Connaissez-vous les plantes relais ? Utilisées dans le cadre de la Protection Biologique Intégrée (ou PBI) en maraîchage, agriculture et espaces verts gérés de façon écologique, elles sont très utiles au jardin.

On connaît bien la Capucine qui, plutôt que de faire fuir les pucerons, les attire, comme un appât… Le problème, c'est que ces plantes apparaissent relativement tard et que parfois, son sens du sacrifice nous prive de sa jolie floraison.

Le principe des plantes relais est un peu plus "stratégique", sans pour autant être plus compliqué… En effet, ces plantes, résistantes et intéressantes pour les ravageurs permettent de les attirer mais surtout de se constituer, naturellement, des petits "élevages" d'insectes auxiliaires, comme les coccinelles.

Comment ? En leur fournissant, tôt au printemps, l'élément indispensable à leur vie et donc à leur reproduction : la nourriture… sans pour autant en souffrir.

Démonstration !

Ce printemps dernier fut assez terrible côté pucerons et mon jardin ne fut pas épargné, loin de là. Mon sureau noir (Sambucus nigra) n'a jamais aussi bien porté son nom… car, oui, pour être noir, il était noir, carrément noir… de pucerons, élevés avec l'insatiable énergie des fourmis.

Plutôt que de me ruer vers le savon noir, j'ai patienté, et j'ai bien fait. En moins de quinze jours, les premières larves de coccinelles apparaissaient et entamaient leur festin. Car oui, elles sont gourmande et si on en croit la littérature sur le sujet, chacune d'entre-elle est capable d'engloutir pas moins de 500 jeunes pucerons en deux semaines !

Le jeune bois du sureau, noir de pucerons / une larve de coccinelle, très occupée !

Logiquement, les coccinelles durent migrer vers l'ensemble du jardin. Malheureusement, le timing ne fut pas totalement parfait : tant qu'il y eût des pucerons sur le sureau, elles restèrent cantonnées alors qu'artichaut, pommier et rosiers en étaient toujours couverts. Pour aider un peu la nature, j'ai alors détaché quelques feuilles pour les répartir dans les massifs, au pied des fruitiers, bref, partout où les pucerons sévissaient ! Grand succès : en quelques jours, les populations avaient nettement diminué.

Début juillet, les pucerons se font plus rares… Disette pour nos amies les coccinelles ? Que nenni ! Si le sureau est parfaitement "nettoyé", il reste la tanaisie, (Tanacetum vulgare) une autre plante solide qui se moque bien des attaques de ravageurs. Rabattue un peu sévèrement en fin de printemps, elle offre un nouveau feuillage, tendre à souhait : ce dont raffolent les pucerons. Autant vous dire que s'ils sont au rendez-vous, les coccinelles aussi !

Fascinant : au même moment, sur la Tanaisie, on peut voir un beau groupe de pucerons, protégés par les fourmis, une larve, une nymphe et une coccinelle !

L'intérêt des plantes relais est évident : non seulement, elles rendent l'achat d’auxiliaires parfaitement inutile mais, en plus, elles les fidélisent et leur permettent de se multiplier encore et encore… sans en souffrir.

Notez, au passage, que je n'ai parlé, dans cet exemple, que des coccinelles mais elles ne sont pas les seules à profiter de ces ravageurs : les mésanges s'en délectent et les guêpes parasitoïdes, très discrètes mais d'une redoutable efficacité, s'en servent pour se reproduire en pondant directement dans les pucerons (un parfait remake du film Alien)…  Pour les découvrir, regardez cette petite vidéo... Attention, âmes sensibles, s'abstenir !

Et chez vous, avez-vous expérimenté cette façon naturelle de protéger votre jardin ?