vigne vierge panachée aux fruits devenant roses et mauves à bleutés, l’étonnant Puya berteroniana, sorte de yucca chilien dressant au bout de 10 ans une grande hampe florale couverte de fleurs bleu turquoise, et l’amandier de Chine, le Prunus triloba Multiplex, pour sa fabuleuse floraison printanière.

Buddleia officinalis : une floraison très parfumée

Ah, j’oubliais les plantes à parfum : le Buddleia officinalis, en fleurs ici dès le mois de février. Je n’ai jamais respiré un arbuste qui sente autant le miel ! Et, parmi les lianes, le jasmin étoilé ou Trachelospermum jasminoïdes : son parfum de biscuit à la vanille est une véritable gourmandise en été ! Ma plante vivace préférée s’appelle la Centaurea pulcherrima ; peu résistante au froid mais parfaitement rompue à la sécheresse estivale, elle est, dans mon jardin, en l’espace de 2 ans, devenue monumentale : son feuillage gris argenté joliment découpé forme une énorme touffe qui occupe plus d’un mètre carré pour 80 cm de hauteur…

Centaurea pulcherrima : une vivace encore méconnue, au développement impressionnant

  • Le jardin, pour toi, c’est…

C’est l’endroit où je m’adonne à mon sport préféré : la contemplation.

Je vis cet exercice comme une forme exquise de paresse, de fascination, d’admiration extatique, une dimension où le temps n’a plus d’importance, ni rien d’ailleurs. Quelquefois, je suis obligée de me secouer pour m’arracher à la contemplation d’un arbuste ou d’une fleur : il y a sur sa plus belle tige, encore toute neuve et toute tendre, un gros escargot qui se régale en courbant son joli cou, toutes antennes dehors, gracieux, voluptueux, concentré. Ou, pire encore, une grosse touffe d’herbe menace les racines de ma jeune protégée. Je déplace l’escargot et j’arrache la vilaine graminée, je la jette sur un tas qui fait office de compost. Parfois l’escargot rejoint l’herbe sur le tas : il pourra s’y cacher et s’y nourrir, c’est mieux. Et puis mon jardin de paresseuse est aussi celui d’une collectionneuse : j’y veux toutes celles que j’aime, mais aussi mes coups de cœur, mes découvertes, et ils sont nombreux !